Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pourquoi ce blog

L'objet de ce site est de baliser par quelques souvenirs éloquents l'histoire récente et de faire contribuer ces expériences, par des commentaires d'actualité, à éclairer et choisir les changements, en s'interrogeant sur les propositions des politiques et les analyses des essaiystes. Donc, à l'origine, deux versants : l'un rétrospectif, l'autre prospectif.

A côté des problèmes de société (parfois traités de manière si impertinente que la rubrique "hors des clous"a été conçue pour les accueillir), place a été faite à "l'évasion" avec des incursions dans la peinture, le tourisme, des poèmes,  des chansons, ce qui constitue aussi des aperçus sur l'histoire vécue.

 

MODE DE CONSULTATION : après avoir ouvert le site, ou cliqué sur un article, un sujet, un mois d'archive, l'affichage du document  recherché s'obtient en descendant la lecture  jusqu'au delà de cette fenêtre de présentation.

Recherche

L'auteur

 

DSCF0656-copie-1.JPGNé en 1933, appartenant à la génération dont l'enfance a été marquée par la deuxième guerre mondiale, l'occupation et la Résistance, l'adolescence par la Libération, la guerre froide, puis par de clairvoyants engagements pour les décolonisations, l'auteur a ensuite partagé sa vie professionnelle entre le service public (il a notamment été préfet, délégué à l’emploi, directeur des affaires économiques de l’outre-mer, président de sa chaîne de radio-télévision, RFO), l'enseignement et la publication d’ouvrages de sciences politiques (il est aujourd’hui membre du comité de rédaction et collaborateur régulier de la Revue Politique et Parlementaire). Il a également assumé des missions dans de grandes entreprises en restructuration (Boussac, Usinor/Sacilor), puis a été conseil d’organismes professionnels.

 

Alors que ses condisciples ont été en particulier Michel Rocard et Jacques Chirac (il a partagé la jeunesse militante du premier dans les années cinquante et fait entrer le second à Matignon dans les années 60, avant d'être son premier collaborateur à l’Emploi et pour la négociation de Grenelle et au secrétariat d’Etat aux Finances, il n'a suivi ni l'un, ni l'autre dans leurs itinéraires. En effet, dans le domaine politique, comme il ressort de ses publications (cf. infra), Gérard Bélorgey n’a rallié ni la vulgate de la Veme république sur les bienfaits de l’alternance entre partis dominants, ni les tenants du catéchisme du libre-échange mondial. Il ne se résigne donc pas à TINA ("there is no alternative" au libéralisme). Tout en reconnaissant les apports autant que les limites de ceux qui ont été aux affaires et avec lesquels il a travaillé, il ne se résigne pas non plus à trouver satisfaction dans tel ou tel programme de camp. Mesurant combien notre société multiculturelle, injuste et caricaturalement mondialisée, souffre aussi bien des impasses de l’angélisme que des progrès de l’inégalité et des dangers de l’autoritarisme, il voudrait contribuer à un réalisme sans démagogie.

 

Partie de ses archives est déposée dans les Fonds d'Histoire contemporaine de la Fondation des Sciences Poltiques (cf. liens).

 

Il a publié sous d'autres noms que celui sous lequel il a signé des ouvrages fondamentaux que furent "le gouvernement et l'administration de la France" (1967), "la France décentralisée" ( 1984), "Les Dom-Tom" (1994)  : le pseudo de Serge Adour correspond à l'époque de la guerre d'Algérie et à une grande série de papiers dans Le Monde en  1957 , celui d'Olivier Memling au recueil de poèmes et chansons "Sablier " (couronné en 1980 par l'Académie Française et référé, dans l'histoire littéraire du XXeme Siècle de Hachette) celui de  Gérard Olivier à son analyse dans de  grands quotidiens de la décentralisation en 1981/82; celui de Solon  (malheureusement partagée par erreur avec d'autres auteurs) à la publication en 1988 de "la démocratie absolue" . Cessant de vivre un peu masqué, il retrouve son nom en 1998 pour "Trois Illusions qui nous gouvernent", puis en 2000 pour "Bulles d'Histoire et autres contes vrais " (série de coups de projecteurs sur quelques apects du dernier demi siècle qui seront souvent repris ci-dessous), ainsi que pour de  nombreux articles dans  diverses revues. EN 2009, il est revenu sur la guerre d'Algérie avec le roman ( Ed. Baurepaire) "La course de printemps". Il prépare "L'évolution des rapports Gouvernés /Gouvernants sous la Veme République :entre absolutismes et renouvellements?"

Archives

Articles RÉCents

7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 17:25

RÉSUMÉ :  Les alliances objectives des électorats républicains et frontistes  constituent la  menace de sanction  d'un pouvoir socialiste dont le péché originel est d'avoir continué à imposer  une Europe ordo libérale.

 

Jamais élections n'ont été autant détournées de leur sens. Les compétences des régions peuvent donner lieu à des programmes différenciés de gestion et, en fait,  plutôt à bien des convergences pratiques. Mais  leurs caractères techniques et limités ne devraient pas offrir matière à affrontement politique de conception de société; sauf si l'on fait comme si les régions avaient des pouvoirs de stratégie et de police (qu'elles n'ont aucunement). Néanmoins  la campagne électorale n'a pas été centrée sur les affaires régionales, mais a été - c'est banalité de le dire, mais il faut creuser pourquoi c'est possible -  circonstance, même pas à un débat de politique générale  - car rien des questions de fond n'a été expliqué par quiconque -  mais  à des confrontations passionnelles ou  partisanes  de convictions divisant cruellement les Français.

 

Si cela  a été possible c'est, bien entendu, à raison de tout le contexte actuel, mais c'est aussi parce que les 13 régions XXL, sont autant que des circonscriptions administratives inadéquates, offrant l'illusion d'un  pouvoir réel pouvant profiter aux politiques de carrière - de grands  théâtres subventionnés constituant des caisses de résonnance pour une  parade des passions et pour la campagne pré présidentielle.

 

Ces cadres régionaux offrent l'illusion de permettre une représentation  proportionnelle mais finalement  les sièges sont distribués - conforment à l'esprit de la Vème République qui s'est  voulu une dictature de l'alternance bipolaire -   quasiment au scrutin majoritaire : au premier tour, on se fait plaisir; au second tour on doit choisir. Voilà ce qui d'une part sert un parti en progression bousculant par sa percée les recettes de la bipolarisation, et ce qui,  d'autre part,  permet, contre un ennemi commun,  entre électorats aux affects un moment ou profondément compatibles, des rapprochements tantôt affichés, absurdes et nécessaires (les unions de la gauche) tantôt souterrains, pervers et efficaces (les unions des droites).

 

LES CHANCES RENFORCÉES DU FN

En refusant d'emblée *, toute hypothèse de retrait de liste au second tour, N. S.  favorise à l'évidence le lepénisme. Une disparation de la liste de droite eut permis, dimanche prochain, dans un ou deux cas limités,  à la "gauche" de faire face au FN avec  le soutien d'une partie des électeurs républicains ; mais, par suite du rejet du "Front républicain" , c'est le Front national qui gagne une forte chance (au delà des probabilités qu'il l'emporte en Paca et en  Nord pas de Calais/Picardie, ainsi que,  peut-être,  dans le Grand Est, surtout si le PS se maintient), de dominer  tout le quart sud ouest de la France, en emportant le Languedoc/Midi Pyrénées, voire l'Aquitaine.

 

LES CHANCES RENFORCÉES DES RÉPUBLICAINS

L'électorat frontiste  est par ailleurs,  l'arbitre  du second tour pouvant, dans des régions capitales, donner le succès à la droite sarkozyste. En contrepartie du coup de main que celle-ci donne au FN  en maintenant ses candidats là où elle n'est pas  en état de gagner (sans qu'il soit besoin du moindre accord explicite), cette droite attend partout  des électeurs du FN, si leur liste n'est manifestement pas en état de gagner, qu'une bonne part d'entre eux votent pour elle au second tour. La réserve de voix des sarkozystes est dans les lepénistes;  une union des électeurs de toutes les droites partageant les mêmes affects sécuritaires et d'être farouchement contre la gauche, contre l'immigration, contre l'assistanat , pourrait bien faire basculer  l'Ile de France et Rhône Alpes/Auvergne - ce qui serait des victoires spectaculaires contre la gauche au pouvoir et  planterait un  paysage territorial très défavorable à celle-ci  pour la présidentielle -  tandis que bien d'autres régions sont  sous la menace de cette union, comme notamment Normandie et Bourgogne.

 

Ainsi, l'un des enjeux majeurs du second tour est de savoir jusqu'où peut jouer la porosité des électorats des droites, dont ceux de DLF qui ne s'est guère placé ni par sa campagne contre l'immigration et "l'assistanat", ni par ses jeux de second tour,  dans l'héritage du gaullisme social.

 

Il est clair que dans la perspective ressentie comme imminente des présidentielles (du fait de l'importance cruciale  de la primaire à droite ?) sur le fond, comme dans la manœuvre,  la droite des "républicains" recherche absolument une alliance objective avec le Front.

 

 

LES DROITES, L'EUROPE & LE SOCLE COMMUN

Dans cette équation, leurs positions opposées sur l'Europe perdent peu à peu leur portée. Les postures  anti européennes du Front n'auraient  pas intérêt à être mis en exergue dans une Région où il accèderait au pouvoir afin que celle-ci  ne soit pas pénalisée par les réactions de bien des acteurs économiques ; à l'échelon national   sa manière vraisemblable de gérer une sortie de l'Euro tournerait sans doute assez vite à la catastrophe (voir la très intéressante BD  de "politique fiction, "la Présidente").  " qui vient de sortir aux éditions des Arènes).

En définitive les  domaines d'action d'une coalition de fait entre FN et Républicains seraient surtout les  affaires de sécurité ainsi que la  chasse aux immigrés passés, présents et menaçants de venir  vis à vis desquels les clientèles sont unies dans le même rejet, et au profit de coupes budgétaires frappant "l'assistanat" et autres chapitres sociaux, sans s'étendre aux questions de mœurs et de société  (relations intersexuelles, fin de vie, éducation, droit pénal, etc.)  qui offrent des terrains de multiples divergences.

