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Pourquoi ce blog

L'objet de ce site est de baliser par quelques souvenirs éloquents l'histoire récente et de faire contribuer ces expériences, par des commentaires d'actualité, à éclairer et choisir les changements, en s'interrogeant sur les propositions des politiques et les analyses des essaiystes. Donc, à l'origine, deux versants : l'un rétrospectif, l'autre prospectif.

A côté des problèmes de société (parfois traités de manière si impertinente que la rubrique "hors des clous"a été conçue pour les accueillir), place a été faite à "l'évasion" avec des incursions dans la peinture, le tourisme, des poèmes,  des chansons, ce qui constitue aussi des aperçus sur l'histoire vécue.

 

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L'auteur

 

DSCF0656-copie-1.JPGNé en 1933, appartenant à la génération dont l'enfance a été marquée par la deuxième guerre mondiale, l'occupation et la Résistance, l'adolescence par la Libération, la guerre froide, puis par de clairvoyants engagements pour les décolonisations, l'auteur a ensuite partagé sa vie professionnelle entre le service public (il a notamment été préfet, délégué à l’emploi, directeur des affaires économiques de l’outre-mer, président de sa chaîne de radio-télévision, RFO), l'enseignement et la publication d’ouvrages de sciences politiques (il est aujourd’hui membre du comité de rédaction et collaborateur régulier de la Revue Politique et Parlementaire). Il a également assumé des missions dans de grandes entreprises en restructuration (Boussac, Usinor/Sacilor), puis a été conseil d’organismes professionnels.

 

Alors que ses condisciples ont été en particulier Michel Rocard et Jacques Chirac (il a partagé la jeunesse militante du premier dans les années cinquante et fait entrer le second à Matignon dans les années 60, avant d'être son premier collaborateur à l’Emploi et pour la négociation de Grenelle et au secrétariat d’Etat aux Finances, il n'a suivi ni l'un, ni l'autre dans leurs itinéraires. En effet, dans le domaine politique, comme il ressort de ses publications (cf. infra), Gérard Bélorgey n’a rallié ni la vulgate de la Veme république sur les bienfaits de l’alternance entre partis dominants, ni les tenants du catéchisme du libre-échange mondial. Il ne se résigne donc pas à TINA ("there is no alternative" au libéralisme). Tout en reconnaissant les apports autant que les limites de ceux qui ont été aux affaires et avec lesquels il a travaillé, il ne se résigne pas non plus à trouver satisfaction dans tel ou tel programme de camp. Mesurant combien notre société multiculturelle, injuste et caricaturalement mondialisée, souffre aussi bien des impasses de l’angélisme que des progrès de l’inégalité et des dangers de l’autoritarisme, il voudrait contribuer à un réalisme sans démagogie.

 

Partie de ses archives est déposée dans les Fonds d'Histoire contemporaine de la Fondation des Sciences Poltiques (cf. liens).

 

Il a publié sous d'autres noms que celui sous lequel il a signé des ouvrages fondamentaux que furent "le gouvernement et l'administration de la France" (1967), "la France décentralisée" ( 1984), "Les Dom-Tom" (1994)  : le pseudo de Serge Adour correspond à l'époque de la guerre d'Algérie et à une grande série de papiers dans Le Monde en  1957 , celui d'Olivier Memling au recueil de poèmes et chansons "Sablier " (couronné en 1980 par l'Académie Française et référé, dans l'histoire littéraire du XXeme Siècle de Hachette) celui de  Gérard Olivier à son analyse dans de  grands quotidiens de la décentralisation en 1981/82; celui de Solon  (malheureusement partagée par erreur avec d'autres auteurs) à la publication en 1988 de "la démocratie absolue" . Cessant de vivre un peu masqué, il retrouve son nom en 1998 pour "Trois Illusions qui nous gouvernent", puis en 2000 pour "Bulles d'Histoire et autres contes vrais " (série de coups de projecteurs sur quelques apects du dernier demi siècle qui seront souvent repris ci-dessous), ainsi que pour de  nombreux articles dans  diverses revues. EN 2009, il est revenu sur la guerre d'Algérie avec le roman ( Ed. Baurepaire) "La course de printemps". Il prépare "L'évolution des rapports Gouvernés /Gouvernants sous la Veme République :entre absolutismes et renouvellements?"

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 22:06

 

 

- Au delà d'indispensables soutiens (mais, mieux construits qu'aujourd'hui) aux entreprises,  un débat économique sérieux est, au niveau des pouvoirs publics, impossible en l'absence de capacité de la France à s'affranchir de la doxa européenne qu'elle a, au demeurant, jusqu'à peu de temps, quasiment sans cesse,  contribué à fixer.

 

OBSERVATIONS SUR ENTREPRISES ET FINANCES PUBLIQUES


Oui, s'il ne faut pas le faire de la manière dont le demande Gattaz et dont le font Hollande et Valls,  il faut soutenir très fortement la compétitivité des entreprises (grevée notamment par certaines cotisations sociales qui auraient du de longue date être relayées par l'impôt [i]) et le répéter autant que nécessaire , pour bien faire comprendre que s'inscrire contre les choix affichés par le duo exécutif ce n'est pas s'inscrire contre les entreprises (alors que c'est ce que l'intox va vouloir donner à penser).

 

C'est la stupide logique de l'alternance qui, au lendemain de la présidentielle, a fait supprimer  (dans le même esprit purement politicien que celui ayant inspiré " mon ennemie c'est la finance" et  des gadgets boomerangs comme le taux de 75% d'imposition) la  TVA sociale [ii] alors que c'était une bonne chose, notamment comme, protectrice contre l'excès des importations. Elle a du être remplacée par un  CICE très mal construit  qui n'a pas cette vertu et qui, surtout  d'une part soutient autant les facultés de distribution des dividendes[iii]  que les réductions de prix  de revient, les facultés d'investissements  et les chances d'emploi et qui, d'autre part, gaspille de l'argent public (puisque toutes les entreprises même si elles sont peu en compétition (du moins sur le sol national) avec la concurrence étrangère en bénéficient : une large part du secteur tertiaire qui n'en pas besoin (banques, assurances, grande (et petite) distribution, ainsi que de nombreuses activités de services et de proximité, en bref ( hors évidemment emplois publics) tout ce qui correspond à des emplois "sédentaires" [iv] ne pouvant être délocalisés ) tandis que les secteurs, notamment industriels , très exposés  à la concurrence internationale, ne reçoivent pas le soutien massif direct dont  ils ont besoin. Devant ces gâchis il a fallu aller à un  pacte dit de responsabilité dont on ne sait estimer les contreparties d'emplois et qui exige des sacrifices budgétaires et sociaux graves qu'on ne mesure pas encore tant qu'on ne connaît pas bien les postes d'économies budgétaires et sociales  et leurs impacts.

 

Il en sera ainsi, sans retrouver la croissance, en creusant les inégalités  et en connaissant des risques d'aggravation d'une austérité qui reste aujourd'hui, il est vrai,  peu dramatique sauf pour les plus défavorisés,   si l'on ne combine action sur l'offre et sur la demande et si, pour bien faire cela, on ne peut en tirer des conséquences budgétaire et monétaire  hétérodoxes qui s'imposeraient.

 

Faut-il rappeler qu'on ne peut croire exclusivement ni à une politique de la demande, ni à une politique de l'offre, mais qu’on a besoin des deux[v]. La première est destinée à échouer si le pouvoir d'achat se porte à des approvisionnements se faisant trop auprès de firmes étrangères. D'où la nécessité d'une capacité concurrentielle nationale impliquant que - pour conserver et développer les marchés externes et pour pouvoir satisfaire de manière nationale une bonne part de  la demande interne - soient diminués les coûts de revient des entreprises vulnérables  localisées sur notre territoire. Mais ce ne peut être en rognant le pouvoir d'achat, les carnets de commande des entreprises n'étant alors plus assez convenablement nourris. Aussi, conduire et donc doser, les deux actions,  par l'offre et par  la demande, est d'autant plus difficile lorsqu'il faudrait - comme il est demandé compte tenu des exigences de réduction des dettes et des déficits -  les financer l'une et l'autre (ainsi que la diminution de l'endettement)  par des économies sur des services publics essentiels et sur des garanties sociales traditionnelles.

 

Il faut aussi avoir à l'esprit que la dépense publique est  relativement stable depuis de longues années, tandis que, surtout nourri et par les allocations ou concours  aux ménages, le budget social de la Nation est lui en forte expansion. L'une et l'autre de ces dépenses sont évidemment  parties actives d'une politique de la demande et, d'une autre manière que les entreprises, également créatrices de valeur et d'emplois. Au demeurant,  si les prélèvements obligatoires français sont de quelques points supérieurs à ceux de pays qui paraissent, par ailleurs,  nous ressembler (donnée brute qui est toujours mise indument en exergue sans explications pertinentes) c'est essentiellement parce que le socle de la dépense sociale des ménages est financée de la sorte [vi] : cette couverture collective datant de la création de la sécurité sociale  fait que chacun n'a pas besoin - à l'inverse de ce qui se passe dans certains pays dont les systèmes de sécurité sociale ou de mutualisation obligatoire sont moins avancés - de prendre cette dépense basique d'assurance à sa propre charge. On en retiendra que la comparaison des prélèvements publics doit être nuancée par le fait que la dépense de couverture sociale si elle n'est pas faite pour une part automatique par voie de dépense collective, doit bien l'être par voie de dépense privée (ce qui ampute d'autant les budgets disponibles familiaux et ce qui accroît les inégalités, puisque la capacité contributive des ménages est très différente de l'un à l'autre).

 

Pour autant les modalités de prélèvement arrêtées ou validées par les pouvoirs publics pour financer la dépense sociale peuvent peser différemment, soit, fiscalement, à travers un budget national, en fait sur la généralité des bénéficiaires, soit par des cotisations assises d'une manière ou d'une autre sur le travail dans l'entreprise (ou sur la valeur ajoutée - variante peu explorée - par celle-ci), ce qui  a été le système français dominant de financement. Et il est vrai que dans ce cas (le nôtre), ces distorsions de charges entre les entreprises étrangères et nationales[vii] - du moins entre celles qui sont en concurrence sur de mêmes créneaux -  appartenant à un espace économique sans frontières doivent être proscrites.... ou compensées. Et cela signifie qu'il y a un besoin considérable d'allégements ou de compensations ciblés au bénéfice des seules entreprises exposées à des risques de délocalisations ou de captages de marchés. Ce sont ces secteurs qui correspondent aux "emplois nomades" (cf. note IV) représentant environ un quart de l'emploi total français et qui, étant dans le champ des compétitions mondiales et dans celui (lorsqu'elles sont un chaînon français  rentable)  des chaînes de valeur des produits "made in the world" sont à la fois les plus grands facteurs de richesses et les plus vulnérables). Voilà un besoin que ne résout pas le CICE. Les entreprises exposées ne trouvent pas, par le jeu de répercussions sur les coûts de leurs approvisionnements et services - que la théorie libérale, en cas d'une aide non sélective, prétend automatiques ! [viii] - à une échelle significative les effets d'allégements de charges de leur compte d'exploitation  dont elles auraient besoin. Or, ce sont bien les règles de l'UE qui interdisant, au nom de la "concurrence non faussée", des mesures sélectives empêchent de réaliser une politique française plus ciblée ( ce que se gardent de dire, d'expliquer nos pouvoirs publics européistes).

 

ET AU DELÀ

 


Simultanément à un puissant soutien des entreprises exposées, la situation appelle des différenciations de taux d'IS de toutes les entreprises  selon que les bénéfices sont distribués ou sont réinvestis soit dans l'entreprise, soit dans des fonds relais qui devraient être  destinés à financer de bonnes opérations capitalistes s'exécutant sur le territoire national, ce qui devrait se combiner

- avec une part  de capitalisme d'État  (c’est à dire des participations au capital et au financement long des secteurs stratégiques ou porteurs d'avenir  (et quel que soit le niveau de participations publiques sans aucune  nationalisation de la gestion)

- et avec le recours au traitement de tous les facteurs de coûts d'exploitation (dont les charges sociales à diminuer, mais aussi avec des actions pour diminuer les charges représentées par les dividendes, les hautes rémunérations et avantages connexes excessifs assurés aux équipes dirigeantes.


L'objectif à suivre  serait de  maximiser  non pas les taux de marge et le total return (profits d'exploitation +plus value de cession) mais la capacité concurrentielle des entreprises exposées à la concurrence internationale.

 

Au delà, en toute hypothèse, le constat que l'on doit faire, d'autant plus lucidement qu'on est en période stagnation, est le suivant : il y a une limite aux pressions fiscales. Il y a des limites à des économies budgétaires centrales ou territoriales [ix]. On ne peut souscrire (alors que toutes choses égales, nous y allons inévitablement) à l'objectif de tout le lobby libéral qui est, non seulement d'abord d'accumuler des retouches restrictives à l'existant (en matière d'assurance maladie, de retraites, d'aides sociales), mais aussi de venir à bout du modèle français de garanties sociales (ce qui est le seul gros gisement possible d'économies). Les appuis à la demande et à l'allégement des coûts des entreprises exposées sont aussi impératifs l'un que l'autre et ont un coût notoire, de même qu'une politique d'interventions en capital si nécessaire.

 

Dès lors, la seule voie possible n'est-elle d'accepter une part d'insuffisance de financement budgétaire et, au lieu de réduire l'endettement de manière accélérée, d'admettre le rôle de celui-ci? Pour se garder des "sanctions des marchés",  mieux serait encore, comme autrefois (et comme le peuvent toujours bien d'autres pays) se financer par des avances d'une Banque centrale...pour monétariser une part de la dette comme une part de la  dépense excédentaire et couvrir ainsi d'autres besoins, en particulier  par des emprunts à taux zéro... auprès de ce fantôme;  mais, en la bien regrettable absence de cette souveraineté monétaire et d'une Banque de France, pourrait-on escompter que les mécanismes européens  d'assouplissement qui ont pris corps aillent jusqu'a des rachats de manière significative de titres d'emprunts publics par la BCE ? Et qu'on aille également à une faculté de dévaluer l'euro?  Difficile dès lors que le niveau de ce dernier ne dépend pas d'une "décision" (ou de petites manipulations conventionnelles), mais  des rapports de faits économiques, et comme chef de "surévaluation" au premier titre de la balance excédentaire de la RFA (d'ailleurs lorsque l'Allemagne ralentit, l'euro baisse à la marge)  tandis que les mêmes intérêts allemands semblent exclure l'hypothèse de la révolution que serait de gros achats de titres publics (ce qui serait une prime à ceux qui n'ont pas été assez rigoureux). Pourrait-on espérer qu'en résorbant encore mieux par étapes le déficit non plus des finances publiques mais, celui, originel,  de démocratie de la construction européenne, on puisse arriver à de bonnes décisions majoritaires démocratiques pouvant être acceptées par les uns et les autres. C'est comme l'explique B. Lindon une pure illusion [x]

 


Sinon, ne faut-il regarder l'hypothèse alternative d'un financement par création nationale monétaire (pratiques anglo saxonnes bien rôdées créatrices de la croissance américaine et de la résistance britannique à "la crise") avec ses enchaînements possibles d'inflation et de dévaluation, ce qui  est un tabou tel  que ses faisabilités  ne sont même plus examinées.... alors que dans un pays plutôt allergique à l'impôt (dont l'inflation est une forme de  substitut avec des effets aléatoires dans la répartition des sacrifices ) mais demandant beaucoup au secteur public,  ce fut la manière dont, par le passé, on résolut cette contradiction( demander moins d'impôt et plus à l'État), on finança de nombreuses actions et équipements en en répartissant un peu aveuglement la charge créant des effets favorables ou pénalisants  sur les différentes catégories de Français  (ce qui implique,  dès lors qu'on connaîtrait ce type d'inflation,  que  les minima sociaux y soient indexés).  Certes, on fit cela sous les critiques des classiques, mais sans trop de douleurs, grâce alors à la croissance, et avec efficacité, jusqu’a tous les interdits nationaux, dès 1974,  puis européens ayant mis en place un corps de principes et un système bancaire supra national nous ôtant toute souveraineté monétaire et donc économique et donc politique [xi].

