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Pourquoi ce blog

L'objet de ce site est de baliser par quelques souvenirs éloquents l'histoire récente et de faire contribuer ces expériences, par des commentaires d'actualité, à éclairer et choisir les changements, en s'interrogeant sur les propositions des politiques et les analyses des essaiystes. Donc, à l'origine, deux versants : l'un rétrospectif, l'autre prospectif.

A côté des problèmes de société (parfois traités de manière si impertinente que la rubrique "hors des clous"a été conçue pour les accueillir), place a été faite à "l'évasion" avec des incursions dans la peinture, le tourisme, des poèmes,  des chansons, ce qui constitue aussi des aperçus sur l'histoire vécue.

 

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L'auteur

 

DSCF0656-copie-1.JPGNé en 1933, appartenant à la génération dont l'enfance a été marquée par la deuxième guerre mondiale, l'occupation et la Résistance, l'adolescence par la Libération, la guerre froide, puis par de clairvoyants engagements pour les décolonisations, l'auteur a ensuite partagé sa vie professionnelle entre le service public (il a notamment été préfet, délégué à l’emploi, directeur des affaires économiques de l’outre-mer, président de sa chaîne de radio-télévision, RFO), l'enseignement et la publication d’ouvrages de sciences politiques (il est aujourd’hui membre du comité de rédaction et collaborateur régulier de la Revue Politique et Parlementaire). Il a également assumé des missions dans de grandes entreprises en restructuration (Boussac, Usinor/Sacilor), puis a été conseil d’organismes professionnels.

 

Alors que ses condisciples ont été en particulier Michel Rocard et Jacques Chirac (il a partagé la jeunesse militante du premier dans les années cinquante et fait entrer le second à Matignon dans les années 60, avant d'être son premier collaborateur à l’Emploi et pour la négociation de Grenelle et au secrétariat d’Etat aux Finances, il n'a suivi ni l'un, ni l'autre dans leurs itinéraires. En effet, dans le domaine politique, comme il ressort de ses publications (cf. infra), Gérard Bélorgey n’a rallié ni la vulgate de la Veme république sur les bienfaits de l’alternance entre partis dominants, ni les tenants du catéchisme du libre-échange mondial. Il ne se résigne donc pas à TINA ("there is no alternative" au libéralisme). Tout en reconnaissant les apports autant que les limites de ceux qui ont été aux affaires et avec lesquels il a travaillé, il ne se résigne pas non plus à trouver satisfaction dans tel ou tel programme de camp. Mesurant combien notre société multiculturelle, injuste et caricaturalement mondialisée, souffre aussi bien des impasses de l’angélisme que des progrès de l’inégalité et des dangers de l’autoritarisme, il voudrait contribuer à un réalisme sans démagogie.

 

Partie de ses archives est déposée dans les Fonds d'Histoire contemporaine de la Fondation des Sciences Poltiques (cf. liens).

 

Il a publié sous d'autres noms que celui sous lequel il a signé des ouvrages fondamentaux que furent "le gouvernement et l'administration de la France" (1967), "la France décentralisée" ( 1984), "Les Dom-Tom" (1994)  : le pseudo de Serge Adour correspond à l'époque de la guerre d'Algérie et à une grande série de papiers dans Le Monde en  1957 , celui d'Olivier Memling au recueil de poèmes et chansons "Sablier " (couronné en 1980 par l'Académie Française et référé, dans l'histoire littéraire du XXeme Siècle de Hachette) celui de  Gérard Olivier à son analyse dans de  grands quotidiens de la décentralisation en 1981/82; celui de Solon  (malheureusement partagée par erreur avec d'autres auteurs) à la publication en 1988 de "la démocratie absolue" . Cessant de vivre un peu masqué, il retrouve son nom en 1998 pour "Trois Illusions qui nous gouvernent", puis en 2000 pour "Bulles d'Histoire et autres contes vrais " (série de coups de projecteurs sur quelques apects du dernier demi siècle qui seront souvent repris ci-dessous), ainsi que pour de  nombreux articles dans  diverses revues. EN 2009, il est revenu sur la guerre d'Algérie avec le roman ( Ed. Baurepaire) "La course de printemps". Il prépare "L'évolution des rapports Gouvernés /Gouvernants sous la Veme République :entre absolutismes et renouvellements?"

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15 août 2015 6 15 /08 /août /2015 16:09

 

En quelques jours,  les conjonctions de l'actualité illustrent combien l'autosatisfaction de nos pouvoirs (dont la division du travail entre le doucereux et le brutal a construit le couple exécutif paraissant à beaucoup le plus antipathique de la Vème république)  est dérisoire alors que s'épanouissent  les effets néfastes d'un ordre économique que personne ne songe à mettre en cause

 C'est  avant tout celui  du libre échange , voulu dès l'époque de Monet pour casser toute société qui serait en avance sociale par rapport à d'autres capitalismes . Une leçon de choses élémentaire en est donnée par le marché du porc ( dont de longue date nous avions annoncé le dumping social par l'Allelmagne) .

Pour faciliter et entretenir cette casse sociale au moyen de la compétition par les prix,  la Chine démontre ce que la recherche du moindre coût peut produire comme catastrophe, mais aussi  que la liberté des manipulations monétaires appartient aux  grandes puissances indépendantes : la dévaluation du Yan va anéantir les petites chances de rétablissement de nos  échanges. A cet instrument de conjoncture qu'est une libre dévaluation,  le système mondial  ajoute le déséquilibre  fondamental de structures  entre pays dont la monnaie est, de fait gérée, par l'Etat, et au service de ses besoins (ce qui garantit une rapide reconstruction portuaire chinoise)  et situation européenne dans laquelle le mythe  d'une autorité bancaire indépendante fait que les liquidés peuvent abonder pour le secteur privé,  tandis que par principe antiétatique, les secteurs publics sont mis au régime sec; ce qui les contraint d'une part à essayer d'obtenir l'équilibre budgétaire, d'autre part à renoncer aux grandes actions de service public comme c'est le but des libéraux qui veulent mettre la main sur les marchés correspondants ( des transports, de la santé, etc.) , de la même manière qu'ils tiennent avant tout aux privatisations ( l'appropriation privée de tous les moyens de production, ainsi qu'un marxisme oublié l'enseignait clairement,  est le fondement mécanique  des inégalités, comme  la clef automatique du pouvoir) telles qu'ils les ont obtenues du gouvernement Jospin (dont règne aujourd'hui un conseiller de l'ombre) mieux encore que de Balladur ; telles qu'elles sont imposées à la Grèce dépecée pour faire rembourser les créanciers d'une dette largement indue, avec le refus de la moindre création monétaire pour traiter la question des dettes souveraines, sous le paravent de maintenir un faible taux d'inflation.

Lui-même mensonger : comme l'indique enfin quelques articles de presse , derrière le niveau zéro de l'inflation officielle française, tout augmente de l'électricité aux fruits de saison[1],  des transports à presque toutes les prestations de services qui ne sont pas sous le coup de menaces de délocalisations  , ce qui permet aux responsables d'entreprises bénéficiant du CICE comme d'un effet d'aubaine , d'augmenter évidemment leurs profits par rapport à ceux des titulaires de revenus fixes.. et bloqués.

Il ne faut  pas s'étonner alors de l'augmentation des inégalités. Mais ne sait-on  que les combattre est une utopie ! Tandis que voir augmenter le nombre et le niveau d'impôt des assujettis à l'ISF  est le signe d'une bonne société - de modèle yankee - puisqu'elle offre à des gens de plus  en  plus nombreux,  de  plus en plus de chances d'être moins pauvres, plus riches,  de faire (un  peu) fortune. Je suis étonné que le premier ministre ne l'ait pas déjà dit. Peut-être vais-je même l'inspirer.

Le pouvoir a en effet pris l'habitude de transformer des échecs en réussite . Ainsi de la réforme territoriale qui a satisfait à la double idéologie de l'Europe et de la décentralisation au bénéfice de trop grandes régions,  mais qui n'a fait disparaître aucun niveau d'administration, tout en ayant , dans un  cas sur deux, éloigné les pouvoirs régionaux des administrés, en repassant aux gestionnaires le mistigri d'avoir à déplacer sans doute les lieux de travail  de près de quinze mille fonctionnaires (dès lors qu'il faudrait compter et ceux de l'Etat et ceux des collectivités territoriales) dont les bureaux devraient faire mouvement pour un minimum de rationalité. Qu'importe au fond, puisque leurs patrons pourront être plus satisfaits nous dit Francaouis Hollande. Il est convaincu que ses réformes territoriales « dureront». « Les vainqueurs de décembre prochain voudront rester sur leurs grandes régions, plus intéressantes à gérer que les anciennes », croit savoir le chef de l'État. De la même manière que - pourquoi donc renoncer aux Lapalissades lorsqu'elles paraissent si logiques -   « les présidents de département se satisfont d'un mode de scrutin qui leur a permis d'être élus ». Quant aux compétences des différentes collectivités locales, « ce sont les budgets qui vont les déterminer », estime le chef de l'État. Longtemps considérés comme riches, les départements voient leurs finances fragilisées. « Ce qui ne devrait pas les inciter à se battre pour des compétences que les régions peuvent exercer », estime Hollande. Quelle manifestation d'incompréhensible  ignorance de la part d'un  ancien président de conseil général  : c'est l'aide sociale qui est la principale compétence départementale que régions autant que grandes villes ont rejeté  comme " boulet financier", ce qui a conduit à la laisser, avec d'autres boulets  financiers,  comme les routes et les collèges, aux pauvres départements.  

Quant aux régions tant promues par le verbe, qu'elles se disent bien qu'elles doivent pourtant  rester à leur place. Leur place d'infirme fiscal, puisque dans la conception française aucune collectivité territoriale ne peut s'imaginer, se concevoir, réclamer  un impôt,  mais que toute ressource fiscale est un kit défini et attribuée avec mode d'emploi obligatoire par l'Etat central   (tandis que, ce qui eut été tout à fait concevable,  changer cela aurait  bien plus fait avancer la décentralisation  que fusionner par exemple Rhône Alpes et Auvergne). Leur place d'infirme stratégique puisque tout ce qui est définition  d'une ligne politique appartient à l'Etat, les Collectivités étant des supplétifs de gestion et parfois d'accompagnement  en matière de pansements économiques et sociaux ou de faire valoir (et devoir payer) culturel.
 

Aussi pas question que l'éco taxe revienne par la fenêtre des régions.   Le brutal Niet sans explication de M. Valls a renvoyé dans sa case le pauvre Cuvellier pourtant compétent en la matière en tant qu'ancien ministre des transports. Nul n'est prophète en son pays de l'ancien socialisme.  