 

Voilà ce que devraient expliquer des medias qui, sans parler du fond, continuent sans discontinuité à mettre en exergue les succès du Front (et du même coup à être l'un des vecteurs de son succès).

 

LES CLEFS DE LA COLÈRE

Bien entendu ces éléctions témoignent d'un mauvais état de la France que n'a pu améliorer une politique économique et sociale inspirée du si différent modèle allemand ; les modalités d'équilibre de nos voisins ne sont pas, en effet  - ce qu'auraient du comprendre nos PR successifs -  transposables en France. Voilà la cause fondamentale expliquant  la colère de nos concitoyens portée à son comble par des attentats qui ont frappé les Français, ceux-ci pensant évidemment que la discipline budgétaire  a nui de longue date aux besoins des forces de renseignements et de sécurité. 

Alors même que le visage présidentiel,  à chaque allocution,  de plus  en plus, les traits des sourcils tombant sur une bouche obtuse, offre comme l'image un smiley de la résignation soit à l'obligation de mener telle ou telle guerre, soit à l'obligation de compétitivité, il ne faut pas oublier  qu'il a lui même forgé les principes européens  dans la descendance d'un Delors et dans l'obéissance à un Mitterrand. Sa conviction est manifestement  qu'il faut lmposer à la France la discipline européenne ordo libérale, et c'est la même conviction que portent et développent  "les républicains”.

Quant à  la protestation du pays, elle  se traduiut de manière caricaturale soit en épousant  la xénophobie du  FN, soit en tendant à  sortir des bras socialistes pour aller vers des bras libéraux qui pousseraient,  avec  un degré encore plus élevé d'exigences, dans le même chemin européen.  Nos concitoyens ont été  invités à naviguer entre les mirages d'un pays épuré des immigrations  et les excès d'une politique de "ruptures" qui veut casser notre modèle social, mais  n'ont  pas eu droit à la vérité : alors que le nouveau Président avait en 2012 beaucoup de cartes en main pour faire évoluer l'Europe, le péché originel du quinquennat a été d'accepter,  tel quel en fait un  TSCG qui nous a mis la corde au cou, qui empêche de réfléchir pour mieux traiter de la question de la  dette à d'autres solutions que la règle d'or budgétaire et que la soumission à l'euro et la BCE tels qu'ils sont.

Une militante  socialiste du Nord n'écrit-elle pas ; "Les habitants du Nord Pas de Calais se sont exprimés aussi en réponse aux politiques conduites par des élus de gauche qui n'ont pas voulu entendre ce qu'ils avaient à dire."

En effet, tout allant de conserve,  les pouvoirs publics n'ont pas su non plus - sous la direction  autoritaire d'un  homme  qui paraît ne jamais  beaucoup  partager quelque réflexion  avec les autres -  trouver, au delà des gadgets ne méritant ni excès d'honneurs, ni excès d'indignité  des lois Macron - des instruments de croissance et de meilleur emploi :  en protégeant un peu mieux notre économie nationale concurrencée au sein même de l'Europe par des dumpings sociaux et agricoles ; en rendant son rôle à l'État autant pour soutenir l'investissement marchand que des équipements publics devant être sélectivement choisis dans l'esprit de précaution écologique et de transition énergétique; pour remplacer des tonnes de normes par des régulations efficaces et compréhensibles par tous plutôt qu'encourager à sortir du salariat pour que beaucoup deviennent des sous traitants vulnérables et mal protégés de firmes se résumant à des fonctions d'assemblage et de commercialisation.

 

S'impliquer dans de telles  transformations eut plus été  de la vocation des régions que d'être des champs de batailles idéologiques  qu'elles ont devenues;  malheureusement la réforme territoriale récente - en voulant conférer un rôle éminent de type européen à de grandes régions - dont les concurrents cherchent aujourd'hui à gagner en  notoriété  ce qui leur manque en capacité -   aura fortement contribué,  à défaut d'en faire des organes pertinents  d'administration, à les transformer en haut-parleurs de discordes et, parfois demain, peut-être,  en instruments de diffusion de contre-valeurs républicaines.  

 

------------------------------------------------------------------------

* à l'opposé de ce que Juppé semblait concevoir, mais ce à quoi il s'est rallié, parce que c'est d'évidence un  homme mou et soumis aux establishments : que ce soit celui de l'Europe pour  laquelle, contre Seguin, il avait appelé Chirac à soutenir Maëstricht, ou que ce soit celui de l'appareil d'un  parti qui le gouverne, parce qu'il en dépénd .

Partager cet article
Repost0
3 décembre 2015 4 03 /12 /décembre /2015 00:13

Oui, pour agir correctement, "il faut penser le contraire" ...des clichés imposés par le pouvoir et par les plus importants et nombreux des partis, ainsi  que serinés par les médias les plus populaires ou les plus  populistes.

Il faut  d'abord penser le contraire de ce que F. Hollande a dit lors des hommages aux victimes du 13 novembre; non, il n'a pas "trouvé les mots justes" mais des mots déplacés. 

 

- Les victimes du 13 novembre ( pas plus que les gens de Charlie ne l'étaient),   ne sont "l'image de la France", mais tout simplement "des images de la France" : comme on l'a dit également et de manière incompatible avec le propos solennel, ils étaient les membres d'une joie d'exister de manière festive, d'une partie plutôt un peu heureuse de la France qui compte par ailleurs  tant de malheureux  de toutes les conditions : tant de pauvres et de personnes infirmes ou âgées et exclues de tout, tant de femmes et d'hommes se dédiant totalement à leurs devoirs, sans s'accorder de fêtes et sans avoir les moyens qu'il leur faudrait,  tant d'autres cultures que celles des spectateurs et supporters des matches  du stade de France, ou que celles des amateurs de rock et de rap appartenant aux sympathiques cools "générations bataclan".

 

- Il  est ausi impudent de dire aussi que cette France doit "rester elle-même", alors que tout au contraire, elle doit changer - et c'était la circonstance où le faire sentir, car "notre France" doit, dans bien des domaines, se transformer,   cesser d'être ce qu'elle est : notamment  très inégale, conservatrice de bien de ses travers,  souvent hostile aux immigrés même devenus Français, inconsciente que sa volonté d'assimilation en rejetant les vertus que peuvent avoir des communautarismes, au moins de transition (qui ont toujours accompagné dans leur insertion des Polonais, des Italiens, des Portugais, des Maghrébins, etc. ) fait peser une menace de guerre civile par xénophobie des uns, frustrations des autres et excitation des identités caricaturées de tous, sur une société française portée  par l'allergie à l'impôt et par le rejet des prélèvements obligatoires  (dont le taux exprime une part d'économies de dépenses privées) à la rupture des solidarités sociales et s'étant ancrée, par la préférence accordée aux consommations bas prix, dans le rejet  des protections indispensables des productions nationales, alors qu'une amélioration tout à fait possible de la situation des plus pauvres permettrait à tous  de supporter quelques droits de douanes.

 

Il faut aussi penser l'inverse de ce courant dominant des politiques et des médias qui ont voulu -  alors que la France n'est pas les États-Unis et qu'on n'y  pavoise que pour des victoires - l'incongruité de faire pavoiser pour un deuil; et c'est bien pourquoi la demande de Hollande n'a pas eu grand succès. 

Les morts et les blessés à vie du 13 novembre ne sont pas des héros mais sont des victimes. Même s'ils sont des martyrs involontaires (alors que les journalistes victimes des attentats contre Charlie ont été, en janvier, des martyrs volontaires par la conscience qu'ils avaient des risques d'assassinat qu'ils prenaient du fait de leur lutte contre les obscurantismes dont celui de l'intégrisme musulman), ces victimes ne sont pas "morts pour la France". Ils ont simplement, hélas, été  au mauvais endroit, au mauvais moment. Parce qu'elles sont des nôtres, de notre communauté nationale multiethnique et (quoique quelques intellecuel(le)s à la mode le contestent)   multiculturelle aussi, et que ce qui leur est arrivé aurait pu et pourrait arriver à bien d'autres  ces victimes - des vies qu'aucun engagement spécial ne conduisait à pouvoir être fauchées en un juste combat choisi par conscience et conviction, absurdes  morts impuissants livrés par le hasard au feu des fanatiques - appellent plus encore que des combattants au service d'une cause, la compassion envers eux qui se sont fait abattre et mutiler sans avoir accepter de se sacrifier à quoi que ce soit , et appellent aussi une consolation nationale envers leurs proches sidérés et accablés,  par le serment que leurs assassins seront poursuivis de toutes les manières possibles et punis comme la loi le permet, que seront écartées autant qu'il est possible  les menaces que font porter d'autres membres du djihad extrémiste, dès lors que viennent enfin apparaître des moyen matériels, des volontés d'organisation et des moyens juridiques exceptionnels mieux éprouvés que ceux de la loi sur le renseignement.

 

Il n'est pas besoin pour cela de faire, pour des adieux aux victimes,  un théâtre d'hommages quasi militaires qu'on ne fit jamais pareillement pour toutes les victimes civiles du FLN ou de l'OAS, autrefois. C'est, sans doute,  parce que les gouvernants de l'époque - dans un régime qui n'était pas devenu totalement "présidentialiste" , tel que le nôtre s'est construit depuis la mort du gaullisme et notamment depuis le quinquennat -  ne savaient pas, avec les évènements dramatiques pourtant si nombreux alors,  aussi bien faire ce qu'on a appris depuis en matière de boursicotage politique : après avoir acheté hier du Charlie savoir aujourd'hui revendre du Bataclan (cf. le dessin de Plantu dans le monde  du 21 janvier et voir ce blog du 26).