 

 

Flexibilités budgétaires et  politique monétaire d'aisance en matière de crédit  y compris en faveur des États pouvant évidemment conduire  à inflation et à une dépréciation de la devise pourraient peut-être convenir à France (c'est une autre stratégie ni de gauche, ni de droite, mais pouvant être d'intérêt national), mais évidemment pas à l'UE,  d'autant que la situation actuelle sert les intérêts allemands et que la RFA n'a aucun intérêt à en sortir. Le ferait-elle (un peu) qu'une politique des finances publiques et de la monnaie qui serait plus souple (reconnaissance de circonstances exceptionnelles , rachat de dettes étatiques) et plus solidaire entre nations européennes (via de tels rachats par une BCE qui devrait créer de la monnaie en desservant de la sorte les pays ayant intérêt à un euro fort au profit d'un rétablissement sans purge punitive des pays en difficulté et, bien sûr, aussi via des euro bonds) devrait évidemment être achetée par un consentement à un régime encore plus rigoureux de contrôles et sanctions, ainsi que d'ingérences (de type de celles accomplies par "la troïka" en Grèce ) dans les politiques nationales [xii]

 

LES POUVOIRS PUBLICS FRANÇAIS  INSUFFISAMMENT PUGNACES

 

Il est, de surcroît,  d'autant plus difficile de faire évoluer l'Europe que la France a été, de longue date, depuis Maëstricht, partie à sa construction telle qu'elle existe et que lorsque ce sont produits des changements politiques pouvant opportunément être le moyen légitime d'introduire une réelle pression dans le sens d'autres orientations, il ne s'est en vérité rien passé. F. Hollande qui était en situation de s'y essayer après son élection (en partie gagnée sur le thème d'un besoin  d'évolution de l'UE)  a tout simplement fait ratifier le TSCG contre la fausse fenêtre d'un programme d'investissement parti en fumée, sans doute parce qu'il est manifestement convaincu du bien fondé du système européen tel qu'il existe et, de plus, parce qu'il n'a pas le caractère à utiliser la seule méthode possible pour obtenir des changements : faire des ultimatums,  mettre le poing sur la table et menacer de la politique de "la chaise vide" ce qui déchaînerait certes les marchés à notre encontre avant qu'ils ne soient obligés de reconnaître ce que tout le monde sous-estime et tait : malgré l'élargissement européen (mais qui va de plus minimiser notre influence dans les négociations techniques internes), malgré toutes les faiblesses qu'on nous impute (mais que le système européen contribue à entretenir, d'abord parce qu'un diagnostic imposé par les autres est inacceptable, et surtout parce que le modèle qu'on voudrait nous imposer ne correspond pas à l'esprit original de notre pays qui veut et doit trouver ses voies propres de redressement) , sans la France, ni l'UE, ni l'euro, n'auraient de sens.

 

De bonnes menaces de sortie  devraient porter nos partenaires à accepter de négocier des changements majeurs (sur l'ouverture commerciale, sur les politiques solidaires budgétaire et monétaire, sans contreparties d'abandons supplémentaires de souveraineté) ; mais encore faut-il  qu'ils trouvent en face d'eux quelqu'un qui serait crédible s'il disait en clair : si vous n'acceptez pas, nous reprenons nos libertés. L'hypothèse que la RFA refuse alors cette évolution européenne est vraisemblable et il lui appartiendrait d'apprécier, elle aussi, si sa sortie lui permettant de continuer sur une devise forte - un  mark retrouvé - ne serait pas, pour elle,  une bonne chose. Ce serait évidemment une forme de solution  magique pour bien d'autres pays , car une monnaie commune sans l'Allemagne ( et peut être sans deux ou trois  autres nations pouvant se constituer en zone de supereuro-mark)  pourrait être gérée beaucoup plus souplement...au prix - puisque sans l'Allemagne non plus l'Europe n'a pas de sens - de la disparition du rêve européen  franco allemand  dont les mécaniques, inspirées par Monnet,,  d'obligations successives de transferts de souverainetés par enchaînements techniques ont caché aux peuples (qui ont été tenus à l'écart)  les enjeux globaux  qui en résultaient.

 

Pourrait on se contenter d'essayer de désobéir à l'Europe - ce qui peut aller très loin [xiii] - ou la seule possibilité est-elle alors, après avoir tout tenté pour la transformer , de sortir de l'euro zone,[xiv] en retrouvant une monnaie nationale pouvant, le cas èchent,  être dévaluée. Les différences s'étant aggravées en divergences de situations entre pays rendent en effet bien illogique qu'ils soient gouvernés par une monnaieunique. Une solution miraculeuse serait d'ailleurs, comme on l'a déjà dit, et aux yeux de  rares auteurs, que la RFA, dans sa volonté d'une monnaie forte, soit portée elle-même à retrouver le mark (mais les avantages considérables que lui donne sa position d'économie dominante en Europe rendent cette perspective peu vraisemblable).

 

SI elle est encadrée des précautions et rigueurs indispensables, une rectification des rapports monétaires pour les rendre reflétant les rapports  de force économiques, par une  dévaluation française  serait, elle, dans l'ordre des choses et - pour reprendre une provocation de P. Krugman - "pas le problème , mais la solution ":  une opération vérité   pouvant permettre de purger la situation française des handicaps qu'elle a accumulés, en en payant le prix :  une dévaluation signifie que les revenus en devise nationale des habitants du pays qui a dévaluée leur permettent d'acheter moins de choses (au prorata de toute la part des consommations et des composants importés)  que ceux de pays à monnaie forte et comporte donc un certain effet généralisé (sauf à mieux s'approvisionner chez soi, ce à quoi, ça devrait inciter) de baisse du niveau de vie... ce qui remplit d'ailleurs ainsi, mais comme sous une part d'anesthésie,  la fonction si recherchée d' "accroître la compétitivité" et même de faire baisser le coût relatif du travail  .

 

La balance très débattue entre les avantages et les  inconvénients que comporte une dévaluation [xv] fait que la sortie de l'euro doit moins être appréciée comme une faculté automatique de  dévaluation, que comme celle de retrouver la possibilité d'une détermination, dans le cadre démocratique français, d'une politique économique nationale s'il le faut originale par rapport aux pratiques des voisins. 

 

Il faut toutefois mesurer que tout un process de changement hors européisme et un éventuel basculement hors euro comporterait,  particulièrement  en phase transitoire, d'importantes difficultés de surmonter l'idéologie dominante, les réactions des marchés et les opérations défensives (dont de sabotages)  que ne manqueraient pas de conduire ceux qui sont asservis à d'autres intérêts. Aussi pour conduire de telles évolutions faudrait-il une technostructure administrative et  bancaire  pouvant les piloter avec compétence et ... conviction, ce qui pose la question essentielle de savoir si un bon nombre de responsables financiers publics et parapublics actuels sauraient évoluer dans leurs références idéologiques et pratiques coutumières et, de toute façon, et que des "auditeurs" et gardiens  convaincus du besoin de changement  y soit formés de manière très pointue à le conduire et à y veiller.

 

 

PROJECTION

 

En projection, ne faut-il espérer aux lieu et place d'une U.E qui s'intègre de plus en plus par des abandons de souverainetés  dans une trajectoire fédéraliste ayant le défaut d'être toujours virtuelle parce que le fédéralisme est impossible à 28 et tout autant au sein d'un noyau dur (l'euro en cherchant à imposer une même loi monétaire à des pays aux  économies et cultures différentes a réussi à ce que leurs intérêts immédiats soient trop opposés pour qu'ils puissent construire entre eux une union politique) espérer qu'aux lieu et place d'une UE qui reste impuissante face aux défis et menaces du monde et nous interdit même au nom de nos équilibres budgétaires de dépenser ce qu'il faudrait pour y faire face, sans pour autant y contribuer, espérer toujours qu'aux lieu et place de cette Europe de l'échec, de l'évanouissement des rêves et du triomphe des normes , que puisse apparaître une autre  Europe à réinventer [xvi] ?: celle qui devrait devenir plus puissante qu'aujourd'hui par  la concertation de ses Nations sur des tâches essentielles pour faire face à l'univers mouvant contemporain, celle qui pourrait, aux prix de difficultés qu'il faudra surmonter, et moyennant des crises qui feront la clarté, conserver une monnaie commune [xvii] vis à vis de l'extérieur, tout en pouvant prévoir qu'à des échéances organisées  les pays de cette nouvelle euro zone  pourront ajuster chacun leur devise vis à vis des autres, la valeur de la monnaie commune enregistrant alors la résultante de ce nouveau "panier"; une Europe, qui délivrée de tâches subalternes et de contrôles inutiles, mais conservant une armature forte pour mettre en œuvre des traités transformés et exigeants,  pourrait gérer de grandes politiques industrielles (pour la transition énergétique bien sûr,  mais aussi pour l'harmonisation des industries de l'armement comme socle de ses capacités militaiures d'intervention).

 

Est-il permis de penser à un tel nouveau modèle ou celui-ci est-il  improbable parce que, au mieux, on sera parvenu à transformer suffisamment le modèle actuel, au pire, parce qu'il  aura explosé sans pouvoir être immédiatement remplacé ? De toutes les manières, beaucoup d'observateurs compétents pensant que la situation actuelle est intenable, il semble certain qu'aussi longtemps qu'un bras de fer de la vérité n'aura pas eu lieu - et il faut donc qu'il vienne - on ne pourra apprécier ce que peut donner l'avenir.

 

Tels sont  donc les débats pourtant incontournables et des réflexions de divers niveaux qui - s'ils existent entre économistes et chroniqueurs de diverses convictions - sont bien quasi proscrits avec l'imagination de tels enjeux au sein des pouvoirs publics, et  même au sein d'une bonne part de la "classe politique",  les uns et les autres  (et même beaucoup d'hétérodoxes) n'osant raisonner  hors de la prégnance absolue du modèle européen existant qui leur fait porter des œillères idéologiques.



[i] Ce,  qu'en tant alors que Délégué à l'Emploi,  je conseillais en vain dès les années 86/87...au moins pour assurer un temps de survie aux industries de main d'œuvre.

[ii] défendue à maintes reprises sur ce site.

[iii] C’est bien le premier constat du professionnel qu'est Macron et avec pertinence, il dit qu'il va s'employer à corriger le tir,  dans un interview où se mêlent heureusement l'appel au "bon sens" et une déclinaison sympathique de son "socialisme. A suivre ...

[iv] cf. P.N. Giraud ( École des Mines) in "La mondialisation , émergences et fragmentations" (Ed. SCC; Humaines 2012) et sur

- http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2009/03/economie-politique-de-la-mondialisation.html

ainsi que, spécialement sur "sédentaires protégés" et "nomades"

-http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part1/inegalites-pauvrete-globalisation-faits-et-debats?page=4

[v] Le Monde vient de souligner en interprétant des positions de Mario Draghi que "La France, en réalité, n'a pas le luxe de choisir entre l'offre ou la demande, elle doit cibler des mesures qui stimulent les deux à la fois".

 

[vi]  encore que les mutuelles et l'assurance privée doivent venir pallier de plus  en plus les restrictions de couverture de la sécurité sociale maladie et vieillesse.

 

[vii] j'utilise le  terme "national" comme se rapportant au lieu d'activités et donc d'offres d'emploi assurées par l'entreprise et non par référence à sa marque, à son nom ou à son adresse ou siège social. Ainsi des filiales et des établissements d'une firme japonaise par exemple sont, dans ce sens,  des entreprises  "nationales" (éligibles au même soutien que des entreprises "françaises") tandis que la vente par une firme de nationalité française  de produits confectionnés hors de notre territoire, ne constitue pas une activité nationale créatrice d'emplois, même si elle peut y contribuer indirectement par ses gains utiles au groupe français propriétaire de cette unité "délocalisée"  ou initialement localisée à l'étranger . Le bon critère - qui est d'ailleurs le critère fiscal - est celui de la territorialité

 

[viii] il faudrait que tous leurs fournisseurs leur répercutent intégralement l un juste  prorata de l'aide qu'ils ont eux-mêmes reçue, et c'est aussi improbable qu'incontrôlable.

 

[ix] par exemple, au niveau de l'État, le manque de services sécuritaires, judiciaires et pénitentiaires est flagrant; par ailleurs si la France entend avoir une politique extérieure, de défense et d'interventions, convenable - ce qui est, au sein de l'euro zone,  sa coûteuse originalité, nullement prise en compte comme facteur de dépassement des 3% ! -  les moyens assurés aux forces armées sont devenus très insuffisants par rapport à leurs missions; aux niveaux locaux,  si la multiplication de certains équipements a été abusive, si les regroupement inter collectivités et les institutions supra départementales  ont créé beaucoup plus de charges de personnels qu'ils n'en ont réduit, le besoin de moyens pour les accompagnements scolaires, pour le traitement des déchets, etc.  restent considérables.

 

[x] ceux qui croient cela " imaginent -ils l’Allemagne se plier à la loi de la majorité européenne si d’aventure le Parlement souverain venait à décider la reprise en main de la BCE, la possibilité du financement monétaire des Etats ou bien le déplafonnement des déficits budgétaires ? Pour la généralité de l’argument, on ajoutera que la réponse — évidemment négative — serait la même, en l’occurrence on l’espère !, si cette même loi de la majorité européenne venait imposer à la France la privatisation intégrale de la Sécurité sociale. Au fait, que n’aurait-on entendu si la France avait imposé à l’Europe sa forme à elle de Sécu, comme (c'est moi qui souligne) l’Allemagne a imposé son ordre monétaire, et si, comme cette dernière, elle en avait fait un point d’ultimatum ?" in un article du Monde diplomatique, d' août 2013. 

 

[xi] C'est dans Le Monde diplomatique, précité que Fréderic Lordon met en exergue  "le scandale intrinsèque de la soustraction des politiques publiques au critère central de la démocratie : l’exigence de remise en jeu et de réversibilité permanentes"..."Car il n’y a plus rien à remettre en jeu, ni même à discuter, lorsqu’on a fait le choix de tout écrire une fois pour toutes dans des traités inamovibles. Politique monétaire, maniement de l’instrument budgétaire, niveau d’endettement public, formes du financement des déficits : tous ces leviers fondamentaux ont été figés dans le marbre. Comment pourrait-on discuter du niveau d’inflation désiré quand celui-ci a été remis à une banque centrale indépendante et coupée de tout ? Comment pourrait-on délibérer d’une politique budgétaire quand son solde structurel est prédéterminé (« règle d’or ») et son solde courant plafonné ? Comment décider d’une répudiation de dette lorsque les Etats ne peuvent plus se financer que sur les marchés de capitaux ?"

 

[xii] Dans le même papier, encore,  F. Lordon indique " L’Allemagne, qui jouit des taux d’intérêt les plus bas lorsqu’elle emprunte sur les marchés, voit très bien ce qu’il lui en coûterait de faire signature commune avec les pouilleux du Sud. En accepterait-elle le prix, au nom de l’idéal-européen-à-faire-progresser, qu’elle ne manquerait pas de demander, en contrepartie de son engagement à la mutualisation financière, un surplus draconien de surveillance et d’ingérence dans les politiques économiques nationales — exactement de la même manière qu’elle a contraint ces politiques, à travers les traités et les pactes, au moment d’entrer dans la mutualisation monétaire".