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PS /Mais comment est-il possible qu'un ancien haut  fonctionnaire, comme moi et sans engagement politique, critique autant des pouvoirs qu'il a servi et avec lesquels il devrait partager une espèce de culture publique commune ?  Encore d'abord faudrait-il que les titulaires et entourages de ces pouvoirs fassent eux mêmes preuve un peu de la supposée culture en question plutôt que de la morgue ou de la rouerie  politiciennes.  Et lorsqu'il arrive à certains, ce qui n'est pas toujours exclu,  d'être attentifs  .. je leur en sais gré .

De toute façon, aussi longtemps que l'on se trouve  en responsabilité de fonctions, le devoir du métier est de rendre l'application  de toute politique supportable pour chacun et de contribuer à la faire évoluer si cela semble pertinent. Une fois hors du système, le même homme dont le devoir fut de faire le moins mal possible - fut-ce sous des options lui paraissant inadéquates - recouvre la liberté, s'il estime mauvais le système ou les options mises en œuvre (et les gérants en place trop sourds pour faire place à des échanges de points de vues ) a le  devoir d'en dévoiler ce qu'il en considère comme les ressorts ou les objectifs malvenus , de dénoncer les voies qui mènent à ses yeux dans le mur et de chercher à contribuer à faire changer des lignes de conduite.
C'est la continuation d'un même esprit de service public, mais à mode d'emploi inversé.   

 

 

[1] Les fruits font partie des produits agroalimentaires dont les prix ont le plus augmenté en quinze ans... et, paradoxalement, à mesure que la production française baissait , le différentiel de prix d'achat à la production ayant contribué à tuer notre agriculture (j'ai vécu cela comme conseiller de groupements de producteurs ruinés par l'ouverture des marchés français)   mais n'ayant pas bénéficié à nos consommateurs. 

 

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 04:27

 

C'est une simultanéité éloquente que cette nouvelle prise de contrôle économique par les Chinois - celle du club med, symbole de l'hédonisme international - et que ce buz autour de la publication de "la soumission", cette fiction (qui pourrait même être plausible parce qu'elle exprime, par réaction à la "licence", les effets sociétaux de convergence possible des religions du Livre) d'une prise de contrôle culturel de la société française.

 

Ce serait le résultat, non seulement, du fameux "grand remplacement" des nationaux par des immigrés (mythe auquel le romancier donne évidemment corps), mais aussi celui - prévision plus novatrice ne manquant peut-être pas de pertinence - de l'alliance des musulmans et de nos conservateurs, portant nos lois et nos mœurs vers un modèle à contre courant de la "modernité" et recréant certaines facultés oubliées d'équilibres (par exemple, par le retrait des femmes du marché de l'emploi).

Cette coïncidence du fait économique (la prise de contrôle du club med) et de spéculations (en complaisance commerciale envers les pires courants d'air du temps ) me donne l'occasion de souligner une fois de plus - à l'inverse de ce que portent à penser nos obsédés d'identité jouissant des low cost de la mondialisation, mais nourris de répulsions envers l'immigration - que le vrai défi de la France n'est pas la menace spirituelle islamique (dont tout le monde parle en satisfaisant à la mode Houellebecq), mais la conquête matérielle asiatique ( sur laquelle personne , évidemment , ne s'étend puisque le Ps a déclaré que critiquer le rachat du club était "raciste", Cambadelis voulant sans doute là aussi faire plaisir à Raffarin qui a toujours célébré "nos bons amis chinois " .

 

Cette conquête de la France (incapable d'avoir une politique économique de salut national) par l'Asie ( puissante de tous les bénéfices commerciaux et financiers résultant d'un libre échange sans contrôle qui est le dogme d'une l'Europe aveugle à laquelle nous soumettent des droites suicidaires et prétentieuses, tantôt libérale, tantôt socialiste) est une réalité économique ayant produit depuis longtemps ses effets dévastateurs dans les esprits et dans l'emploi , tandis que l'hypothèse de la main mise de l'Islam sur notre pays exprime une panique entretenue par des bateleurs tenant avant tout à continuer à pouvoir tirer satisfactions et transgressions d'une société non pas traditionnelle, mais décomposée par les effets conjugués du double libéralisme de l'économie et des mœurs.

Par rapport à l'islamophobie rampante ou claironnante ce qui domine est à l'inverse silence, compréhension et louange envers des présences asiatiques : parce qu'avec cette immigration là - qui peut (avec celle des privilégiés des émirats ) ressembler jusqu'à la caricature à nos propres petits affairistes ou gros potentats - on partage de mêmes intérêts , on joue dans les mêmes cours des business de toute nature.

Alors que les agressions que nous subissons sont plus matérielles ( dont le terrorisme) que spirituelles, toute une part de l'intelligentzia nous trompe en nous répétant que nous serions suicidaires par nos ouvertures d'esprits. Pour contrer ces divers "causeurs", des feuilles de gauche peuvent bien s'indigner du dernier produit de M. Houellebecq, mais entre celui-ci - dont la carrière a été construite par la célébration qu'on ne saurait rien interdire, ni juger comme mauvais dès lors que c'est un peu transgressif - et l'esprit de Libération et autres, il y a malheureusement le tropisme partagé vers les mêmes causes de déclin : des résignations d'anciens gauchistes devenus politiquement impuissants ( dont pas mal peuplent des couloirs du pouvoir et des media ) devant les politiques économiques autorisant tous les excès du libéralisme international ; puis des vécus d'imprégnation de ces convertis dans les conséquences de civilisation de ce triomphe du capitalisme mondial.

Les rigoristes de tous bords ont beau jeu de stigmatiser la cupidité de celui-ci, de montrer qu'il vit des pulsions que sont dépense et libido. Le règne d'une hiérarchie de signes de richesses témoigne des positions de chacun sur l'échelle des inégalités; la multiplicité des signaux sexuels est d'autant plus provocante qu'est niée la différence des sexes. Tels sont les ressorts faisant fonctionner une civilisation de Tantale débouchant au pire sur la prédation, au mieux sur l'hédonisme et portant au doute .

On comprend que parfois des gens puissent penser que l'accès à plus d'influence culturelle des religions du Livre, loin d'être une menace serait un bienfait pour notre corps social. On redoute de penser que c'est la destruction de tant de repères - idéaux de vie, exigences morales, règles de décence, valeurs de sacrifices - qui peut inspirer répulsion à des jeunes en questionnement psychique et les pousser, en rupture avec notre monde, aux pires vocations extrémistes.

Ce que, au demeurant, MH semble - malgré ce détachement morbide qui est sa marque de fabrique - avoir bien perçu, c'est que certaines des préférences sociétales islamiques modernisées peuvent pour une large part être convergentes d'une part avec celles d'une tradition judéo chrétienne, d'autre part convenir à certaines prédilections intimes, de telle sorte que ces menaces spirituelles, dont on agite en permanence les méfaits , ne se trouvent pas sans séduction. Mais, la limite de l'exercice d'imagination, est que cette approche laisse complètement de côté ce qui peut, au plan économique et social, advenir d'une société française plus encore soumise aux effets de la mondialisation sous dominante asiatique qu'aux dialogues entre religions - dont les pays asiatiques ( malgré le succès d'estime du Bouddhisme) ne sont pas devenus, comme d'autres produits, grands exportateurs.

Aussi, dès que, dans ce monde post moderne - marqué comme le dit le sulfureux Maffesoli (dont le principal, défaut est d'écrire une langue trop maniérée) de tribalisme, d'hédonisme et de nomadisme , et surtout en bref de matérialisme sceptique ( non historique) - oui, dès lors que dans un  monde ainsi labouré par l'héritage de 1968, telle ou telle religion en vienne à rappeler et tenter de faire valoir ses tabous, ses valeurs, des convictions spirituelles, des règles morales, etc. , et les défenseurs d'une laïcité déformée ne manquent pas de brandir des principes qui n'ont rien à voir avec ce qu'est la laïcité (l'absence de religion d'Etat), mais qui sont en fait enracinés dans le tour plutôt totalitaire que peut prendre l'idéologie libertaire : non point traiter également les diverses religions , mais plutôt de voir exclure les présences religieuses de la vie collective. Voilà qui débouche , de manière excessive à mon sens, au nom de la liberté d'expression ( qui ne paraît , en la matière, faiblement cantonnée par des dispositions légales ayant institué le principe de condamnation des incitations à la haine raciale, ethnique ou religieuse, se traduisant en particulier par la répression des propos antisémites) sur l'imprescriptible droit de tourner en dérision les figures emblématiques d'un Mahomet, d'un Moïse ou d'un Christ et, sous couvert d'art, à conduire, des provocations.

A l'inutile bêtise satirique de certaines de celles-ci (voilà ce qu'il faut oser dire aujourd'hui où j'achevais ce billet lors de la tuerie de Charlie Hebdo) puisque l'humour ne peut être partagé que par les gens d'un même milieu intelligent, répondent aujourd'hui, de la part de gens qui ne sont évidemment pas intelligents (ce dont il faudrait que les intelligents tiennent compte)   des actes de barbarie perpétrés par des exaltés aussi étrangers à nos élites que des extra terrestres. Sur le terreau des tensions ethno religieuses du monde actuel, c'est le fruit de la radicalisation de fous de dieu devenus les "satans" d'une insaisissable réplique de notre Inquisition, restée au temps de la secte des "assassins" .

Qu'ils soient condamnés de toutes parts par les milieux islamiques n'empêche pas que ce qui est visible dans leurs actes terroristes est, aux yeux du grand public, aux yeux de tous les Français pris à témoin, est que l'inspiration de cette tuerie réside dans leur religion.

Ne jouons pas aux apprentis sorciers avec le risque de tels amalgames. Le recours au terrorisme est précisément le contraire de la conquête spirituelle. Il serait catastrophique que la tragédie d'aujourd'hui revête une portée conduisant à désigner un ennemi public ethno religieux et il faut prendre, encore plus attentivement, garde à ce que les pires des manipulateurs, appuyés sur une émotion évidemment nationale, ne s'en servent pas à cette fin. Le devoir des responsables de ce pays est autant l'appel à l'apaisement des esprits qu'au renforcement de précautions de toute nature (qui doivent pouvoir être meilleures) et à celui des moyens de sécurisation.

 

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17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 14:34
Cessons de dramatiser la modeste extension du travail du dimanche !
La société a changé. Beaucoup de Français consomment ou sont salariés le week-end. Cette réalité ne doit pas conduire à refuser d'augmenter le nombre de dimanches ouvrables, au nom d'un prétendu enjeu de civilisation

 

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La question du travail dominical a pris une place prépondérante dans le débat autour de la " loi Macron ". Elle a même revêtu une dimension idéologique après la prise de position de Martine Aubry la semaine passée : à l'en croire, c'est un véritable choix de société qui serait en jeu, dont le centre serait la place de la consommation dans la vie sociale.

