Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pourquoi ce blog

L'objet de ce site est de baliser par quelques souvenirs éloquents l'histoire récente et de faire contribuer ces expériences, par des commentaires d'actualité, à éclairer et choisir les changements, en s'interrogeant sur les propositions des politiques et les analyses des essaiystes. Donc, à l'origine, deux versants : l'un rétrospectif, l'autre prospectif.

A côté des problèmes de société (parfois traités de manière si impertinente que la rubrique "hors des clous"a été conçue pour les accueillir), place a été faite à "l'évasion" avec des incursions dans la peinture, le tourisme, des poèmes,  des chansons, ce qui constitue aussi des aperçus sur l'histoire vécue.

 

MODE DE CONSULTATION : après avoir ouvert le site, ou cliqué sur un article, un sujet, un mois d'archive, l'affichage du document  recherché s'obtient en descendant la lecture  jusqu'au delà de cette fenêtre de présentation.

Recherche

L'auteur

 

DSCF0656-copie-1.JPGNé en 1933, appartenant à la génération dont l'enfance a été marquée par la deuxième guerre mondiale, l'occupation et la Résistance, l'adolescence par la Libération, la guerre froide, puis par de clairvoyants engagements pour les décolonisations, l'auteur a ensuite partagé sa vie professionnelle entre le service public (il a notamment été préfet, délégué à l’emploi, directeur des affaires économiques de l’outre-mer, président de sa chaîne de radio-télévision, RFO), l'enseignement et la publication d’ouvrages de sciences politiques (il est aujourd’hui membre du comité de rédaction et collaborateur régulier de la Revue Politique et Parlementaire). Il a également assumé des missions dans de grandes entreprises en restructuration (Boussac, Usinor/Sacilor), puis a été conseil d’organismes professionnels.

 

Alors que ses condisciples ont été en particulier Michel Rocard et Jacques Chirac (il a partagé la jeunesse militante du premier dans les années cinquante et fait entrer le second à Matignon dans les années 60, avant d'être son premier collaborateur à l’Emploi et pour la négociation de Grenelle et au secrétariat d’Etat aux Finances, il n'a suivi ni l'un, ni l'autre dans leurs itinéraires. En effet, dans le domaine politique, comme il ressort de ses publications (cf. infra), Gérard Bélorgey n’a rallié ni la vulgate de la Veme république sur les bienfaits de l’alternance entre partis dominants, ni les tenants du catéchisme du libre-échange mondial. Il ne se résigne donc pas à TINA ("there is no alternative" au libéralisme). Tout en reconnaissant les apports autant que les limites de ceux qui ont été aux affaires et avec lesquels il a travaillé, il ne se résigne pas non plus à trouver satisfaction dans tel ou tel programme de camp. Mesurant combien notre société multiculturelle, injuste et caricaturalement mondialisée, souffre aussi bien des impasses de l’angélisme que des progrès de l’inégalité et des dangers de l’autoritarisme, il voudrait contribuer à un réalisme sans démagogie.

 

Partie de ses archives est déposée dans les Fonds d'Histoire contemporaine de la Fondation des Sciences Poltiques (cf. liens).

 

Il a publié sous d'autres noms que celui sous lequel il a signé des ouvrages fondamentaux que furent "le gouvernement et l'administration de la France" (1967), "la France décentralisée" ( 1984), "Les Dom-Tom" (1994)  : le pseudo de Serge Adour correspond à l'époque de la guerre d'Algérie et à une grande série de papiers dans Le Monde en  1957 , celui d'Olivier Memling au recueil de poèmes et chansons "Sablier " (couronné en 1980 par l'Académie Française et référé, dans l'histoire littéraire du XXeme Siècle de Hachette) celui de  Gérard Olivier à son analyse dans de  grands quotidiens de la décentralisation en 1981/82; celui de Solon  (malheureusement partagée par erreur avec d'autres auteurs) à la publication en 1988 de "la démocratie absolue" . Cessant de vivre un peu masqué, il retrouve son nom en 1998 pour "Trois Illusions qui nous gouvernent", puis en 2000 pour "Bulles d'Histoire et autres contes vrais " (série de coups de projecteurs sur quelques apects du dernier demi siècle qui seront souvent repris ci-dessous), ainsi que pour de  nombreux articles dans  diverses revues. EN 2009, il est revenu sur la guerre d'Algérie avec le roman ( Ed. Baurepaire) "La course de printemps". Il prépare "L'évolution des rapports Gouvernés /Gouvernants sous la Veme République :entre absolutismes et renouvellements?"

Archives

Articles RÉCents

22 février 2008 5 22 /02 /février /2008 19:27

Il ne faut pas pourtant être grand clerc pour constater que  la désindustrialisation par vagues successives depuis plus de trente ans est en route, creuse notre pays comme des rouleaux une cote friable,  et que ces vagues englobent aussi bien des services.

Voilà qu'un grand clerc ( E. Cohen, mentor des pauvres pouvoirs au sein du Conseil d'Analyse économique - comme tant d'autres Fitoussi attachés à quelques leviers dont l'efficacité n'a guère été validée et ayant tous en commun d'avoir répudié les idéologies pour l'idélogie unique du système mondial)   in le Monde électronique du 21/2) semble découvrir la lune et nous inviter à côté de son téléscope qui est encore bien brouillé ou impuissant.

Le néophythe qui paraît nous parler  en est à constater qu'il ne faut pas s'attacher aux délocalisations "strico sensu", mais à des phénomènes d'effets comparables (approvisionnements d'ailleurs ou exportations depuis ailleurs sous des marques"françaises" , etc.. sans que soit encore bien claire la conscience qu'est délocalisation de fait et pertes d'emplois en conséquences tout ce qui est localisations préférentielles d'activités hors du sol national, y compris ab initio ( le rapport Brunel à l'AN était plus clair et conscient que Cohen).

Notre auteur reste d'un opimisme relatif étonnant sur l'avenir de nos branches industrielles les plus vulnérables, y compris l'automobile et nous sommes loin de la conscience qu'au moins en a GM ( cf notre papier d'il y a quelques jours : une solution pour faire face à la concurrence mondiale  l'alignement par le bas).

 Au moins une observation saine  : il n'y pas d'avenir même pour les services sans un minimum de socles industriels.

Quant à l'analyse approfondie des causes et quant aux propositions de réponses effcaces, on reste sur notre faim dans les brouillards habituels nous renvoyant donc certainement à  notre manque de compétitivité ou à nos spécificités, ainsi que sur la nécessité du haut de gamme par l'innovation et la recherche.

A quoi sert la recherche économique ? Quand elle cesse de rassurer, elle ne propose pour autant aucune mobilisation adéquate, intelligible  au grand public et utilisable par les politiques.

 
Rappelons la boutade du Général : " quand je veux des chercheurs, j'en trouve; quand je veux des chercheurs qui trouvent, j'en cherche".

Partager cet article
Repost0
16 février 2008 6 16 /02 /février /2008 18:49

Quand des esprits chagrins comme moi parfois l'annoncent comme conséquence inévitable du libre échange, ils passent pour des rabats progrès du capitalisme libéral social  mondial. Quand des firmes comme GM s'y préparent, on salue leur réalisme. C'est ce que fait Favilla dans les Échos du 15 février par l'article ci dessous ( que je pense pouvoir reproduire puisque les Echos l'ont mis sur le net ).

 

Et effectivement dans le cadre du libre échange sans régulation, c'est ça ou la fin de l'industrie automobile occidentale. Je l'ai déjà écrit notamment dans l'article donné en 2005 à"Passages" et déjà reproduit sur ce blog.

 

Quel est à cet égard la philosophie de l'Union Européeenne? Préfère-elle l'import des produits ou le déclassement des travailleurs? De bas prix sans emplois ou des emplois hors  prix  du  travail ? NI le niveau d'activités, ni le soutien par la consommation ( mais les marginaux ne constituent-ils ce volet d'ajustement négligeable? ) n'y trouvent, dns un cas ou l'autre gère leur compte.

Pour autant  les firmes productrices et qui perdent de l'argent  n'ont pas tort. il n'y a que trois réponses : ou baisser drastiquement le coût du travail, ou produire et employer ailleurs, ou réguler le commerce mondial.  Comme il n'est pas un responsable public présidentiel ou de gauche pour rechercher comment on peut correctement gérer la troisième voie, elles n'ont que les deux premières. J'ai été employé pour le savoir en gérant le textile. Dès les annnées 84 nous avons importé, délocalisé, localisé ailleurs,  à une époque où l'on pouvait encore un peu péréquer entre les bas coûts externes et les coûts internes. Avec l'erreur d'avoir augmenté par les  erreurs d'analyse  de la RTT les coûts internes, de les avoir aussi alourdi des pressions fiscales résultant  d'une gestion laxiste de l'État et des collectivités locales  et sans avoir jamais retouché le libre échange mondial que dans le sens du grand large qui est celui du Titanic , nous nous sommes naturellement préparé à devoir battre en retraite ou à trouver chez nous des salariés au rabais.