 

[xiii] cf. Aurélien Bernier  "Désobéissons à l'Union Européenne!" - 2014, actualisation en libre accès de  l'édition 2011 chez Fayard/Mille et une nuits sur http://fr.calameo.com/books/003058998215334297f3d

 

[xiv] cf. "Casser l’euro pour sauver l’Europe", par Franck Dedieu, Benjamin  Masse-Stamberger, Béatrice Mathieu et Laura Raim, Editions Les liens qui libèrent.

 

[xv] SI la dévaluation allège  certains endettements, elle peut en alourdir d'autres; en bonifiant les prix des biens et services exportés et en renchérissant ceux qui sont importés,  c'est une forme de stimulation de l'activité territoriale nationale  ( avec les handicaps du coût de l'énergie et des matières premières importées, ainsi que de l'augmentation des taux d'intérêt ); globalement elle tend à provoquer une diminution généralisée des niveaux de vie ( et du coût du travail...) en particulier de ceux qui s'approvisionnent en biens importés, de ceux qui ont des revenus nationaux  fixes ( elle implique donc l'indexation  des minima sociaux ) tandis les revenus en capital sont tellement diversifiés que son effet est très nuancé pour les détenteurs de valeurs mobilières.

 

[xvi] C'est, en effet, une configuration et un contenu bien différents que propose Laurent Wauquiez dans "Europe, il faut tout changer" (éd. Odile Jacob). Après une brillante critique de l'UE (le monstre impotent, la conception strictement juridique et anti productive de la "concurrence", la passoire de Schengen, la nécessité jamais reconnue d'un besoin de protectionnisme européen) ses préconisations sont de réduire l'UE à une reconstruction autour de six membres (sans la GB ni le Luxembourg), assez pour former un noyau dur de pays partageant les mêmes valeurs chrétiennes et de respect des nations. La France, l'Allemagne, la Belgique, le Pays-Bas, l'Italie et l'Espagne seraient les élus de ce club dans lequel la fiscalité serait harmonisée, dans lequel un budget commun financerait de grands projets, et qui devrait développer une politique industrielle sous la protection de mesures d'empêchement du dumping social et environnemental Autant de choses très satisfaisantes, mais ayant le prix, autour du maintien de l'euro,  d'un nécessaire deal franco-allemand , par lequel la France,  réaliserait un grand ménage de sa dépense publique et les réformes de structures ( comprenez de la couverture sociales) qui lui sont indispensables.

Il n'y a pas de changement de contenu: c'est un concentré sur un plus petit périmètre gouvernable de la stratégie européenne actuelle (sauf par le point du protectionnisme qui pourrait être néanmoins un levier intéressant de transformation et un facteur de supportabilité du modèle).

 

[xvii] cf. " La malfaçon, monnaie européenne et souveraineté démocratique" par Frédéric Lordon, Editions Les liens qui libèrent,

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 17:22

 

 

 

 

 

C'est une belle entreprise pédagogique que le dernier ouvrage de

"J. Généreux (qui) explique l'économie à tout le monde".


Mais, après deux tiers de l'ouvrage constitués d'une excellente histoire de la pensée économique et d'un démontage des raisons des impasses actuelles,  certaines de ses explications sont bien courtes  et les perspectives ouvertes d'autant plus incrédibles.

 

On entend bien que ce n'est pas "la mondialisation" qui serait, en elle-même,  responsable de la mauvaise concurrence internationale actuelle, mais le système même du "capitalisme réel" ( quoique le soutien mutuel qu'ils s'apportent les unissent, de fait, en un même et seul phénomène)  .

Pour autant,  peut-on, aujourd'hui,  trouver (comme le pense aussi le M'PEP) dans l'espérance de voir mis en œuvre l'esprit de la Charte de la Havane (envisagée en 1948), une réponse concevable  aux tensions du monde contemporain ?

Notre auteur, en refusant une approche nationale (alors qu'il explique très bien pourquoi la meilleure zone économique optimale possible est  une Nation), semble préférer le mythe internationaliste du marché mondial régulable (comment?) susceptible d'être porteur de progrès pour tous  (comme en s'attendant à ce qu'une prochaine progression du niveau de vie des masses asiatiques change les équilibres mondiaux) au réalisme d'appeler à la défense et promotion de nos intérêts territoriaux.

 

On veut bien comprendre aussi que sans régulation des flux et placements instantanés de capitaux, tous les vices économiques et sociaux entraînés par le capitalisme financier ( qu'on ne voit pourtant pas faire place à  ces larges pans rêvés d' "économie sociale et solidaire ") soient indéracinables et que, dès lors, le protectionnisme commercial, même intelligent, parvienne difficilement lui-même à quelques résultats ; mais comme la première hypothèse est encore plus invraisemblable à mettre en œuvre que le second volet, comment faire ?

À moins que la tentation soit de renoncer  à des essais de protection en misant trop  sur "la relance keynésienne"?

 

Or, enfin, et surtout, on ne peut vraiment pas comprendre toutes les vertus attachées à cette relance keynésienne, alors que sauf par une petite incidence, il n'est apparemment tenu aucun compte de l'ouverture économique internationale (en fait, et malgré les distinguo de J.G., de ce qui est le  "libre échange")  en tant qu'amortisseur aussi bien des effets de relance d'une demande nationale que de ceux  du multiplicateur d'investissement,  et particulièrement de l'impact de la dépense publique en équipements. Renvoyons ici  à un article ancien d'un économiste déjà cité sur ce site : Keynes pour les nuls  <http://obouba.over-blog.com/article-26014199.htlm>

dont on donne ci-dessous (*) les  équations de base pour bien illustrer la question).

 

En termes bien simplifiés, comme le veut JG, indiquons sommairement

- en premier lieu, que  toute augmentation de la capacité de consommation des ménages peut se traduire, autant que par l'appel à des productions terminales nationales porteuses d'emplois également nationaux , par des importations à meilleur prix;

- et marquons, en second lieu, que tout investissement d'entreprise,  et , soulignons, en troisième lieu, que  toute  injection de crédits budgétaires ( sous déduction des impôts qui pourraient les financer) pour des travaux ou des outillages publics ne bénéficient à l'emploi national que dans la mesure où les demandes engendrées ne sont pas couvertes par des offres et des réponses étrangères ( ou intra-européennes, ou de pays tiers), en énergies, en matières premières, en biens intermédiaires, en personnels importés à bas coûts, en  machines-outils manufacturées et en composants assemblés ailleurs, etc.

 

Or, comme il peut en être largement ainsi, un État qui favorise, à sa charge, et le cas échant par endettement supplémentaire, de telles expressions de demandes peut, à due proportion, plus en répercuter le bénéfice à des économies qui lui sont non seulement  étrangères, mais, pire, en concurrence avec la sienne : une dépense française finance alors, dans la stagnation de notre territoire, la croissance, par leurs exportations,  des émergents plutôt encouragés alors à ne pas développer leurs marchés intérieurs;  les beaux effets attendus de retour national de politiques keynésiennes de la demande et de l'investissement ne peuvent être un peu garantis sans, au moins, quelques précautions en matière de protections commerciales...

 

J'ai cherché en vain dans ce livre une claire expression de ces problèmes, ni la réfutation des observations que j'avance.

 

C'est particulièrement inquiétant - et J. Généreux pourrait être moins simpliste sur les bienfaits d 'une "politique de la demande ", plus explicite sur ses besoins d'accompagnement  et ne pas entretenir d'illusions - au moment où les oppositions socialistes internes ou marginales, au moment où les leaders sociaux démocrates européens eux-mêmes, les uns et les autres  croient trouver une réponse  aux problèmes qui nous écrasent, seulement  par  moins d'austérité et/ou dans d'autres (plus souples) calculs du plafonnement à 3% des déficits autorisés.


Il doit être évident, en effet,  qu'à soit tout seul, un tel type de mesures (les grands programmes d'investissement ? et financés comment ? et conduits par qui ?) est destiné à  être inopérant en faveur de notre emploi... s'il n'y a simultanément :

- d'abord des politiques de protection commerciale;

- de préférence, un pilotage public et des participations décisives de l' 'État dans ces programmes (ce "capitalisme d'État" qu'entre deux virgules évoquant l'échec soviétique, J. Généreux condamne bien lestement);

-  une politique monétaire nouvelle qu'il appelle justement de ses vœux, 

- comme il appelle à des tentatives d'encadrements des mouvements de capitaux, contrôles dans lesquels il ne faut, évidemment, au delà du prudentiel bancaire, ne pas trop croire...  et donc en devant se préparer à faire sans ces "garde fous" qui seraient - c'est vrai - les seuls vrais transformateurs de l'économie mondiale contemporaine. À défaut de ce grand chelem, il faut d'abord défendre nos propres intérêts.

 

_____________________________________________________________________

C'est à l'occasion, en décembre 2008,  de l'analyse critique  d'un plan de relance inspiré par N. Sarkozy que ce rappel d'équations a eu lieu ( en montrant en l'espèce que l'annonce faite serait sans doute bien supérieure à l'effet réel produit...).

Macroéconomie keynésienne pour les nuls

Beaucoup de discussions sur les blogs d'économie autour des politiques de relance, la plupart mobilisant pour cela le modèle keynésien de base, une petite explication du modèle pour les non initiés peut être utile.....

 

Modèle de base

Version la plus simple, on raisonne en économie fermée et sans Etat. Soit Y le revenu total. Les deux dépenses possibles sont les dépenses de consommation des ménages (C) et les dépenses d'investissement des entreprises (I). On écrit donc :

Y = C + I

Pour simplifier toujours, on ne fait pas de théorie de l'investissement (on suppose un niveau d'investissement exogène donné), seulement de la consommation, considérée dans une perspective keynésienne comme dépendant positivement du revenu.

C= cY

c est un paramètre stratégique. Il s'agit de la propension marginale à consommer, comprise entre 0 et 1, ce qui signifie qu'un accroissement du revenu se traduit par un accroissement moins que proportionnel de la consommation.

Sur cette base, on peut réécrire puis transformer la première expression :

Y = cY + I

On fait passer cY à gauche

Y - cY = I

On met en facteur :

(1-c)Y = I

On divise de chaque côté par 1-c :

Y = [1/(1-c)]I

Notons k=1/(1-c)

Comme c est compris entre 0 et 1, 1-c est aussi compris entre 0 et 1, donc k est strictement supérieur à 1. Il sera d'autant plus fort que c est élevé.

Dès lors, si I varie d'un certain montant (notons cette variation dI), Y va varier plus que proportionnellement.

dY/dI = 1/(1-c)=k

Il s'agit de ce qu'on appelle un effet multiplicateur, en l'occurrence des dépenses d'investissement.

 

Deuxième modèle

On complique en intégrant l'Etat. Celui-ci prélève une partie du revenu sous forme d'impôts (notés T), si bien que C est maintenant égal à :

C= c(Y-T)

Y-T est le revenu disponible.

On considère que l'Etat applique une imposition proportionnelle aux revenus, avec un taux marginal d'imposition de t :

T = tY

Sur la base des impôts collectés, l'Etat réalise des dépenses publiques G. On a donc maintenant trois composantes dans la dépense totale :

Y = C + I + G

C = c (Y-T)

T = tY

On se sert des deux dernières relations, on les réintroduit dans la première, et on trouve :

Y = cY - ctY + I + G

Soit :

Y = [1/(1-c(1-t)][I+G]

L'Etat dispose d'une variable d'action G. En faisant varier G, on arrive à une variation plus que proportionnelle de Y. Le multiplicateur est cependant plus petit que 1/(1-c) car une partie de l'injection va se trouver ponctionnée sous forme d'impôts.

 

Troisième modèle

On introduit l'extérieur. Une partie des dépenses va se tourner vers les produits étrangers, il convient donc d'introduire les importations (notées M) avec un taux marginal d'importation m. L'extérieur est également demandeur de produits nationaux (exportations notées X). On a donc maintenant :

Y + M = C + I + G + X

C = c(Y-T)

T = tY

M = mY

On réarrange le tout et on obtient :

Y + mY = cY - ctY + I + G + X

Soit après transformations :

Y = [1/(1 + m - c(1-t)][I + G + X]

L'effet multiplicateur est encore réduit, car une partie de l'injection éventuelle par l'Etat sous forme de dépenses publiques est captée par les entreprises étrangères, via les importations, et ce d'autant plus que m est grand.

 

Que doit-on attendre dès lors d'une politique de relance ? Tout dépend de la valeur des déterminants du multiplicateur.

 

 


 

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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 18:35

 

 

 

Au moment où des nominations - des gestes un peu provocateurs - symboliques agacent à juste titre et semblent bien indiquer la recherche de confluences pour faire , dans un certain consensus, "sauter des verrous de la société française ", on est fondé à se demander s'il ne s'agit pas de la poursuite d'un alignement euro-libéral sans fin, accompagné de quelques renvois d'ascensceur entre concurrents se soutenant mutuellement pour la bonne cause ?

 

Dans ce désert de la pensée - que ne renouvelle pas la promotion Voltaire passée dans le moule de l'ena post soixante huitarde -   ce qui manque au ps , sur le fond, et de longue date, c'est une réflexion doctrinale critique du levier majeur du capitalisme financier.  

Selon la religion des banques, ce qui fait l'attractivité d'un territoire

et donc ses chances d'emplois

c'est le "total return" du capital investi

soit le taux de marge + les plus (ou moins) values sur cessions

 comparé à ceux des autres pays 

 

Aussi, lorsque j'ai entendu le PR reprendre l'antienne du Medef selon lequel le taux de marge français était le plus bas des pays avancés ( le  taux de marge moyen interactivités n'ayant aucun sens et la notion de capacité concurrentielle nationale - qui est faite de choses complexes -  étant effacée au profit de celle de compétitivité par les prix, ce qui est un concept  comptable ), j'ai senti qu'on franchissait la ligne jaune nous portant vers les concours de  moins disance sociale.

 

Parce qu'il n'a jamais été  réfléchi à un modèle économique alternatif

tandis que l'appel à une politique de la demande n'en est pas un  et ne serait pas plus efficace que la politique de l'offre,

les recettes keynésiennes ne pouvant donner de bons résultats nationaux dans une économie mondiale ouverte. 

C'est dire que les alternatives proposées à gauche - moins d'austérité - ne sont guère viables non plus

( comme l'a prouvé l'échec - augmentation de la dette sans restauration de potentiel -  d'une politique d'injections de liquidés publiques entre 2008 et 2011) 

 

Le manque est bien celui d'un schéma économique français

qui n'a, non plus,  aucun avenir, dans un mimétisme envers l'Allemagne dont la situation des facteurs  est, à tous titres,  différente ( cf. G. Duval,  "Made in Germany" )

et tous les symboles ( comme ceux qui résultent de nominations porteuses de signification) aggravent le sentiment que les Français ne maîtrisent plus aucunement leur destin, ce qui est le vecteur des votes contestataires . 

 

 

Alors que satisfaire les attentes majoritaires de nos concitoyens supposerait qu'on ose chercher à répondre à quatre points essentiels :

 

- peut- on faire évoluer l'euro jusqu'à ce  que la BCE puisse prêter en direct aux États et, plus généralement,  obtenir un taux d'inflation satisfaisant en Europe, alors que sa première puissance industrielle joue la devise forte et la déflation, et si c'est impossible, pourrait-on retrouver la souveraineté monétaire hors euro ?

 

- pourrait-on obtenir des protections commerciales à l'égard de pays externes à l'UE  et à l'égard même du dumping intra européen ?

 

- serait-il possible que les régles du jeu européen soient aussi assouplies pour que le catéchisme camouflé en vigueur ( pas de risque de "fausser la concurrence" par des mesures sélectives de soutien de telle ou telle activité) ne nous oblige à un inadmissible gasgillage budgétaire  ( payé par les contribuables des plus modestes aux plus exposés) en aidant toutes les entreprises, alors que certaines seulement en ont besoin ?    