 

Assez de ces spéculations et récupérations , alors qu'un vrai lourd chagrin nourrit enfin la volonté de s'outiller de moyens pour tenter d'empêcher des répliques de ce massacre: par des actions, des dépenses,  des réflexions et des mesures juridiques qui  auraient du être engagées  depuis au moins les forfaits d'un Merah,  à la charnière des deux présidences , dans une convergence nationale manquée en ces moments de duel pour la présidence, et que l'on  prétend rechercher désormais bien qu'elle ait toujours été exclue  par les deux grands camps politiques en compétition, et dont le combat pour le pouvoir, l'un contre l'autre, puis ensemble contre le FN, ont absorbé toutes les énergies : pour aboutir à faire à peu près la même chose en matière économique et sociale ou pour pareillement n'avoir rien fait à temps là où il fallait agir vite puisqu'il y a de longs  délais d'inertie avant qu'ici et là des  efforts de novation produisent leurs effets.

 

Ainsi pour se doter des moyens d'une politique économique  française  faudrait-il sérieusement se préparer à se  délivrer  des interdits monétaires et commerciaux de l'Union européenne, sans le simplisme des préconisations de l'extrême droite nationale et en sachant  comment protéger entreprises et ménages  des ressacs d'une contestation des traités européens en ce qui concerne les pouvoirs de la  BCE ou l'appartenance à l'euro. C'est un autre sujet où il ne semble pas qu'aucune étude d'hypothèses n’a jamais été sérieusement engagée par les pouvoirs publics.

Notre premier déficit est d'abord celui de la réflexion stratégique au sein de l'État.

 

Cet appareil d'État se consacre, en effet, tout entier d'ailleurs, désormais,  seulement à une réflexion sécuritaire solidaire d'une plateforme politique apte à rallier des voix lors des présidentielles de 2017 et sans changer - malgré l'annonce que le pacte de sécurité doit avoir barre sur le pacte de stabilité (une promesse du tonneau de celles du discours du candidat présidentiel au Bourget) - un iota de ses autres lignes de conduite ordo libérale, à jamais arrêtées comme des recettes impuissantes pour diminuer ne fut-ce qu'à la marge le chômage de masse, de jeunes et de seniors  qu'elles ont enkysté puis développé ; et pour chercher à plaire partout, on en vient à "contourner le FN par la droite", en reprenant au galop au compte de cette troisième gauche certaines des propositions de celui-ci. Alors que la seule bonne manière de le combattre eut été de passer du champ des questions d'immigration au champ des exigences européennes et de parvenir à sortir de celles-ci. Partout pèse le péché originel du quinquennat : avoir pris, malgré une promesse inverse, et par européisme  passionnel hérité de Delors et de Mitterrand,   le TSCG en l'état où il était, là où les euro-libéraux-sociaux français l'avaient eux-mêmes, en vérité autant que Merkel,  suicidairement conduit . 

 

Plutôt que par de grands coups de barre,  plutôt que par des mesures  spectaculaires, mais en ne pouvant faire venir aujourd'hui des renforts en personnels que de manière bien décalés pour  corriger les méfaits du fil de l'eau, c'est sans doute, dès la moitié des années 2000 au vu des évènements mondiaux, et certainement - comme précédemment déjà souligné - au moins  évidemment en 2012, que le pouvoir aurait du,  plus tôt,  se donner les moyens humains de la protection des FrançaisAprès les diminutions d'effectifs de sécurité, les augmentations bien trop tardivement décidées  mettent du temps à s'accomplir et, de surcroît, il faut encore plus de temps pour que des recrutements en viennent à pouvoir fournir des personnels compétents, techniquement et mentalement formés aux missions difficiles qu'il faut savoir accomplir pour assurer plus de sécurité collective, sans mettre en cause -  sans même parler des libertés qui sont inéluctablement touchées comme il faut y consentir -  les intégrités de ceux qui peuvent être sur des trajectoires d'enquêtes ou de poursuites.

 

Car, autant que la sécurité, la sureté elle - l'habéas corpus de chacun -  est aussi à assurer et au vu de la brutalité de certaines (dont de bien vaines ou déplacées) interventions actuelles, on peut mesurer combien ce n'est pas garanti quand on a passé la main aux services de police dont les méthodes d'intervention - il est vrai dangereuses pour eux-mêmes par nature et le devenant dès lors pour tout interpellé ou simplement visité - ne sont plus contrôlées et qui se sentent portés par un soutien psychologique collectif acceptant en vérité, dans un climat de peur,  qu'on ne fait pas d'omelettes sans casser d'œufs, même innocents.  

   

On ne devrait pas non plus pouvoir changer le droit républicain de manière magique sans tomber dans les risques d'excès qu'ont illustré les plus mauvais moments du "salut public".

Des pouvoirs d'exception sont nécessaires et ils le sont sur la durée; la loi actuelle sur l'état d'urgence est obsolète et à la merci d'un constat  d'inconstitutionnalité.  Construire un  texte adapté aux besoins de menaces exceptionnelles et récurrentes et modifier la constitution pour qu'il soit compatible avec celle-ci sont des actes pertinents. Mais des précautions sont indispensables pour donner au pouvoir ces instruments juridiques extraordinaires en veillant à ce que ces moyens ne soient pas détournés de l'objectif d'éradiquer Daesh. Pour s'assurer qu’ils ne puissent être mis, comme il semble parfois, du moins marginalement, aujourd'hui,  au service d'autres intérêts,  il serait essentiel que la réforme de la constitution apporte des limites et des garanties par les juges  contre le détournement de pouvoirs dans les  situations d'état d'urgence ou d'exception. Surtout le flou des raisons d'y recourir, ou - ce qui sera sans doute prévu car nécessaire -  de rester durablement dans une situation donnant les moyens de faire face à une menace exceptionnelle et récurrente  doit être banni par des rédactions juridiques  strictes,  claires et robustes n'ouvrant de faculté aux pouvoirs exécutif et législatif convergents qu'à trois conditions toutes difficiles à ciseler en droit.

a) - que l'ennemi soit bien désigné et qu'aucun pouvoir ne puisse se servir des armes créées par l'état d'exception pour combattre ses concurrents politiques ou ses adversaires singuliers;

b)- que les contrôles juridictionnels non seulement soient assurés, mais de plus

* puissent intervenir en temps utiles et non, comme souvent, trop tardivement;

*  qu'on tienne compte - hélas on le doit - du fait que les "élites" françaises des organes juridictionnels appelés à se prononcer peuvent être, elles-mêmes, dans notre climat d'angoisse, très imbibées d'esprit sécuritaire, et qu'en conséquence, il serait convenable que des instances d'appel (c’est le principe du double degré de juridiction ayant fondé l'arrêt Canal) garantissent bien des chances de sérénité et impartialité;

* qu'on ne se libère pas des engagements pris par la France et qu'en conséquence la Cour Européenne des Droits de l'Homme conserve tout son rôle;   

c) - que soient bien déterminés les actes qui sont censés générer ou soutenir le terrorisme : on  n'évitera pas un débat  sur le point de savoir si, par exemple,  des prêches salafistes excités  peuvent être interdits et leurs prédicateurs expulsés et remplacés par des imams de formation "française" (ce qui mène à un "Islam de la République" , aussi sympathique que pouvant contrevenir au principe de séparation, et ce qui pourrait donc conduire à une révision des règles du jeu dans les relations entre l'État et les religions).

 Notons donc que cette tentation est en droit bien difficile à satisfaire, autant qu'elle est d'ailleurs difficile à contenir : les souhaits d'interdiction  et d'expulsion s'appuient sur le fait que ces prêches (et même de simples pratiques ou convictions salafistes affichées ) en pouvant être déclencheurs de haines envers qui ne les partagent pas rentrent dans l'esprit des dispositions pénales réprimant les propos incitant à la haine ; mais l'appel à ces références juridiques est à double tranchant , puisqu'elles prohibent aussi la discrimination, envers quiconque à raison de son ethnie ou de sa religion.

 

Quoiqu'il en soit, il faut constater que nos Français contemporains "libérés" de toute morale et ne comprenant pas celles des autres  sont demandeurs d'une protection contre les effets nuisibles aux plaisirs et aux commerces  des manifestations rigoristes contestant de plein fouet leurs fortes festivités,  leurs permissivités en matière sexuelle, en bref des mœurs  libérales s'abritant de plus sous la défense d'un principe d'égalité entre les hommes et les femmes qui a d'ailleurs sa part d'équivoque ( la haine que certains ont envers le voile peut mériter une psychanalyse) mais pas la même que celle de l'Islam traditionnel chez qui la place bien différente de la femme répond à un autre système de valeurs.

 

Les subtilités juridiques et les considérations sociologiques et approches freudiennes ne pouvant qu'irriter  un esprit comme celui du PM pour lequel la nécessité politique  doit faire loi, sera-t-on conduit,

- soit à tordre les textes existants pour pouvoir frapper ce que B. Cazeneuve souhaite réprimer? Au regard, par exemple,  d'une véhémente contestation de la musique par un imam promettant à ceux s'en complaisant (c’est tiré non d'une sourate du Coran, mais d'un hadith qui croise d'une certaine manière le mythe de Circé) "d'être punis en devenant des porcs et des singes sous la terre" - le ministre de l’Intérieur, dans un débat télévisuel récent, appelait faute de mieux, à invoquer le fait  qu'on ne saurait  permettre d' "enseigner l'ignorance" 

- soit à définir un délit de prédication /provocation, qui en incorporant celui de proclamation d'opinion religieuse, aboutirait à un délit d'opinion ? dont l'appréciation in fine par les juges, dans le droit des libertés, auquel la France est dite attachée,  ouvrira de bien subtils  débats.

 

Sur le fond la question est de savoir si l'intégrisme religieux peut déterminer le terrorisme politique, ou si, le passage (un) à l'engagement terroriste, (deux) à l'acte terroriste relève chacun d'autres ressorts.

Il faudrait sans doute revenir par un  autre billet sur ce qui a été dit dans un  sens et un autre sur le point de savoir si le "salafisme" est une antichambre portant ou non automatiquement au terrorisme ou si les relations sont plus complexes .