Mais il y a peut-être un tiers chemin qui progresse dans l'imagination présidentielle française soutenue dans ce domaine au moins ( et quelques autres)  par quelques émissaires très "lisbonniens"  venus du Ps ; c'est "l'immigration choisie" qui consisterait à importer des salariés au tiers , du tiers monde logiquement. N'a-t-on déjà fait un peu ainsi au moment du démarrage des chaînes automobiles lors des années d'expansion des "Glorieuses" ( gloires des bidonvilles, des F 1,2,3 hlm surchargés et des foyers musulmans incluses ) ? Mais c'était une soudure  que nous avons surmonter - et assez dignement au fond -  dans un autre système, mais  qui débouche maintenant sur l'ingérable.

C'est celui d'aujourd'hui; celui, toutes choses égales en matière de libertés commerciale et d'implantations d'activités, des inévitables convergences. On veut nous faire croire depuis quelques années que ces convergences se feront par le progrès vers le haut des pays émergents ou des pays en retard de l'Union.

Non, elles sont programmées par la convergence vers le bas. Vive les salariés au tiers. C'est bien l'objectif de la "lutte finale" des réformaeurs du code du travail, et des régimes de rémunérations, de cotisations sociales et de retraites. La lutte des classes à l'envers. Pour le salut de tous, n'est-ce pas ?


  

La dure loi de l'alignement 

General Motors, qui vient d'essuyer un déficit historique de 38,7 milliards de dollars, a adopté une stratégie lourde de signification. Après un premier plan de départs volontaires lancé en 2006, le champion automobile américain en annonce maintenant un second portant sur 74.000. Sans préjudice de diverses autres mesures de rationalisation et de redéploiements géographiques, ces mesures spectaculaires visent avant tout à retrouver la compétitivité par une réduction prioritaire des coûts salariaux. Au coeur de cette situation d'urgence - également subie par nos propres industries européennes - se trouve leur disparité avec leurs concurrents des pays émergents aux salaires bas et aux garanties et avantages sociaux misérables.

La décision décapante de GM tient à ce qu'elle répond ouvertement au défi. Ces vagues de départs, qui ne sont pas jusqu'à présent des suppressions d'emplois, ne visent pas en effet au repli du groupe, mais à contre-attaquer sur le terrain même de l'adversaire. Le plan est explicite : il consiste à diviser par trois la rémunération horaire globale, de 75 à 25 dollars, prestations sociales comprises. ( c'est nous qui surlignons Les salariés qui partiront sont en effet bardés de conditions salariales et globales spécialement avantageuses ; ils seront remplacés par des salariés « moins chers ». Il faut saluer le pragmatisme qui, à défaut de s'aligner sur les conditions sociales indignes des ouvriers chinois, cherche du moins à réduire l'écart par une nouvelle génération d'ouvriers moins payés et moins bien couverts.

Dans sa cruauté apparente - on est loin de nos régimes spéciaux, de nos contrôleurs aériens ou de notre imprimerie nationale -, la décision de GM a le mérite de poser clairement le problème de l'alignement. Dans un marché complètement mondialisé, le marché du travail s'internationalise lui aussi. Les avantages sociaux de l'Occident y deviennent un handicap, comme autrefois les richesses des empires constitués désarmaient leurs troupes face à des envahisseurs affamés. Dans l'attente d'un alignement par le haut (conquêtes sociales en Chine ?), il faut se résoudre à celui par le bas. Ce diagnostic serait désespérant s'il n'était dû en partie à une application bancale de la loi d'alignement général. En vertu des principes sacrés de la concurrence et de la non-discrimination, les autorités commerciales mondiales pratiquent en effet une exclusion sourcilleuse de tout ce qui pourrait passer pour une mesure de protection. Mais cette politique du renard libre dans un poulailler libre a pour principal effet d'aligner sur des principes égaux des concurrents inégaux, la prime allant non aux plus performants, mais à ceux qui sont socialement les plus retardés. Combien de General Motors faudra-t-il encore pour que les responsables, tout enivrés par les débordements financiers, se penchent sur les conditions de la concurrence dans l'économie réelle ?



Partager cet article
Repost0
22 décembre 2007 6 22 /12 /décembre /2007 15:37

Voici près d'un an que par touches successives et, parfois, par des articles de fond, je dessine ce que pourrait être le contenu d'une plateforme stratégique pour notre société. Avant d'y venir comme je  le souhaite   en trouvant le courage d'esssayer les simplifications indispensables, je tiens à faire quelques observations élémentaires

  L'esquisse que je voudrais tenter ne devrait rien copier ni des clichés, ni des angelismes, ni des remords qu'accumule une "gauche" qui paraît découvrir une "économie de marché" qu'elle n'a jamais mise en cause de longue date, avec la contradiction, pour autant, de rarement savoir parler aux entreprises. Quand parviendra-elle enfin à comprendre ( ce qu'elle sait peut être sans quon le perçoive bien ) et, surtout, à afficher qu'une "économie de marché"  satisfaisante - c'est à dire ayant les moyens dêtre une "économie sociale de marché, sans que son accompagnement social soit insupportable pour les entreprises soumises à la concurrence mondiale  - c'est avant tout une économie qui  fonctionne de telle sorte qu'elle assure des marchés pour ces entreprises et leurs salariés et des marchés dont la mise en oeuvre s'effectue largement  sur lnotre  territoire  pour y maintenir et y engendrer le travail que chacun souhaite, en sachant que s'il y a l'activité nationale, il y aura toujours, fut-ce au prix de conflits féconds,  des facultés de bon compromis social.

L'économie et le politique continuent irrévocablement à se tenir l'un l'autre dans les périmètres de chaque Etat nation même si on les dit dépassés. Pour une raison très simple. C'est que le pouvoir politique, par le vote des électeurs en chaque pays,   fait l'objet de dévolution exclusivement au sein de chaqué périmètre national, même si ses tenants le déléguent ensuite à des autorités européennes ou supra nationales. C'est donc seulement le  succès économique et social, pouvant être générateur  d'emplois et de capacités de régimes de garanties  et de promotion sociale dans ces perimètres nationaux qui peut conférer le pouvoir ( quoiqu'ils en fassent après) aux uns ou aux autres. 


Mais le paradoxe tient à ce que ce succès ou cet échec ont deux trousseaux de clefs et qu'un seul de ces trousseaux est en permanence exhibé  et expliqué aux électeurs. Les deux trousseaux sont l'un l'ensemble des régles du jeu économique et social définis au sein de la Nation, que ce soit par la loi ou par les voies contractuelles. Le second trousseau est constitué - dans le cadre des données de base et des faits contraignants - de toutes les stratégies et décisions qui sont prises hors la Nation et qui s'imposent à elle, parce que la Nation d'aIlleurs, par des traités divers - dont au premier chef les traités  européens - les a intégrées à l'ordre français.

Tous les jours, presse, radio et télévision nous racontent ce qui se passe en France, plus ou moins bien, avec plus ou moins de lacunes et de hiérarchie dans la présentation des événements, du travail gouvernemental et législatif, des travaux des organisations professionnnelles et syndicales, etc. et des règles qui en ressortent. Même les   spécialistes du fait divers, parfois de l'intox, toujours du divertissement ne peuvent couper à un minimum d'informations sur les enjeux et les évolutions nationales, sur les réflexions, les orientations de tous nos acteurs  et comment en  étant inter-actives  elles engendreraient en défintive ce qui se fait.

Mais il est faux que ce qui se fait résulte vraiment  de ces rapports. Ce qui se fait en France même dépend en amont de ce qui a été choisi et appliqué
au niveau de l'Union Européennne : en matière économique, financière, commerciale surtout, dans de nombreux domaines gouvernés par le principe de la libre concurrence non faussée;  peu encore directement en matière sociale (car dans ce domaine  les États n'ont guère transféré leur politique sociale, voyant néanmoins ses capacités et ses obligarions largement  commandées par le résultat et les contraintes des abandons de souveraineté en matière économique).  Ce bloc de compétences liées par l'Europe est  le résultat considérable, en permanence augmenté et transformé des propositions très directrices et rarement mises en cause de la Commission, de ses négociations internationales, des décisions ainsi très préparées à l'avance  des Conseils des ministres  ( où, selon des évolutions incontournables et à certains titres normales, dès lors que l'on a imprudemment réalisé une extension géographique considérable, notre position est bien minioritaire et où la régle de la majorité s'applique  à des choses très importantes comme par exemple, de longue date, à la politique commerciale extérieure). Dans ces cadres nous avons plus le devoir de nous aligner sur les conformismes dominants  que la faculté d'inspirer ( encore qu'il faudrait les vouloir, comme pourtant les suggère Hubert Vedrine dans on remarquable rapport sur "la France et la mondialisation" ) des innovations. Un réel  rôle de conseil et d'influence  a été  acquis par le Parlement européen, mais il n'est guère mis sur la selette sauf dans quelques cas très particuliers. .