 

- les pouvoirs publics français ne devraient-ils pas plutôt s'appuyer sur une part significative de capitalisme d'État ( ce capitalisme là n'exigeant pas l'inégalité pour obtenir l'investissement et permettant le choix des priorités; notamment pour faire "la transition énergétique" et pour prendre des participations publiques dans tous les secteurs porteurs ? 

 

C'est à ces voies qu'il convient au moins de réfléchir et surtout en ne croyant pas, avec les naïfs keynésiens, qu'une politique de moins d'austérité et de soutien par la demande serait le fil à couper le beurre pour avoir croissance et emploi.

Le désert de la pensée c'est que les gens aux affaires comme les opposants au sein même de leur camp ne sortent jamais suffisamment des sentiers battus et rebattus ... dont les éboulis portent aux abîmes.

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 16:46

 

 

Sous la  tonique vivacité du style  allant jusqu'à mobiliser Valmy - comme d'autres ont mobilisé Jaurès ou Péguy - le contenu du discours programmatique du nouveau PM( vis à vis desquels on peut prendre aujourd'hui quelques premiers reculs) n'a pas cassé trois pattes à un  canard : il a été gouverné par quelques postulats simplistes dont notamment:

- que, selon la conviction désormais affichée par le  PR,  l'emploi doit résulter du taux de profit que les entreprises peuvent  espérer sur le territoire français;

- que la compression de la dette est l'alpha et l'oméga de toute politique économique et européenne, ce qui est simplement le verso de notre incapacité, par abandon de toute souveraineté monétaire, de monétariser  une part de notre endettement pour en faire de l'investissement public (cf. dans un  esprit voisin, article de Robert Salais, in Le Monde du 15 avril 2014)

- qu'on peut  faire en même temps plus d'économies  dans les services de l'État et moins de services  décentralisés en n'indiquant pas par quoi on remplacerait des départements (toujours en charge de l'aide sociale, mais voués à la suppression) sans que, évidemment, des régions agrandies puissent bien tenir le même irremplacable rôle de proximité : c'est l'addition de l'idéologie libérale  du moins d'État et d'une vision régionaliste européenne en faveur de grandes unités se substituant peu à peu à l'État unitaire républicain.

Jusqu'à plus de précisions, il faut redouter que ces reformes territoriales annoncées en deux coups de cuillers à pot soient contraires au bon sens.

 

L'art de l'illusion est accompli lorsque l'emballage sonne comme "Fanfan la Tulipe" mais s'ouvre sur "Bouvard et Pécuchet" : d'absolues médiocrités de fond sont enracinées dans de piètres orthodoxies et l'on cherche en vain un  effort réflexion et d'imagination, ce que d'ailleurs, hélas,  a transcrit parfaitement la pondération du gouvernement au sein duquel Sapin prévaut sur Montebourg et où Hamon qui aurait pu représenter une aile gauche a le plat de lentille d'un ministère sociétalement capital mais économiquement non stratégique.

 

Dans ces conditions, il faut d'abord, alerter sur la totale absence de bonne portée de l'espèce de contestation du plan Valls qui court dans des rangs socialistes , car les contestataires sont eux-mêmes, à nos yeux, complètement embourbés dans les erreurs des conformismes. 

 

Les essais de variantes du plan Valls s'articulent en effet  autour de traitements différents des entreprises selon leur taille, dans l'intention d'atténuer, par le jeu de décalages dans le temps,  le besoin d'économies correspondant aux allégements de leurs charges. Ces hypothèses sont évidemment balayées d'un  revers de main  par Sapin, car celui-ci, aux légitimes et urgentes attentes de bien des entreprises, ajoute  les exigences européennes et allemandes de réduction des dettes et déficits, elles, bien discutables et que les autorités françaises - au  temps des débats sur le TSCG auquel elles se sont si allègrement soumises - n'ont su ou n'ont voulu contester . C'est pourquoi, après ces tours de pistes,  Valls  va consentir  quelques aménagements à la marge. Il ne subira pas la défiance; il n 'y aura pas de crise de régime dès lors que le PS qui sent de plus en plus le sapin ira à Canossa.

 

Dans un climat de désenchantement, de découragement, de sentiment d'impuissance sur notre capacité nationale - parce qu'on n'a pas su lui sauvegarder ses propres moyens - une razzia de tous les espoirs est devenue possible dans les mains des manipulateurs de tous les simplismes.

 

 

Il n'y aurait aujourd'hui, toutes choses égales par ailleurs,  qu'un  seul moyen efficace  de diminuer le coût des allègements de charges et, corollairement, le niveau des besoins d'économies - et plus efficace que le pacte de responsabilité parce que ce moyen pourrait concentrer allégements et soutiens aux entreprises en ayant vraiment besoin, sans gaspiller des dizaines de milliards pour celles qui récoltent des effets d'aubaine, en prenant de l'argent aux ménages en détresse, aux retraités en précarité pour augmenter les dividendes des actionnaires des sociétés déjà prospères ou bonifier de diverses manières  les situations personnelles très appréciables de certains gérants et propriétaires     - et ce moyen ce serait de distinguer de deux manières parmi toutes les entreprises :

-  D'abord en bonifiant les prix de revient des seules entreprises effectivement exposées à la compétition  internationale, c'est à  dire dont les emplois peuvent être localisées ailleurs qu'en France, et au premier chef   opérant donc dans les secteurs de l'agriculture, de l'industrie , des transports, de la recherche, à l'exclusion - sauf si intervention du second critère ci-dessous - de celles opérant dans les secteurs des services (comme banques et assurances), dont notamment le négoce et la grande distribution, du BTP ( pour la part de celui-ci qui est inéluctablement attaché à notre sol ) et des activités multiples de proximité (qui, par définition, ne peuvent s'exercer ailleurs... tels que les services touristiques et domestiques). Lorsqu'une même unité entrepreneuriale réunit des activités de production  et de négoce, rien n'interdit ( que la prévention à l'encontre d'audit public de comptes privés) des calculs de proratas.

À l'encontre de ces distinctions, un lobby doctrinal bien connu soutient que tout allégement général de charges bénéficie automatiquement aux entreprises qui en ont le plus besoin. Certes..., mais au prix collectif maximum en gavant en priorité  celles qui n'en ont pas du tout besoin et dont il n'y a aucune certitude que les  profits soient réinvestis en leur sein ou au profit de l'économie nationale .

On peut certes soutenir que par leurs achats de services et approvisionnements en France , les entreprises directement exposées peuvent indirectement bénéficier des diminutions de prix de revient des autres entreprises, mais c'est tout à fait aléatoire : il faudrait que les allégements de charges soient à coup sûr  répercutés alors qu'on a vu, tout à l'inverse, que le CICE a cherché à être employé pour maximiser les profits ( mais n'est-ce désormais notre objectif d'attractivité du capital?) et non pour   baisser les prix. De toute façon, une clause générale d'allègement ne peut aboutir  d'une part qu'à un  insatisfaisant saupoudrage anti économique et, d'autre part,  à un  injuste gaspillage anti social,

 

- Le second chef de sélectivité pourrait tenir compte des résultats des entreprises et des affectations de ceux-ci

* d'une part pour écarter des allégements des activités certes théoriquement exposées , mais gagnant régulièrement beaucoup d'argent ( notamment en raison d'activités externes ou de résultats externalisés  échappant  largement à l'impôt ) et , loin de largement réinvestir leur profit, distribuant une large part de celui-ci à leurs actionnaires,

* d'autre part pour intégrer dans le champ des allégements de charges des entreprises du secteur des services théoriquement non éligibles , mais en difficultés et en besoin de refinancement.

L'utilisation  de telles approches fait intervenir un interventionnisme public pointu qui serait difficile à manier, même si ce devrait être le propre d'un  effort socialiste de correction de l'économie libérale de s'y essayer.

L'essentiel  serait que l'esprit inspirant une stratégie économique comporte de chercher à construire une sélectivité selon les situations économiques et sociales considérées, non seulement en ciselant le champ des allégements de charges, mais aussi en mettant au point un système parallèle indispensable d'incitation à l'investissement national notamment par des taux différenciés d'IS selon l'affectation  des résultats, et par une certaine canalisation des profits et des épargnes vers la souscription  d'emprunts d'État pour permettre des investissements publics dans le secteur marchand de manière à rebâtir un  noyau de capitalisme d'État dont la France s'est privée depuis les années Balladur et Jospin. Que l'État retrouve un pouvoir direct d'investisseur et qu'il ait une capacité de direction de l'investissement privé est la voie par laquelle échapper d'une part à la confiscation de  souveraineté par le capitalisme financier, d'autre part  à l'obligation d'acheter des éventualités d'amélioration  de l'emploi par l'aggravation des inégalités sociales.

 

Or aucun appel à de telles réformes structurantes n'apparaît dans des "alternatives" qui cherchent seulement à minimiser l'ampleur des dégâts.

 

Qu'on en soit arrivé à admettre qu'augmenter les inégalités soit la seule bonne recette socialiste pour espérer développer  l'emploi en dit terriblement long sur la catastrophe idéologique qui s'est produite, si bien qu'aujourd'hui les approches alternatives restent enfermées  dans une inadmissible logique libérale.

La base de celle-ci est d'abord la domination de l'appropriation privée des moyens de production. Si, confronté à la concurrence internationale, un  capitalisme qui serait, pour une part un capitalisme d'État demandait des efforts au pays et même aux plus modestes de ses habitants,  ces efforts pourraient être légitimes parce que les moyens de la production et de sa capacité concurrentielle appartiendraient à tous. Mais comment des sacrifices peuvent-ils être reconnus comme non injustes lorsque les profits nécessaires se trouvent destinés à des détenteurs de titres  ou de situations privilégiées qui n'ont aucune obligation d'en faire ensuite un usage d'utilité publique, ni même suffisamment de bonnes incitations à le faire.  

 Le second pivot  de la mécanique néolibérale, systématisée par l'U.E. , est,  au nom de "la concurrence non faussée" ayant reçue force de droit par les règles européennes,  de ne pas faire de distinction ni selon les  types d'activités, ni selon la situation des entreprises considérées, si bien que tout entrepreneur quelle que soit son activité, sa situation, ses capacités  ou toute entité se prétendant apte à créer de l'emploi  est automatiquement bénéficiaire de ce qui ne devrait aller qu'à certaines catégories d'opérateurs opérant sur des marchés difficiles.

 

Or ce marché de dupes est bien celui qui est, d'une ceraine manière,  au cœur du "pacte de responsabilité" : "donnez nous à tous  les moyens de gagner plus d'argent, y compris à ceux qui ne connaissent pas de difficultés , de devenir plus riches,  et nous vous accorderons une chance de travail contre de l'appauvrissement."

 

Des provocateurs (du type de Denis Kessler cf. l’Express de la semaine passée) demandent toujours plus en ce sens. L’ancien numéro 2 du MEDEF  affirme que ce sont les entreprises plus que les ménages qui ont eu à souffrir de la crise : « Les entreprises ont payé un très lourd tribut à la crise, comme en témoignent l'évolution de leurs taux de marge et le nombre de faillites. Si l'on regarde le pouvoir d'achat des ménages dans leur ensemble, il n'a en revanche pas véritablement été affecté par la crise. Aujourd'hui, la priorité doit être plus que jamais de faire de la croissance par l'investissement, le travail, l'effort, la prise de risque, l'innovation. Il faut promouvoir l'entreprise et réduire l'Etat : c'est un renversement copernicien. »

 

Tout cette idéologie de  renversement a pour axe le plus simpliste la prise en compte du taux de marge et,  en définitive,  de la rentabilité totale - revenus +plus value -  du capital investi  comme pivots de l'économie . Or on sait que ce taux - dont le calcul peut déjà resulter de bien des approches et de jeux comptables - n' a aucun  sens en tant que moyenne inter entreprises et que les profits de certaines des plus importantes d'entre elles restent au contraire très significatifs . Le taux de marge n'est surtout qu'une boussole au service des actionnaires libres de conserver ou de réinvestir le profit, tandis que des financements publics, souvent moins chers, garantiraient mieux les besoins de réinvestissements.

Tout au contraire de diminuer  l'État - selon l'idéologie de Kessler - la croissance et l'emploi exigent un État fort capable de diriger intelligemment et sélectivement les investissements privés et capable d'assurer une part indispensable de capitalisme public pour garantir non seulement  les infrastructures, mais encore et toujours les priorités industrielles à long délai de retour sur investissement (ce que les actionnaires privés sont souvent incapables d'assurer).


Aussi longtemps que les "oppositions" socialistes internes ne poseront pas ces questions fondamentales , ne  sortiront pas non plus  des règles du jeu européen et se satisferont de proposer une espèce de politique plus axée sur la demande  que sur l'offre, elles ne pourront déboucher sur aucune alternative stratégique.


On ne répétera jamais assez que l'échec socialiste - cette espèce de gouvernance social démocrate au service à la carte des intérêts indifférenciés les plus sommaires de quiconque se prétend pouvoir être porteur d'activité créatrice d'emplois - est le résultat d'une totale absence, au sein du PS et de ses satellites,  d'une réflexion doctrinale apte à faire face à la vague idéologique néolibérale qui a conquis la quasi totalité de la "gauche". À cette intoxication  n'échappent que quelques héritiers du colbertisme et du gaullisme et, parmi des "économistes atterrés" , mais souvent conformistes,   que quelques rares véritables  explorateurs de systèmes alternatifs.

 

Il est dès lors normal que la politique  économique française se fasse, sous l'œil d'un PR qui a toujours été un politique, mais ni un technicien, ni un chercheur, ni un novateur,  dans le triangle fermé des principes européens, des conformismes transmis par l'ena et entretenus par Bercy et des catéchismes sommaires des plus démagogues et des moins pertinents des représentants patronaux.

 

Bien sûr, on nous a dit que les Français approuvaient plutôt le plan Valls. Évidemment puisqu'il tape sur les fonctionnaires, ce qui est toujours fédérateur, même si c'est incohérent : s'il faut soutenir justice, sécurité , éducation, il ne reste,  comme grand ensemble d'agents publics , que les impôts. On comprend que nos compatriotes ne veulent pas plus de percepteurs que de taxes,  mais ils apprécient quand même que leurs feuilles d'IR soient pré remplies, tandis que s'il y avait plus d'agents du fisc, il y aurait peut-être moins de grande fraude ce qui rapporterait plus que les économies sociales...Il est  vrai que nos compatriotes souhaitent voir réduire les dépenses de la sécu, pour être moins bien couverts en cas de maladie ? Ou parce qu'ils croient qu'il y a des abus ? Mais de qui donc, sinon de ces vilains immigrés qui seront sans doute les prochains dans  le collimateur du pouvoir en place ...

 

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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 18:34

1 - Pour sortir l'Europe de l'ornière et du discrédit,  des personnalités françaises et allemandes préconisent donc une union politique de l'euro qui consisterait dans un premier temps à unifier au sein de la zone euro l'impôt sur les sociétés, à doter la zone d'un parlement et à mutualiser partiellement les dettes.

 

La dernière de ces propositions exprime un type de solidarité très prisé de longue date par la théorie social-démocrate et aurait même de facto déjà commencé avec le Mécanisme européen de stabilité, l'union bancaire en gestation et l'Outright Monetary Transactions de la Banque centrale (le rachat direct par celle-ci sur le marché secondaire, et sous certaines conditions, d'obligations émises par les gouvernements de pays membres).  Mais comme c'est insuffisant - aléatoire au moins - il faut écarter que " la spéculation sur les taux d'intérêt recommencera encore et toujours" tandis que "la légitimité démocratique de ces mécanismes doit être clarifiée au plus vite. Pour aller plus loin, il faut repartir de la proposition de "fonds de rédemption des dettes européennes" faite fin 2011 par les économistes conseillant la chancellerie allemande, visant à mettre en commun toutes les dettes dépassant 60 % du produit intérieur brut (PIB). Et lui ajouter un volet politique."