Au regard de ce que prévoit réellement le projet de loi, cette dramatisation paraît quelque peu disproportionnée. Il ne s'agit, en effet, que de permettre aux maires qui le souhaitent d'autoriser le travail dominical sept dimanches supplémentaires par an, et de le conditionner non seulement au volontariat, mais à un surcroît de rémunération et à un accord collectif (de branche, d'entreprise ou d'établissement). Tout cela ne mérite, à nos yeux, ni cet excès d'honneur ni cet excès d'indignité.

Ce débat est cependant révélateur de trois problèmes qui méritent toute notre attention, car ils se trouvent, selon nous, au cœur de la nécessaire rénovation idéologique et programmatique de la gauche de gouvernement.

Le premier problème, c'est son rapport au réel. Chacun est libre de considérer que le dimanche est nécessairement " le "jour où chacun doit se reposer. Mais la réalité sociale n'est déjà plus celle-là. Près d'un tiers des salariés français travaillent déjà, habituellement ou occasionnellement, le dimanche. Faudrait-il, au nom de notre vision de la civilisation, leur demander d'arrêter ou les en blâmer ?

Chacun est également libre de considérer que le dimanche n'est pas fait pour consommer mais pour s'occuper de soi et des siens. Toutefois, là encore, la réalité sociale est différente : Internet ne fermant pas le dimanche, de nombreux Français font des achats en ligne ce jour-là. Et ce pour une raison simple : ils en ont à la fois le temps et l'envie. On peut leur en faire reproche, mais c'est ainsi. Pis, la réalité, c'est que nombre d'entre eux achètent sur les sites d'enseignes étrangères qui envoient une bonne partie de leurs profits dans des paradis fiscaux et ne créent pas que des emplois de qualité sur notre sol.

S'il n'est pas sûr qu'une autorisation plus large de travailler le dimanche créerait beaucoup d'emplois et de richesses supplémentaires, il est en revanche absolument certain que la situation actuelle crée une distorsion de concurrence au détriment du commerce physique dont les emplois et les profits sont clairement localisés au cœur de nos villes. Nous avons la conviction que, sauf à devenir une idéologie vide de sens, un projet politique doit s'appuyer sur ces réalités sociales.

Rapport au travail

Le deuxième problème soulevé par ce débat concerne le rapport au travail. Le raisonnement de nombreux opposants au travail dominical suggère qu'il faudrait protéger les Français d'une invasion de la vie par le travail. Outre que la question n'est pas de savoir en l'occurrence si l'on devrait travailler plus ou moins, mais simplement quand on a le droit de le faire, il faut observer que, là encore, les Français sont assez éloignés de cette manière de voir. Ce que montrent les grandes enquêtes internationales (World value survey, European value survey…), c'est que la spécificité de notre pays réside au contraire dans la place plus centrale qu'ailleurs qu'y occupe le travail.

Environ deux Français sur trois déclarent que le travail occupe une place " très importante " dans leur vie, loin devant les Britanniques, les Allemands et la plupart des autres Européens ! Par ailleurs, ils sont nombreux à soutenir un élargissement du travail dominical. L'enquête réalisée il y a quelques jours par BVA montre que 62  % des Français y sont favorables. Tel est notamment le cas des catégories qui ne font pas partie en général des plus privilégiées – et tel est également le cas, par ailleurs, des sympathisants socialistes !

En revanche, la gauche serait bien inspirée de s'occuper d'améliorer la vie au travail. Car, selon les mêmes enquêtes internationales, les Français font partie, avec les Polonais, les Bulgares et les Roumains, des Européens les moins satisfaits de leur travail. De plus, alors qu'ils sont parmi ceux qui valorisent le plus l'autonomie dans le travail, ils se heurtent souvent à des organisations verticales et hiérarchiques et à une culture managériale peu disposée à la discussion. De ce point de vue, la gauche devrait peser sur les entreprises françaises pour qu'elles fassent droit davantage à la concertation, au dialogue social et à la demande d'autonomie de nombreux salariés. Il y a lieu de s'inspirer de ce point de vue de ce que font nos voisins allemands : c'est même sans doute la meilleure part de leur modèle.

Le troisième problème que soulève ce débat concerne la conception des temps sociaux. Là encore, la société a radicalement changé. Les temps sociaux se sont peu à peu désinstitutionnalisés : leur organisation ne se conforme plus à un ordre clair et uniforme. D'une part, les frontières qui délimitaient les âges de la vie se sont brouillées : les jeunes sont amenés à mêler de plus en plus études et travail ; les adultes doivent de plus en plus retourner en formation ; les actifs partent en retraite de plus en plus tard et de nombreux retraités demeurent actifs…

A ce bouleversement des âges s'ajoute, d'autre part, un bouleversement du quotidien : les horaires atypiques se multiplient ; la frontière entre le travail et les autres temps de la vie devient de plus en plus poreuse (notamment, mais pas seulement, chez les cadres) ; les mêmes qui souhaitent légitimement protéger leur temps familial et privé sont également désireux de pouvoir accéder à un nombre croissant de services le soir ou le week-end. Une partie de ces évolutions sont subies, assurément. Mais une autre partie correspond à des choix de vie individuels et familiaux. C'est pourquoi la société française d'aujourd'hui n'est certainement pas prête à accepter que la puissance publique, comme l'Eglise hier, règle pour tous les horloges du travail et du repos.

L'enjeu est au contraire de permettre des arrangements toujours plus diversifiés tout en coordonnant au mieux la vie collective et en s'efforçant de protéger l'autonomie de chacun. Au total, ce que les Français attendent de leurs responsables, ce n'est probablement ni la défense du monde d'hier ni la diabolisation du consumérisme, mais les moyens d'organiser leur vie de façon plus autonome et plus harmonieuse.

Par Gilles Finchelstein ET Thierry Pech

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11 décembre 2014 4 11 /12 /décembre /2014 19:04

Que la réflexion économique d'actualité et les affrontements politiques se nouent aujourd'hui autour du travail du dimanche est ridicule. Voilà une "réforme"  qui ne mérite - si ce n'est à titre de prétexte symbolique de savoir s'il faut ou non s'adapter à des moeurs contemporaines illustrant, il est vrai, la sociéte de consommation -  ni autant d'honneur, ni autant d'indignité.

 

Il existe, on ne peut le nier, un problème pratique à résoudre pour aider certaines clientèles à s'approvisionner ce jour là et pour permettre, d'une part,  à des points de vente de faire plus de chiffre (ce qui serait bon pour notre activité), d'autre part, à des volontaires de travailler ce jour "férié" selon leurs commodités.


Mais, sauf effet marginal par des achats d'impulsion venant grignoter de l'épargne ou accroître de l'endettement de familles pauvres, sauf séduction de quelques touristes fortunés, il n'en résuttera pas une croissance bien significative, hormis très localement et/ou au détriment d'autres lieux ou d'autres types de commerces que ceux qui ouvriront.


Ce sont des questions méritant des débats pondérés pour trouver des réponses équilibrées; mais ce ne sont ni matière à  passions méritant d'être  attisées, ni plateforme propre  à bâtir une alternative stratégique à la politique mise en oeuvre par l'équipe européiste aux affaires. 

 

Au nombre,  certes -  comme le dit avec beaucoup d'emphase l'estimable M.N Lienemann qui mélange un peu trop tout -  des conquêtes historiques des salariés , le principe du repos dominical ne comporte pas les mêmes enjeux que, par le passé,  le travail de nuit des femmes ou que l'esclavage des enfants, surtout dès lors que ce travail dominical serait à coup sûr mieux rémunéré et bien compensé ( ce que prévoit quand même, de manière à encore améliorer,  l'habile et vilain Macron).

 

Quant aux contagions que ces assouplissements pourraient entraîner sur tout le droit du travail et des rémunérations, les surdimensionner revient à  crier au feu pour une paille, alors que bien des poutres enfoncées dans la protection des Français n'ont pas ému grand monde.

 

La réalité  est que ce sont la soumission de tant de milieux de gauche et de certains milieux syndicaux à  l'économie libérale et/ou leurs aveuglements sur les effets pervers du système de  l'Union Européenne qui ont  permis de faire peser sur tous les Français  de réelles menaces et conséquences de régression sociale. Que l'assouplissement du travail du dimanche soit elle même une "régression sociale", c'est selon quelques sondages (à prendre certes avec prudence)  ce que ne penseraient pas la majorité de nos compatriotes. Malgré  l'envolée de M. Aubry qui a perdu une occasion de se taire et qui devrait choisir d'essayer de rassembler sur des choses plus stratégiques.  Malgré les appels à manifester de Mélenchon qui ne fait malheureusement pas preuve dans  son action quotidienne de la qualité et de la puissance de réflexion qu'il développe si bien dans son  bel et convaincant ouvrage "l'ère du  peuple" !

 

Quant les vrais débats économiques et sociaux  seraient  de se porter sur les conséquences du libre échange mondial et sur les catastrophes sociales qu'a entraîné la pousuite de ce qui paraît revenir "le  moins cher" , quand ces vrais débats seraient aussi d'apprécier ce que nous perdons comme capacité concurrentielle et comme capacité de manoeuvre en n'ayant plus la moindre souveraineté monétaire, on  mesurerait enfin ce que sont les handicaps que nous nous sommes imposés par des régles européennes que nous avons nous mêmes construites comme un  piège et, plus encore, par l'euro qui nous permet d'être tous les jours non seulement perdants en matière économique , mais encore insultés par des chiens de garde de l'orthodoxie allemande ne voulant plus nous accorder "des indulgences". 

 

Oui, on ne peut qu'être ébahi devant la stupide dimension que prend  la question du travail le dimanche, alors que l'actualité en offrait une beaucoup plus préoccupante : la cession  du contrôle de la société d'économie mixte exploitant cet actif rentable et stratégique qu'est l'Aéoport et le hub de Toulouse à des intérêts chinois : par l'effet combiné d'un côté d'une vente d'actions de l'Etat (non seulement parce que celui-ci recherche du cash, mais aussi parce qu'il est sur la ligne libérale de principe  de se retirer de tout le secteur de l'économie marchande ... en attendant de merchandiser des services publics)  et, d'un autre côté,  d'un scandaleux pacte d'actionnaires disposant que ce qui reste au conseil d'administration de la société de représentants de l'Etat devra voter avec les  Chinois disposant en ce conseil de près de la moitié des autres voix, ce sont  les choix chinois qui seront imposés aux autres actionnaires publics locaux. La France fait mieux que la Grèce cédant le port du Pirée à l'Empire du Milieu comme tête de pont de ses  business en Europe :  à  Toulouse,  on offre  des tours de contrôle aux concurrents asiatiques sur l'industrie aéronautique  française.

 

Voilà une affaire qui a plus ému Nicolas Dupont Aignan que des personnalités de gauche s'en prennant  à de  "l'anecdotique",  employant toute leur énergie à se scandaliser d'un peu plus de travail le dimanche, tandis que réciproquement, les équipes aux affaires  y voient un merveilleux Graal touristique qui pourrait réveiller la France et lui permettre de concurrencer les Anglais  !       