 

De tout cela nous ne savons pas grand chose. Nos médias grand public parlent bien des taux de change entre l'euro et d'autres monnaies et donnent couramment quelques indications financières et sommairement budgétaires. Pour le reste nous ne sommes pas, ou guère,  informés de ce que dans tous les domaines la Commission prépare, de ce que le Conseil des Ministres va voter, de ce dont le Parlement s'occupe. D'une part toutes ces infos vont à des cercles de spécialistes déjà convaincus et dont les vulgarisations sont aussi religieuses que des vulgates de la Bible.

D'autre part - et c'est sans doute le plus grave et le plus signifiant - les seuls domaines où un suivi de commentaires est assez largement donné est celui de la question monétaire ( taux de change, taux d'intérêt) comme si l'économie dépendait fondamentalemernt de tels facteurs. La place qu'on leur donne, le préjuge. Et certes l'économie européenne n'y est pas insensible, et certes il est antidémocratique que la banque centrale et non un pouvoir politique européen  ait, dans ces domaines,  les facultés de décision. Mais que
sous un angle global la capacité de notre économie soit regardée comme une dérivée de données monétaires ( et solidairerment que l'on laisse donc penser que la chance de croissance d'une part ou la menace d'inflation de l'autre, le résultat emploi et pouvoir d'achat en défintive dépendent de la politique  en ces matières)  est en soi, un choix idéologique crucial qui commande l'information sans qu'on en ait vraiment conscience. Cela veut dire que tout le monde et que tout  est traité comme si le monétarisme était la bonne théorie économique. C'est bien la religion opérante et les raisonnements qui s'en inspirent  sont la loi et les prophètes. En pouvant conduire d'ailleurs - ce qui montre bien le caractère idéologique du choix - à des conclusions inverses comme toute scholastique, puisque les uns disent qu'il ne faut pas réapprécier le dollar ( et d'autres monnaies) et que d'autres voient dans son niveau la cause de nos maux ... et le motif ( alors quon voit bien le poids d'autres raisons) de leurs délocalisations .

Toutes ces simplificayions sont des fautes de jugement .  Comme serait une faute d'utiliser aujourd'hui l'outil Keynésien pour inspirer des  leviers économiques. L'approche keynesienne est devenue aussi largement inutilisable  que le monétarisme est intoxiquant ; elle pouvait fonctionner dans des périmètres économiques et avec des échanges  ( physiques, commerciaux, financiers) maîtrisables, mais elle ne peut avoir la même efficience  dans un monde dérégulé où se développent au contraire des effets pervers de bien des actions fiscales, budgétaires et pour la consommation. Et l'une des illusions des politiques de rechange répétées sans imagination à gauche est de croire que la redistribution keynesienne est régulatrice. Les conditions des assainissements sont évidemment ailleurs et beaucoup plus complexes.

Trouver dans les anciennes approches une part des boîtes à outil, les marier à des analyses  amplement  renouvelées du fait du libre-échange quasi total  entre pays inégaux, de l'expansion quasiment sans progrès social des uns (les pauvres) grâce essentiellemment  aux marchés des autres ( les riches) , combiner ces constats planétaires avec une compréhension fine des disparités   intra-européennes, ouvrir des voies de conciliation d'intérêts par des négociations et des accords régionaux , en sachant apprécier ce que n'apportent pas ceux qui sont en vigueur ou envisagés, voilà symétriquement des chantiers dont on ne peut pas promouvoir l'informartion grand public.

 

Entre le silence sur les travaux de l'Europe alors qu'ils nous gouvernent et préparent concrétement demain, un silence combiné à des simplifications dangereuses comme de donner à penser que tout irait mieux si l'on pouvait réapprécier le dollar et faire de la relance keynesienne   (  il y a toujours des théoriciens  de l'avant dernière guerre économique) - entre donc la désinformation actuelle et l'impossible exposition au grand public  d'une  recherche économique pondérée ( cessant les stupidités héritées des "lois" 20%/80%, plus métaphysiques qu'économiques, selon lesquelles un seul facteur dominant expliquerait l'essentiel d'une situation), la demande démocratique minimale est que la presse, la radio et la télévision consacrent au moins de  petits crénaux  à décrire ce qui se passe et se prépare en Europe et quels raisonnements globaux inspirent ses travaux et ses calendriers économiques et sociaux.

Chute d'audience garantie ? décrochages assurés pendant ces quelques instants? Rien n'est sûr. Beaucoup de Français  almeraient bien  savoir " à quelle sauce ils pourraient être mangés". Et si on ne présentait  pas ce qui se prépare ( mais plus largment  qu'on ne le fit pour le marché de l'énergie, ou celui des transports, etc...) ne serait-ce la révélation d'une conspiration du silence et du divertissement.  Pour présenter simplement, ralpidement, intelligemment l'essentiel de cette info européenne économique et sociale , il ya des journalistes qui sont de bons pédagogues. Leur métier n'est-il de traduire des propos de technocrates  en "langage chrétien", intelligible à tous? Quant aux créneaux nécessaires, ils n'iraient certainement pas plus loin que ceux de la pub. Et pourquoi pas, comme elle dans certains cas, au milieu des émissions bien écoutées... pour éviter le décrochage. Mais qui paierait autant que la pub ? Pourquoi pas la puissance publique dans sa mission d'informer les citoyens? Et d'ailleurs l'Union européenne, voire quelques grandes organisations professionnelles  l'aideraient , encore qu'il faudrait alors  prendre quelques précautions pour éviter trop de propagande. Vraiment les Français ont le droit de savoir ce qui se passe et se prépare en Europe.
.




Partager cet article
Repost0
24 novembre 2007 6 24 /11 /novembre /2007 17:48
Pour ne pas tomber dans le piège de la mondialisation heureuse par les bienfaits du libre-échange, il faut garder présent à l'esprit en permamence trois données fondamentales  ( que nous avons déjà présentées mais qui sont, on le constate tous les jours, manifestement neutralisées dans l'esprit de beaucoup ds supporters de TINA ou de résignés au slogan : "there is no alternative" .


1 - La concurrence mondiale par les prix porte désormais sur la quasi totalité des types de services et de produits; elle ne conduit donc pas à la division internationale du travail d'autrefois, mais au siphonnage de la croissance et des pouvoirs d'achat des pays avancés par les "low costs countries" chez lesquelles se localisent  en nombre les  emplois correspondants, pour la plupart au prix dérisoire du travail dans le pays considéré.

2- C'est dire que ce déplacement de la croissance ne benéficie pas aux masses ( qui restent dans une pauvreté et une exploitation inimaginables)  des PVD et émergents, mais essentiellement à la marge de population associé à la direction , la propriété et les  bénéfices de leurs production et de leurs négoces. Aucune convergence par le haut  significative et massive des niveaux de vie  du "Sud" et du "Nord" ne peut donc être attendue comme effet du libre-échangeà un horizon crédible, avant qu'il ait achevé de nous rendre totalement précairess et vulnérables  , d'autant que lorsqu'une main d'oeuvre devient plus chère dans un pays progressant un peu il y est susbstitué des travailleurs de régions mondiales plus pauvres. De plus, la compétition des pays du Sud entre eux ( cf. sur le textile Afrique dfu Nord et Chine, ou la guerre des fruits entre pays tropicaux  ) les tire socialement vers le bas. Les bonnes âmes - généralement de gauche - qui sont prêtes à acccepter les sacrifices qu'entraîne la mondialisation pour aider "le tiers monde" confondent l"arbre et la forêt : quelques progrès ponctuels, quelque esquisse de "classes moyennes" avec en contrepartie, pour le plus grand nombre dans la trappe de la pauvreté, la perte des cultures traditionnelles de protection, les déplacements massifs de main d'oeuvre, souvent l'aggravation des situations précédentes.


3 - La raison en est dans le troisième élément fondamental caractérisant la mondialisation malheureuse. A la différence de l'expansion capitalistique de l'Occident appuyé certes par les débouchés coloniaux mais fondé pour l'essentiel sur  l'augmentation considérable de la demande interne, la croissance des low costs countries se fait à 8O/90%  par l'exportation
. , Elle consiste à aller cherher le pouvoir d'achat de pays riches, parce que leurs régimes politiques ou ploutocratiques ou les effets de leur dépendance vis à vis des économies encore dominantes du Nord ont empêché la naissance d'un véritable pouvoir d'achat interne dès lors que les niveaux  de rémunérations et les conditions sociales y sont maintenues comparables, sinon pires,  à celles qui prévalaient au début du capitalisme d'Occident.

Ce qu'a compris le capitalisme d'Occident ( aux Étas-Unis, puis en Europe) et ce qui l'a sauvé,  c'est que ses salariés étaient ses clients potentiels. Les marchés intérieurs porteurs sont nés et c'est sur ceux -ci que 
"le compromis social" a pu nourrir les entreprises et développer, dans une conciliation des intérêts, les niveaux de vie de tous. Aussi longtemps que les catégories  dominantes des PVD et émergents n'iront pas  ou ne seront pas poussés à une telle ligne de conduite, la structure économique du monde est porteuse de tous les déséquilibres et excès. Associées à une libération des échanges qui - pour les bénéfices  de quelques uns, et en pouvant dresser les uns contre les autres les intérêts des travailleurs des différents pays - a mis la charrue avant les boeufs. les structures sociales du Sud sont à la racine de l'éventail d'effets négatifs  que nous constatons dans toute la planète.