 

 S'il faut ce volet politique, c'est bien évidemment que de telles décisions à seul merci du gouvernement allemand n'ont aucune chance d'être adoptées et qu'il faudrait parvenir à embarquer Berlin dans la charge d'éponger les dépenses passées des "cigales" en les encourageant de plus  ainsi - comme dirait la Chancelière - à recommencer dans l'avenir. Il faut d'autant plus comprendre la position réservée de l'Allemagne que ce n'est pas non plus l'intérêt de la France de participer à de telles charges, notamment au bénéfice de pays du Sud qui lui font actuellement, via notamment leur déflation  salariale,  une concurrence encore plus forte qu'en raison de leurs autres avantages de prix de revient ayant fait de longue date reculer nos débouchés agricoles et industriels traditionnels.

 

Ce volet politique qui est la deuxième proposition du dispositif [i] en est, en fait, l'âme et l'ossature: une chambre parlementaire de la zone euro qui répondrait au moins  à  trois idées:

- d'abord celle de lier classiquement parlementarisme et impôt (cette chambre voterait l'impôt unifié sur les sociétés de la zone) tout en démocratisant certains aspects de politique monétaire: le nouveau parlement définirait la part des dettes à mutualiser, mais on ne lui voit pas recevoir le moindre autre pouvoir d'influence sur la BCE qui continue à échapper au pouvoir politique  !   

- ensuite, cette nouvelle construction serait manifestement  la voie par laquelle reconstruire un cheminement fédéral à l'échelon et par le levier de la seule zone euro (bien que les pays constituant cette zone soient tout à  fait hétérogènes et ne puissent constituer une "zone économique optimale").  

- enfin,  l'objectif très clair est, au delà de la co-souveraineté  dont nous souffrons déjà tant, d'établir une souveraineté économique déniant définitivement et totalement une quelconque capacité aux Français de faire des choix fiscaux,  budgétaires, monétaires qu'une majorité des élus parlementaires des dix huit membres de la zone euro jugeraient "hors des clous".  

En fait plus le cercle des participants aux décisions économiques est large, plus la chance de conformisme est forte. C'est le piège de tous ces systèmes dans lesquels aucun progrès ne peut procéder du groupe qui est un  amortisseur garanti tandis que dans un  cercle plus étroit (national au premier chef) on peut espérer qu'une majorité de progrès arrive au pouvoir (ce qui n'arrivera jamais de manière simultanée dans un ensemble supra national où il y aura toujours, de plus si l'on échappe aux majoritaires, caché dans un coin,  un pouvoir de blocage des minoritaires... )

Sacrifier la souveraineté fiscale pour contrôler la part de mutualisation (éventuelle)  de la dette (sans placer la BCE sous contrôle politique!) et pour unifier l'IS (ce qui aurait certes la vertu de contrer le jeu d'optimisation fiscale des multinationales et les tactiques concurrentielles de moins disant fiscal - mais seulement pour cet impôt ! - et ce qui interdirait de monter, le cas échéant,  l'une des bases possibles d'une politique française de l'investissement que l'on évoquera ci dessous) est un inimaginable jeu de dupes, surtout, le moyen pour des majorités européistes d'aujourd'hui de lier les mains de majorités éventuelles de demain, en les empêchant de changer les choses. 

 


2 - Or,  on peut concevoir de  changer au niveau national , à la satisfaction de beaucoup de citoyens et d'entreprises, des mécanismes importants  : par exemple, il faut que nous conservions la maîtrise de l'IS, non pour en fixer des taux séduisants, mais pour conduire une politique de défiscalisation de tout profit réinvesti dans la production sur notre territoire  au bénéfice des secteurs  à privilégier ( ceux portant des "emplois nomades" exposés à la concurrence internationale et ceux porteurs d'emplois d'avenir comme la conversion écologique ), selon une liberté de choix que ne doit pas altérer une obligation d'entente avec les autres pays européens  qui n'ont pas nécessairement les mêmes intérêts que nous ( postuler qu'ils les aient relève de  l'angélisme  de tout "européiste").


Au delà,  une politique fiscale française pourrait aussi  chercher à drainer des moyens pour nourrir des capacités d'investissement public : le réinvestissement productif des bénéfices imposables à l'IS pourrait devoir parfaitement se faire hors entreprise d'origine - en étant alors également exonéré - dans des placements en obligations d'État affectées à soutenir l'activité industrielle. Dans le même esprit,  les contribuables soumis à l'IR pourrait être incités,  pour se libérer d'une fraction d'impôt,  à  souscrire ce même type de  bons industriels du Trésor , mais en consentant alors à l'État  un niveau de prêt évidemment plus élevé que l'impôt lui-même ( c'est la vieille technique de "l'emprunt libératoire de l'impôt"), l'objectif  étant clairement de donner à l'État des capacités de banquier  d'affaires, de permettre un capitalisme d'État, ce qui n'est sans doute pas la conception allemande actuelle , ni celle de l'idéologie européenne dominante. Mais, c'est un modèle alternatif que l'on doit appeler en référence.

 

En effet, il ne faut aussi jamais perdre de vue que toute action tendant à  transformer de la capacité privée d'investissement en capacité publique de financement d'activités marchandes fondamentales et profitables contribue à satisfaire des évolutions  positives transformatrices de la société :

-  c'est un moyen de tendre à résorber  les inégalités sociales : celles-ci  sont indispensables au financement privé de l'investissement, puisque - quels que soit ses canaux - celui-ci suppose à l'origine des différences très significatives de revenus permettant  qu'une  petite minorité puisse largement épargner, puis mobiliser des effets leviers pour investir ( et parfois spéculer)  ; à l'inverse un financement public  fait appel, selon divers schémas plus ou moins équitables,  à des ressources collectives et n'exige pas une importante inégalité structurelle (cf. sur ce site le papier du 04/09/2012 relatif à un modèle de véritable "banque publique d'investissement").

- c'est un moyen de probité de la vie économique et publique, car il écarte les ressorts abusifs d'intérêts personnels, voire de cupidités, comme leviers de développement.

- c'est donc un correctif d'économie mixte, permettant de choisir et soutenir des priorités stratégiques par une dose d'appropriation collective de ces moyens du développement : le rôle même d'un capitalisme d'État, d'un capitalisme de service public ( n'empruntant pas la voie de la gestion  d'ensembles "nationalisés" , mais celle de  participations significatives  aux fonds propres et aux fonds longs dont ont besoin des entreprises clefs).

 

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3 - On voit qu'on ne peut détacher la recherche de telle ou telle satisfaisante politique sectorielle d'une part "doctrinale”. L'absence de celle-ci - comme en témoigne  à nouveau la plateforme largement de langue de bois adoptée en ce Xème Congrès des partis sociaux démocrates européens   (cf. http://www.parti-socialiste.fr/articles/decouvrez-le-manifeste-du-pse-adopte-rome-pour-une-nouvelle-europe ) -  est la raison intellectuelle majeure pour laquelle la social démocratie a été dévorée par le libéralisme, à travers l'appareil européen.

 

Certes au printemps 2010, des travaux préparatoires à la convention socialiste d'alors avait comporté des éléments de réflexion intéressant; mais la plupart d'entre eux ne cessaient de se référer au fait européen: comme aujourd'hui, si bien que  ce cadre est toujours sur chaque chose  la pierre de touche permanente (et agaçante)  à laquelle on revient comme à la Bible.  C'est cette ossature européenne ordonnant un système libéral qui constitue l'emprisonnement de la réflexion. Construire une alternative doctrinale nous affranchissant de la référence à l'Europe, en tant qu'elle est le  pivot du libéralisme économique contemporain, serait une tâche essentielle et cherche encore ses ouvriers ...

 

 



[i] " il faut instituer une chambre parlementaire de la zone euro. Nous rejoignons là encore nos amis allemands du groupe de Glienicke, qui hésitent cependant entre deux formules : soit un parlement de la zone euro regroupant les membres du Parlement européen des pays concernés ; soit une chambre nouvelle, fondée sur la réunion d'une partie des députés des parlements nationaux.

Cette seconde solution, qui reprend l'idée de "chambre européenne" formulée par Joschka Fischer en 2011, est selon nous la seule formule permettant d'avancer vers l'union politique. C'est en s'appuyant sur les souverainetés parlementaires nationales que l'on peut bâtir une souveraineté parlementaire européenne partagée. Un ministre des Finances de la zone euro, et à terme un véritable gouvernement européen, serait responsable devant cette chambre européenne.

Cette nouvelle architecture démocratique de l'Europe nous permettrait enfin de sortir du mythe selon lequel le Conseil des chefs d'Etat pourrait tenir lieu de seconde chambre représentant les Etats. Pour passer à la règle de la majorité sur les décisions fiscales et budgétaires que les pays de la zone euro choisiront de mettre en commun, il faut créer une véritable chambre européenne, où chaque pays serait représenté par des députés représentant tous les bords politiques, et non par leur seul chef d'Etat."

 

 

 

 

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2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 19:17


 

L'inspiration du papier que viennent de signer conjointement divers  courants du PS représentant une très forte minorité du parti  - "il n'y a pas qu'une seule politique possible"  est certes satisfaisante par sa critique de la politique mise en œuvre, mais est une autre voie d'illusion dès lors qu'elle ne pose pas, comme un préalable,  de manière logique la question européenne : puisqu'on n'a pas fait bouger l'Europe, ou bien on s'y résoud enfin énergiquement et sans délai, ou bien - faute de le faire ou à défaut de réussir - il faut gérer la sortie de ce qui est devenu  le handicap français,  le piège de toute faculté de réflexion et de recherche de solution à la situation  que nous subisssons et dont les effets négatifs se sont accumulés depuis vingt ans que nous nous soumettons à des règles souvent contraires à nos intérêts. 

À  l'inverse du titre de cette contestation fondée mais angélique de la ligne présidentielle,   j'estime en effet qu'il n'y a pas (sauf à pratiquer une "désobéissance européenne" qui n'est vraiment pas à l'ordre du jour, parce que d'ailleurs elle ne pourrait conduire qu'à la sortie)  d'autre politique possible que celle aujourd'hui dessinée par F. Hollande :  une autre politique est précisément impossible parce que les fondamentaux stratégiques n'étant pas modifiés,  les mesures qui sont en cohérence avec ceux-ci ne peuvent guère être différentes de ce que fait le gouvernement actuel, comparable à ce que tentait le gouvernement d'hier et conforme à ce que pourrait proposer une relève libérale qui serait issue d'une consultation électorale donnant le succès à la droite et au centre (dont tous les medias - voir les derniers numéros du Point, de l'Express , de l'Expansion  où chevaux de retour, économistes de service et top modèles  rivalisent de talents et de persiflages - continuent à nous intoxiquer par leur propagande  sur le trop d'État, seul point sur lequel convergent les postures de Cameron, les prudences de Merkel et les silences de Hollande).

 

Ce caractère inéluctable, dans le cadre de la compétition internationale par les prix, d'une politique de compression des coûts du travail et des services publics, ainsi que de réduction des couvertures sociales, a toujours été indiquée de notre part - dès avant et quelque soit le résultat de l'élection présidentielle - comme la conséquence d'une absence de changement des principes gouvernant l'Union Européenne à laquelle appartient la France sans possibilité d'une gestion autonome s'écartant de ceux-ci et, quel que soit, l'étiquette politique du gouvernement aux affaires.

 

Pour bien  illustrer quesuivre une autre ligne politique  impliquerait d'abord de lever des  préalables européens,  il suffit de pointer  quelques éléments majeurs de raisonnement :

- On ne saurait dire qu'on peut faire moins d'austérité qu'en en indiquant la contrepartie :  celle-ci est dans un financement monétaire (au moins transitoire , mais pouvant conduire, pour remettre les pendules à l'heure,  à une dépréciation de la devise ) des déficits publics accumulés et par conséquent dans la remise en cause de la tutelle de la BCE et de l'euro et le besoin, si la question n'est pas traitée par le système européen,  de restaurer une banque centrale nationale dans ses pouvoirs traditionnels d'avances sans intérets à l'État. `

- On ne saurait non plus appeler à conjuguer politique de l'offre avec aussi un levier de la demande sans indiquer comment on peut éviter qu'un surplus de demande, en particuler de biens de consommation, se porte sur des produits de dumping obtenus non seulement hors Europe, mais au sein de celle-ci par les pays européens  sans salaire mimimum et pratiquant activement des concurrences low cost .

- Comment, par ailleurs,  peut-on imaginer de  soutenir essentiellement les secteurs productifs  exposés à la concurrence internationale, au lieu de disperser des aides massives correspondant aux allégements de charges et de faire bénéficier toutes les activités du CICE , quand le principe européen de non discrimination interdit de réserver ces concours à l'agriculture, la recherche , l'industrie, l'énergie et les transports au prix de créer partout ailleurs des effets d'aubaine ? Ou l'Europe admet la sélectivité des aides publiques, ou il faut préférer la sélectivité à l'Europe.  (cf. dans le même sens <http://forumdemocratique.fr/2014/03/01/la-phrase-de-la-semaine-par-montebourg-aides-publiques-denonce-les-talibans-du-droit-a-bruxelles/> 

- Comment enfin peut-on imaginer  plus de financements publics des investissements sans avoir recours d'un côté à une part de ressources monétaires proscrites par  l'Union , et d'autre part à une politique fiscale créative (on y reviendra dans le papier suivant )  autre que la doxa européenne actuelle dont les deux pivots sont  tout simplement la préférence pour l'investissement privé et  la pression pour le plus faible taux possible d'impôt sur les sociétés parce que le critère d'attractivité à satisfaire est celui de la profitabilité du capital où qu'il soit investi ( et non celui de la réduction de tous les facteurs des prix de revient dans les secteurs vitaux et stratégiques)? 

 

C'est dire qu'autant que l'appel des minoritaires de la gauche socialiste pour une autre politique ne peut être qu'un voeu pieu sans qu'ait été d'abord changé d'Europe, l'appel (porté par Alternatives Économiques* N° 333 , de mars 2014) de quelques personnalités allemandes ( dans l'axe, à notre sens,  des convictions exprimées par un Jürgen Habermas, il s'agit du groupe dit de Glienicke)  et françaises ( dont notamment D. Cohen, L.Tubiana , T.Piketty et l'inévitable Ronsenvallon) pour faire  changer ( en vérité, relancer ) l'Europe, est une autre forme de leurre et de tergiversations. C'est ce que nous verrons dans le papier suivant.

 

 

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* Ce magazine semblait récemment évoluer de manière moins conformiste et plus réaliste, mais sa présentation des solutions possibles au mal du chômage ("desserer l'étau de l'austérité", mais sans poser ni  problème monétaire, ni celui du libre échange ! - "réduire le temps de travail", ce qui n'a jamais été , à nos yeux qu'un alibi malthusien à l'insuffisance de débouchés marchands pour nos produits - "accélérer la conversion écologique", ce qui est un  potentiel réel de contenu qualitatif mais ne change pas les problèmes macro économiques et implique surtout et la séléctivité, et l'augmentation des appuis publics que l'UE rend très difficles)  nous paraît éloignée de toute  réflexion stratégique novatrice .

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2 février 2014 7 02 /02 /février /2014 10:47

 

Parrallèlement à l'article précédent qu'il fallait relayer en matière politique, voila celui - de J.L. Gréau "économiste, ancien cadre du Medef, auteur de "la trahison des économistes" - qu'il faut relayer en matière économique.