 

Cette focalisation des uns et des autres illustre à la fois la médiocrité des outils de développement économique que prône la droite socialiste et l'immaturité de  bien de leurs opposants  de gauche : ceux-ci ne devraient vraiment pas chercher à faire leur différence sur une telle question si secondaire et si dépassée par les moeurs  actuelles qu'ils ne pourront, une fois de plus encore, qu'y perdre du sérieux et des électeurs . 

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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 10:12

 La cristallisation autour de M. Aubry d'une tradition sociale démocrate est aussi intéressante que constitutive d'une impasse si le raisonnement ne va pas jusque à mettre en cause la discipline européenne : 


Aussi longtemps que les "fondamentaux" actuels de l'UE  : 


-  l'intégration budgétaire/et surtout monétaire,  aux fins  d'empêcher toute monétarisation de la dépense ou de la dette par une dose acceptée d'inflation (qui jouerait le rôle d'un impôt général moins perceptible par les allergiques et, donc,  tout à fait adapté à notre situation, sous condition de faire suivre les minima sociaux et d'avoir certaines indexations) ;

- l'ouverture à la compétition interne et mondiale par les prix aux fins de peser sur les coûts publics et sociaux de l'offre des entreprises dont la seule clef de conduite est le retour sur investissement (= revenu+plus values) 

( ce sont les deux pivots de la position de l'Allemagne - sa tradition, ses intérêts-  bénéficiaire du système en place qui est celui d'une monnaie forte dans une société  bloquée dans des inégalités acceptées ,  grâce outre-Rhin peut être au logement beaucoup moins cher qu'ici) 

 

 et malgré nos souhaits d'équité, de non régression sociale et malgré les besoins considérables de services publics, etc.   tout cet horizon socialiste est devenu mythique   car

  

aussi longtemps ,donc,  que ces pivots ne seraient pas remis en cause

 

- soit par une évolution de l'UE,  bien improbable car  le pouvoir français ne l'a pas exigée, ce qui n'eut été possible  qu'en mettant en jeu la continuité de la présence de la France dans l'Union (on ne pourrait progresser que par ultimatum, ce qui n'est pas l'esprit , on le sait... du Pr)  

 

- soit en revenant, par obligation de circonstance,  sur certains aspects de cette intégration, en faisant  dissidence au regard des 3% et du reste ( ce qui va peut-être se produire par le déclenchement d'un "bras de fer" (si FH en était capable) sur le budget 2015

 

- soit par une réforme ( mais jamais demandée en ce sens )  des Traités….jusqu' à un niveau d'assouplissement tel qu'il devrait au moins donner à la France les libertés et capacités des E.U. et de bien d'autres pays dont  la Grande Bretagne  (avoir sa  banque centrale, certes encadrée par les accords de Bâle , mais l'avoir…pour n'être pas prisonnier des marchés financiers, en cas de besoin d'avances de fonds  ) 

…..

 

il n'y pas d'autre politique française possible que celle de  "la maison commune" de M. Valls

 

et il va continuer à la faire avec un regroupement centre/centre gauche qui aura l'intérêt de casser enfin une vieille inepte bipolarisation et pourrait, à côté d'une mauvaise poléco, avoir l'intérêt de porter aux premiers pas d' une bonne réforme institutionnelle ( introduction de la RP, etc.) 

 

Ce sera sa plateforme présidentielle, et , sans doute,  dès 2017

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17 octobre 2014 5 17 /10 /octobre /2014 17:02

 

 La critique sans discernement, par principe, à l'égard d'un gouvernement ou d'un homme se détruit elle-même si elle est systématique.

 

C'est pourquoi je serai beaucoup plus nuancé que d'autres tant à l'égard du personnage qu'à l'égard à de la "ligne ultra libérale" de Macron. S'il est bien vrai qu'il n'a pas fait de métier aux dures prises concrètes avec le réel (parce que l'IGF ou la banque d'affaires - ce qui n'a guère à voir avec la responsabilité d'une entreprise -  c'est la même chose : apprécier de loin la soutenabilité budgétaire d'une position  ou la rentabilité d'un centre de profits et pertes,  sans avoir rien à assumer d'autre que des appréciations financières), il a le mérite , lui, de n'être pas hypocrite et d'être compétent :  ce qu'il propose est cohérent avec les obligations européennes que nous nous sommes mis dans l'obligation de respecter. Faut-il en effet encore répéter ici que sans changement des "fondamentaux" (le libre échange signifiant surtout la compétitioin par les prix  et l'euro signifiant l'absence de banque centrale française)  on ne peut pas, en gros,  faire une autre politique que celle qui se fait !   

 

Sous réserve de ce qu'il pourrait y avoir (à l'issue des débats parlementaires) comme perspectives sur l'inspection du travail et les prud'hommes, seule me choque vraiment la disposition visant à réduire les droits des chômeurs inspirée par la philosophie euro-allemande de faire retravailler à tout (mauvais) prix les intéressés traités comme des variables d'ajustement du marché et qu'on veut souvent faire passer pour des "profiteurs”.

S'agissant des modifications des horaires pour soir et dimanche, elles sont, à mes yeux,  l'indispensable adaptation aux mœurs.

Quant à la libéralisation du régime des autocars, c'est en soi une bonne chose logique et pas malsaine que de permettre des mobilités moins chères et moins rapides pour ceux qui ont plus de temps que d’argent, mais il faut tenir compte de ce que souligne l'ancien ministre des transports, C. Fiterman :

 

" Outre le fait qu'on ne voit pas pourquoi des millions de pauvres se mettraient tout d'un coup à voyager par cars lowcost, pour partie au détriment d'autres modes de transport, qui va payer les pollutions accrues, les plus importantes consommations d'énergie, la dégradation des voies routières, les embouteillages avec des files de cars doublant les files de camions, et enfin les conséquences d'une insécurité aggravée ?Veut-on une nouvelle catastrophe comme celle survenue à Beaune sur l'autoroute A6 le 31 juillet 1982, avec 44 enfants morts? Non, le moindre coût direct n'est pas le coût réel pour la société si l'on prend en compte les coûts externes, économiques, sociaux et environnementaux. Monsieur Macron l'ignore-t-il ?"

Il est donc bien vrai que des possibilités économiques d'autocars ce n'est pas le meilleur des mondes , mais c'est un remède imparfait répondant à une situation insatisfaisante  : celle créée par une bien discutable  vieille option de la SNCF : la vitesse des grandes dessertes plutôt que l'investissement  dans  des réseaux de commodités, le maintien d'une centralisation obligeant à repasser souvent par Paris au lieu d'avoir des liaisons transversales. Ce choix  est un peu responsable que l'on ait à se reporter sur des autocars. Faciliter des réseaux de ceux-ci n'est ni de gauche, ni de droite, mais de bon sens, et ne mérite ni excès d'honneur, ni excès d'indignité. Les pays qui ont agi de la sorte ont plutôt réalisé  un certain  équilibre, notamment, depuis deux ans, l'Allemagne qui comme nous protégeait les sociétés du marché ferré (lesquelles n'en ont  pas beaucoup pâti parce qu'elles  ont des filiales routières), à la différence de  la Grande Bretagne envahie par les cars privés de manière caricaturale parce que son réseau ferré a été massacré  par Thatcher. Notre SNCF  semble avoir prévu le coup et a déjà des filiales routières coordonnées avec les horaires ferrés . De  grosses questions sont quand même les suivantes:

- est ce que cela ne va pas contribuer à l'affaiblissement de cette SNCF dont le statut est ambigu pour favoriser des privatisations voulues par l'Europe alors que la Commission, au nom de la concurrence non faussée,  a pris aujourd'hui dans la ligne de mire de ses mollahs bruxellois les aides qu'elle recevrait  (via les contrats pour les TER) des Régions ?

- est-ce que ces réseaux d'autocars ne seront pas  exploités avec la même sauvagerie de compétition déloyale que le sont les transports routiers de fret minant l'emploi français par l'utilisation de chauffeurs des pays à bas salaires et à mauvaises protection sociale et sécuritaire, conduisant des camiions  étrangers qui, en tant qu'européens, utilisent le réseau national sans taxes spéciales à acquitter : un monde féroce  désormais peuplé par beaucoup de ceux qui en vivent  des recherches de tous les trucs pour faire rouler au moindre coût, voire au noir ?

Chaque fois que l'on regarde une question, une réforme qui,  en soi,  peut au niveau de la rationalité nationale de justifier, c'est son application dans le cadre européen handicapant qui en crée des effets spécialement pervers ; tel est le prix à payer de manière quotidienne quasi occultée d'une intégration européenne qui ne cesse de nous soumettre à d'autres valeurs que les nôtres...

- dont celle de la promotion dans tous les domaines du low cost : la promotion  des autocars peu chers en  est une, comme la filiale d'Air France qu'ont courageusement combattu, sous l'opprobre de tous les naïfs (ou hypocrites),  les syndicats de pilotes, comme dans la Somme l'usine à mille vaches (permettant un prix de revient du lait abaissé de 30%) dénoncée par nos éleveurs. Méthodes radicales dans l'emploi massif desquelles nous ont précédé les Américains, les Allemands et d'autres qui ont ainsi pris des parts de marchés (porc et lait) à nos agriculteurs et ruiné nombre d'entre eux  et à notre transport aérien, en l'obligeant à essayer pareil, etc. .

Malheureusement,  dans l'héritage et en face de la politique systématique des bas prix pour les consommateurs (ayant couvert tant de destructions d'emplois),  l'autre versant - la politique des moindres rémunérations ou prix d'achat possibles donnés à  ces consommateurs lorsqu'ils sont regardés en tant que salariés ou fournisseursce - forme la clef à deux pennes (la carotte et le bâton), le piège du libéralisme mondial . Voilà ce low cost de masse  qui a rallié les socialistes consuméristes, alors qu'il va de pair avec le creusement des inégalités (de revenus comme de sécurités) : pour les très fortunés, le luxe qui marche bien; au miliieu le souhait de la qualité par des classes moyennes voulant conserver leurs repères identitaires; à l'autre bout, qui marche bien aussi, pour "la multitude", lui faisant supporter sa condition aliénée, le low cost. Ses diverses formes sont en concurrence et en complémentarité les unes avec les autres - de manière  meurtrière pour les salariés et fournisseurs tout simplement sacrifiés dans les pays émergents et très maltraités dans les pays "avancés" lorsqu'ils ne sont que des minorités pouvant appeler la compassion, mais ne faisant pas le poids politique.

Ce low cost consumériste est aujourd’hui  l'avenir du monde, sauf si des réglementations permettaient par des protectionnismes et des normes d'en morceler les marchés, de faire mieux prévaloir qualité et civilisation de la frugalité sur quantité et civilisation de la consommation, en sauvegardant en même temps bien des emplois dédiés  à la fabrication de biens ou à l'offre de services de plus haute gamme : ce qui ne fonctionne que pour les marchés du luxe. Pour le reste, personne n'y pense et les pouvoirs publics doivent nous faire entrer de plus en plus dans la valse du temps.  