Cette situation durera aussi longtemps qu'il n'y aura pas obligation pour les low costs countries de faire évoluer leurs  structures sociales. Cette obligation a peu de chances de venir du succès de mouvements sociaux internes. Elle peut être recherchée à l'occasion de contrats commerciaux équitables entre 
pays du sud et du nord , tenant en particulier compte de clauses sociales et environnementales. Elle ne procédera réellement que de situations obligeant  les grands exportateurs du Sud à remplacer une part de leur export par du marché intérieur. Dicipliner leurs exportations par nos protections nécessaires, les y inciter en montant des mécanismes de compléments de prix compensant le niveau dérisoire de leurs salaires et charges de services publics ( soit, de leur part,  des taxes à l'export;  soit, de la nôtre, des  droits d'éntrée ristournés à des fonds de développement à leur profit) est notre devoir à l'égard de leurs populations autant que notre voie de récupération de chances de croissance nationale et européenne interne .
Partager cet article
Repost0
10 mars 2007 6 10 /03 /mars /2007 12:52

Voici le bon exemple d'un débat où l'on pourrait, à certaines conditions de bon sens, rapprocher les points de vue de "droite" et de "gauche".

La question bateau aux candidats est ; "doit-on augmenter le smic ?" et chacun s'en tire à sa façon. Or il est clair d'une part que ce serait équitable, d'autre part que c'est un risque sur la capacité de bien des entreprises.

Mais il y une bonne réponse conditionnelle : on le pourrait si notre capacité concurrentielle n'en était pas affectée.

Loin de penser que l'on puisse pour autant subordonner, d'une manière magique, cette avancée sociale à une meilleure sauvegarde de nos activités, par  des mesures néo-protectionnistes,  au regard des  prix de revient  des "low cost ciountries" - d'autant qu'il y a, parmi celles-ci, d'une part, celles extérieures à l'UE vis à vis desquelles, même si ce n'est pas envisagé, ce serait juridiquement possible par décisions à l'échelon de l'U.E. , d'autre part,  celles intérieures à l'U.E. vis à vis desquelles c'est juridiquement impossible - on peut néanmoins considérer qu'il existe une mesure efficiente de compétence nationale(cf note *) qui permettrait de mieux rémunérer les plus modestes des salariés,  sans se pénaliser. C'est la TVA sociale, qui serait efficace autant à l'égard des échanges avec les pays tiers, qu'avec les pays de l'U.E.

Elle consiste à tranférer sur une augmentation de la TVA une part du financement des garanties sociales qui pésent aujourd'hui à travers le coût salarial chargé, sur la production, donc sur les emplois et sur la capacité de les mieux rémunérer. sans augmentation des prix faits aux consommateurs pour les produits et services obtenus dans le territoire national, puisque l'augmentation d'une part du prix de vente ( par la TVA) est, dans cette hypothèse, compensée par une diminution du prix de revient ( la diminution des charges sociales). Avec deux excellents effets sur les échanges : les prix des produits français vendus à l'extérieur hors TVA diminueraient; les prix des produits importés augmenteraient à due prorportion de l'élévation de TVA.

Des propositions parlementaires, notament du sénateur Marini, soutenu par le Président Arthuis,  ont ouvert cette réflexion qui butte sur trois obstacles. Une espèce de principe de précaution ( modélisé par des simulations très contestables du minsitère de l'économie et des Finances -cf. sur ces propositions et études les dossiers dispsonibles sur le site internet du Sénat) à l'égard de tout ce qui pourrait sembler menacer la stabilité des prix et le pouvoir d'achat apparent ainsi que la croissance par la demande, alors que cette demande est syphonnée par l'import; un lobbying coulissier du négoce de grande distribution qui veut continuer à importer à bas prix des produits concurrents de la production française, ce qui lui assure de plus juteuses marges; un raisonnement archaïque de la gauche soutenant que la TVA qui pèse autant sur le panier des pauvres que sur les courses des riches serait en soi un impôt anti social, alors qu'en l'espèce c'est un moyen d'alléger les coûts du travail et, donc, dans certains cas, de le rémunérer mieux.

Voilà un exemple de mesures à portée de la main qui nous garantirait un peu contre les concurrences et les dumpings, mais qu'un double clivage d'intérêts d'une part au sein des entreprises ( entre production et négoce), d'autre part entre acteurs politiques ( entre ceux qui vivent de symboles et ceux qui cherchent le possible), nous a empêché jusqu'alors de prendre alors que certains de  nos voisins ont su le faire.

Oui, on peut augmenter les trop basses rémunérations si l'on sait sauvegarder notre activité nationale contre des concurrences externes abusives que l'on n'ose même pas freiner aujourd'hui par des mesures de bon sens.

 * en vertu de la VI eme directive européenne  sur la TVA,   si les diminutions de TVA sont subordonnées à l'accord européen - cf. l'affaire de la restauration - les augmentations de TVA n'y sont pas soumises, ce qui a permis aux Pays Bas puis à l'Allemagne de le faire.  
Partager cet article
Repost0
17 janvier 2007 3 17 /01 /janvier /2007 11:41


LIBRE ÉCHANGE OU JUSTE ÉCHANGE : POUR UN VRAI CO-DÉVELOPPEMENT


Le libre-échangisme international - c’est-à-dire la mise en compétition, essentiellement par les coûts, de sociétés de niveaux très inégaux– fait qu’aujourd’hui l’économie-monde est, sauf pour quelques bien placés, un système perdant/perdant :
 - Souvent soumis aux conditions draconiennes des institutions monétaires, les pays les moins avancés parviennent  d‘autant moins à sortir de la trappe de la pauvreté qu’ils sont obligés d’être ouverts aux produits importés et ne peuvent faire décoller leurs productions propres sous des protections qui leur seraient utiles, tandis que leurs exports sont tributaires des spéculations sur les grandes matières premières ou de concurrences déloyales de l’agriculture occidentale
-A la différence des Etats-Unis et de l’Europe qui ont construit leur capitalisme en constatant que les consommateurs de productions de masse ne pouvaient être  que leurs salariés et que de bons services publics et sociaux  nourrissaient aussi la demande, les pays dits émergents - sans  les charges ni de la protection des biens naturels, ni de larges services publics  - exploitent, malgré des progrès sociaux localisés et des classes moyennes marginales,  des main-d’œuvre maintenues dans de très maigres pouvoirs d’achat . C’est parce que t les « low costs countries »  trouvent  leurs gisements de consommateurs dans les pays riches externes : leur levier de croissance est essentiellement  constitué des exportations.
- Celles-ci ont d’abord abouti à faire largement disparaître dans les pays avancés les activités à dominante de main-d’œuvre, mais concernent aujourd’hui, hors la très haute gamme,  à peu près  tous les secteurs de productions de biens et d’offres de services proposés à des prix imbattables et désormais à des niveaux incontestables de qualité non seulement à nos pays, mai aussi à nos propres anciens clients en se substituant à nos propres exports. Les délocalisations ne sont qu’une petite manifestation d’une nouvelle division internationale du travail qui  fait choisir les low costs countries pour y localiser (ce qui représente annuellement un large multiple annuel des délocalisations au sens strict) de nombreux types d’activités, et ce qui  ne saurait être sérieusement réprimé car c’est la règle de survie que le système impose aux entreprises.
- Quant à la dégradation de la planète, elle est aussi largement causée par cette compétition mondiale. Aucun boy scoutisme sur le développement durable ne peut guère être efficace si, au lieu de chercher à traiter des effets, on ne s’attaque  à cette cause  initiale. La logique démago libérale trouve néanmoins dans le libre-échange l’arme atomique contre les velléités d’équité sociale. Sous l’apparence éthique de supprimer les protectionnismes qui enfermeraient les low costs countries dans leur retard, la concurrence sans frein  permet, au prix de l’esclavage de bien des travailleurs du Sud,  toute une zone de bas prix à la consommation qui aide dans nos pays à l’acceptation de leur conditions par les plus modestes et contribue au cantonnement du risque d’inflation redoutée pare les crédos monétaristes. Elle  pèse durement  pour minimiser les rémunérations des salariés et sous-traitants de nos pays. Elle oblige au cantonnement, voire à la  baisse des prélèvements sociaux et publics, et fait  donc obstacle à toute nouvelle  action financée par l’impôt. Elle entretient un chômage dont le coût élevé de couverture pousse à la réduction des garanties, ce qui est fait pour obliger les demandeurs d’emploi à reprendre du travail à des conditions dégradées. L’objectif affiché est en effet celui de la compétitivité par la flexibilité,  au prix de toutes les « ruptures » appropriées, ce  qui ne peut qu’aboutir à une baisse des moyens d’existence du plus grand nombre. Voilà qui  permettrait peut-être une mise à niveau de la France vis-à-vis de pays qui nous ressemblent  et qui  ont déjà fait la part du feu à la régression sociale  mais ne nous permettrait en aucun cas d’être compétitifs vis-à-vis des « low costs countries ».