 

 

"La décision politique semble désormais subordonnée au langage de la communication. François Hollande vient de lancer un « pacte de responsabilité »en partenariat avec le patronat. Mais il faudra attendre des semaines ou des mois avant de connaître le contenu concret de ce dispositif d'allégement des charges des entreprises appelant un engagement des bénéficiaires à embaucher. 

 

Cette annonce constitue, à l'évidence, un aveu d'échec de la politique attentiste qui a consistéà se projeter vers la reprise économique, conformément àla conviction du président que, la crise étant cyclique, il suffisait d'attendre le moment de l'essor. En substance, à Sarkozy la crise, à nous la reprise. Nous aurions aimé avoir le diagnostic présidentiel permettant de comprendre pourquoi la reprise n'a pas eu lieu... Mais peut-on reprocher à François Hollande de ne pas faire le diagnostic auquel se refusent neuf économistes sur dix ? Nous aurionsaussi aimé savoir, àl'occasion, pourquoi le crédit d'impôt compétitivitéemploi (Cice) décidé en 2012, appliqué en 2013, pour un coût de 20 milliards d'euros, est resté sans effet... Après la suppression de la taxe professionnelle et la réduction de la TVA sur la restauration, d'application spécifique, le Cice représente la troisième opération destinée àencourager l'embauche par les entreprises. Pour un résultat inexistant. 

  

 

Une plaie nommée euro

 

 

L'explication nous en a été fournie par le président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, Marwan Lahoud : « Le crédit d'impôt compétitivité emploi représente un impact de 1 centime d'euro [par rapport au dollar] pour nos entreprises ! Dès que le dollar baisse de 1 centime, cet avantage est gommé. »Parole d'or, venant du président du secteur qui exporte ie plus, pour un montant de 51 milliards d'euros sur 427 au total en 2013. Parole confirmée par le signal d'alarme du président d'Arianespace à propos de la surévaluation de l'euro qui a atteint, selon lui, « un point critique ». Ainsi, ie doigt a été mis sur la plaie, cette plaie nommée euro qu'aucun de nos partis parlementaires n'ose regarder. La surévaluation de l'euro asphyxie le mioteur central de la croissance représentépar les industries et les services exportateurs.

 

Quant au coût de 20 milliards de ce Cice mort-né, il a représenté16 milliards de profit d'aubaine pour les secteurs non soumis à la compétition internationale, telles que les activités de dépôt bancaire ou la distribution, qui font naturellement l'éloge du crédit d'impôt. Or, nous voici maintenant devant un nouveau projet de réduction des coûts des entreprises, à la charge d'un Etat objectivement exsangue, sous la forme de suppression des cotisations familiales et de simplification du droit du travail, aux contours non encore esquissés.

 

Des revendications pas très neuves

 

Ces projets datent en fait respectivement de quarante et trente ans. Cela fait en effet quarante ans que le patronat réclame le transfert sur l'Etat des cotisations familiales et cela fait trente ans qu'Yvon Gattaz - dont Pierre est le fils - a imaginé les Enca (emplois nouveaux à contraintes allégées), et l'Elysée vient, tardivement, d'exaucer leurs vœux. On aurait pu croire ces revendications remisées alors que le contexte français et européen a étébouleversé : monnaie unique, globalisation, application des 35 heures, vieillissement démographique, sans oublier le quadruplement en trente ans de notre dette publique. Et l'on aurait pu croire qu'alerté par ses adhérents le président du Medef aurait porté sa revendication d'abord sur la question de l'euro, problème principal de notre industrie. Car nous voilàplacés en tenailles. Au nord-est, l'Allemagne, surcompétitive de par sa productivité et son coût du travail abaissé de 15 % en 2005, après l'opération qui a consisté à revenir de 35 heures hebdomadaires à 40 heures ou plus. Au sud, se trouvent des pays sinistrés comme l'Espagne et le Portugal qui ont profité de la tragédie pour imposer des baisses de salaires de 12 et 15 %. La France n'a d'autre choix que celui consistant à normaliser sa parité monétaire dans une fourchette située entre 1,10 et 1,20 dollar, au besoin par une sortie de la monnaie unique, ou celui consistant à réduire les salaires, à la mode ibérique, au risque d'accentuer le marasme de la demande en France et dans la zone euro.

 

Résignons-nous àconstater avec amertume l'aveuglement conjoint de nos dirigeants économiques et politiques qui tâtonnent à court terme. L'aveugle François Hollande s'appuie sur l'aveugle Pierre Gattaz pour guider ses pas. Nous ne les voyons pas faire une longue route ensemble. Tous les voyants de l'économie française sont au rouge ou à l'orange. Le char présidentiel, qui suit une route toujours plus cahoteuse, pourrait verser dans le fossé avant longtemps." 

 

 

 

 

Économist 

 

 

 

 

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 19:15

 

Je relais la très sévère critique ci dessous - dont je ne partage pas tout le "pessimisme" dès lors que des gains de coûts effctivement obtenus sur divers postes des comptes d'exploitation des entreprises seraient effectivement répercutés pour baisse des prix et non pour rentabilité du capital - mais qui vient conforter des points importants soulignés dans le papier précédent :


- la compétitivité ne peut se gagner sur la seule baisse, notamment par transferts de cotisations sociales,  des coûts du travail salarié, ce qui serait d'effet insuffisant (commentaire : il faut donc jouer sur tous autres facteurs mobilisables);

-l'essentiel du ressort possible des entreprises est dans  leurs carnets de commande (commentaire : comment donc les assurer ? alors qu'il y a une tendance déflationniste interne et de sévères concurrences/prix  d'origines externes)  ;

- les cas d'améliorations constatées dans d'autres pays ne suffisent pas (Espagne) à résorber du chômage dès lors que le poids de la dette étouffe la reprise d'activité; celle-ci n'a lieu (Grande Bretagne) qu'à la faveur d'une politique économique "très expansionniste" et d'une politique monétaire  "très accommodante" (commentaire : deux lignes de conduite plutôt exclues par les options de l'Eurozone).

Premier article d'AE (Philippe Frémeaux) : "Pacte de responsabilité : une politique de l’offre qui ne dit pas son nom"

 

Faute d’une forte reprise de l’activité, la baisse des charges promise par François Hollande aux entreprises ne devrait pas entraîner de baisse du chômage.

François Hollande, dans ses vœux de nouvel an, a proposé au patronat un pacte de responsabilité, accueilli favorablement par Pierre Gattaz. La proposition du président a été formulée sur le mode du donnant-donnant : il propose de réduire une nouvelle fois les charges qui pèsent sur les entreprises, au-delà des 20 milliards du Crédit d’impôt compétitivité-emploi (CICE), et  leur demande, en échange, de souscrire des engagements sur le plan de l’emploi.

Un tel contrat peut-il se révéler efficace ? Tout dépend si l’on s’en tient à l’objectif affiché ou à l’objectif implicite de François Hollande. Une chose est sûre : baisser les charges n’aura pas d’effet à court terme sur le niveau du chômage. En fait, la population active occupée dans le secteur marchand devrait continuer à diminuer en 2014, faute d’une forte reprise de l’activité, et cette diminution va s’ajouter à celle de l’emploi public, compte tenu des coupes dans les dépenses publiques. En revanche, si l’objectif réel que poursuit François Hollande est d’améliorer la compétitivité-prix des entreprises françaises, dans un Europe où la concurrence l’emporte sur la coopération, la mesure fait sens.  

Le président a renoncé, trop rapidement, à obtenir que des mesures fortes de relance de l’économie soient mises en œuvre au niveau européen après son élection. Depuis lors, son véritable objectif est moins de relancer l’emploi à court terme, que d’accroître la compétitivité de l’entreprise France sachant que les emplois aidés sont là pour tenter de limiter les dégats sur le plan social et d’obtenir la désormais fameuse "inversion de la courbe du chômage".

Au fond, cette baisse des charges, associée à la hausse de la TVA appliquée au 1er janvier 2014, sert de substitut à une dévaluation, rendue impossible par l’euro. François Hollande met en œuvre la TVA sociale que Nicolas Sarkozy proposait en 2007 mais qu’il n’a pas voulu ou osé mettre en œuvre durant son quinquennat…

Dans ces conditions, le marchandage baisse des charges contre créations d’emploi apparaît d’abord comme une mise en scène propre à rendre acceptable par la gauche la politique de l’offre suivie par le gouvernement. Les contreparties ne sont là que pour l’affichage. Il suffit pour s’en convaincre de regarder la façon dont le Crédit d’impôt compétitivité emploi – le CICE -  est mis en œuvre. Contrairement aux promesses faites, les directions d’entreprises se sont dispensées de rendre compte de l’usage fait des milliards perçus aux représentants du personnel. Et les créations d’emplois attendues sont loin d’être au rendez-vous pour l’instant.

Les politiques de compétitivité, dont on peut par ailleurs discuter la nécessité, n’ont pas d’effet à court terme sur l’emploi. Surtout, leur efficacité suppose que l’offre soit au rendez-vous - que les entreprises soient prêtes à gagner des parts de marché en interne et à l’export… - mais aussi la demande. Ces  politiques se révèlent efficaces dans des économies très ouvertes et pour autant que l’environnement international soit favorable : c’est ce dont ont bénéficié la Suède ou le Canada dans les années 1990. Mais, pour un pays comme la France, où le niveau de l’activité dépend d’abord de la demande intérieure et dans un contexte où les voisins pratiquent la même politique de rigueur, cela ne peut marcher.

Les exemples espagnol et britannique sont là pour en témoigner. Côté espagnol, on observe effectivement un redressement spectaculaire des comptes courants du pays, mais cela n’a pas permis de réduire significativement le chômage qui dépasse toujours 25 % de la population active, et touche plus de 50 % des jeunes. Seule une reprise de l’activité, associée à une diminution du poids de la dette, peut faire réellement repartir l’emploi. Le Royaume-Uni, à l’inverse, va mieux. Il a renoué avec la croissance, mais ce mieux n’est pas tiré par les exportations. La politique de coupes dans les dépenses pratiquée par George Osborne, le chancelier de l’échiquier, masque une politique économique demeurée très expansionniste, comme en témoigne le haut niveau persistant des déficits publics, la vive progression de la dette et une politique monétaire très accommodante. Au final, la reprise de l’économie britannique est d’abord tirée par la demande intérieure, comme en témoigne le retour de la bulle immobilière, et non par les exports. Une double leçon à méditer.

 

 

 

Second article d'AE (Christian Chavagneux) : "Pourquoi le pacte de responsabilité n’améliorera pas les marges des entreprises et ne créera pas d’emplois"

 

·     

Lors de ses vœux, le président de la République a proposé aux chefs d’entreprises un donnant-donnant : une baisse des cotisations sociales patronales contre des créations d’emplois. Un mécanisme idéal en théorie mais inefficace en pratique.

Un mécanisme théorique idéal
Sur le plan théorique, quoi de plus idéale que la proposition de François Hollande : en offrant une baisse des cotisations aux chefs d’entreprises, le président réduit le coût du travail et redonne soit des marges (si les entreprises ne baissent pas leurs prix), soit de la compétitivité (si elles baissent leurs prix) aux entreprises. Ces dernières voyant leur position s’améliorer peuvent plus facilement sauver l’emploi, voire embaucher. Pierre Gattaz, le président du Medef a lui-même proposé ce donnant-donnant depuis plusieurs mois : 100 milliards de réduction des cotisations contre 1 million d’emplois créés. C’est la logique de cet échange et les mécanismes supposés vertueux qui l’accompagnent que le président a accepté le 31 décembre dernier.

Malheureusement pour la France, ce pacte est un marché de dupes.

Où sont les emplois ?
Allons d’abord voir du côté des emplois. Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent, qu’elles viennent des hommes politiques ou du Medef. Si un coup de baguette magique permettait de créer 1 million d’emplois, nul doute que nos dirigeants auraient depuis longtemps été prêts à acheter, et même cher, ce tour de magie.

Malheureusement, la vie quotidienne du chef d’entreprise est ancrée dans la réalité et pas dans la magie. C’est Jean-François Roubaud, le président de la CGPME qui l’explique bien chez nos confrères des Echos le 2 janvier dernier. Lorsque la journaliste du quotidien lui fait remarquer que les allègements de cotisations ne se sont pas vraiment traduits dans le passé par des créations d’emplois, il s’indigne et répond « Encore faut-il que les carnets de commandes se remplissent » ! Et il a bien raison le patron de la CGPME : ce qui incite les chefs d’entreprise à embaucher, c’est d’abord la perspective d’avoir des commandes dans le futur, bref pour parler comme les économistes, d’avoir des perspectives stables et durables de demande. L’emploi se créé par une politique de demande, pas par des mesures sur l’offre, comme l’explique bien M. Roubaud.

Mais, un effort conséquent sur les allègements de cotisations ne pourrait-il pas quand même avoir un effet significatif en faveur de l’emploi ? L’arithmétique montre que non.

Pourquoi les entreprises y gagneraient peu
Il faut commencer par rappeler que suivant les secteurs, le coût du travail représente entre 20 et 25 % du coût de production total. Selon les données de l’Insee, en 2012, le total des rémunérations versées par les entreprises (salaires nets + cotisations employés et patronales) s’est élevé à environ 700 milliards d’euros. Sur ce total, les cotisations patronales se montaient à environ 170 milliards, soit 25 % du coût salarial.

Le président de la République n’a pas proposé de supprimer toutes les cotisations patronales. L’idée qui court aujourd’hui est de considérer que si les cotisations pour le chômage et la retraite sont liées à l’emploi, celles destinées à financer la politique familiale ne devraient pas reposer sur les entreprises mais sur « la solidarité nationale », c’est-à-dire l’impôt sur les ménages. Or, le montant des cotisations familles représente environ 35 milliards d’euros, soit 5 % du coût du travail.

Conclusion : si on enlève toutes les cotisations familles, on enlève au mieux 5 % de 25 % de coût de production des entreprises, soit une baisse de… 1,2 %. Qui peut croire que cela va permettre aux chefs d’entreprise de faire un bond de compétitivité ou de reconstitution des marges ?

Soyons fous : donnons au Medef ce qu’il demande, 100 milliards d’allègements de cotisations. On réduirait cette fois le coût de production des entreprises de 14 % de 25 % du total, soit une baisse de 3,5 %. Soit une misère par rapport aux variations des prix de l’énergie ou du taux de change de l’euro. Par exemple, entre décembre 2012 et décembre 2013, le taux de change effectif réel de l’euro pour la France – le taux de change de l’euro pondéré par la part de nos principaux partenaires commerciaux – a augmenté de 2 %. Une fois cet effet prix en compte, il serait resté aux entreprises un gain de compétitivité de 1,5 %… Qui peut croire que cela peut révolutionner leurs marges et leurs perspectives d’avenir ?

Un calcul économique simple montre que le pacte de responsabilité proposé par le chef de l’Etat est un marché de dupes. Des chefs d’entreprise bon gestionnaires n’échangeront pas 1% de baisse de coût du travail total contre 1million d’emplois. Le chef de l’Etat fait-il alors un calcul politique ? On ne voit pas très bien lequel. Mais si c’est le cas, il faut lui rappeler cette évidence : les entreprises ne votent pas.

 

 

 

 

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8 janvier 2014 3 08 /01 /janvier /2014 08:23

 

 Le contenu du message de nouvel an du Président de la République affiche en clair, comme allant de soi et  donc pris tout simplement en compte par un Louis Philippe du temps  - venu du "rêve d'égalité" mais gérant selon le "dictionnaire des idées reçues" -  que la France n'a apparemment plus devant elle de variantes entre modèles socio-économiques :

 

- Celui qui est en vigueur, le néo libéralisme mondial européen s'est imposé à tous les esprits gouvernants, et largement à toute la réflexion publique .