A côté des produits Macron, il y a notamment quelques autres produits significatifs sur la table de l'actualité.

- La modulation des AF selon des niveaux de revenus (même si la technique ne peut jamais être parfaite) est une bonne chose : nous ne sommes plus dans l'équation de l'après guerre et il faut savoir devenir équitablement  sélectif lorsqu'on a peu de moyens (et qu'on peut sauver ainsi la prime pour le troisième enfant, celui qui fait le gain démographique).  

- Les manipulations du congé maternité inspirées par la manie de la parité ( au nom de laquelle, à mes yeux,  on accumule - et on exprime plus encore - beaucoup de sectarismes) se retournent contre celles dont les enfants ont traditionnellement le plus besoin : les mères des milieux modestes qui ne pourront plus prendre ces trois ans leur permettant de concilier pour l'équilibre de leur  ménage un second revenu et une vigilance envers les jeunes enfants,  ce qui continuera à revenir à des femmes aussi longtemps que les données d'ensemble de la société ( et que la physiologie des humains ?)  n'auront pas changé. L'impact négatif de cette mauvaise réforme sera très sensible sur la natalité.   

- Des coupes budgétaires font peser un gros risque sur l'avenir de la Défense et donc sur les capacités de la France. Un site de soutien aux Armées , certes très "fana mili" mais qui a raison sur le fond,  souligne que "depuis 30 ans, l’armée n’a cessé de se contracter comme peau de chagrin En 10 ans, entre 2009 et 2019, terme de la loi de programmation militaire en cours, l’armée professionnelle aura perdu 80 000 personnes soit le quart de ses effectifs.( et, parallèlement à la perte de capacités, il y a un effet psychologique :  dès lors que tant de garnisons disparaissent ou dsont dégraissées, le contact , au niveau du territoire,  armée/population ne se fait plus).  
Simultanément les multiples engagements opérationnels  contribuent à accentuer les méfaits de cette désertification militaire. Cette situation est renforcée par le silence médiatique qui entoure le volet  militaire de nos engagements extérieurs au nom d’un pseudo « secret défense ». 
Comment les Français peuvent-ils comprendre ces opérations et leur justification en une minute au journal de 20 heures...?Et s’ils ne comprennent pas ce qui se joue « là-bas », comment peuvent-ils soutenir leur armée ?
"

Or, comme je l'ai synthétisé hier

"... ce qui fera éclater

la règle d'or ici et là

à l'évidence,  ce sera

- pour faire au Djihad  la guerre

au niveau où il faut la faire -

le besoin de payer

des moyens  de combat"

 

Mais le Président n'est-il  un chef de guerre qui n'assurerait pas les moyens dont il aurait besoin ? Quant à l'Union européenne qui ne tient pas compte, pour comprendre notre budget,  de notre rôle militaire au profit de tous et qui ne l'accompagne que chichement, elle  ne voit que le bout de son nez des équilibres budgétaires et non la nécessité que ses marchands ignorent d'avoir des armées fortes et prêtes à être engagées. Encore une raison aurait dit le Général  de sortir de "ce machin" (risquant d'émasculer ?).


Le symbole de notre puissance de combattre et de soigner était le Val de Grâce. S'il est fermé ce n'est évidement pas parce qu'il serait obsolète : ses services de médecine nucléaire et de traitement des cancers sont à la pointe des meilleures techniques et s'il n'est peut-être pas parfaitement aux normes, il a la meilleure distribution qui soit - en étoile, sans obliger à tous ces cheminements souterrains des hôpitaux pavillonnaires - et d'une qualité, validée par le prix d'excellence, et en fait inégalée par bien des hôpitaux de l'AP). Si on le ferme ne serait-ce plutôt parce qu'on veut signifier que ce qui relève des Armées n'est plus une priorité de la France ?


On nous dira qu'on ne peut satisfaire à tous les besoins compte tenu de l'obligation budgétaire de réduire les déficits. Je pense, différemment, d'une part, qu'il y a  d'autres secteurs sur lesquels pourraient porter quelques économies, comme certains  pouvant désormais voler de leurs propres ailes  (dans les  champs cajolés des  sports, de la culture, et des divertissements) et que, par ailleurs,  des aides indues sont versées à des entreprises tout à fait rentables qui ne sont pas exposées à la concurrence internatiionale, d'autre part , que si la France avait conservé le pouvoir monétaire d'une banque centrale , elle pourrait gérer une situation de déficit raisonnable sans tomber sous les "sanctions" et spéculations des marchés financiers.

 

Ce n'est pas, du fait de notre  degré d'intégration à l' Union,  puis  de notre  excessive obéissance  européenne,  notre situation et c'est bien pourquoi nous sommes obligés d'appliquer des principes qui nous sont souvent défavorables comme l'ouverture commerciale et une monnaie forte , et  de faire l'impassse sur des besoins légitimes et impérieux dans de nombreux domaines , ce qui compromet la santé et le niveau social de notre société, la pousse au scepticisme ou à  l'extremisme politique et ce qui ruine peu à peu les capacités nationales au profit des concurrents étrangers .

 

Si, malgré tous les conformismes que le pouvoir applique,  l'Europe du TSCG en vient à refuser notre budget, il faut entrer en dissidence. Ce peut être la circonstance enfin où faire apparaître le rapport de forces politiques au sein de l'Union : que cette Union  n'existerait pas facilement sans la France et que celle-ci doit avoir en conséquence une réelle latitude d'action pouvant impliquer jusqu'à la révision des Traités, faute de quoi devrait être posée en clair la question de notre appartenance à la zone euro.

Mais qui serait capable de porter un tel ultimatum, d'ouvrir une crise aussi salutaire  ?   

  

 

 

 

 

 

 

 

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15 octobre 2014 3 15 /10 /octobre /2014 16:16

Alors que c'est Evo Morales qui méritait le Nobel d'économie (appliquée ) - un ancien gardien de lamas, réélu (il ya quelques jours ) pour la troisième fois, qui a assuré l'essor économique de sa nation et le début du progrès social de ses populations par la nationalisation du pétrole et du gaz et par la réforme agraire et qui, lors d'un sommet sur le réchauffement climatique  a proposé un référendum mondial sur le principe d'un tribunal international climatique  et de défense des droits de la Terre Mère ... -

le jury de Suède a naturellement choisi un homme à l'autre bout de la mode qu'Attac décrit ainsi :

 

"Présenté comme « un des économistes les plus influents de notre époque » par la Banque de Suède, Jean Tirole est récompensé par « son analyse de la puissance des marchés » et ses recommandations en faveur d’une déréglementation dans les domaines de l’industrie, de la finance et du travail.

C’est ainsi que Jean Tirole, dont on peut penser que le nouveau ministre de l’économie Emmanuel Macron est un admirateur fervent, propose une réforme du marché du travail, dont l’une des mesures doit être d’alléger le code du travail et, en particulier, de supprimer les contrats à durée indéterminés (CDI).

Ce n’est pas tout : Jean Tirole est depuis longtemps un fervent partisan d’un marché mondial des permis d’émission de gaz à effet de serre. Le prix et la concurrence seraient ainsi les principaux instruments mobilisés pour limiter les émissions. Pourtant le marché européen du carbone est un échec retentissant en même temps qu’un nouveau théâtre de spéculation !

Dans le domaine de la finance, Tirole s’est illustré par une approche – fondée sur la théorie des jeux et de l’information – selon laquelle la stabilité des marchés peut être obtenue par la transparence de l’information et la concurrence sur les marchés.Ignorant le caractère fondamentalement instable des marchés, Jean Tirole a cautionné les politiques de dérégulation financière et encouragé les autorités de régulation à négliger la nécessité d’une régulation globale de la finance.

Le caractère global et systémique de la crise a montré qu’il s’agissait là d’une erreur tragique… démontrant par là le caractère inadapté et dangereux des analyses de Jean Tirole et du courant de pensée qu’il représente : un néolibéralisme dogmatique pour lequel la fonction économique essentielle de l’État est d’étendre la logique des marchés à l’ensemble des domaines de la vie sociale."

 

Ne faisons pas Cocorico :

Décidemment plutôt Evo Morales ou, à titre posthume,  Hugo Chavez !

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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 07:50

Le chantage a donc marché

et alors qu'une défiance eut naturellement obligé  non pas  à dissoudre, mais à changer de premier ministre, celui en place continue dans un  style qui excède bien des gens,

mais il y a des retombées positives de cette petite épreuve de force :

- des mesures au moins symboliques à l'égard des plus pauvres

- une mise au point vigoureuse à l'égard des excès patronaux

- de même,  une remise "à sa place"  de l'Allemagne   comme donneuse de leçon

le PM ayant bien senti qu'il aurait  tout bénéfice à reprendre ces mouvemnts d'humeur de l'opinion 

      le malheur étant que tout cela est très verbal

jusqu'au déni de réalité 

comme de dire que "la France est souveraine"...

ou qu'il n'y a pas de majorité alternative

puisqu'il semble bien qu'il y en ait au moins deux :

- l'une qui pourrait se rétablir de manière plus consensuelle pour une autre personnalité socialiste

- l'autre qui correspond à la politique économique faite et qui consisterait en une alliance entre la droite socialiste et un centre non sectaire.

 

Mais cette hyporthèse ferait franchir la ligne jaune de séparation de la droite et de la gauche, battrait en brèche cette vieille bipolarisation  qui est la maladie chronique structurelle de la Veme République 

et supposerait que personne ne soit "sectaire".

 

Or, Hollande ne veut manifestement pas mettre un centriste en selle car c'est celui qui aurait, avec la menace sarkoyste, plus de chance que lui-même à un premier tour de présidentielle.

Et Bayrou s'est rétracté au regard de l'interprétation ( qu'il ne dirait pas non à Matignon) que l'on pouvait tirer de son interview (truqué) à Match : d'abord la question ne concernait qu'une hypothèse de cohabitation; ensuite il ne se prononçait pas, laissant ouvertes toutes ses ambiguités : plutôt l'approbation du virage hollandais, mais aussi son "entente" avec Juppé. 

La possibilité qui se dessine à droite est donc une division entre les soutiens de N. Sarkozy et ceux qui n'en veulent plus. Si cette fracture allait jusqu'à deux cabndidats de droite et centre à la présidentielle, ce serait  peut-être   pour F. Hollande ou M. Valls la circonstance de voir ouverte à leur profit  la  chance de se placer en seconde position au premier tour. Leurs meilleurs atouts sont donc toujours et dans l'existence  d'un FN important , et dans la division des autres droites. Nous restons  dans le jeu politique classique; ce qui s'est passé depuis fin août n'a pas apporté de facteurs de changements.