En effet, l’idée qu’il puisse y avoir, avant bien des décennies,  une convergence par une augmentation de leur prix de revient est une très dangereuse  illusion entretenue par les bénéficiaires du système (les catégories privilégiées de tous les pays dont notamment le négoce international et les gestionnaires des flux financiers qui en résultent) : ploutocratie et/ou autoritarisme politique s’opposent d’autant plus aisément au progrès social et aux dépenses publiques dans des cultures traditionnelles de soumission et de résignation . Si des prix de revient en venaient  à trop  augmenter, il y a toujours une délocalisation vers des réserves (internes ou dans des pays encore plus dépourvus) de main-d’oeuvre très pauvre et « à merci ». D’ailleurs, la concurrence impitoyable entre low costs countries elles-mêmes fait que le système entretient une spirale à la baisse du prix du travail et du respect de l’environnement. Les dépenses collectives loin d’être pour l’intérêt général sont ciblées pour permettre des avancées dans la gamme des productions de haute valeur commerciale dès lors qu’elles ont des débouchés externes.

Le constat fondamental est donc que les coûts comparés ne permettent plus de localiser dans nos types de pays que des activités limitées : la haute gamme pour autant que nous gardions une part d’avance  par l’innovation ; le négoce (pour autant qu’on vende sur place et non de manière dématérialisée)  ; du BTP (pour la part qui consiste en montage in situ); les services « non délocalisables » (notamment à la personne, et le tourisme). Ces activités, d’une part, étant elles-mêmes sous concurrence des low costs countries d’ Europe récemment intégrées et, d’autre part, ne suffisant certainement pas à assurer un bon emploi, c’est quasiment partout que la logique libérale pousse dans le sens de rapprochements par le bas  dès lors qu’en cinquante ans l’U.E. a abandonné la préférence communautaire pour l’ouverture au libre échange.

Pour chercher à passer du libre échange au juste échange  par une régulation raisonnable du commerce international, on ne saurait pour autant  revenir à un protectionnisme classique ; le rapport de forces mondial s’y oppose et ce serait inéquitable vis-à-vis des pays du Sud. Pour ne pas spolier ceux-ci tout en sauvegardant par un renchérissement des importations, des activités des pays d’Europe, en  leur ménageant toujours des marchés dans les pays émergents, une piste créatrice a été proposée par certains économistes. Pour  apprécier la valeur du travail incorporé aux exportations des pays en grand retard social comme si elle  se rapprochait de la valeur du travail européen, leur  préconisation est de faire payer des droits sur les produits offerts à des prix de dumping  en  ristournant  leur contre-valeur à des fonds de développement pour les pays fournisseurs (c’est ce que les anglo-saxons appellent des « social taxes’ ). Un tel mécanisme leur garantirait autant de recettes d’export, mais leur ôterait l’intérêt de faire les plus bas prix possibles ; du même coup ils se verraient poussés à faire naître, comme EU et Europe autrefois,   en substitution à une part de leurs volumes d’exportations, un marché intérieur conséquent par augmentation du pouvoir d’achat salarial de leurs propres populations, ce que ces régimes ne considérés ne feraient  guère d’eux-mêmes sans telle incitation. ? Voilà ce que serait un vrai co-développement

C’est un mécanisme difficile à faire naître, car on imagine ses adversaires  mais non impossible  puisqu’il concilie beaucoup d’intérêts en présence. Encore faut-il une  volonté politique  pour soutenir une telle idée  et une bonne pédagogie pour la présenter à nos concitoyens et à nos partenaires. La campagne présidentielle ne devrait-elle pas être une bonne occasion pour cela ?

Partager cet article
Repost0
9 janvier 2007 2 09 /01 /janvier /2007 15:18
 Les plaisirs des fêtes sont passés. Il faut revenir aux enjeux. Dès le début ce ce blog,  j'ai présenté une analyse des localisations d'activités.  Je vous propose ci dessous une série de "papiers" qui en recoupent et, parfois, en répètent les réflexions. Par commodité, je segmenterai cet article dont le thème est - " Pour la sauvegatde de l'Europe et la promotion du Sud :le co-développement" - en plusieurs publications. C'est ausi une interpellation des politiques. J'espère vos réactions
 

                       


    VOICI DONC : RETOUR A LA STRATÉGIE ÉCONOMIQUE - 1 -
    PANORAMA SCHÉMATIQUE DES PRINCIPES  COMMERCIAUX MONDIAUX



La présente note ne peut avoir, au regard des composantes variées des questions évoquées, qu'un caractère schématique dont l'objet est avant tout de mettre en valeur les déterminants fondamentaux d'une stratégie, des études complémentaires étant disponibles si l'intérêt s?en manifeste.

 
1-    Le libre-échange est le principe de référence qui inspire la gestion commerciale mondiale. Sa mise en oeuvre est appuyée par l'Union Européenne. En effet, celle-ci, d'une part, a fait prévaloir l'ouverture sur la conception initiale de la préférence communautaire et, d'autre part du fait des élargissements, met en quasi libre communication des sociétés parvenues à des stades très inégaux. La conséquence ambivalente est d'ouvrir des marchés porteurs de certaines natures d'emploi et d'en faire perdre d'autres par substitution de fournisseurs dont les activités sont situées soit dans la nouvelle Europe, soit dans des pays tiers. Il n'y a guère d'intérêt, du point de vue de l'emploi, que la balance -  difficile à faire -  prenne en compte la nationalité des entreprises (car l'approche du nationalisme économique rend plus compte des facteurs de puissance que des effets sociaux). Ce qui compte, par contre, ce sont les flux de postes de travail que les localisations d'activités et origines de produits et services compromettent ou génèrent à l'intérieur  ou à l'extérieur de nos frontières. Le périmètre à considérer devrait aux yeux des maximalistes européens être celui de toute l'Union à l'intérieur de laquelle il n'y aurait « plus qu'un problème d?aménagement du territoire ». Mais, on doit constater - sans être pour autant « souverainiste » - que c?est au sein de chaque territoire national que s'apprécient les niveaux de vie et de chômage et que se déterminent des accompagnements de politique économique et sociale. C'est aussi  toujours dans le cadre national que se font le choix et la sanction du pouvoir politique . C?est donc bien   dans chacun des cadres nationaux qu'il est pertinent de faire des bilans, tout en réfléchissant à l'échelon du noyau de la vieille Europe dont, sous quelques variantes, les données structurelles sont à peu près homogènes.
 
2- A l'échelon mondial, le libre-échange comporte, à côté de facteurs de croissance, des résultats négatifs bien connus : bien des  pays du Sud sont dans la trappe de la pauvreté. Les pays émergents ( dont des modèles exemplaires ont été le régime Pinochet, puis la Chine capitalo-communiste) voient coexister de grands privilèges, des classes moyennes naissantes mais très marginales et des masses que même des régimes à volonté progressiste ne parviennent guère à arracher à la misère. Les pays développés sont très concurrencés sur des gammes de produits de plus en plus larges. Il était inévitable que la libéralisation des échanges suscite une Division Internationale du Travail  donnant  aux « low costs countries » la maîtrise des marchés de produits à dominante de coûts de main-d?oeuvre. Il est maintenant évident que les biens et services de moyenne gamme et très prochainement de larges segments de haute gamme peuvent être également proposés à des prix imbattables par de nouvelles puissances économiques. Celles-ci, d'ailleurs, exigent pour acheter chez nous de bénéficier des transferts technologiques qui leur permettront de réaliser demain des équipements qu'elles ne produisent pas encore. Dès maintenant, le résultat du libre-échange est que pour gagner des débouchés rémunérant bien notre haute valeur ajoutée, mais relativement peu porteurs d'emplois sur notre territoire, non seulement nous perdons bien des marchés intérieurs de grande consommation, mais aussi, ce qui est encore plus important, que des fournisseurs à bas prix se substituent aux nôtres sur les marchés tiers. Sauf lorsqu'on offre des spécialités très ciblées ( comme notamment l?Allemagne sait le faire), le noyau européen est de plus en plus court-circuité par une partie des échanges mondiaux.
 