Notons seulement ici que des jeunes immigrés de seconde ou troisième génération pouvant être de nationalité française sont souvent frappés sur notre sol  par une exclusion sociétale (dont tout le monde convient et dont tout le monde est responsable), tandis qu'ils ont aussi perdu  l'enracinement qu'avaient leurs parents dans leur culture d'origine  (dont ils n'utilisent plus que quelques expressions constitutives d'une langue qui n'est même plus celle de leurs pays, mais de celle des cités). Souvent coupés des autres Français hormis des marginaux, souvent aussi regardés comme étrangers dans leurs propres anciens pays, leur besoin d'exister vis à vis des autres et d'eux-mêmes fait qu'ils trouvent une réponse à leur solitude clanique dans l'affichage et dans les solidarités d'une identité musulmane radicale se développant presque plus vite en quantité et en intensité  à Saint Denis qu'à Oran.

 Mais, s'ils constituent un vivier intéressant pour Daesh (ce que ne comprendrait pas un  PM qui parait exclure  toute explication  sociétale du terrorisme, tout en se préparant paradoxalement à combattre, comme l'y invite quasiment toute la presse, l'expression et la prédicatiion  des fondamentalismes islamiques ),   quels sont les mécanismes d'exaltation convaincue de la valeur totalitaire de la "tradition" condamnant les mœurs diaboliques des occidentaux  combinée avec une haine absolue envers quiconque ne se soumet pas à la lettre de la Foi, qui peuvent  faire basculer certains des Islamistes  (avec leurs camarades européens convertis) dans le terrorisme? On en connait des itinéraires types (de délinquance et/ou de piété), mais on se demande quelle part des salafistes ou autres fondamentalistes intégristes (refusant toute contextualisation du Coran, c'est à dire toute lecture tenant compte des interprétations qu'appellent les moments historiques différents de son écriture et de son vécu)  pourrait devenir une armée de réserve pour le terrorisme de l'État Islamique ?

 

Mon sentiment, tenant compte des chiffrages techniques des services dont il est parfois fait état, alors que les musulmans sont des millions et que beaucoup s'affichent comme tels (c’est "l'Algérie française" qui nous vaut cette revanche paisible du second collège), est que les personnes potentiellement dangereuses sont à compter en milliers, que c'est en nombre bien moindre qu'elles peuvent basculer vers l'engagement terroriste, et en nombre bien moindre  encore vers le sacrifice total. C'est que les adeptes de Daesh ne sont pas comme des poissons dans l'eau chez leurs coreligionnaires hostiles à un fanatisme ressenti comme plus politique que religieux, et desservant la grande cause qui est pour eux, ici, en France,  de réussir leur intégration (une forme, par contre de victoire de "l'Algérie française", modèle 1958 lorsqu'on voulut un instant l'égalité des chances). Mais il suffit de quelques centaines de personnes pour jeter une société dans les cercles vicieux de la guerre civile. C'est l'objet de Daesh ; c'est peut-être, hélas, le souhait aussi de quelques apprentis sorciers et, beaucoup l'on dit, c'est le piège où ne pas tomber, sans baisser pour autant la garde sécuritaire, mais c'est évidemment  celui que pourrait ouvrir une inquisition provocant, notamment par ses méthodes, des milieux islamiques qui ont toujours conservé l'hypersensibilité d'avoir connu le colonialisme.    

 

Les réponses que chacun donne à son interrogation sur la situation - compte tenu de ses connaissances, de ses expériences, de ses fréquentations et de son appréciation irréductiblement personnelle de ce qui peut conduire un homme à devenir, par conviction, par haine et par folie,  un  assassin ( qui cherche encore à sauver sa vie) ou un kamikaze  (qui a la force épouvantable d'avoir déjà mis une grenade sur la sienne) -  forment le terrible champ d'incertitudes que constituent les  sentiments des Français . Comment s'y référer sinon par de dangereux sondages ( on les attend, vis à vis desquels il faudrait également, comme vis à vis des "justes propos" , savoir prendre des distances ) lorsque le besoin de sécurisation (qui ne sera jamais totale), les tentations qu'inspire la peur et le risque de guerre civile qu'elle porte (et dont l'hypothèse convient bien aux adversaires de la République parfois masqués en son sein) sont  les cartes avec lesquelles chacun va jouer pour l'échéance de 2017.  Cette équation confuse est l'équation dans laquelle le pouvoir va prendre ses décisions.  Ce qui sera fait, en définitive, dans telle ou telle direction, vers tel ou tel choix, avec quel dosage entre sécurisation et inquisition, sera fait en fonction de l'intime conviction du responsable présidentiel,  et que cela lui rapporte ou non l'adhésion populaire.  

C'est d'ailleurs bien rarement que  l'histoire peut dire si le titulaire d'un pouvoir clef a eu tort ou raison de faire tel ou tel choix . Car l'histoire des uns n'est pas l'histoire des autres. C'est en essayant d'écrire une seule histoire bonne pour tous les Français de toutes origines qu'un pouvoir peut gagner sinon,  à coup sûr, les élections, du moins l'estime de la postérité.  

 

 

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2015 2 01 /12 /décembre /2015 10:12

La conférence de Paris est une très bonne opération de sensibilisatiion des pouvoirs publics de 150 États et de nos concitoyens,

opération malheureusement salie par le détournement de pouvoir qui a consisté à utiliser les pouvoirs spéciaux de l'état d'urgence à l'encontre de militants de l'écologie et de la gauche, alors qu'ils ont été accordés par le Parlement pour lutter contre le terrorisme et non pour permettre  aux PR et PM de régler des comptes avec des adversaires politiques .

Voilà qui confirme que le parti socialiste  - et plus encore les courants d'esprit  se réclamant du  socialisme - ne s'identifient nullement à Hollande et à Valls, et ce qui peut  conduire à  voter pour  des candidats socialistes lors des régionales, dès lors que ce n'est pas directement au bénéfice de ceux qui ont manqué leur mission de chercher à bien transformer  notre pays, car cela ne vaut pas quitus pour  l'exécutif (cf. le prochain  billet titré "il faut penser le contraire" ...des clichés lmposés par le pouvoir et des partis , ainsi  que serinés par des médias ), mais précaution à l'égard des frontistes ( voir, aux Arènes, la terrible BD de F. Durpaire et F. Boudjellal, "La Présidente" , " vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas") et à l'égard de la droite dite "classique" dont une partie pense pareillement contre les immigrés.

Pour en revenir à la lutte d'une part pour le climat, d'autre part contre les déchets et pollutions ( car il faudrait bien traiter des deux ), la feuille de route du Bourget est globalement bonne mais lacunaire sur des points importants :  

- le besoin  d'une taxe carbone, sans doute non aux frontières de l'Europe, mais  sur les produits exportés  vers  l'Europe  et levée dans les pays ( et à leur bénéfice public) producteurs d'énergies telles que charbon,  pétrole,  gaz, etc. ce qui, renchérissant leurs  prix devrait favoriser d'autant l'utliisation d'énergies alternatives et, sur la base de l'emploi de celles-ci  en proximité, sourtenir des  relocaiisations d'activités  ; mais les comparaisons entre les différentes modalités possibles de taxe carbone et de leurs impacts méritent d'être affinées et peuvent ouvrir des hypothèses différentes, l'essentiel étant, à ce stade, de ne pas faire tomber dans la trappe l'idée de taxe carbone

- parallèlement, devrait apparaître une intégration dans le prix de l'énergie nucléaire d'une anticipation sur l'énorme coût à venir de neutralisation des déchets et des équipements pollués par les productioins faisant appel à des matières radio-actives

- le besoin dans les énergies renouvelables de privilégier le solaire sur l'éolien dont les nuisances "douces" sont en fait pernicieuses et redoutables

- le devoir  de maintenir dans des mains publiques les équipements producteurs d'énergie, alors que, tout à l'inverse, on s'apprête en France - au lieu de monétiser une part de la dette (ce à quoi s'opposent les traités européens et la BCE qui irrigue les banques mais refusent des prêts directs aux États) -  pour trouver de l'argent,  à vendre  les bijoux de famille,  c'est à dire ce qui reste des sociétés et participations publiques, et notamment  à privatiser les barrages et la productiion  d'énergie hydro-élecrique.     

- l'affichage d'un besoin de diminuer fortement les échanges internationaux  en privilégiant, en matière commerciale , des circuits courts internes aux nations  par la protection des productions locales satisfaisant à des demandes locales., ce qui simultanément doit aller avec des efforts spécifiques  pour  réduire la distance entre le lieu de travail et celui où les habitants  résident et consomment

S'il y a des choses raisonnables comme un signe en ce sens pour les politiques agricoles et comme l'affichage de l'intérêt de substituer partout où c'est possible des transports ferrés à grande vitesse à l'avion, il n'y a évidement rien pour réduire et au moins discipliner le libre échange dévastateur du climat comme de l'emploi européen ; cette assemblée ne peut en effet que  prendre en compte  les politiques d'exportations massives des prédateurs que sont les "low cost countries" (et c'est seulement de leur inflexion progressive de leur modèle en faveur de leur propre marché intérieur que des changements peuvent se produire, mais ne devrait-on mieux les y inciter en rendant moins faciles leurs exports ?); cette assemblée ne peut non plus contrer les stratégies des firmes internationales localisant leurs productions selon les seuls intérêts de leurs actionnaires; elle ne peut enfin combattre l'abêtisssement de  consommateurs voulant toujours ces plus bas prix qui sont les ingrédients d'une  démocratie occidentale productrice,  quand ce n'est pas de chômeurs, de travailleurs précaires et sous payés comme en Allemagne, en Grande Bretragne et dans les pays du sud et de l'est européen, c'est à dire quasiment partout sauf en France qui est mise au pilori par le libéralisme mondial voulant obtenir la destruction de son modèle social. 