Le second grand facteur de continuité est que s'il est vrai qu'il pourrait y avoir des  formes de majorité de rechange, il n'y pas d'alternative keynésienne (ce qui nourrit à tort la fronde de gauche) viable à la politique économique mise en oeuvre. Si l'on ne sort pas des "fondamentaux" actuels  engendrés par l'Europe et la perte de notre souveraineté monétaire, il n'y a guère, peu ou prou, d'autre politique que celle qui se fait plus ou moins habillée d'efforts de justice sociale. Il faudrait changer de paradigme - retrouver un modèle d'économie mixte acceptant des effets inflationnistes et de dépréciation monétaire - pour obtenir des marges de manoeuvres significatives. C'est un autre monde auquel les forces politiques aujourd'hui, soit aux affaires, soit ayant l'ambition d'y être tournent complètement le dos. C'est cela qui porte à "la fin de la gauche" plutôt que l'abandon du rêve ou de l'espoir d'un "au delà" du capitalisme dont nous parlent de manière tout à fait déconnectée du réel un Attali et même un B. Maris.

Le capitalisme perdurera comme le tissu dans lequel nous devons vivre en en acceptant les mécanismes devant être disciplinés et en en soutenant d'ailleurs au mieux  les entreprises  portant des emplois sur notre territoire. L'important est que ce capitalisme ( dans lequel l'État doit prendre sa part)  puisse tourner au profit de notre communauté nationale. Et si on s'y essayait mieux, on verrait que ce n'est ni mauvais, ni irréaliste. La relève politique qu'il faut espérer serait celle de l'imagination (alors que nous vivons sous un conformisme de claironnante médiocrité) non bridée par les régles européennes et sans tabou idéologique, une relève qui pourrait être opératonnelle parce que libérée tant du mythe libéral que des mythes libertaires.   

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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 12:19

 

Il faut résister aux situations  (la politique conçue comme une communication, le conformisme de la pratique économique, la lecture restrictive de nos institutions)  dans lesquelles sont enfermés des débats français récurrents, mais tout d'un coup enflammés par nos dernières péripéties.


 Celles-ci resteront des non évènements  - en ce sens qu'elles ne contribueront pas à changer grande chose dans la poursuite d’un quinquennat dont la conduite tourne le dos aux motifs de succès de son titulaire - si les "fondamentaux" qui nous gouvernent ne changent pas :

 

le fondamental d'une pratique politique faite de messages symboliques dont les effets sont de remplacer les repères politiques des électeurs;

- le fondamental des axiomes européens en vigueur ( le libre échange et la priorité aux réductions de dettes et déficits) faisant que des changements politiques ne peuvent ouvrir l'alternative d'une autre stratégie économique, de telle sorte qu'on ne peut sortir de la ligne à laquelle on est tenu [i];

- le fondamental  d'une cinquième république qui est regardée comme ne pouvant être que présidentialiste, alors que c'est un régime parlementaire dont prendre en compte les logiques et les virtualités.

 

 

 

1 - Le débat politique est de plus en plus caricaturé par un jeu de provocations et par les postures idéologiques des gouvernants dont les impopularités respectives déboussolent les électorats qui vont en devenir de plus en plus infidèles et transgressifs.

 

La rafale des récentes  provocations a commencé,  bien avant le discours au Medef, par la manière dont, dès sa désignation,  un nouveau Premier Ministre (choisi à contre-courant des signaux très forts envoyés par deux consultations électorales) enjoignit avec autorité à "sa" majorité  de jeter aux orties les anciennes convictions et les engagements qu'elle avait pris pour être élue,  et de briser les tabous de la gauche traditionnelle, ce dont il se chargea bientôt lui-même par l'annonce claironnante de points de son propre programme présentés avec une désinvolte brutalité [ii],  en ne voulant bouger d'un pouce d'une ligne stratégique se résumant à suivre les instructions européennes, appuyé qu'il est par les jugements péremptoires que porte une chancelière voisine sur ce qu'il y a à faire en France.

 

En réaction, une seconde éclatante provocation fut celle d'A. Montebourg : soit qu'oubliant la règle d'ingratitude, il se croyait intouchable par un Président qu'il a fait roi, soit qu'une impulsion de colère lui ait fait abandonner toute retenue d'expression et, la fièvre des meetings aidant,  l'ait porté à accélérer  l'expression de sa volonté de rupture. Ayant ainsi sous-estimé la pugnacité du coadjuteur du chef de l'État et le poids que celui-ci a pris, il a engendré cette immédiate et inévitable réplique de la démission du gouvernement et de la nomination d'une nouvelle équipe ministérielle; celle-ci se trouve d'un côté épurée et, d'un autre, elle comporte, en exprimant bien la malignité du duo exécutif, un condensé de provocations envers tout le monde venant s'ajouter à toutes celles infligées aux Français au cours de la première partie du quinquennat. 

 

F. Hollande a été, malgré toutes les mises en garde ( dont on trouve de modestes mais sérieuses traces sur ce site qui souhaitait son succès) l'artisan impavide de la construction de sa propre impopularité : auprès de dirigeants et de salariés d'entreprises, en mettant en exergue de bien inutiles chiffons rouges comme les 75% d'imposition, la suppression des avantages aux heures supplémentaires, puis auprès de milieux de  gauche en faisant machine arrière sur cette mesure symbolique de la taxation des plus values en cas de process très juteux d'acquisition/fusion/cession d'entreprises (ce qui, sous le terme de "private equity"  est un des cœurs de métier du capitalisme financier au bénéfice,  dans les meilleurs des cas,  de sociétés ayant besoin de capital risque - comme ces start up mises en avant par les "pigeons" - , pour le plus grand profit,  dans les pires des cas, de requins se plaisant à des opérations d'acquisition, succion des éléments d'actifs sur le dos des anciens actionnaires, douloureuses restructurations  sur le dos des salariés et rapide revente spéculative).

Ensuite , tout en réussissant de bonnes réformes (dont son étape sur les retraites), mais croyant devoir satisfaire, à l'arraché, des promesses qui n'intéressaient qu'une fraction marginale de son électorat, le Président a choqué par son refus entêté d'une consultation référendaire sur le mariage gay, évidemment toutes les droites, mais aussi une partie de la gauche populaire elle-même qui est attachée à des valeurs traditionnelles, ces courants bien différents redoutant ensemble que s'ouvrent un basculement des mœurs par la promotion d'un paradigme niant les différenciations sexuelles.

Puis, le Président, dans la ligne de ses premiers renoncements à une autre fiscalité, a ensuite provoqué et déçu de plus en plus sa base électorale en prenant pour argent comptant (et emploi promis) que la généralisation à la France des recettes du néo-libéralisme ( la rigueur budgétaire, les chances qu'apporterait d'aller dans le sens  des moins disant fiscaux ou sociaux, l'idée que l'attractivité de notre territoire ne peut résulter que des meilleurs taux de marge pour des actionnaires )  était la voie de salut de la France.

 

Passant pour incapable de décisions ( cf. les grenouilles qui demandent un roi, publié sur ce site le 08/01/2014 publié ) , il a viré (comme le poussait à le faire une presse dévouée au lobbying demandant des "ruptures" et "des réformes structurelles") à un autoritarisme satisfait.

 

Un point d'orgue est le nouveau casting gouvernemental (que présenta Jouyet, un peu comme un fantôme de l'ouverture de Sarkozy) et qui a inspiré ce tweet  à Dupont Aignan : "La Banque à l'économie, le Genre à l'Education nationale et le laxisme à la Justice", encore que ce soit plus subtil : Macron est certes une provocation pour la gauche et Belkacem une provocation pour la droite [iii]. Lorsqu'on constate que leurs deux nominations  ont peu à voir avec leurs compétences - puisque le premier n'a aucune expérience du pouvoir pour mériter d'emblée un tel poste et que la seconde n'ayant d'autre formation que sc. po et l'assistanat parlementaire, puis l'expérience d'avoir été une délicieuse pédagogique langue de bois tout à la fois du monde hollandais et des sportifs, ne justifie d'aucun autre titre que la faveur du roi pour  cornaquer le "mammouth" - il est évident  que leur fonction est de  jouer le rôle de signaux de positionnement de l'exécutif et de définition de la ligne de la "nouvelle, nouvelle gauche". C'est très clair, et c'est à fronts renversés par rapport à la tradition.

 

Alors qu'autrefois - était-on même simplement social-démocrate - on considérait que le front majeur du combat était le front économique et social, avec souvent le front laïque, et que les autres domaines (pour les femmes, les homo et transsexuels, la culture d'avant-garde, les minorités opprimées, les victimes de racismes, les drogués, les prisonniers, les exclus, etc.) étaient des fronts secondaires, aujourd'hui et désormais le programme de la gauche est entendu comme devant être de chercher, certes, à tirer le meilleur parti possible d'une mise en œuvre  conformiste de l'"économie sociale de marché",  mais essentiellement de conduire une politique sociétale des droits de l'homme et de la femme, voire une prise en compte des désirs et des souhaits d'idéologues marginaux, mais influents  dans tous les champs publics,  l'ensemble étant sous le signe du libéralisme : comme le montre la marche d'un monde auquel il faut se plier, les libérations de l'économie et des mœurs doivent aller de pair : voilà qui réunit heureusement l'esprit de lutter contre toutes les fractures et celui de satisfaire aux intérêts commerciaux prodigieux  que ces libérations nourrissent. A la charnière de l'économique et du sociétal, il ya naturellement la question de l'immigration, mais pour l'instant (sauf pour le droit d'asile en voie de réforme disputée) cette question - une pierre d'achoppement pour la nouvelle nouvelle gauche -  est trop difficile pour qu'elle soit sous les projecteurs.  

 

Le bon commentaire du casting ministériel est celui (dans le Figaro du 26/8) de André Bercoff : il témoigne d'un "choix libéral-libertaire". Nous ajoutons que l'inspiration est donc 1968 plus que 1848 ou que le programme du CNR  (que sont seuls à demander ces rétrogrades du Mouvement d'Éducation Populaire)! C'est la modernité; ce serait "le socialisme du réel", non loin de Terra Nova  et de l'inspiration de Michel Rocard qui doit quand même en trembler un peu ?