3 - Les délocalisations ( des productions de biens, comme des offres de services)  ne sont qu'une manifestation marginale et incontournable de ces concurrences.  Le plus grave - et qui représente sans doute cinq à six fois ce que les délocalisations au sens strict font perdre - tient aux «non-localisations», c?est-à-dire à tous les arbitrages d'entreprises et de groupes qui consistent à créer l'activité ailleurs que sur nos territoires. La logique des coûts comparatifs  fait que seuls quelques segments  d'activités sont à peu près sûrs au sein du noyau d?Europe ; la haute gamme pour autant que nous gardions une part d'avance  par l'innovation ; le négoce (pour autant qu'on vende sur place et non de manière dématérialisée)  ; du BTP ( mais seulement pour la part qui consiste en montage in situ de composants largement venus d'ailleurs)  ; les services qui ne peuvent être rendus à distance, c'est-à-dire  « non délocalisables » (et surtout à la personne, pour autant que ce marché soit solvabilisé) ; les productions de communication et divertissement (pour la part où elles ne sont pas réalisées en externe) ; le tourisme (qui sera de plus en plus nourri par des visiteurs asiatiques ...mais il faut reconnaître qu'un tout petit pourcentage visiteurs sur les milliards d'hommes des pays émergents fait  certainement autant d'emplois que ceux qu?ils ont pris...).

4  - Comme on ne saurait affirmer que ces « niches » et « gisements » suffisent à  garantir un niveau souhaitable d'activité, l'obligation est, pour se mettre en état de compétition avec tous les autres fournisseurs, d'obtenir la flexibilité du travail et la réduction de ses coûts directs et  indirects, ainsi que le cantonnement de toutes les charges publiques pesant sur les entreprises et sur les investisseurs. La logique libérale veut que niveaux des rémunérations, volumes des garanties, charges des retraites, coûts des services publics soient minimisés et que les chômeurs soient de moins en moins bien couverts pour être obligés de reprendre du travail à n'importe quelle condition. Le chômage est d'ailleurs non seulement la variante d'ajustement de l'économie, mais aussi le climat de pression nécessaire à un rapport de forces entre salariés et sous-traitants d'une part, donneurs de contrats d'autre part soumettant les premiers aux exigences des seconds. En bref, tout ce qui par des prélèvements pèse sur les coûts de production doit, dans une économie libre-échangiste mondiale, être écarté sauf danger public trop grave. Tous ceux qui déclarent que pour régler telle ou telle question ( de banlieue, de logement, de justice, de prisons, d'éducation nationale, de formations, d'hôpitaux,  etc.) il faut faire mieux appel à des contributions publiques ne peuvent être pris au sérieux dès lors qu'ils ne proposent pas d'économies en contrepartie ou dès lors quils ne mettent pas en cause le libre-échange dont les contraintes en matière concurrentielle interdisent toute augmentation des prélèvements obligatoires. De la même manière qu'il discipline à la baisse les rémunérations occidentales, le libre-échange (assorti des offres alléchantes des pays les moins disants fiscaux pour attirer nos  sièges sociaux, nos établissements et nos plus gros contribuables ) est la bride radicale pour tenir et réduire les ponctions publiques, et donc interdire l'amélioration substantielle des services  financés par l?impôt.

.    5 -  A ce compte, une politique de logique libérale pourrait-elle obtenir des équilibres après encore plus de « ruptures » vis à vis de « l?État Providence » d'autrefois  ?  Il est possible que,  combinée à l?obtention de résultats par l'innovation  dans le haut de gamme,  à des créations d'emploi de services, à une part de protection fiscale de la production  ( par des points de TVA remplaçant  des charges sur les salaires et diminuant donc les coûts nationaux tout en renchérissant un peu les imports), une réduction des niveaux de vie des classes moyennes et une précarisation accentuée des plus vulnérables,  permettent, à l'image ce qui s'est fait dans certains États européens, qu'une bonne croissance soit achetée par des sacrifices du plus grand nombre et par de fortes inégalités qui sont le ressort indispensable d?un financement privé de l?économie. Il n'est même pas exclu que cette croissance autorise, comme sécurité politique, une assistance minimale aux exclus, pour autant que « les pourvus » acceptent une certaine dose de prélèvements.

Mais cette  fuite en avant dans le libéralisme se vivrait sous une triple menace . Il y aura le chantage des « pourvus » pour toujours accepter moins de contributions et recevoir plus d'allégements . Les réformes qui pénaliseraient nombre de citoyens entraîneraient une répression très autoritaire des mouvements sociaux, des désordres publics et favoriseraient des ressacs extrémistes. Quant à  l'impératif de toujours plus comprimer les coûts, plus réduire les charges des entreprises et investisseurs, il conduirait au moins à la diminution des rémunérations de beaucoup (comme c'est déjà constaté  actuellement) et à la mise en cause ( comme en Allemagne ou dans les pays  scandinaves lorsqu'ils passent à droite)  des taux de couverture et durée de la protection contre le chômage. Des atteintes profondes  au niveau réel de biens d'autres prestations ( maladie, comme on le voit déjà ; retraites -  comme le prépare des travaux actuels non pas sur les durées de cotisations dont l?allongement est incontournable, mais sur les versements aux ayant-droits - ) font partie d'un tel système.


Ce modèle nous permettrait au mieux de tenir la comparaison avec des pays européens de même nature que le nôtre et de pouvoir supporter, par des compensations commerciales sur certaines lignes de produits, les effets de l'entrée dans le marché unique de pays européen à bas coûts de production qui s'octroieront naturellement les segments à dominante de coûts de main d?oeuvre. Mais deux graves limites sont évidentes :

- À supposer que l'offre d'un million et demi ( au mieux) d'emplois potentiels qui existent dans l'économie française, si celle-ci bénéficie de toutes les flexibilisations,  soit couverte, il manque encore presque autant d'emplois pour faire face à la demande potentielle qui n'est pas au niveau du chiffre officiel du chômage, mais  proche de son double si l'on tient compte des radiés, des préretraités, des stagiaires, des travailleurs à temps partiel. Il continue donc à manquer au moins 1 million de postes de travail.  L'intérêt d'ajuster l?offre et la demande de postes de travail  ne peut occulter  le besoin fondamental qu'il soit offert  plus d?emplois.  Quand l'industrie  est en déclin, que les services sont  surtout des pourvoyeurs de temps partiel, que les moyens du secteur public ne  lui permettent plus d'embaucher, il est bien clair qu'il n'y a que des marchés reconquis ou renouvelés pour restaurer l'emploi et  ces marchés ne peuvent être garantis ou trouvés que dans une autre donne de la relation commerciale internationale.
 

-Or, tenir, au prix de la régression sociale,  la compétition avec les pays européens qui nous ressemblent est peut-être possible mais il est improbable qu'il en soit de même envers les « low costs countries ».  Ce sont nos défis mondiaux parce qu'on ne peut pas combler le gap des coûts et parce que ces  pays émergents sont déjà et seront de plus en plus capables de produire beaucoup moins cher que nous tous équipements, biens et services. Ils montrent bien qu'ils sont aptes  de le faire à des niveaux de qualité incontestable par des hommes compétents et motivés, disposés  à travailler à des conditions très modestes pour assurer leur survie et leur progrès, généralement sous des encadrements traditionnels, culturels ou politiques assurant leur dévouement, leur résignation, leur soumission.  La relation concurrentielle France /low costs countries ne sera jamais comme la relation France/Allemagne ou France/Espagne, ou France/États-Unis, etc.

6 - C?est une illusion - entretenue par ceux qui ont intérêt au système libre-échangiste - de croire  qu'il puisse y avoir une convergence des coûts entre les « low costs » pays et les pays avancés:
-Les low costs countries ont pour principaux fondements : des prix du travail qui sont des prix d'esclavage, la faiblesse des garanties sociales, la médiocrité des services publics, l'absence de sauvegarde de l'environnement, la consommation sans retour des biens naturels,  l'autoritarisme politique exercé par des ploutocraties ou des nomenklatura.
- Alors même qu?il peut y avoir des avancées locales et circonscrites de conditions des rémunération et de garanties sociales, elles ne sont pas à l?échelle des enjeux et la naissance même de classes moyennes très marginales ne change pas le prix de revient global, mais aide au consentement aux régimes en place.
- Au demeurant, si le prix de revient vient à trop  augmenter, il y a toujours une délocalisation vers des réserves ( internes ou dans des pays encore plus dépourvus) de main-d'oeuvre très pauvre à merci.
- D'ailleurs, la concurrence impitoyable entre low costs countries elles-mêmes (par exemple entre Asie et Maghreb pour le textile, entre Afrique et Amérique du Sud pour les fruits tropicaux, etc.) fait que le système entretient une spirale à la baisse du prix du travail et du respect de l'environnement.
- Les dépenses collectives, loin d'être pour l'intérêt général, sont ciblées pour permettre des avancées dans la gamme des productions de haute valeur commerciale dès lors qu?elles ont des débouchés externes. On est loin des coûts de « l'efficience économique globale » recherchée et obtenue en Occident moyennant un niveau général élevé d'éducation, de formation, d'infrastructures, de prestations  publiques, de culture générale, de services sophistiqués à la disposition de tous,  etc..  

Il faudrait bien des décennies pour avoir un rapprochement significatif de tous les facteurs des coûts comparés. L'épuisement de l'énergie fossile mondiale arrivera avant et l'on peut pressentir que c'est plutôt tel épuisement, avec la remise à plat des questions de transports, qui redistribuera les cartes.