C'est dire ainsi que sont solidaires trois combats : celui pour la planète; celui  contre le libre échange; celui pour un modèle de société responsable du social,  préservée de la désagrégation ubérienne vantée par beaucoup et qui est en marche aujourd'hui. 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
28 novembre 2014 5 28 /11 /novembre /2014 18:32

l

 

La célébration de la loi Veil sur l'IVG manquait d'une introduction[1] qui eut ébréché la légende de gaullistes fermés à la réforme et de libéraux l'ayant portée.

En effet,  en tant que conseiller technique en 1973/74 au Cabinet de Pierre Messmer, je peux témoigner que ce premier ministre avait cherché à dépénaliser certains cas d'avortement  et que ce sont les amis de V. Giscard qui s'y sont opposés.... dans ce climat peuplé de coups bas où se préparait l'affrontement entre VGE et un gaulliste qui a été Chaban Delmas et qui aurait pu être (et a été un moment)  Pierre Messmer[2]

 

Face d'une part à la revendication pour l'avortement, d'autre part à l'hostilité de différents milieux envers une perspective de légalisation de celui-ci, dans le climat difficile de la fin du temps de Pompidou nous avions préparé - en particulier avec Jacques Sourdille,  médecin (très attentif aux questions de la santé féminine[3]) parlementaire des Ardennes, issu d'une remarquable Résistance, alors depuis 1972, Secrétaire Général adjoint de l'UDR,un texte bien audacieux pour l'électorat de droite, mais loin de la doctrine féministe voulant que les femmes aient le droit à la libre disposition de leur corps.

 

C'est le résultat pratique qui nous semblait positif en permettant de résoudre des cas dramatiques. Le projet ouvrait aux femmes la possibilité de l'I.V.G. en cas d'état de détresse reconnu par deux médecins[4]. Ce texte n'alla pas jusqu'au Parlement. Il devait auparavant être "vendu" à la majorité du temps; mais il fut taillé en pièces par le groupe des indépendants d’alors, la plupart hostiles sur le fond, ou ne voulant pas que le pouvoir en place réussisse un apaisement sur la question qui agitait les esprits et la rue et que ce pouvoir en soit crédité, mais quelques mois après, sous la nouvelle présidence, la loi Veil faisait sauter presque toutes les barrières.

 

Il est bien dommage que l'on ne nous ait pas raconté et l'essai de P. Messmer et les revirements de la droite libérale. Les réalisateurs connaissaient-ils  cet épisode ou l'ont-ils dissimulé ?  

 

Je n'ai sans doute jamais rien compris à la politique ou, tout du moins, jamais rien admis de ses manœuvres.

 

 

 

 

 

 

 



[1] Les éléments en existaient pourtant dans mon livre "Bulles d'Histoire et autres contes vrais " (page 163,  dans la Bulle N° "Moïse sauvé des eaux", sur quelques aspects de la vie à Matignon lorsque fut constitué le gouvernement   Messmer 2).

        [2] cf. Michèle Cotta, in La VIème République qui raconte quelques "secrets      d'histoire" de ce temps et comment a été sabotée la candidature de Chaban.

[3] Dès le début des années 70 Jacques Sourdille s’était élevé contre le nombre élevé d’interruptions de grossesse thérapeutiques, cachant bien souvent des « avortements de convenance » (le 28 octobre 1970 lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1971). Il invitait alors à réfléchir à des mesures de diminution du nombre de grossesses non désirées, estimant que « les législations permissives comme les répressions médiévales ne résolvent pas le problème ». Trois ans plus tard sa réflexion très ouverte avait évoluée vers la recherche d'une conciliation inspirée par la prise en compte des critiques envers un avortement qui eut été ouvert sans condition  et le respect  des graves problèmes que  pouvaient rencontrer des femmes enceintes, ce qui le conduisait à mettre au point, avec le conseiller (que j'étais) pour les affaires sociales du PM, le texte considéré.

Jacques Sourdille votera la loi Veil.

 

[4] L'affaire ayant été menée en interne, les seules archives qui pourraient peut-être en témoigner sont celles (qui seraient au SGG), de réunions interministérielles très restreintes, et dont les PV n'ont pas été, à coup sûr, conservés.

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 13:02

Peut-on réduire la dépense publique sans fâcher personne ? 

Oui pour Thierry Mandon, porte-parole du groupe socialiste. "La France est recordman de la dépense publique des pays développés", a relevé au micro de Radio France internationale l'élu, qui va diriger avec un entrepreneur le "conseil de la simplification" voulu par le chef de l'Etat pour renforcer la compétitivité française. Réduire cette dépense, "il faut le faire et on peut le faire", a-t-il ajouté.

L'élu de l'Essonne a cité une "charte qualité de la formation", exigence de niveau qui "fera disparaître des formations un peu bidon et qui coûtent beaucoup d'argent". Autre exemple : "Les 40 milliards d'aides au logement. Est-ce qu'on construit plus de logements, est-ce qu'on aide vraiment les gens qui en cherchent ? Je n'en ai pas le sentiment", a-t-il estimé. "Il y a plein de sujets, dans l'organisation même de l'Etat, qui peuvent être réformés et faire des économies sans fâcher personne", a-t-il poursuivi. Dernier exemple cité : "Les collectivités territoriales, villes, agglomérations, maintenant métropoles, départements, régions. Combien de temps on garde tout ça ?" Ces possibilités "ont toutes un point commun : il faut de la réforme avec un R majuscule. Il ne faut pas un coup de rabot", selon le député socialiste.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 15:59

C'est un notable socialiste qui indique , en clair , la voie vers laquelle le Président a donné un coup de projecteur dans ses voeux.

Texte intégral des allocutions accessibles  sur

http://www.ccomptes.fr/Nous-connaitre/Organisation/Premier-president/Les-discours-du-Premier-president ( voir le discours du 9 janvier 2014, dans la ligne d'ailleurs de celui de 2012 et de celui de 2013)

 

 

 

La machine à remettre en cause les retraites, la couverture chômage, l'assurance maladie est en marche : ci-dessous le Premier Ministre et le Président de la Cour des Comptes à la rentrée de janvier 2014 de la haute institution, le second paraissant plus ravi que le premier.

   

Pour Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, " la réduction de la dépense publique apparaît comme un préalable à une mise à plat réussie de la fiscalité ". A l'occasion de l'audience solennelle de rentrée de la Cour, jeudi 9 janvier, M. Migaud a estimé que le niveau atteint par la dette, toutes administrations publiques confondues, " place notre pays dans une zone dangereuse ". " Les efforts jusqu'ici engagés ne suffisent pas à nous en dégager ", a-t-il insisté. Le premier président a mis l'accent sur la nécessité de ramener " rapidement et vigoureusement " les régimes de Sécurité sociale à l'équilibre. " La dette sociale accumulée est une profonde anomalie. Les perspectives financières des régimes sociaux sont insoutenables ", a-t-il mis en garde.

 

 

MIgaud:Ayrault Cour des Comptes Janvier 2014

Partager cet article
Repost0
3 juillet 2008 4 03 /07 /juillet /2008 17:45
Christiane Taubira, parlementaire de gauche (PRG), a été sollicitée par Nicolas Sarkozy au mois d’avril dernier pour réfléchir au moyen de relancer les APE (Accords de partenariat économique) négociés entre la Commission Européenne et les pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique), sous la houlette de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce).
 
cf.  http://www.afrik.com/article12554.html

Deux mois plus tard, elle rend un rapport dans lequel elle va à contre-courant des conceptions lbre-échangistes dominantes .  La tête de file du PRG s’impatiente.   C'est  le 16 juin dernier qu'elle a remis à Nicolas Sarkozy son étude concernant les Accords de Partenariat Economique (APE) entre l’Union Européenne et les Etats ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique).
Dans un communiqué de presse publié sur son site   (cf.http://www.christiane-taubira.org/ ) le 27 juin, elle répond aux interrogations légitimes des spécialistes et de la presse qui attendent les suites de ce rapport : « Mme Taubira déclare ignorer les raisons pour lesquelles aucune réaction n’est parvenue, près de deux semaines après avoir rendu son rapport. » Du côté de l’exécutif, c’est le silence complet.

Dans ce   rapport de 191 pages, la députée PRG (Parti Radical de Gauche), répond à la lettre de mission de Nicolas Sarkozy qui, en avril dernier, lui demandait de clarifier les intentions de la Commission Européenne à l’égard des pays ACP, de « restaurer une relation de confiance », de parvenir à faire pleinement profiter les pays concernés des retombées d’une ouverture du marché, et de créer une dynamique porteuse de développement, en favorisant l’intégration régionale.
Il s’agissait donc pour Christiane Taubira d’esquisser des solutions pour pallier les lacunes des APE, négociation difficile entre UE, Etats ACP et OMC. Il s’agissait aussi d’enterrer définitivement les Accords de Lomé (1975) par lesquels les pays africains bénéficiaient de tarifs douaniers préférentiels voire exonérés sur le marché européen et d’entériner à la place la solution de Cotonou (2000). Cet accord prévoit une ouverture commerciale quasi complète-100% pour le marché européen et 80% pour le marché ACP-, pour faire jouer « la concurrence pure et parfaite ».


Ce à quoi la députée a répondu par plusieurs propositions qui semble représenter un virage à 180° dans la politique menée jusqu’ici par l’Europeen en se prononçant en faveur d’une révision complète du mode d’action de la Commission Européenne, prônant même un retour aux accords de «non-réciprocité», ceux qui considéraient que, le Nord et le Sud étant développés à des degrés différents, on ne pouvait leur imposer la même réglementation libérale. Ensuite, elle place le développement, a fortiori le développement durable, au centre des Accords de Partenariat Economique. Plus loin, elle suggère une annulation de la dette extérieure des Etats africains. Et elle consacre le premier chapitre à évoquer les solutions pour contrecarrer la crise alimentaire et éviter les émeutes de la faim.


Un constat politique plus qu’une ébauche technique, Ce qui dérange probablement, dans ce rapport, c’est son ton critique, sans concession pour une politique économique qui a, de l’avis de l’auteure, maintenu les pays africains dans la dépendance vis-à-vis du marché européen. La relance des APE dans le modèle prévu lui semble dangereuse au vu de la fragilité des Etats. Selon elle, le changement sera presque imperceptible pour l’Europe mais risque de mettre à mal des pans entiers de l’économie des pays ACP.