 

- C'est en vain qu'on peut faire valoir le modèle alternatif  d'une économie mixte dont la première vertu serait de maîtriser par des financements d'État une part des investissements (ce qui les garantirait mieux que par des taux de marge "attractifs" dont on ne sait jamais à l'avance dans quelle proportion ils servent à relancer l'investissement ou à distribuer des dividendes et à assurer des profits personnels...); la seconde de s'attacher à un rééquilibrage en emplois de la balance des échanges extérieurs (par des mesures de protection réciproques et négociées devant porter, en matière de commerce international, à appliquer l'esprit de la Charte de la Havane); et dont le troisième outil serait l'utilisation de l'instrument monétaire (de manière bien différente de ce que fait la BCE) au service du désendettement, de la compétitivité et de l'emploi .

 

- Quant à une troisième hypothèse (du pipeau)  qui serait de continuer à s'inscrire dans un néolibéralisme européen que pourrait transfigurer une politique sociale, un appui sur la demande populaire et un contrôle bancaire efficient - quoique ce soit l'esquisse d'un contenu pour la seconde période de F. Hollande (celle " de la redistribution" !) -  elle  parait, de fait,  incompatible avec l'économie dominante à laquelle nous nous soumettons sans lui opposer la moindre doctrine critique, sans mettre en évidence les effets très négatifs de ces choix. Mimer le "modèle" allemand est l'erreur ( de Sarkozy, puis de Hollande)  de base : ce n'est que pour une part marginale ( l'effet induit du prix relativement bas de certains services utilisés par l'industrie) que la politique Hard/Schroeder explique le succès d'export allemand dont les causes principales sont bien différentes ( voir le livre de  Claude Duval "Made in Germany").

 

Or c'est - sur le mythe de cet exemple et sur celui de pays comme les Pays bas (dont l'intérêt de porte européenne est lié à la dilatation des échanges par la mondialisation, mais qui sont dévorés par l'endettement privé) - que, sur une  longue durée indéterminée, le paradigme européen impose - contre "tout romantisme social" (pour reprendre les termes du patronat d'outre-rhin combattant l'idée d'un salaire minimum dans la RFA ) -  de diminuer les coûts sociaux et collectifs (c'est bien là ce que presque tout le monde salue, et pour partie à tort,  comme facteur de réussite de nos voisins, c'est à dire, en fait, de son patronat, mais non pas de la réussite d'une l'Allemagne aux millions de travailleurs pauvres, aux équipements collectifs menacés d'insuffisance de crédits et à la demande intérieure essoufflée. 

 

Si on ne recourt pas (cf.  T. Piketty "le capitalisme du XXIème siècle), pour éponger la dette, à des impôts progressifs notamment sur le patrimoine (ce qui est politiquement exclu), il faudra au moins vingt ans pour en approcher, sauf si l'augmentation  de l'inflation apportait une forme de solution par défaut . Or, cette idéologie européenne impose aussi de  naviguer au minimum d'inflation, alors que l'inflation - comme on l'a déjà explicité et selon l'éclairage de P. Krugman - serait moins un  problème qu'elle n'apporterait largement des éléments de solution (avec son propre lot d'inconvénients qu'il faudrait cantonner pour protéger les revenus "fixes" les plus modestes). L'illusion européenne, est encore d'avoir engendré une situation de plus en plus à la merci des concurrences des pays émergents vis à vis desquels il n'a été pris aucune précaution. Enfin - malgré les montages technocratiques sophistiqués de l'Union bancaire (qui mutualise un peu les moyens de détection des crises, mais nullement les moyens d'intervention) - cette économie est sous l'épée de Damoclès d'une explosion du système financier international (mêlant le shadow banking et les placements en fonds souverains de telle sorte que les seconds subissent les secousses systémiques engendrées par les premiers) alors que les risques (en même temps que le volume des produits dérivés et des spéculations automatiques instantanées) ont doublé depuis 2008, le paradoxe (et notre dépendance)  étant  que la croissance  nationale est autant  tributaire de ces incontrôlables mouvements financiers mondiaux que de nos propres actions.

 

Malgré tous ces effets négatifs et pervers du système économique épousé par l'Europe, ce système est dans une telle logique concurrentielle internationale (entretenue par les lobbies et les maitre chanteurs) repoussant toujours plus loin les exigences à satisfaire (compétition non seulement par les prix de revient, mais aussi par les attractivités comparées de rentabilité du capital) qu'il a été construit, ficelé par les engagements européens, un piège de raisonnement  dans lequel se trouvent ensemble embourbés partis de gouvernement, medias d'influence, et de grosses fractions de l'establishment intellectuel . Il en résulte qu'entre les deux modèles, d'économie libérale et d'économie mixte, il n'y a guère  de troisième voie de compromis, toute injection d'esprit d'économie mixte  étant regardé comme pierre d'achoppement de la mécanique à satisfaire.

 

Nous ne sommes pas dans une crise conjoncturelle ( qui durerait autant...)  mais devant les  conséquences capitales de deux changements structurels de l'économie mondiale : d'abord, la généralisation de la compétition par les pays émergents qui concerne désormais - avec des prix imbattables obtenus par tous moyens exclus chez nous -  autant les produits de haute gamme que les produits de main d'œuvre; ensuite, la prise en écharpe de l'ensemble du monde par des firmes multinationales maximisant, dans la réalisation de "made in the world"  leurs effets de profit par les "chaînes de valeurs" ( et d'astuces comptables et fiscales) exploitant au mieux les différentiels de prix de revient (et d'impositions) entre les États du monde, de telle sorte qu'elles sont , par leurs choix d'implantation, pour telle ou telle phase de leurs productions (ou de leurs déclarations de résultats), les ressorts mêmes d'une croissance des Émergents laissant bien en arrière les pays  occidentaux,  sauf ceux qui comme les États Unis font une fuite monétaire en avant, ou sont, comme la RFA, dans une position historique d'avoir des niches industrielles de qualité nourries aujourd'hui par des intrants à bas prix provenant de "low cost countries" (comme les PECO).  

 

Aussi, confrontés à des changements structurels sommes nous devant une question qui est, elle-même, pareillement "structurelle" :

- Doit-on convertir - en utilisant les procédés de tous, dont ceux  des plus durs des compétiteurs - l'ensemble de notre société pour la jeter tout entière, au prix des solidarités sociales et de l'environnement,  dans la compétition internationale? 

- Ou doit-on prendre des dispositions - originales s'il le faut -  pour  construire un modèle économique efficient pouvant toutefois garantir  à la fois les valeurs traditionnelles (affectives, morales, culturelles) de notre type de civilisation et les nouveaux besoins de précaution écologique ?

 

L'efficience à satisfaire ne serait évidemment pas, alors,  de servir les intérêts de multinationales nominalement françaises, créant leurs emplois à l'extérieur de notre territoire, ni d'apporter à des privilégiés des facultés de puissance et de plaisir, mais celui d'assurer un bon emploi national et de couvrir des besoins raisonnables partagés par nos concitoyens.

 

Or, en voulant nous faire  croire que nous sommes dans une crise conjoncturelle et une crise qui serait surtout  imputable à nos faiblesses, à nos laxismes -  et que pour obtenir la croissance, il faut faire des "sacrifices" qui toucheront évidemment les plus vulnérables - tous les bons apôtres qui ont en vérité pour objectif de nous obliger à une rupture de civilisation veulent essentiellement transformer la société française, et à tout prix, en machine de guerre économique : parce que la puissance de leur business les intéresse beaucoup plus que la diminution du chômage dont un taux significatif est d'ailleurs, à leurs yeux,  bien utile pour tenir en soumission la masse des salariés. Pour réaliser cette conversion de société, ils exigent,  de réponse conjoncturelle en réponse conjoncturelle, des dispositifs toujours de plus en plus économiquement contraignants et socialement régressifs. 

 

C'est dans ce cadre que François Hollande - moins parce qu'il était  socialiste que parce qu'il fait partie de ceux qui ont sous estimé la situation en croyant qu'il s'agissait d'une "crise" - s'est s'essayé, sinon à théoriser (ce n'est pas, d'évidence, sa tournure d'esprit) du moins  à mettre en œuvre une pondération; mais le dosage n'a pas réussi - on verra ci dessous pourquoi - à prendre avec succès . De ce fait, sous la pression non seulement "patronale", mais sous celle de toute une droite socialiste se voulant réaliste et moderne (comme l'illustrent des hebdo tels que l'Observateur et, désormais, souvent Marianne) et l'invitant à  choisir un cap clair et à le conduire avec autorité,  le Président se transforme-t-il en ce roi (qui se voudrait efficace en acceptant l'impopularité)  que demandent  les Grenouilles.

 

Le fait même (ce pouvait être par prudente habileté) qu'il n'exprimait pas de choix explicite de ligne de conduite économique lui a valu, pour le contraindre, le reproche d'absence de clarté. Les mesures prises ne pouvant pas porter leurs fruits immédiatement tandis que des données structurelles (ouverture des frontières sans précaution, surévaluation de la devise, etc.)  internationales  et européennes portant pour leur part tort, depuis de nombreuses années, à des activités françaises, le thermomètre du chômage ne pouvait évidemment pas indiquer d'amélioration, si bien que le chef de l'État , surtout après son erreur de prévision sur le chômage, à du se rallier sans ambages à la doxa de l'obligation de compétitivité : sans doute non seulement par les prix, mais aussi par l'attractivité des niveaux de profit pouvant être espérés par la catégorie des possédants de capital.

 

C'est que dans les limites de son épure, il n'y a pas aujourd'hui d'autres cartes à jouer  : il écarte évidemment ce qui nous sortirait des solidarités et des disciplines européennes ( s'il y a quelque pivot  dans ses vœux c'est le rappel de son intouchable dieu Euro et l'annonce à son service de nouveaux pas avec A. Merkel, sans que soit posée aucune des conditions élémentaires de nos intérêts (comme au moins un partage de charges militaires) . Il ne croît évidemment pas à une économie mixte : l'idée que l'entreprise privée est le ressort de l'économie marchande est un postulat informulé, alors que pour le moins,  à côté d'un très vaste secteur d'appropriation privé, l'indispensable serait dans une part significative de capital public : un moyen de modérer le besoin des inégalités sociales qui constituent le carburant indispensable à l'investissement privé ; un moyen de garantir qu'il y aurait, même en cas de  défaillance privée,  si nécessaire,  tel ou tel investissement; un moyen de veiller à ce que le coût (matériel ou politique) du capital privé n'atteigne pas des niveaux qui peuvent en faire  une entrave à la compétitivité. Il estime aussi à l'évidence  que les conditions ne sont pas réunies aujourd'hui d'une relance sociale, ni, d'une politique keynésienne  (et sur ce point, compte tenu de l'impossibilité d'une régulation globale des échanges mondiaux,   il a évidemment raison). Il se soumet à l'idée qu'il ne faut plus parler d'impôt (et contribue, hélas, lui aussi, à nourrir l'allergie fiscale française) que pour dire qu'on les diminuera un jour en renonçant à faire admettre qu'il y a matière pour des réformes fiscales significatives, efficaces et justes. Sa part de pondération s'est rétrécie à la recherche du contrôle des risques de crise bancaire et à une navigation prudentielle entre limages budgétaires, ajustements fiscaux et annonces de corrections d'excès et abus dans des régimes sociaux.

 

Déjà, par le passé les éléments d'essai de pondération avaient été plutôt déséquilibrés : d'un côté bonnes parts avaient été faites aux demandes d'assouplissement du marché du travail (les accords sur l'emploi et sur la formation), aux besoins (d'ailleurs fondés) de prolongation des durées de cotisations du régime général des retraites, aux resserrement des dettes et déficits publics, aux concours aux entreprises ( moins par les concours ponctuels de la banque publique que par la généralité du Cice); et d'un autre côté, il y eut surtout des affichages sans grandes conséquences : de vouloir protéger les droits sociaux et les capacités de pouvoir d'achat des plus modestes ainsi que des tentatives de remodeler avec plus de justice les prélèvements fiscaux.

 

Simultanément, d'abord des postures politiques (liquider "la tva sociale", arrêter la défiscalisation des heures sup. sans bien en voir l'impact, faire de la provocation  symbolique par les 75% sur les très hauts revenus salariés sans faire  substantiellement mieux contribuer les tranches de revenus supérieurs au produit de l'impôt sur le revenu), ensuite  l'héritage  d'erreurs techniques ( comme les infirmités de lutte contre la fraude fiscale massive, comme une écotaxe  trop lourde parce que son assiette est trop étroite dès lors que celle-ci exclut le trafic autoroutier dont les produits vont aux sociétés ayant bénéficié de la privatisation de ce réseau), enfin l'absence de résistance à l'encontre de faux "pigeons"  de tout poil ayant "entortillé" le ministre des finances et ouvert la voie aux succès des lobbies, etc...  ont conduit à un désordre contre productif : le Cice (imaginé pour ne pas reprendre la "tva sociale"!)  n'a pas été un bon choix pour alléger les coûts de production, mais un choix imprégné de l'idéologie actionnariale du "taux de marge" et du "profit après impôt" et - du fait des règles européennes - n'a pas été centré sur le soutien des activités exposées (pour un coût de 20 milliards ainsi gaspillés pour la part ou ce Cice concerne des emplois non délocalisables tels que services financiers, commerce, TP, proximité), le tout aboutissant à un mécanisme pouvant en définitive, dans certains cas, plus profiter aux profits  qu'aux emplois. À la différence d'une  tva sociale  qui eut été bien construite et qui, diminuant les coûts des productions réalisées en France de la charge de cotisations sociales  n'aurait pu  - dès lors qu'on aurait veillé à la répercussion de cette baisse de coûts sur les prix de vente -  augmenter réellement les prix des biens à la consommation que s'il s'agissait d'importations (avec de la sorte un certain effet appréciable de protection), le besoin de financement d'une partie du CICE par des augmentations de TVA a pour répercussion inévitable des hausses de prix à la consommation, ce nouveau prélèvement sur les ménages intervenant  au lendemain même des jours  où les plus modestes de ces ménages - faute d'une réforme effective de l'impôt sur le revenu dans le sens d'une plus forte progressivité sur les niveaux appréciables de ressources -  ont été appelés à payer un peu plus ou pour la première fois. L'image qui reste du Cice est donc qu'on a taxé les consommateurs pour financer des bénéfices et que ce n'est vraiment pas convenable.

 

Après ces maladresses, les réajustements ultérieurs n'ont pas éteint une  révolte fiscale entretenue sans vergogne par les plus favorisés et par les oppositions, ce  qui a contaminé la réflexion d'un ministre des finances et d'un Président au point qu'ils déclarent en substance  qu'il n'y a plus lieu à parler d'impôts sauf pour dire qu'on va les réduire.

 

Des faux pas qu'on ne peut pas suivre : même sans tout remettre sur la table (par le prélèvement à la source, par la fusion IR/CGS, sur la fiscalité du patrimoine, etc.), il y a bien du grain à moudre pour une réforme fiscale équitable. D'abord  dans le sens d'un transfert des charges des moins favorisés vers les plus favorisés : au sein de l'IR, des petits contribuables vers les titulaires de revenus appréciables ; au sein de l'IS,  des entreprises "de droit commun" à alléger vers  les groupes qui peuvent, eux, payer sans problème mais qui  parviennent  à  échapper largement aux impôts nationaux; au sein des impôts locaux, par une charrette de révision,  fut-elle forfaitisée des bases d'imposition.

 

Ne faut-il , comme autre principe guide, considérer que, s'il est économiquement utile d'alléger les charges du tissu des entreprises (en fait, pour ne pas gaspiller : des seules entreprises  exposées à la concurrence externe), cet allégement - loin d'être à la charge de la généralité des contribuables - devrait, autant que possible, être payé sur les revenus personnels, s'ils sont appréciables,  que les propriétaires d'entreprises tirent de celles-ci  (ils ne sauraient gagner sur tous les tableaux : d'exploitants, de gérants, d'actionnaires et parfois de bénéficiaires de plus-values de cession) et il serait normal que, par une réduction des bénéfices souvent très confortables qui leur revient (il est établi que bien des prix de vente aux consommateurs terminaux  incluent des marges  injustifiables) ils contribuent à leur propre compétitivité/prix.