7? Les pays avancés se sont très bien accommodés de ce système pour  des motifs se confortant les uns les autres. C'est d'abord l'intérêt du négoce (pas seulement des grands groupes,  mais de tous ces importateurs qui vont presser leurs fournisseurs asiatiques de baisser encore plus leurs salaires). Ces négoces font leurs marges sur les différentiels de prix d'acquisition et de revente et, tout en laissant un certain avantage aux consommateurs, y trouvent des gains sans comparaison avec ce que rapporteraient des approvisionnements qui auraient lieu en pays socialement correct. C'est dans la logique de la lutte  pour les plus bas prix possibles, au nom de la précaution contre l'inflation et au nom du pouvoir d'achat . C?est toujours politiquement payant, alors que des prix cassés par l?importation fabriquent des chômeurs par élimination des productions nationales identiques et diminuent de fait le pouvoir d'achat sécurisé global. Prenons garde au thème si électoral du pouvoir d'achat. C'est encore plus dans les pays concurrents à bas coûts qu'il en faudrait (cf.infra) plus que chez nous, si c'est sans précautions. La relance, la croissance par la consommation sans encadrement des flux a engendré bien des déceptions. Le libre-échange  a enfin sa bénédiction « morale » : on doit s'ouvrir au sud pour lui donner ses chances et ne pas enfermer le « tiers monde » dans sa misère. Non seulement le « protectionnisme » serait contre-productif pour l'économie marchande, mais encore punitif pour les pauvres du monde. C'est bien d?ailleurs là l?une des inspirations simplistes de certaines positions syndicales et politiques réputées progressistes.

(FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE)

 


Partager cet article
Repost0
4 janvier 2007 4 04 /01 /janvier /2007 21:13




RETOUR A LA STRATÉGIE ÉCONOMIQUE (II)


D’un même levier :
SAUVEGARDER L’EUROPE ET PROMOUVOIR LE SUD

8- En fait le problème se pose dans des termes complètement différents que tabous et aveuglements ont occultés ; la vraie question est que ces fournisseurs du sud ne vendent pas assez cher, ce qui va de pair avec trois phénomènes majeurs. Ils se substituent aux emplois des pays avancés qu’ils détruisent ce qui est largement inévitable, mais en le faisant si rapidement que les relais et conversions fonctionnent de manière trop décalée pour éviter les crises sociales. Ils ne nourrissent pas un marché intérieur qui devrait résulter d’autres allocations de ressources à leurs agents économiques et notamment par de meilleures rémunérations de leurs propres salariés, ce qu’empêchent les régimes politiques dominants ; et en conséquence, les systèmes considérés fonctionnent dans l’objectif premier des exportations.
 
À l’inverse, Etats -Unis et Europe ont historiquement construit leur développement et leur emploi en constatant que le pouvoir d’achat de leurs salariés était le bon ressort du capitalisme. Les pays de faibles rémunérations et garanties sociales trouvent au contraire  aujourd’hui le levier essentiel de leur émergence dans l’exportation vers des marchés riches de produits à très bas prix obtenus à des conditions humaines épouvantables. C’est dire d’ailleurs, en même temps, que c’est bien le type de gouvernance - souvent autoritaire ou oligarchique - de ces pays  qui est l’un des obstacles les plus sérieux à, tout ensemble, la régulation du commerce mondial, leur propre développement, la distribution plus juste des profits en leur sein et, du même coup, à l’augmentation progressive de leurs coûts de revient sociaux, laquelle est, sur la durée, la seule bonne réponse aux problèmes liés de pauvreté dans le « Sud » et de chômage et de dégradation sociale dans le « Nord ».

9 - Dès lors qu’il est improbable que les seuls services et l’innovation puissent compenser les pertes (et surtout les non-créations)  d’emplois  résultant de la logique actuelle de localisations des activités , dès lors, par ailleurs, que la progression vers des convergences de coûts ( salariaux, environnementaux, collectifs ) ne peut, à l’initiative des autorités des low costs countries,  venir avant très longtemps,  la seule piste de réponse, pour moins d’ iniquité dans leurs sociétés et pour nos économies dont les produits de haute gamme eux-mêmes (après les produits intermédiaires dont la construction automobile dans les dix ans )  sont susceptibles d’être bientôt obtenus à bien moindre coût ailleurs (ce qui ne dégage pas, bien sûr, de l’obligation de s’assurer toujours l’avance technologique, même s’il elle n’est guère massivement productrice d’emplois), est d’obtenir que les pays dits émergents cherchent leurs leviers autant dans leur marchés internes que dans leurs exports. Il conviendrait ainsi qu’ils augmentent solidairement de manière significative leur prix de revient et leur pouvoir d’achat. Comme leur structure oligarchique et la pression des concurrences de leurs semblables ne les y portent guère, il faut trouver un système équitable d’incitation en ce sens. La recherche consiste à diminuer - sinon pour tous, du moins sur certains produits (de diverses gammes) que l’on ne peut pas encore sacrifier - leur intérêt à proposer des prix de dumping (le rechange étant pour eux de vendre moins à l’extérieur, mais plus cher, et de vendre plus et plus diversifié à leurs propres populations).

A ce compte l’équilibre est possible : si pour acheter un bien de très haute gamme en Europe ( l’Air bus est l’exemple souvent invoqué), un  pays du Sud a besoin de réaliser un certain chiffre de ventes, il peut le faire soit en vendant beaucoup d’unités (par exemple d’informatique ou de textile) à très bas prix, soit en en vendant moins, mais  à un prix plus élevé. C’est notre intérêt pour l’emploi (sinon pour le pouvoir d’achat, mais celui-ci souffre aussi du chômage et peut être soutenu autrement que par la préférence pour l’esclavage de bien des hommes, femmes et enfants du Sud). Si la deuxième voie est préférée, le pays producteur aura la même capacité d’achat externe, mais perdra de l’activité interne, sauf à faire naître un marché intérieur par le progrès social, ce qui devient pour lui l’obligation qu’il ne connaît pas aujourd’hui. Telle est la voie à ouvrir, comme Etats-Unis et Europe l’ont fait naître dès la seconde partie du  XIXe siècle.

10 - Pour résorber le cycle vicieux né de différentiels de prix abusifs que rien ne pourra réduire à court terme, sauf d’improbables révoltes sociales dans les pays autoritaires à très bas niveau de vie, pour y voir naître un cercle vertueux de développement par le support du marché intérieur au moyen d’une augmentation des pouvoirs d’achat des populations locales (selon les modèles fordistes, keynésien ou rhénan) devrait-on pour autant concevoir une renaissance de protectionnismes, par exemple des renforcements  du T.E.C. ? C’est douteux et c’est difficile. La dominante politique de la Grande Europe est libérale, encore que le libéralisme interne n’aille pas forcément de pair avec le libre-échange externe ; mais les intérêts sont trop divergents pour que des consensus naissent en faveur de pures protections douanières. La politique commerciale se déterminant en Europe à la majorité qualifiée, sur proposition de la Commission et celle-ci étant détenue par des apôtres du libéralisme externe, il faudrait des crises considérables pour qu’un changement intervienne et il suffit de voir avec quelles prudences on a réagi à la vague textile chinoise pour comprendre qu’une évolution des esprits n’est guère possible. Alors même qu’elle adviendrait , il serait très difficile de passer aux actes. Les rapports de forces sociaux n’y sont pas favorables; l’OMC veille.

Quatre grands thèmes de lobbying pour la continuation du désarment tarifaire ont leurs armes toutes fourbies : c’est l’intérêt du consommateur parce que l’ouverture commerciale pèse sur les prix ; pour la même raison, c’est l’intérêt de la politique monétaire anti-inflationniste, ; c’est aussi l’intérêt du commerce d’export et des emplois qui lui sont liés : comment vendre nos airbus sans accueillir  tous les autres produits du monde ;  enfin les égoïsmes européens ne doivent pas s’opposer aux besoins des pays tiers pauvres ou en développement émergent. 

11- La voie d’une restauration de positions douanières appréciables dans le cadre d’un T.E.C. est improbable, condamnée avant d’être  essayée.  Mais il existe une possibilité de corriger à la hausse les prix de dumping dans le respect des intérêts de tous à condition de prendre les précautions nécessaires.