En abattant presque complètement les barrières douanières, le marché africain s’expose à être inondé de marchandises européennes de meilleure qualité et à moindre coût. Les compensations envisagées par l’OMC et l’Europe ne pourront pas combler le manque à gagner pour ces pays, d’autant que les droits de douanes qu’ils perçoivent représentent pour eux une part non négligeable de leurs ressources. Christiane Taubira reprend les critiques des ONG et se positionne du côté de la sauvegarde des valeurs humaines : «Ou bien les mécanismes continuent de faire la loi et les injustices vont leur train jusqu’au chaos qu’aucun mur ni aucune statistique péremptoire ne parviendra à endiguer. Ou bien la Politique se mêle des affaires du monde ».


Le calendrier prévu pour finaliser les APE est fixé à octobre 2009. La présidence française de l’UE est censée être l’instigatrice d’une dynamique de relance, dont le rapport Taubira devait poser les jalons. En ne communiquant pas à ce sujet, Nicolas Sarkozy laisse-t-il augurer que la réaction européenne ne sera pas imprégnée de satisfaction? C'est toute la difficulté de renouveler la réflexion sur les relationss stratégiques  économiques afro-européennes.

 
Partager cet article
Repost0
29 juin 2008 7 29 /06 /juin /2008 10:25
Au moment où les "contributions" socialistes rivalisent sur le plan politique, il faut rechercher quelles sont, le cas échéant, leurs bases de réflexion économique. On peut lier certains enseignements ou ouvrages à des "pilotes" de contributions et donc de tendances, comme par exemple dans le cas DSK, et l'on peut en recenser un certain nombre d'autres qui apparaissent aussi sur divers sites universitaires ou personnels.

Sur ceux-ci les thèses de Jacques Généreux ( "Les vraies lois de l'Économie" - au sein d'un éventail assez varié de ses publications pédagogiques ou politiques, portant notamment sur la critique  de l'Europe actuelle et sur les distorsions sociales -) réunies en un ouvrage datant, il est vrai, dans ses éditions successives de quelques années, méritent une attention particulière: ses bons tirages en ont fait "le prix lycéen du livre d'économie";  l'accueil de médias assez  divers  lui a marqué de l'estime; il paraît s'inscrire dans une ligne proche d' "Alternatives Économiques" et,enfin,  on le situe dans la gauche du PS.

Il est donc intéressant de savoir jusqu'où va en cohérence sa critique du néo-libéralisme : sans tomber dans les condamnations systématiques et les incrédibles alternatives qu'exprime une famille d'extrême gauche comme celle de Besancenot, il semble bien que Jacques Généreux,  avec  Benoît Hamon, vont au sein de la gauche, aux prises de positions  les  plus audacieuses  en matière d'analyse stratégique.

Et pourtant, il n'est pas évident que, dans cet ouvrage du moins, l'auteur aille au terme de sa logique.  Sur presque  280 pages, il est plutôt convaincant, mais lorsqu'il passe, alors,  à la question des faits et des théories du commerce international, il faut regretter que la pensée flotte un peu. Malgré bien des observations pertinentes, il ne semble pas parvenir à se libérer, dans la prudence d'expression, des tabous sur le libre-échange et sur le protectionnisme dont il ne présente d'ailleurs pas quelques variantes intéressantes.

Sans entrer dans  les termes trop lourds d'un  débat de fond pour cette petite note de lecture, il suffit de constater le divorce qu'il y a, dans le livre, entre d'une part le titrage de "la loi n° 17 : laisser faire ou laisser passer, il faut choisir"  ( une option semble ouverte) et, d'autre part, les développements de la page 294 tout à fait bienvenus : " Dans un contexte de guerre économique, le laisser passer des biens  n'est supportable  pour les entreprises  que si on les laisse faire." Voilà qui signifie en clair qu'il n'y a pas d'option possible : le libre échange conduit , sous le coup des nécessités qui en résultent, à la dérégulation obligatoire tous azimuts , ce qui à des conséquences politiques et sociales graves, comme le constate d'ailleurs  dans la foulée J. Généreux   : "la conjonction de ces deux libertés est insoutenable pour la société." En d'autres termes, il n'y a pas de choix entre laisser passer et laisser faire puisque le laisser passer oblige au laisser faire.

Or c'est bien la leçon essentielle que les socialistes devraient apprendre et que Jacques Généreux leur donne; mais en ne le disant pas suffisamment nettement. Si elle est atténuée c'est parce que l'auteur s'accroche encore à des analyses  qui ont  pu être partiellement vraies mais qui ont un effet pervers en contribuant à avoir de l'influence  alors   qu'elles sont devenues largement fausses. Ces idées sont celles qu'illustrent bien les thèses d'un Paul R. Krugman ( "La mondialisation n'est pas coupable" ) et qui sont reprises pour partie en compte par Généreux : la concurrence internationale serait supportable et, pourrait peut-être même être féconde sans dommage ( c'est la vieille thèse en fait de la sortie par le haut de gamme...qui implique de créer toujours de plus en plus de besoins)  parce qu'on pourrait échapper à la  concurrence par les prix  , grâce à la concurrence par la spécificité ( de qualité,  de caractères)  des offres. Or, la "guerre économique " insoutenable sans désastre de société  c'est quand on n'échappe plus à la concurrence par les prix  sur de très nombreux   secteurs de production de biens et d'offres de services. Et c'est,  à notre avis,  la situation à laquelle nous arrivons, bien loin de la "division internationale du travail" assurant des avantages comparatifs appréciables à tous  partenaires  et chère aux libre échangiste traditionnels, mais qui parlent d'un autre monde que celui où des puissances émergentes capables et pour longtemps de très bas coûts structurels fondent leur développement sur des marchés de toute nature extérieurs à leur propre population.

Les conclusions sont évidentes : en libre échange quasi intégral, mais confrontant des capacités très inégales,  entre pays de compétitivités structurelles  très hétérogène, il n'y a qu'une réponse possible de politique économique; forcément concurrentielle  par les prix  et par voie de conséquence de régression  sociale : la politique libérale de compression des coûts et de maximisation des profits ( pour outiller les entreprises ou , du moins,  des investisseurs). C'est la ligne de conduite qui engendre inéluctablement  diminution de la rémunération du travail, augmentation de sa durée comme de sa productivité, obtention des équilibres par la variante chômage et par  compression des dépenses sociales et des services publics : ce que nous vivons. 

Que  l'utilisation des outils keynésiens puisse devenir  inopérante, sinon  suicidaire, en économie ouverte, n'est pas mis en évidence par cet ouvrage . J. Généreux  a beau avoir raison sur les vertus possibles d'un  déficit budgétaire lorsqu'il est imputable à des investissements , sur le fait que le niveau salarial n'est pas forcément l'ennemi de l'emploi, sur l'utilisation intéressante de l'instrument monétaire  dont il ne faut pas jouer la neutralité, sur le fait que l'économie n'est pas une fatalité et que l'on veut nous faire prendre des choix politiques pour des obligations économiques,  etc.. , toutes ces  bonnes lois non libérales qu'il préconise de reconnaître ne peuvent jouer utilement que dans une économie maîtrisée , mais sont  inapplicables  lorsqu'on est, sans protections, en "guerre économique" de fait ( c'est à dire en concurrence par les prix pour et sur presque tous les marchés)  avec des low cost countries qui ne prennent pas en compte les mêmes facteurs d'abord  politiques ( ces concurrents ne sont guère en démocratie...), ensuite sociaux ( une société plus équitable n'est guère leur objectif) enfin évidemment monétaires, environnementaux, etc.  que nous. Il nous reste à nous aligner vers le bas, en faisant croire - et c'est devenu tout l'art ou l'auto-illusion des  politiques de profession  - qu'on y échappe en se soumettant.

Tout ceci pour souligner une nouvelle fois qu'aucun  programme, qu'aucune "contribution" de progrès ne sont crédibles si la question fondamentale de la régulation du commerce mondial n'est pas sérieusement abordée. On reste dans tous les autres cas dans la compassion sociale et dans l'angélisme politique. C'est la  garantie que le boomerang de 2002 ( et ses  suites) se reproduiraient envers des gestions socialistes qui oublieraient ces réalités basiques. Il n'y a de salut - c'est à dire d'équation supportable pour notre type de société - qu'en révisant les régimes  des échanges mondiaux. Si on ne le fait pas, il faut se résoudre et se soumettre au libéralisme interne comme conséquence inéluctable du libéralisme externe. C'est pourquoi la droite d'affaires, comme je l'ai expliqué depuis dix ans ( cf. "Trois illusions qui nous gouvernent")- ,  tient tellement au libre échange qui est guerre des coûts , légitimation des meilleurs profits et des charges les plus basses.  C'est pourquoi lorsque la gauche ne met pas en cause le libéralisme externe elle ne peut vendre que des illusions car elle fut et elle serait  obligée de faire, avec plus ou moins d'habillage par des pansements sociaux (devenant vite contre-productifs, sauf miracles de civisme de la part de tous les acteurs de la vie collective)  une politique libérale en interne. C'est d'ailleurs ce que sa majorité sociale démocrate affiche désormais.

Pour que, différemment de cette sociale démocratie là et sans aller à l'illusion gauchiste qui est le second péril,   des hommes comme Jacques Généreux  (portant bien son nom)  fassent prévaloir  la justice sur  le marché, et  la  démocratie sur les "experts" , il faut encore que la justice puisse un peu discipliner les marchés ( par des protectionnismes intelligents ) et que les démocrates soient plus experts qu'apprentis sorciers  : incanter pour une société sauvegardant ses acquis comme la sécurité sociale  et améliorant les conditions de beaucoup  ne suffit pas à faire  changer le monde si l'on ne s'attaque pas aux réalités. en n'étant plus tenu en laisse par les tabous. 
Partager cet article
Repost0
22 septembre 2007 6 22 /09 /septembre /2007 18:00





Le « manifeste « des Gracques publié il y a quelques jours dans un quotidien du soir est l’expression d’une démarche sympathique comme aussi, de dangereuses illusions à la mode. Il comporte en effet deux aspects qui se voudraient logiquement liés, mais qui sont antinomiques puisque les outils acceptés condamnent, à nos yeux, la possibilité d’atteindre les fins affichées .