 

La recherche de compétitivité doit se faire par des conjugaisons de moyens . Sans entrer ici dans le débat des coûts de l'énergie (sur les surcoûts des énergies renouvelables et sur la question du gaz de schiste) et dans celui de ce que pourrait rapporter une gestion des transports (que gouvernerait la rationalisation plus qu'une sur ouverture aux concurrences), il faut marquer que cette recherche de compétitivité n'est pas à focaliser sur  la réduction des moyens des services publics et sociaux, ce qui est le couplet martelé par des propagandistes : au regard de ces âneries, on ne fait presque jamais valoir des choses élémentaires qu'il faut répéter .

 

Les services publics, à de rares exceptions près, n'ont plus aujourd'hui de marges considérables d'économies possibles sauf à mettre en cause leur qualité et à ne pas répondre - même dans des secteurs régaliens tels que la sécurité et la justice - aux besoins incontestables de la Nation, tandis que notre budget de la défense (dont les moyens opérationnels ont été tondus) fait partie de cette dépense globale française nous attirant sans cesse des mises en demeure d'un ton inadmissible de la part de vertueux européens qui sont incapables de partager les frais que nous engageons en Afrique pour remplir les devoirs de la communauté internationale et de l'U.E. et que nos gouvernants sont trop respectueux de celle-ci pour oser faire ce qui s'imposerait : la chaise vide en Europe aussi longtemps que celle-ci ne paye pas ce qu'elle devrait.

 

Quant à nos prestations sociales, si elles expliquent des prélèvements obligatoires plus élevés que dans certains autres pays, c'est que les risques de base sont assurés de la sorte - certes de manière obligatoire et mutualisée, ce qui est le principe même du modèle français - et n'ont donc  pas à être couverts par des dépenses personnelles de chacun - comme dans un  schéma "libéralisé " d'assurances personnelles et "responsables" - selon, par exemple,  le modèle américain qu'essaie de réformer Obama -  qui aggraverait les inégalités et les trous de protection.

 

La recherche de compétitivité n'est pas à focaliser non plus sur les coûts du travail de la grande majorité des ouvriers et employés : ces coûts , s'ils se trouvaient diminués de quelques points de cotisations sociales, s'appliquant à ce poste représentant de l'ordre moyen de 20 à 25  % des charges de production, ne se trouveraient que marginalement réduits. D'ailleurs, les coûteuses politiques d'exonérations de charges patronales n'ont guère engendré, ni préservé d'emplois. La recherche de compression des coûts salariaux  devrait conduire à s'interroger sur les "prix" spécialement élevés de certains managers d'état majors (salaires + prise en charges d'assurances personnelles + diverses formes de frais et d'intéressement + clause de sortie), également sur les dépenses souvent très importantes de certains services tertiaires externes  (prestations financières, de conseils, de communication, frais de siège ou de brevets d'une holding, passage obligé par une société de commercialisation) pesant dans les frais généraux de bien des grandes entreprises.

 

Il faudrait regarder aussi les gains que l'on pourrait obtenir au regard du coût du capital (lequel, au vu de l'expansion continue des hauts revenus et des rendements des placements, au vu de l'augmentation de la part des dividendes dans la répartition de la valeur ajoutée des entreprises, etc. n'est certainement pas négligeable). L'Humanité - même si ce journal ne décrit pas  ce qui se passe dans toutes les entreprises -  illustre bien dans un article accessible sur     <http://www.humanite.fr/tribunes/il-faut-baisser-le-cout-du-capital-et-non-la-remuneration-du-travail-490757> les techniques utilisables.

 

La réalité est que le coût pondéré du capital est un facteur qui peut être très différent d'un cas à un autre : selon la répartition de ce capital (et des fonds longs), entre d'une part, l'actionnariat et, d'autre part,  l'endettement. Le premier peut exiger des rendements élevés et avoir des attentes assez variables dans le temps dès lors que le calcul de la rentabilité est celui de la rentabilité globale : ce fameux "total shareholder return" qui représente le cumul des revenus en dividendes  et des gains en plus-values que peuvent acquérir les parts sociales . Aussi, au delà du besoin d'un socle de fonds propres, l'endettement est souvent considéré - ce qui peut expliquer sa part importante dans des entreprises françaises qui ne peuvent assez s'autofinancer -  comme présentant à la fois, moins de charges, et plus de souplesse et de lisibilité, puisque le recours à un actionnariat qui attend d'autant plus qu'il estime courir un risque (et une chance) peut atteindre une demande de taux de rendement coûtant beaucoup plus cher que l'emprunt - ce qui n'est pas forcement le plus grave si des plus-values peuvent y pourvoir.., le plus grave étant les incertitudes de comportement qui peuvent aller de pair avec un actionnariat changeant. Quant à l'augmentation du capital propre par autofinancement, elle ne présente pas ces inconvénients, mais elle exige effectivement un  taux de profit convenable.

 

Or, la dégradation des résultats des entreprises (résultats ayant, en moyenne,  un peu évolué à la baisse et étant moindres que ceux de pays voisins) serait la cause d'une insuffisance de la capacité d'autofinancement, donc de la faiblesse d'offres d'emplois et d'une mauvaise attractivité de la France ; qu'il faille en conséquence, restaurer leurs capacités de profit est la thèse d'une partie du patronat; elle est plus de souche idéologique (il faut réhabiliter le profit)  que de portée opérationnelle (en quoi cela ouvre-t-il des marchés ?), mais elle semble séduire le pouvoir. Que la demande "d'oxygène" porte sur le taux de marge (EBE/VA) donnant la performance interne de l'entreprise ou sur le taux de profit  (après amortissements, frais financiers, impôt sur les sociétés) - dont les diminutions peuvent d'ailleurs tenir à d'autres causes (inadéquation de la gestion, mauvais ajustement des prix de vente, insuffisance de la demande)  que de la charge des coûts salariaux, l'inspiration est la même : c'est d'obtenir une meilleure rentabilité du capital. Que ce soit là le bon levier de développement entrepreneurial et collectif est une vue assez sommaire : les taux moyens  (de marge, de profit) n'ont guère de sens, car les situations et résultats sont très différents de secteur à secteur, de type d'unité (de la TPE au groupe)  et selon la manière dont les entreprises non seulement trouvent leur financement, mais  aussi sont  bien ou mal pilotées . Ensuite, l'approche qui considère comme déterminant la rentabilité du capital porte à un niveau dépassant l'entreprise, puisque ce que le  détenteur d'un  capital placé apprécie, pour son compte, c'est le dividende qu'il reçoit, augmenté ou diminué de la valorisation (constatée,  par exemple en Bourse, ou latente) des actifs qu'il détient et, amputé des impôts personnels (IR, dont sur plus value, ISF) qu'il est appelé, le cas échéant, à payer; le tout pouvant être potentiellement corrigé par des perspectives d'opérations de cession, fusion, acquisition. À la limite , cet actionnaire s'il estime qu'il y a meilleure rentabilité et opportunités ailleurs peut se désengager, faire ainsi chuter l'appréciation de la valeur de l'affaire considérée (si elle est cotée, le cours des titres), l'image de solvabilité que donne l'entreprise et (autant qu'une agence de notation), affecter sa capacité et son coût d'emprunt; s'il est majoritaire, il peut conduire au changement de stratégie (et de managers), voire à l'arrêt  d'une entreprise qui ne perd pas d'argent , mais qui ne lui fait pas, à lui, en gagner assez. Cabinets de gestion, de conseil, de gestion d'actifs pour compte de tiers, (assets management) et, à un niveau sophistiqué pour  les opérations d'ingénierie financière ("private equity") sont les spécialistes de ces arbitrages entre choix ( sur la base des coûts d'opportunité aidant à apprécier les meilleurs gains possibles), selon des estimations  qui se conduisent sur la base de véritables équations utilisées par les experts comptables. La tâche de gestion efficiente d'une entreprise tend à  être de plus en plus effacée par la spéculation  autour d'elle. On voit que le coût du capital n'est plus alors seulement un coût matériel, mais un coût d'incertitude.    

 

 

C'est le schéma du capitalisme actionnarial, celui qui est devenu effectivement aujourd'hui dominant par rapport au capitalisme  entrepreneurial . Placer en priorité la rentabilité du capital c'est choisir le modèle boursier contre le modèle rhénan (qui fut un intéressant modèle allemand), c'est considérer que la maximisation de satisfaction de l'actionnaire est plus importante que la capacité de production à prix compétitifs, qu'elle est même prioritaire sur la conquête de marchés, alors que le, seul vrai ressort d'une économie entrepreneuriale, le seul moyen d'assurer des emplois c'est d'avoir, par un bon rapport qualité/prix (et en étant protégé des dumpings) des marchés rentables. Beaucoup du reste des techniques de stimulation économique (dont notamment , comme le souligne Galbraith, les baisses de taux d'intérêt) n'ont (en dehors du taux de change ) qu'un rôle accessoire au niveau macro économique, tandis qu'au niveau micro économique, un point capital est que d'intéressants  projets d'entreprise ne soient pas privés de leurs chances par des difficultés à trouver des fonds longs à des conditions accessibles, ce que le capital risque ne peut bien assurer si le critère devient systématiquement une perspective alléchante de taux de marge.   

 

De larges possibilités de mixtage de financements privés et de facultés de financement public réduirait les risques d'une stratégie consistant essentiellement à vouloir  augmenter les taux de marge (pour, dit-on,  donner aux entreprises les moyens  - qu'elles n'auraient plus ou pas assez par rapport aux entreprises étrangères -  d'investissement, de frais de recherche de marchés,  d'embauche, etc.) ce qui peut donc porter dans le sens  d'un  capitalisme purement actionnarial. Déjà le Cice  ayant trop été dans le sens d'une politique inspirée par l'idée (qui continue à être à la mode) qu'il faut viser à améliorer les capacités de résultats financiers,  une politique de soutien des entreprises, ne doit pas, aujourd'hui,  se tromper de diagnosti : s'il est vrai qu'un bon compte d'exploitation favorise la rentabilité du capital, la recherche prioritaire de la rentabilité du capital peut, elle, conduire à fermeture d'unités ayant un bon compte d'exploitation.

 

La cause de nos problèmes est pour une part dans des charges de production qui pourraient - et doivent -  être baissées, mais sans doute de manière sélective selon les secteurs et les situations  considérées ; elle n'est pas, de manière générale, dans l'insuffisance des profits, sauf dans le cas où cette insuffisance empêche des développements, faute de capacité d'autofinancement. Une bonne réponse classique à cette situation est l'exonération d'IS (par crédit ou réduction d'impôt) pour le profit investi dans l'entreprise, ce qui permet de ciseler les cas d'octroi de ce soutien plutôt que de se lancer dans une réduction  "compétitive" du taux de droit commun d'IS , sous la pression de la concurrence intra européenne du moins disant fiscal.

 

Après que le Président du MEDEF a envoyé le bouchon très loin, on attend la proposition concrète de "pacte" de la part du gouvernement. Il faudrait qu'elle soit centrée sur l'allégement des charges (non seulement de charges sociales à transférer, mais d'un certain nombre d'autres charges indues que le patronat devrait s'engager à réduire)  des comptes d'exploitation et non, versant comptabilité du patrimoine, sur la dilatation de la rentabilité du capital. 

 

C'est difficile parce que des cartouches ont déjà été tirées, un peu en vain,  dès lors qu'une augmentation de tva  a eu lieu au profit de cette rentabilité du capital et non en conséquence de la fiscalisation qu'il eut été plus opportun d'engager des cotisations d'allocations familiales. Dès lors qu'il faudra compenser pour ce budget social des pertes de cotisations d'entreprises, où peut-on trouver la ressource ? Si des abattements de certaines dépenses d'interventions (dans le domaine des sports, des divertissements, de la culture, du tourisme) peuvent être envisagées et si des cessions patrimoniales dans ces mêmes secteurs peuvent aussi rapporter des ressources, d'autres compressions supplémentaires en défaveur des services publics sont peu concevables. Une amélioration d'ensemble des produits fiscaux (par des réformes en ce sens et par la lutte contre la fraude) serait bienvenue, mais est peu crédible, soit du fait de l'état d'esprit apparent du Président, soit à raison des délais d'inertie).  

 

Le vrai risque est que des économies soient recherchées dans ces dépenses sociales dont il a été dit par le Président qu'elles comportaient des "abus" et des "excès", mais que l'appréciation de ces abus et excès soit extensive.

 

La pondération hollandaise ne risque-t-elle de  voler en éclats ? Le niveau des retraites (grief européen  : ces privilégiés de Français doivent faire des sacrifices), le niveau et la durée des allocations chômage  (ne faudrait-il, comme en Allemagne, qu'une moindre  couverture oblige mieux les chômeurs à reprendre du travail dans de moins satisfaisantes conditions)  sont de longue date dans le collimateur des droites libérales. François Hollande n'a plus rien à perdre à gauche; il a déjà tout perdu et il pense sans doute qu'au fond cela n'a pas d'importance, puisque devant un risque de victoire présidentielle d'un candidat de type Sarkozy, la quasi totalité des gens de gauche qui le critiquent très fortement ne manqueraient néanmoins pas d'être obligés  de se soumettre en sa faveur. Il aimerait.

 

Il est donc tout à fait possible que le Président - un autoritaire masqué ? que tant de Grenouilles  ont invité à se dévoiler - s'engage plus avant dans une  stratégie clairement libérale : évidemment pour un succès économique et social tout à fait aléatoire, mais selon un bon calcul politique. C'est sa spécialité.  

 

 

 

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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 18:22

Selon que l'on prendra les chiffres d'une série ( chômeurs à temps complet) ou d'un autre décompte  ( tenant ou non compte des demandeurs d'emploi en activité réduite) , on pourra croire voir  un verre demi plein ou demi vide.

 

De toute façon, la variation mensuelle de ces chiffres - petit horizon sur lequel s'arrête les yeux des politiques et des commentateurs -  c'est l'épaisseur d'un trait en filigrane sur le chômage de masse : entre 5 et 7 millions de personnes qui ne peuvent travailler ou ne peuvent travailler autant qu'elles le voudraient.

 
Ces débats sur ces évolutions mineures à la marge sont  donc ridicules.


Ils masquent que le désemploi a de grandes explications structurelles : les règles   qui gouvernent  la division internationale du travail ; les rapports de force entre monnaies qui pénalisent les économies placées  sous l'euro lorsque celui-ci ne répond pas à leur situation; les  handicaps proprement européens et nationaux à la création  d'emplois sur le territoire français .

 

La question n'est pas de savoir comment le cheveu de la statistique mensuelle se déplace de manière plus ou moins aléatoire sur les barriques des besoins d'emplois, mais d'essayer autrement de satisfaire  ceux-ci .

Voilà qui exigerait de revenir d'abord sur le principe du libre échange, en même temps que sur la politique monétaire européenne, voire sur l'euro, et - dans le même esprit - de savoir écarter les régles européennes défavorables à notre emploi national, essentiellement - enfin et surtout -  de trouver comment marier en France la  compétitivité ( qui devrait être essentiellement comprise comme le moyen de rendre notre territoire  très attractif  pour y créer  des activités porteuses d'emplois) et le meilleur niveau social possible de notre population  : une construction qui est loin de dépendre avant tout - comme on voudrait nous le faire croire - du coût du travail ...et de la réductiion des garanties sociales , comme de la remise en cause des politiques d'équitable redistribution des revenus.  Nous y reviendrons.

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