 

On voit bien, sous cet éclairage,  pourquoi Taubira - qui, à notre sens, n'est pas laxiste, mais bien pragmatique, car elle doit faire avec l'insuffisance, pour des motifs d'austérité budgétaire,  de places correctes de prison  - est toujours là . Avec Belkacem, ovationnée par l'université d'été du PS, ces femmes sont des flambeaux qui témoigneraient que, nonobstant son conformisme économique, la gauche reste la gauche, ce qui aide à oublier qu'en matière sociale elle ne l'est plus guère. La présence du sociétal doit faire passer l'absence du social

 

Par ces postures, l'affectif remplace le rationnel qui ne disparaît  pas partout et qu'incarne la bonne élève Pellerin : une politique des mœurs doit suivre l'évolution des relations de celle-ci avec les techniques du temps, ce qui contribue à définir les nouveaux espaces et enjeux culturels : d'où pour remplacer la classique Filipetti, la moderne Fleur Pellerin dont l'absence de profil culturel est aussi une (petite) provocation ; mais on dit qu'elle goûterait les spectacles vigoureusement appréciés par des nouvelles générations,  ce qui fait qu'on en espère un effet Lang féminisé; et l'on sait que sa compétence "numérique" la met en bonne situation pour chercher à concilier la nécessaire protection des droits culturels avec l'incontournable offensive (productrice de grands succès commerciaux) des réseaux immatériels, des transcriptions numérisées et des services à domicile.  Là encore, la cuisine qui intéresse la nouvelle nouvelle gauche n'est sans doute pas de produire un menu économique original français (sauf, dans la ligne traditionnelle,  pour la production cinématographique, puisqu'il vaut mieux pour bénéficier d'une "exception" française, être scénariste que sidérurgiste) , mais  d'être à la table du menu socioculturel mondial. À la charnière des deux, il y a quand même quelques problèmes sociaux.. comme les libraires et les intermittents et quelques défis économiques... comme ce que voudrait instituer, en matière de libre échange de services,  le projet de traité Atlantique nord.

 

Après avoir encore noté que ni Macron, ni Pellerin ne détiennent de mandat électif et que ceux de Belkacem sont territoriaux, on appréciera que le pouvoir pondère par des éléments issus de  la société civile (technique ou emblématique) une composition d'équipe dont la base proprement politique s'est considérablement effritée, ce qui est une autre affaire (que j'évoquerai  in fine: une majorité socialisait est-elle encore vraisemblable ?).

   

Pour en revenir au nouveau ministre de l'économie, rien ne permet de le juger,  sinon par les écrits et premières interventions  qu'on en connaît montrant que c'est, malgré le symbole qu'il représente, un homme fin, modéré  et bien élevé qui n'a pas pris son prédécesseur à rebrousse poil, mais dans un certain esprit de continuité. On devrait peut-être lui reprocher que, selon ce qui s'est dit, il aurait bien poussé à la reculade gouvernementale sur les “pigeons" , mais on ne saurait lui reprocher d'être "un banquier d'affaires" : ce serait une compétence appréciable pour mieux contrôler les milieux considérés qui doivent désormais - sous la vigilance de tant d'Autorités de supervision et par l'obligation de subir bien des tests de résistance bancaire -  se soumettre à tous les ratios de Bâle 1, 2,3,4, etc.;  encore que la spéculation (surtout instantanée que conduisent golden boys and girls dans les salles de marché)  ne relève pas du même métier , mais de celui de trader qui exige beaucoup de flair, de prise de risques et surtout de technicités. Pour le reste, la banque d'affaire n'étant plus seulement de "savoir déjeuner" (obligatoirement en anglais), mais aussi de savoir bien utiliser les audits des spécialistes d'analyse financière - opérant dans un esprit qui est largement aujourd'hui celui des membres des corps d'inspection et de contrôle appartenant  de fait au même monde  - semble bien former le jugement de ses membres au plus grand simplisme  : ce qui est bon comme politique économique c'est ce qui assure le meilleur "total return" ( revenus+plus values)  du capital investi. Toute une ligne de conduite qui fait écho au style simplificateur et résolu du titulaire de Matignon. Surtout lorsque les patronats très écoutés en veulent  toujours  plus pour leurs actionnaires, comme pour le maintien des bonnes situations (rémunérations+avantages) des cadres gérants et/ou dirigeants, si bien que baisser le coût du travail se focalise sur celui des exécutants subalternes.

 

Ayant  passé pour ma part moitié de ma vie profesionnelle dans le service public et l'autre moitié dans le service des entreprises, je respecte profondément leur fonction  de produire et d'employer et je mesure tout à fait leurs besoins d'allègements de toute nature  que je n'ai cessé de demander ou de préconiser, mais pour autant, je ne donnerais pas, par une ode à l'amour des entreprises ( qui sont si diverses..),  dans un lyrisme déplacé par son absolutisme, ses oublis des partenaires sociaux et, donc,  ses déséquilibres...

 

Après un tel discours, ce qui est à redouter c'est de voir le pouvoir emboîter des thèmes proches de ceux déjà développés  sous le précédent quinquennat : il faut largement revoir tout le droit du travail; il faut réduire la couverture chômage pour obliger les demandeurs d'emploi (à contrôler beaucoup plus strictement, cf. ce que fait Rebsamen) reprendre n'importe que job; il faut une "révolution culturelle" (Gattaz dixit) sans doute inspirée par le modèle entrepreneurial puisque les entreprises sont les seuls acteurs à créer de la valeur ( ce qui - compte tenu au moins du rôle de la dépense publique pour les carnets de commande, pour la recherche  et du rôle des formations délivrées par l'appareil public et entrant dans les valeurs ajoutées - est pour le moins inexact et mal vu); il faut remettre vraiment en question la fonction publique à la française, l'espace administratif, etc.; en bref il faut passer d'un pouvoir public à un pouvoir privé, de la même manière que le projet de Traité économique pour l'Atlantique Nord a imaginé de soumettre des décisions des pouvoirs publics (portant atteinte aux intérêts des transnationales) à des jugements de tribunaux privés d'arbitrage ...

 

Contre toutes ces dérives, il faut faire appel à tous les niveaux de la vie publique et sociale à l'esprit de résistance et de bon sens.

 

 

Déjà, le cinéma du casting gouvernemental (et ce qui peut aller avec...)  peut porter bien des effets pervers.

 

Avec les emblèmes et le ton qu'il a choisi, Valls fait deux cadeaux à la droite : bien sûr, d'abord, appliquer une politique économique qu'elle souhaite et qu'elle viendrait peut-être même bien soutenir  si elle n'était pas gênée en ne sachant pas pour l'instant, si , compte tenu de son leader encore non déterminé pour la Présidentielle, il lui faudra jouer le clivage antisocialiste de principe ou étouffer les sortants de reconnaissance pour ce qu'ils auraient enfin compris des exigences de l'économie et les désigner ainsi  à  la vindicte de leur ancien propre électorat de gauche.

 

Il en sera à peine besoin car le second cadeau ( irréversible , sauf si d'un coup le chômage ne progressait plus)  de Valls à la droite c'est de faire purement et simplement perdre à la gauche une fraction non négligeable de son électorat  : de celui qui est composé de ces catégories professionnelles avant tout attentives aux conséquences concrètes de leurs votes et de cette petite bourgeoisie certes "progressiste", mais non "libertaire" dont nombre de gens peuvent tenir  le raisonnement suivant

- je n'ai plus de raison de voter pour la gauche de gouvernement puisque en matière économique et sociale, elle ne parvient pas à faire une politique alternative à la droite (et que c'est plus clair et honnête que chacune joue son rôle);

- et je n'ai même plus de raisons  de voter pour elle afin de transformer autrement la société, puisque cette nouvelle, nouvelle gauche  semble vouloir m'embarquer  par principe  vers des évolutions dont je ressens plus les risques d'excès que le besoin, et d'ailleurs certaines tendances à droite et au centre ont accordé aussi, mais avec plus de prudence, une attention réelle à ces questions de société qu'il s'agisse des droits des couples de même sexe, des familles recomposées, de la question des fins de vie, etc.

 

C'est ainsi que sous les pieds de cette nouvelle nouvelle gauche, pourrait bien être tiré le tapis sur lequel  elle croît pouvoir surfer. Voir s'en détourner plus encore qu'aujourd'hui (alors que déjà bien des électeurs socialistes ont manifestement viré pour le FN ou pour l'absentions), c'est l'espoir  qui inspire la diatribe d'un homme comme Roland Hureaux dont je suis loin de partager toutes les convictions mais qui, par le style et par l'appel  au "peuple" mérite d'être largement cité[iv] : ce texte explique bien certains des effets possibles du casting gouvernemental. Ceux-ci ne peuvent être qu'amplifiés si des "libertaires" aux commandes  s'engagent dans des tentatives de forcing pour faire prendre en compte et mettre en œuvre (fut-ce, à l'éducation nationale,  avec les meilleures intentions du monde, mais avec des outils pédagogiques contestés)  des idéologies que sont loin d'accepter bien de nos concitoyens et si des "libéraux"  à l'économie et au travail  ouvrent des chantiers remettant en cause les acquis sociaux....

 

 

_____________________________________________________________________________________

 

C'est fini pour aujourd’hui. Vous aurez demain la seconde partie de mon analyse : sur l'impossibilité de débats économiques sérieux au sein d'un pouvoir complètement imprégné de la doxa européenne. Une troisième partie, enfin,  mettra en exergue, à la lumière des enseignements très mitigés ressortant de la Rochelle,  que les élus étant totalement tétanisés par le chantage à la dissolution, la Vème république semble bloquée sur le rail   actuel, alors que Valls n'est pas "la dernière cartouche", et qu'il pourrait exister d'autres issues.

      

 

 



[i] J’ai toujours indiqué sur ce site que la victoire socialiste ne pourrait rien changer à la ligne précédente (contre laquelle Hollande a été élu.. par défaut) si les "fondamentaux" inscrits dans les Traités (libre échange, concurrence non faussée, objectifs prioritaires de la stabilité monétaire,  et de réduction drastique des endettements et déficits)  n'étaient mis en cause. A défaut, c'est le règne obligatoire de TINA.

[ii] Comme la suppression des départements que louait quelques semaines auparavant le Président de la République et dont certains (les "ruraux") vont avoir un sursis parce le chef du gouvernement a besoin des radicaux (qui tenaient beaucoup à la survie de cette collectivité) viennent de mettre cette condition à leur soutien.

[iii] et bien au delà pour la France traditionnelle qui n'en retient pas seulement l'ABCD de l'égalité dont certains outils peuvent effectivement choquer, mais au delà sa passion très personnelle apportée à un combat ultra féministe (dont le modèle extrême est l'américaine Judith Butler: en voir par exemple les thèmes in "HÉMISPHÈRE GAUCHE" de  R. Keucheyant , Ed. ZONE, 2010, page  237/242) avec une tendance à la défiance et à la répression envers des publics masculins et avec un soutien à toutes les mœurs pouvant disloquer (et remplacer?) ce qui est réputé être et ce qui est ressenti comme les altérités sexuelles : si derrière d'excellentes intentions (comme, par exemple, éduquer au respect des filles), pointe une remise en cause doctrinale des bases anthropologiques de la société existante, cet ébranlement majeur sera malheureusement reçu avec beaucoup d'hostilité et de malaise par bien des "honnêtes gens" de tous les partis et  de toutes les générations.

 

[iv] UNE TRIPLE PROVOCATION (blog de R. Hureaux, extraits)

 

"Le nouveau gouvernement Valls est loin de n'être qu'un replâtrage destiné à se débarrasser de quelques forts-en-gueule. Malgré le maintien d'un certain nombre de poids lourds (...)  à des ministères clef,  l'annonce du nouveau gouvernement  n'est pas neutre: elle représente  une triple provocation.