Le premier aspect de ce texte est en effet d’offrir en ouverture, comme en seconde partie, la profession de valeurs de gauche et plus largement de l’humanisme français. C’est bien pourquoi y adhèrent des personnes ayant toujours mérité estime et venant de sensibilités différentes, ce qui esquisse cette réunion des centres de progrès que des hommes comme moi ont toujours voulu pour casser notre bipolarisation à la française, celle qui, grâce à l’addition des scrutins majoritaires, a fracturé et paralysé de trop longue date notre corps public. C’est la concurrence complice des partis dominants, espérant chacun concentrer le pouvoir pour lui seul, qui a conduit aux réformes constitutionnelles Chirac/Jospin ayant favorisé l’équation politique 2007. Elle est tellement contre nature que deux facteurs en corrigent de façon intéressante l’excès : l’électorat "populaire" s’est largement réparti entre « droite » et « gauche » et le Président de la République, tout en ayant fait voter son programme de «sucreries fiscales» pour son noyau électoral, continue plus intelligemment à chercher à rallier assez largement autour d’un bon sens apparent quoique, sur certains points, bien partisan et dont l’expression droitière choque parce qu' abrupte, mais trouve des résonances partout. La critique d'y voir un système plébiscitaire ne mène à rien; ce qui est révélé ( et qu'il a bien compris) c'est que la bipolarisation sommaire ne marche pas.

Or, parmi ces Gracques d’aujourd’hui n’en est-il qui, d’un côté ou d’un autre, ont été dans les équipes promouvant les funestes réformes institutionnelles ayant, de fait, interdit l’alliance PS/Modem dont ils ont été les chantres ? Reconnaissons leur qu’il n’est jamais trop tard pour revenir sur ses erreurs, mais regrettons que ce chemin de Damas ne leur révèle pas - plus explicitement que par l’allusion selon laquelle il faudrait "une plus juste représentation des courants d'opinion dans le système législatif" - tout l’intérêt du scrutin proportionnel comme l’une des clefs indispensables de l’apaisement français et de la reconquête du pays sur la coalition majoritaire parlementaire des droites unifiées.


Toujours est–il qu’on ne saurait qu’applaudir les Gracques dans leur refus des déterminismes de la naissance et de la fortune (encore que la loterie sociale à l’américaine n’est pas une panacée de remplacement), leur volonté de justice, de défense et promotion des libertés et de respect des cultures dans une réussite laïque des intégrations, de juste redistribution de la richesse, de pluralisme décentralisé, de dialogue pouvoirs/société civile, d’éducation et formation pour l’égalité des chances, de promotion de l’économie de la connaissance et de la sauvegarde de la planète, conciliées par recherche d’un développement durable : tout ce qu’a mis en avant, en vain au demeurant pour suffisamment séduire, la campagne de la candidate socialiste lors de la présidentielle .

La question étant toujours de savoir par quels moyens obtenir ces excellents objectifs inspirés par les meilleurs sentiments ? Dans ce domaine, le texte est différemment mais tout aussi déficient que le fut cette campagne. Pires que le flou, les leviers que nous proposent les Gracques sont ceux par lesquels le libéralisme international a trouvé l’arme atomique du capitalisme absolu contre le progrès social des pays avancés : le libre échange entre sociétés inégalement avancées, mais toutes très largement aptes désormais pour la production de biens et services de presque toute nature.

Non, la gauche qu’invoquent les Gracques et avec elle la majorité des Français ne peut pas « dire haut et fort que la mondialisation (telle qu’elle est) est un progrès. » C’est un énorme complexe cocktail de quelques avancées pour des fractions marginales des populations des pays émergents et de scandales structurels, financiers, commerciaux et sociaux : des approvisionnement à prix imbattables de la part des pays pauvres aux pays avancés, au bénéfice des ploutocraties ( et de leurs serviteurs) des pays livreurs, grâce à l’exploitation dans la misère, l'autoritarisme et les détritus des populations des « low costs countries » du Sud. Au Nord, la contrepartie positive en est la pression sur les prix de la grande consommation et la contrepartie négative est la disparition des emplois de toutes les activités délocalisables : partout la précarisation des niveaux de vie et des garanties du plus grand nombre, sans qu’aucune convergence par le haut entre sud et nord puisse naître à un horizon crédible de quelque divine main libérale, d’autant qu’il y a partout sur la planète des réserves de main d’œuvre si pauvres qu’elles sont mises sous le boisseau par les moins pauvres qu’elles. S’il faut donc "faire avec" ce cocktail parfois de bonnes choses , et le plus souvent des pires, qu’est la mondialisation d’aujourd’hui, il faut cesser de déifier le libre échange international. Il a d’ailleurs contribué chez nous a souvent faire prévaloir la préférence pour la consommation sur la valeur travail, la spéculation sur la production, l’argent facile sur l’argent du labeur. Quant à l’augmentation par les ouvertures commerciales du volume des échanges elle est bien souvent une mesure fictive de la croissance : des divisions internationales du travail sophistiquées aboutissent à multiplier les transports au grand dam de l’environnement.

Non, la gauche qu’invoquent ces Gracques, ni d’ailleurs plus largement la France des réalités vécues par les travailleurs de toute expression électorale ne peut renoncer à des formes intelligentes de protectionnismes croisés et négociés, utiles à un type de pays ou à un autre (sinon on ne voit pas de quelle régulation effective nos bons apôtres veulent parler). Faire bien évoluer la mondialisation c’est chercher à porter les pays émergents qui fondent aujourd’hui essentiellement leur croissance sur l’export - c’est à dire sur le pouvoir d’achat des autres - à trouver dans la progression de leur propre pouvoir d’achat populaire (comme le firent autrefois les E.U. et l’Europe) le levier majeur de leur transformation. Ceci, qui ne se fera pas spontanément, ne peut aller sans une révision des conditions d’accès de leurs produits et services en Europe.

Non, gauche et droite ensemble, donc la France, ne peuvent mettre par principe au pilori le patriotisme économique que pratiquent d’ailleurs la plupart de nos partenaires. Car il y a un patriotisme économique bien légitime : c’est d’attendre de l’existence et du développement d’entreprises nationales que la richesse qu’elles créent ait des retombées en emplois dans le pays dont elles portent le nom. Tel n’est pas le cas fréquent lorsque la bonne position des grandes firmes françaises dans le palmarès financier international va de pair avec la création d’emplois essentiellement hors de France.

Mais oui, la gauche, et toute la France, reconnaissent de belle lurette le marché, mais le veulent honnête et fair play. Honnête sans être perverti par les pratiques des dominants ; fair play en n’habillant pas du slogan des « concurrences non faussées », les primes décisives accordées aux moins disant sociaux et fiscaux. Le libéralisme économique a bien deux dimensions différentes : d'une part, celle qui s’applique légitimement à des espaces à peu près homogènes ou entre pays différents, mais selon alors une division du travail équilibré car ne concernant que des segments de produits ; d'autre part, celle devant être refusée qui met en compétition tous les secteurs d'activités de mondes très différents, lesquels s’entre-tuent et tuent ou marginalisent chacun les plus faibles en leurs propres seins.

Bien des citoyens de droite, de gauche, des centres - en bref la France - ne veulent pas entendre jouer du violon européen en oubliant qu’il peut interpréter des partitions très différentes et ne veulent plus entendre non plus que pour « éviter les guerres ( voilà le vieil argument démagogique mobilisant les peurs ancestrales pour faire gober n’importe quelle Europe), il faut faire toujours plus dans les errements actuels commerciaux et fiscaux et les insuffisances industrielles et sociales d’une Union Européenne plus hétérogène que jamais. Vers quoi et comment tenter de gouverner cette Europe là dans le bon sens, à quelles conditions internes et externes ? Alors que la vraie tâche européenne est de rechercher ces régulations économiques mondiales qui ne peuvent exister qu’à son initiative et à son niveau, pas un mot de nos Gracches européens . Les vieux « cabris » du général de Gaulle ont des enfants.

Quant aux entreprises, la gauche elle-même n’a pas besoin des Gracques pour savoir qu’elles sont des supports et non des adversaires, que leurs problèmes, leurs besoins sont ceux des salariés eux-mêmes s’il s’agit de leur survie ou de leur développement et non des priorités financières de leurs actionnaires.

Mais nous savons aussi que ces entreprises peuvent être privées ou publiques et que si toutes les entreprises de toute taille dans tous les secteurs sont des entreprises privées, les facteurs de l’inégalité sociale se trouvent automatiquement renforcée. En effet, les besoins de financement de ces entreprises privées ne peuvent, par un circuit ou par un autre, provenir que de la part des revenus issus d’agents économiques assez riches pour le faire, notamment en épargnant sur leur consommation. L’appropriation exclusive privée et le financement également privé des moyens de production exige et renforce donc toujours l’inégalité sociale. C’est bien pourquoi, à côté de bien d’autres motifs d’avoir un secteur public économique qu’aurait du cesser de brader les sociaux-démocrates, il est indispensable à la régulation sociale qu’il y ait un secteur à capital national majoritaire nourri de prélèvements publics équitables et garantissant les investissements prioritaires, à long délai de retour particulièrement utiles pour les secteurs vitaux de l’énergie, de l’eau de l’environnement et plus généralement pour la recherche appliquée et l’innovation Mais les Gracches paraissent bien respecter le caractère tabou de ce sujet interdit. L’économie mixte est devenue une incongruité.


C’est ce que le courant intellectuel que représente nos Gracques a perdu l’usage de deux instruments d’analyse essentiels qui réfèrent à des mondes qu’ils ont condamnés et, jetant les bébés avec l’eau du bain, ils ne veulent plus rien utiliser de deux outils, au demeurant complémentaires, qui gardent toute leur valeur : l’outil de l’analyse marxiste, l’outil de la référence à l’Etat nation. Ce n’est pas, d'abord, parce que le marxisme a été illustré par de massifs et sanglants échecs historiques ( non parce que c’était le "marxisme", mais parce que le communisme totalitaire fut l’habillage et l’instrument cruel de révolutions industrielles hâtives et mal conduites de pays sous-développés), que la critique matérialiste historique permettant de comprendre les rapports de techniques, d’intérêts et de forces qui mènent le monde doit être abandonnée. Ce n’est pas, ensuite, parce que les Etats Nations se sont faits des guerres tout aussi tragiques et que le progrès international consiste à les faire travailler ensemble y compris, d’une manière organique poussée, comme au sein de l’U E. , que disparaît la donnée fondamentale dans laquelle s’inscrit la dévolution, du pouvoir. Celui-ci continue à être attribué dans chaque périmètre de chacun des États Nations, même s’il est ensuite plus ou bien délégué à des instances pluri nationales. Toute politique est donc jugée et sanctionnée par les citoyens à l’aune de ses effets nationaux.

Tout à l’inverse les apprentis sorciers distributeur de la potion magique libérale internationale veulent faire passer pour ringards et ceux qui croient que la prise en compte des réactions de la Nation reste le test de la capacité politique, et ceux qui continuent à reconnaître à l’analyse marxiste la valeur irremplaçable de faire voir le réel derrière les idéologies dominantes.

Utiliser conjointement ces deux outils de la critique historique et de la référence nationale peut concilier des "France de gauche" et des "France de droite" – au sein desquelles nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent pas vraiment, même s’ils optent un moment pour l’une ou l’autre - dans un grand mouvement de réalisme et de progrès dont le nombre issu de partout pourrait donner une autre forme de majorité de gestion à un chef d’État aussi audacieux que se veut le nôtre, mais parvenant à se dégager de certains préjugés idéologiques.

La naïve simplification de nos auteurs ( dont chaque assertion mériterait un essai nuancé de réfutation) fait en effet presque apparaître en contrepoint une partie de la droite nationale française comme réaliste et progressiste et Nicolas Sarkozy pour un bien utile agitateur de l’establishment mondial. Il a su capter à la fois l’intérêt du business et des possédants et des réactions favorables des classes populaires excédées par l’incapacité de trop de sociaux démocrates à réagir au regard des ravages de la compétition mondiale et à proposer à nos partenaires européens un modèle d’adaptation ne sacrifiant pas toujours les mêmes. Il faut que l’opposition cesse de rééditer régulièrement la vieille recette sociale démocrate d’ échec garanti : accepter les règles du jeu des dominants, des adversaires, en bref le monde tel qu’il est, en espérant par des arrangements à la marge le rendre supportable aux déshérités, mais sans en changer les logiques.


Si, dans la ligne de cette soumission, la sociale démocratie fait catéchisme du libre échange mondial, rejette toute sérieuse régulation du commerce international, toute recherche de sauvegarde et de priorité au développement des emplois nationaux, elle ne pourra tirer de telles prémisses que des obligations aboutissant aux mêmes résultats que les programmes de la droite ultralibérale. Le développement des services non délocalisables et les activités de haute gamme ne suffiront ni à notre croissance, ni à pallier l’effritement des activités qui sont le socle nourricier nécessaire au financement de nos régimes sociaux même reformés. La compétition par les prix s’imposera partout et sans fin sous le pilotage autoritaire des privilégiés n’y risquant pas leurs moyens vitaux, avec pour conséquences inéluctables, au delà des dosages équitables devant aller de pair avec des réformes de raison, la déconstruction totale du droit du travail, la réduction des sécurités et garanties sociales, la précarisation de l’emploi, l’amplification de ce qu’engendre le couple fatal privatisations/inégalités : la fixation au plus bas des rémunérations de beaucoup qui perdront en même temps des moyens de veiller à leur santé et d’avoir une vieillesse décente, des coupes sombres dans les dépenses de services publics, la disparition de nombreuses entreprises et la marginalisation de bien des professions indépendantes.

Lorsqu’on accepte un système – comme il nous est proposé par les Gracques de le faire – on est obligé d’en assumer les implications. On ne peut sans se mentir proposer des valeurs que l’on s’interdit d’atteindre. Croire que l’adhésion quasiment sans réserve au système monde triomphant en vigueur peut permettre une société plus juste et plus heureuse pour tous est au mieux de l’angélisme, au pire un pari d’irresponsables. Si la nouvelle gauche devait être la confirmation de ce piège dans lequel sont déjà tombés des équipes socialistes n’ayant que pu, en conséquence , perdre des élections capitales successives, c’est un autre mouvement politique national qu’il faudrait re-inventer et qui est possible, tant il est qu’il y a de fortes convergences entre des valeurs affichées à gauche et l’intérêt de nombreuses autres composantes économiques, sociales et spirituelles de notre pays.


Une majorité d’opinions et de volontés traverse en fait les partis et formations politiques pour une autre politique économique nationale et européenne dans le refus du libre échange tel qu’il fonctionne, ce refus trouvant ses soutiens aussi bien dans des citoyens votant à droite qu’à gauche . Cette politique répondrait aux attentes des salariés comme de bien des entreprises, de nombreux responsables comme des exclus, des héritiers de l’ambition socialiste et des héritiers de l’ambition gaulliste, des continuateurs de la grande tradition chrétienne des centres de progrès, plus largement encore, dans la population tout entière, à la demande profonde des femmes et des hommes de bon sens libres de cupidités ou de privilèges, attachés à l’intérêt général et au service public. C’est cette majorité virtuelle qui n’a jamais pu sortir – mais qui se déforme chaque fois au bénéfice d’un camp – de notre mode de scrutin majoritaire législatif, lequel résume en fait tout notre régime politique.

La clef d’un avenir mieux gérable est qu’un jour, par des voies dont on ne voit certes pas les approches aujourd’hui, mais qui peuvent soudainement mûrir dans les redistributions auxquelles on assiste, on en vienne enfin à ce changement institutionnel permettant la réforme dans la sécurité : un chef d’État élu au suffrage universel, mais devant dialoguer avec une majorité pluraliste, le cas échéant à géométrie variable, issue de la proportionnelle, ces pouvoirs séparés ne pouvant se renvoyer ni l’un ni l’autre, mais étant, en cas d’impossible conciliation sur des questions majeures, arbitrés par l’appel au référendum.

Les prochains rendez-vous du pouvoir sont non seulement sur les recettes et les dépenses sociales, sur l’environnement et sur les moyens de la croissance, mais aussi sur la réflexion institutionnelle. Serait-ce rêver d’imaginer que certains puissent y « accrocher » le thème ci-dessus ?


.
Partager cet article
Repost0
24 avril 2007 2 24 /04 /avril /2007 07:52
Le résultat du premier tour est que les médias sont satisfaits.
Ils ont retrouvé leurs marques. Le duel traditionnel
qui leur plait tant.
Et, deux primes de nouveauté :
- la première est l’union des droites jusqu'à l'extrême, sinon par les appareils ; du moins par les électorats, ce qui dans le régime du double scrutin majoritaire peut garantir « la démocratie absolue » au bénéfice de cette droite-là, contre les libertés publiques, les droits sociaux et le centre ;
- la seconde est l’apparition d’un joker, battu, mais arbitre ?

Ce qui ouvre le vrai débat de fond sur la nature de la République.

Il semble bien que l'infanterie parlementaire UDF va jouer Sarko, à cause des législatives qui se présenteraient mieux pour tous les "centristes" s'il y avait la proportionnelle leur rendant chances et liberté.
Si S.R. mettait donc bien en exergue que si elle était élue, elle ferait établir, certes seulement pour l'avenir, une part significative de proportionnelle est sans doute son moyen clef de se rallier, de fait, même sans désistement explicite, difficilement concevable, des éléments marquants du centre et au premier chef FB personnellement ( qui n'a pas d'avenir sans ce mode de scrutin).

D'ailleurs si la ventilation des voix de ce premier tour se traduisait dans une assemblée, il y aurait circonstance à des coalitions dont l'une - la plus vraisemblable, compte tenu des durs propos de FB contre l'extrémisme de NS - serait de troisième force, en unissant gauche et centre . Il faut regretter une nouvelle fois - comme je le soulignais, en 1998, dans les « Trois Illusions qui nous gouvernent » - que les hommes charnières comme MR aient par le passé toujours écarté ce mode de scrutin, puisque dans une France arithmétiquement plutôt à droite, le scrutin majoritaire joue pour la droite rassemblée , la coïncidence des deux majorités présidentielle et législative lui donnant le pouvoir absolu. Mais, c’est bien parce que les socialistes ont toujours commis le même péché de devenir attachés au scrutin majoritaire qu'ils ont aggravé par le quinquennat : de manière sectaire en rêvant bêtement - ce qui les mènent aux défaites si les droites sont rassemblées - de ce pouvoir absolu en leur faveur en réalisant l’Etat socialiste ou plutôt ( ce qui n’a guère à voir) néo-mitterrandien, comme il y eu « l’Etat RPR ».

Or, par contre, FB comme SR semblent réunis dans un meilleur sens de l’État, loyal envers tous et pluraliste. Voilà ce qui devrait conduire à un deal bien affiché qui, à terme, sauve le centre et, demain, pourrait peut être écarter NS. Ce deal serait une espèce de contrat de transformation institutionnelle par réforme annoncée du mode de scrutin, ( ce qui pourrait aussi utilement séduire des formations souhaitant sauvegarder leur identité et avoir au moins des chances de porte-parole à l’assemblée, ainsi que des « lepenistes » entêtés et les détourner de voter NS ).

De telles évolutions consisteraient évidemment à tourner le dos à l’héritage Chirac sur lequel nous dirons quelques mots dans le prochain billet.



Partager cet article
Repost0