 

Vis à vis de la gauche historique d’abord, par la nomination d'un jeune banquier réputé ultralibéral à  l'économie..... En même temps,  cette nomination  se veut  un signal fort adressé aux marchés financiers et aux instances de Bruxelles.....

La deuxième provocation est cette fois, vis à vis de la droite, en tous les cas du  peuple de droite - sans exclure certains éléments venus de la gauche,  qui était massivement descendue dans la rue en 2013 pour s'opposer au  mariage dit "pour tous"  tous. Le combat s'est poursuivi    sur la question de la fallacieuse théorie du genre à  l'école. Mise en veilleuse par Benoît Hamon, l'affaire ne pourra qu'être relancée par Najat Valaud-Belkacem qui s'est avérée dans les précédents gouvernements comme  une des plus ardentes propagandistes de la subversion des valeurs du mariage et  de la famille au point que non seulement Hervé Mariton a pu la qualifier  de "Vietminh souriante"  mais que même un  Julien Dray la situe "sur la ligne des féministes ultras américaines, qui sont en train d'émasculer les sexes".   Sa nomination porte un message clair :   l'éduction nationale, ce n'est plus l'instruction publique, pourtant si nécessaire, ce sera la rééducation des enfants à  toutes les lubies de  la gauche libertaire....(À) un moment  qui devrait être celui de l'apaisement, sa nomination  est ressentie comme une provocation à l'égard de la Manif' pour tous et de ses héritiers. On retrouve là la marque du vrai Valls, non point le prétendu social-démocrate modéré, mais le policier sectaire qui ordonna les poursuites les plus disproportionnées contre les manifestants pacifiques hostiles à la loi Taubira.

On sait à quel point la frange musulmane de la  population acquise à la gauche à 90 % en 2012, s'en est détachée au point de s'abstenir massivement aux  municipales , entre autres à cause  de la théorie du genre,  aucun parent musulman  ne souhaitant que l'école publique porte atteinte  à  la virilité de son garçon ( comme à la féminité de sa fille ! ). Il n'est pas sûr que ses origines sauvent  à cet égard Najat Vallaud-Belkacem d'une confrontation, au  contraire. Farida Belghoul contre Najat Vallaud-Belkacem, l'empoignade à la sortie des écoles  promet d'être rude !  

La  troisième provocation  est le maintien de Christiane Taubira à la justice (je coupe le passage qui suit  : il me semble infondé à l'égard de garde des Sceaux et il n'apporte rien qui ne soit connu au débat).

..............................................

Premier message  donc : la gauche restera de gauche, avec tout ce que cela a de plus provocant, dès lors qu'il ne s'agira pas de toucher aux grands intérêts.

Deuxième message: c'est sur le plan sociétal que la nouvelle gauche libérale libertaire trouvera  sa légitimité. C'était déjà la ligne de François Hollande, inspirée par la Fondation Terra Nova, mais désormais cette ligne se durcit.     Le maintien de Taubira, la promotion de Belkacem sont destinés à équilibrer  la  droitisation économique et sociale.....

Mais ces trois provocations, bien dans le style pète-sec de Valls, c'est  précisément  là ce qui fragilise le nouveau gouvernement. Elles ont en effet  en commun de viser le peuple : peuple de droite, peuple de gauche, qu'importe ? C'est le peuple dans son ensemble qui  ne veut pas que la France soit livrée pieds et poings liés  aux seules logiques financières, c'est le peuple dans son ensemble ( pas seulement  celui des sorties de messe, mais aussi celui des banlieues )   qui refuse la théorie du genre . C'est le peuple dans son ensemble qui veut la justice et la sécurité ......Relance de l'action gouvernementale ? Peut-être,  mais sur la même ligne durcie : libérale sur le plan économique, libertaire sur le plan des mœurs. Mais aucun gouvernement ne saurait agir efficacement en prenant ouvertement  de front, comme le font Hollande et Valls, les aspirations les plus légitimes des Français. Gageons dès lors que  ses jours sont comptés."

 

 

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26 août 2014 2 26 /08 /août /2014 11:01

Je diffuse ci-dessous, parce que je la partage pour une bonne part,  l'analyse très lucide (quoique un peu trop complaisante pour Merkel)  de Françoise Fessoz, analyse  qu'il faudrait compléter ...

- par  une esquisse des facultés de conciliation du besoin d'une politique de l'offre et de celui d'une politique de la demande, ce qui démontrerait bien  (nous y reviendrons très prochainement) que pour y parvenir il faut faire sauter les verrous qu'impose la droite allemande, ce que F. Hollande n'a jamais essayé et ce qui pousse donc à la contestation de l'euro;

- par une intuition  des répercussions que le  positionnement de  A. Montebourg (encore que ce ne soit pas le desserrement du rythme de réduction de la dettre qui puisse constituer le fil à couper le beurre ) pourrait avoir  sur les électorats : son positionnement ne le met-il - entre autres effets - en état de ramener à la gauche tous ceux qui , par rejet des conséquences économiques et sociales de l'UE, et non par lépenisme, ont basculé  vers le FN ? Espérons-le. 

 

 " Tout n'était donc pas de la faute de Jean-Marc Ayrault!  La crise gouvernementale qui s'est ouverte ce lundi 25 août alors que le gouvernement Valls a été nommé il y a moins de cinq mois, pour suppléer le prétendu manque d'autorité de son prédécesseur, frappe par sa rapidité et sa violence.

C'est une crise structurelle, une crise grave qui n'est pas seulement liée au jeu personnel de deux ministres, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, qui auraient voulu être à la fois dehors et dedans, servir et contester. C'est une crise qui démontre la faiblesse de la gauche, son amateurisme, son impréparation face à la crise, son incapacité à la surmonter collectivement. Une gauche du chacun pour soi, une gauche du sauve-qui-peut.

Il ne reste plus grand-chose de l'autorité du président de la République, qui porte sa part de responsabilité Car tout ce qui n'avait pas été tranché avant l'élection présidentielle, tout ce qui avait été mis sous le tapis pendant la campagne présidentielle éclate aujourd'hui à la figure de François Hollande. La bombe a beau être à retardement, elle est dévastatrice.

L'absence de croissance a servi de détonateur. Deux années de quasi-stagnation économique, de chômage de masse et de poussée lepéniste fournissent à Arnaud Montebourg des arguments de poids pour renouveler la charge contre « le dogme de l'orthodoxie budgétaire», mettre en avant « le grave risque déflationniste dans la zone euro » , réclamer, avec Benoît Hamon, « une politique de soutien à la consommation partout en Europe » et assumer la rupture avec le président qu'il a servi pendant deux ans en invoquant « la responsabilité collective d'interrompre ce coulage économique par l'austérité ».

 

TOUT LE MONDE EST PERDANT

Privé de Montebourg, François Hollande est sur la défensive car, à peine élu , il avait  imprudemment promis le retour imminent de la croissance au nom  de «la théorie des cycles», et comme la croissance ne vient pas, il peut dire tout ce qu'il veut, on ne le croit plus.

Le président de la République, pourtant, agit. Il tente de réduire les déficits et la dette qui vient de franchir la barre des 2 000 milliards d'euros. Il a parfaitement conscience que sa progression est une menace grave pour la souveraineté.

François Hollande a aussi fini par prendre à bras-le-corps le problème de la compétitivité, qui signe un autre affaiblissement français. L'effondrement des marges sape l'appareil productif, creuse le déficit commercial et rend vaine, tant qu'il n'est pas réglé, l'idée d'une relance de la consommation, car ce sont alors les entreprises étrangères qui profiteraient d'un surcroît de demande.

Mais la politique de l'offre à laquelle a fini par se rallier le président de la République reste un gros mot pour une partie de la gauche. Elle fait figure d'épouvantail, elle s'apparente à une forme de trahison, car elle suppose une politique d'aide massive aux entreprises totalement contraire à tout ce qui avait été dit pendant la campagne.

Comme, en outre, le patronat peine à jouer le jeu et s'enferme dans l'escalade de la surenchère avec pour seul mot d'ordre «toujours plus», personne, à part François Hollande, Manuel Valls et Gérard Collomb, le maire de Lyon, n'ose assumer franchement cette révolution copernicienne qui marque le quinquennat.

Tout le monde est perdant, car voilà que grossit le débat artificiel entre «politique de l'offre» et «politique de la demande». Comme si mener la première était de droite et exécuter la seconde était de gauche, alors que le bon système serait sans doute de mixer les deux mais avec doigté et dans le cadre d'un contrat politique de long terme qui pourrait s'intituler: restauration d'une souveraineté menacée.

Tout le contraire du «changement, c'est maintenant» clamé de façon hasardeuse pendant la campagne présidentielle.

 

L'EUROPE, L"AUTRE GRAND MALENTENDU

Là-dessus se greffe un autre débat, profond, récurrent, la querelle européenne dont François Hollande avait personnellement fait les frais en 2005 lorsque, patron du PS, il avait appelé à dire «oui» au traité constitutionnel européen et que le pays, à l'unisson des socialistes dissidents, avait répondu «non».

Le différent n'est toujours pas soldé car ce que réclame aujourd'hui Arnaud Montebourg c'est l'émancipation,  autrement dit le bras de fer avec Angela Merkel, la remise en cause de «l'axiome idéologique de la droite allemande», l'affranchissement des contraintes du pacte de stabilité.

La pression est d'autant plus forte que Marine Le Pen accroît son emprise sur l'électorat populaire en contestant radicalement l'euro et son fonctionnement .

C'est l'autre grand malentendu de l'élection de 2012: François Hollande est profondément européen, mais pour toute une partie de la gauche qui a voté pour lui en 2012, le soutien était subordonné à sa capacité à faire «plier » l'Allemagne, comme si le voisin allemand, en bien meilleure santé, était responsable de tous les maux français .

Cette victoire était évidemment illusoire car d'année en année, le différentiel se creuse entre les deux pays, rendant la France un peu plus faible et l'Allemagne un peu plus méfiante .

Ce que perçoit Angela Merkel à travers les revendications françaises, c'est le manque de sérieux de son principal allié, la quête d'un nouveau blanc-seing pour laisser filer les déficits, sans rien régler.

Ce n'est pas la première fois que les gauches divorcent sur le dos de l'Allemagne: le tournant de 1983 puis le traité de Maastricht avaient occasionné des débats du même ordre. Depuis, aucune synthèse solide n'a permis  de dépasser la méfiance chronique qu'une partie du PS nourrit à l'égard de l'Europe et de la mondialisation.

François Hollande n'ignorait rien de ces fragilités parce qu'il avait été onze ans durant premier secrétaire du PS. Mais il voulait être président et il  croyait pouvoir fabriquer sa propre synthèse à l'Elysée.  L'absence de croissance signe la fin brutale du rêve."

 

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