 (IL EST FAIT ICI REPRISE DE DÉVELOPPEMENTS INCLUS DANS L'ARTICLE DE DÉCEMBRE SUR LES DÉLOCALISATIONS ET LES LOCALISATIONS D'ACTIVITÉS)

Cette réponse de conciliation n’est ni celle du libre-échange sans régulation, ni celle du protectionnisme d’antan. Elle consiste à remplacer la conception de droits de douane (des tariffs) par des droits restitués (des duties) aux pays d’origine : un système gagnant/gagnant qu’avait proposé dès 1993 Maurice Lauré (cf. notamment, in Futuribles, mai 1993, « Les délocalisations : enjeux et stratégies des pays développés »). Le constat de base est que les perturbations résultent d’une sous-évaluation du prix du travail chez un certain nombre de fournisseurs dont le niveau social est extrêmement précaire : infernal et donc très  compétitif, d’autant que l’exploitation des hommes va de pair avec le même mépris démesuré de l’environnement. Dès lors que ces fournisseurs ont besoin de liquidités et de devises pour s’approvisionner dans les Pays Avancés, ils pourraient aussi bien les obtenir en vendant à ceux-ci plus cher moins de produits. Mais, il leur serait alors indispensable, pour soutenir  leur niveau d’activité, qu’ils développent très fortement leur propre marché intérieur par l’élévation du niveau de vie de leurs populations.  Ils s’y refusent aujourd’hui pour maintenir leur pugnacité commerciale et pour obéir aux pressions sur les prix qu’exercent de manière éhontée les acheteurs de la distribution mondiale, premiers responsables des enfers de l’Asie, comme de la dégradation des activités européennes. Il faut donc supprimer leur intérêt à produire à des prix aussi bas : en renchérissant certains produits à leur entrée en Europe, mais en garantissant des recettes d’exportation significatives aux pays fournisseurs et en faisant que ce soit au bénéfice de leurs populations.
 
C’est ce que permettrait le fait de substituer à des droits de douane, « confisquant la richesse à laquelle les pays d’exportation donnent naissance », des « droits restitués ». Ces pays auraient ainsi la possibilité de « retirer de leurs exportations vers les pays développés des possibilités d’importation aussi élevées que si le travail inclus dans leurs exportations avait été évalué au même niveau que celui des pays développés ». Les contre-valeurs alimenteraient des fonds ad hoc, permettant divers types d’utilisation. La première pourrait consister simplement en l’ouverture de droits de tirage et de crédits (modèle plan Marshall) et s’analyserait en fait en une subvention à l’exportation de biens d’équipements européens vers des pays émergents qui modéreraient en contrepartie  leurs volumes d’exportations en notre direction de biens sensibles. On voit quel débat s’ouvrirait sur le bilatéralisme et les réactions des E.U. et de l’OMC ! Une voie plus négociable serait de nourrir par les contre-valeurs des duties des fonds cogérés par l’Europe et les partenaires intéressés, pour le développement, la diversification des productions, la protection de l’environnement, la lutte anti-narcotique notamment et le progrès social des pays d’origine. Ces préconisations recoupent des réflexions d’ONG qui, pour inciter à un meilleur respect de l’homme au travail et du patrimoine naturel, ont suggéré, par exemple pour « moraliser » le marché de produits tropicaux, l’idée d’un système de « tarifs » modulés : préférentiels pour les produits bénéficiant de certifications sociales et d’environnement, mais pénalisant pour les produits n’y répondant pas, et incitant de la sorte aux normalisations. Le droit restitué y ajoute, dans l’attente de ces normalisations, l’intérêt d’une compensation collective des sous-rémunérations, voire des conditions misérables et parfois concentrationnaires dans lesquelles sont maintenues certaines des populations productrices de produits exportés.

Le « duty » à négocier, par production, entre l’UE et les pays intéressés, devrait être assez élevé pour avoir un sens, et assez bas pour ne pas tarir l’exportation :  en la calibrant dans le respect des débouchés équitables pour le pays d’origine (c’est à dire produisant au moins autant de recettes que plus de produits vendus moins chers) et, au moins pendant une période de transition, dans l’attente de conversions pour les producteurs européens des mêmes filières. Bien évidemment ce « duty » pèserait pour partie sur les marges de la production et de la distribution et/ou sur le consommateur européen. Car c’est bien l’option : ou celui-ci partage le bénéfice d’un bas prix mondial et la communauté à laquelle il appartient en assume les conséquences de chômage et de crise de société  ; ou, par un même acte de dépense, au demeurant marginale, ce consommateur européen à la fois aiderait au développement d’un pays du Sud et garantirait une part de son propre emploi. On ne peut pas gagner sur tous les tableaux. C’est bien une forme de choix de portée sociétale. Il faut savoir si la valeur travail/emploi est plus appréciable que la valeur de stimulation de la consommation. Un tel montage est difficile car contraire aux intérêts du négoce mondial trouvant appui sur l’OMC au nom du libre-échange, et sur l’UE au nom d’une politique de bas prix, tandis que les autorités des pays tiers y verraient une ingérence. De plus, malgré les prises de position de l’OIT, la communauté internationale répugne à pénaliser les méconnaissances des droits du travail par les pays bénéficiant des « schémas des préférences généralisées ». Toutefois, à la demande de certains États, comme de militants du « commerce équitable » et de partenaires cherchant des conciliations, les organismes internationaux ayant besoin d’une légitimité à l’égard des situations de pauvreté des populations des pays les moins avancés devraient devenir sensibles à l’intérêt de tels mécanismes d’ajustement. Le problème ne concerne pas seulement l’Europe, mais, à coup sûr, Etats-unis et Japon. La grande distribution américaine fait pression sur ses fournisseurs, met en chômage leurs salariés et leur fait faire faillite en s’approvisionnant désormais en République Populaire de Chine ( « RPC » devient la marque de distributeur de très nombreux produits sophistiqués grand public) . Comme le dit Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, « les États-Unis et leurs disciples sont en train de devenir des pays riches aux populations pauvres ».

Si des mécanismes d’ajustement ne viennent à concerner que certaines filières, on ne saurait en attendre plus qu’une perspective de soulagement, mais si des montages appropriés permettaient d’en élargir l’assiette, on pourrait y trouver les moyens d’une forme de solide co-développement entre les pays avancés et les low costs countries actuelles, avec l’objectif essentiel que ces pays cessent progressivement d’être à trop bas coûts !

  (FIN DE LA SECONDE PARTIE)
Partager cet article
Repost0
2 janvier 2007 2 02 /01 /janvier /2007 21:25




RETOUR À LA STRATÉGIE ÉCONOMIQUE (III)


L’INTERROGATION SUR LE LIBRE ÉCHANGE
UNE QUESTION INCONTOURNABLE
  DANS LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE


 
12 - Ces thèmes apparemment techniques sont de la plus grande actualité politique, mais ils sont encore immergés dans les tabous. C’est ainsi, qu’après une remarquable analyse de la portée réelle et très dangereuse des « non localisations » , le rapport de Chantal Brunel à l’Assemblée Nationale, présente toutes les réponses appartenant d’une part à la gamme des ajustements libéraux (« C'est un choix qui nous appartient si nous nous donnons les moyens de rétablir pleinement la compétitivité de notre pays, afin que la mondialisation puisse  réaliser enfin son potentiel et tenir sa promesse : un meilleur niveau de vie pour tous»), d’autre part aux nécessaires accompagnements publics (politique de l’innovation, fiscalité ad hoc, réforme des aides, transfert sur la TVA d ‘une part du financement des régimes sociaux,  etc), mais esquive le débat sur le libre échange par des propos de conclusion qui ne sont guère de prospective mondiale  mais un catéchisme de résignation tempérée par quelques pieuses corrections : « Livrée à elle-même, la mondialisation conduit naturellement à distinguer deux camps, celui des perdants et celui des gagnants, les seconds étant moins nombreux que les premiers....Une remise en cause globale de l'ordre du monde paraît improbable. Plus modestement, on pourrait imaginer la création d'une certification sociale européenne, qui garantirait au consommateur européen que tel ou tel produit a été réalisé dans des conditions minimales d'équité...Il faudra également favoriser l'émergence d'entreprises socialement responsables dont les pratiques s'inscrivent dans les règles éthiques reconnues et respectent des valeurs fondamentales telles que le non travail des enfants et des conditions sanitaires et sociales minimales et intègrent à leur stratégie des préoccupations liées au développement durable...Sur le long terme, l'indifférence aux conséquences sociales négatives de la mondialisation et à tout souci éthique ne pourrait que provoquer un fort mouvement en faveur du protectionnisme, le «remède » étant alors bien pire que le mal. »
(C'EST NOUS QUI SOULIGNONS)

On voit bien là le tabou dès qu’apparaît le mot « protectionnisme » qui ne nous semble pourtant pas une chose pire que le chômage et la régression.  Car il y a bien des protectionnismes différents. C’est à un « protectionnisme altruiste » qu’appelait Bernard Cassen dans un article in Le Monde diplomatique de  février 2000, en y reprenant notamment les thèses précitées de M. Lauré. Mais Attac doit faire peur à tout le monde . Ces thèmes n’ont même pas été évoqués  dans aucun des récents travaux sur les relations Nord-Sud, tel le « rapport Landau ». Quant aux échanges de vues en commission sur le rapport Brunel  ils ont été d’une pauvreté d’imagination ...inimaginable. Entre ceux qui, à droite ou au milieu,  se soumettent à l’ordre du monde par intérêt ou par résignation, et ceux qui, à gauche,  croient que l’on peut réprimer les délocalisations alors qu’elles ne sont pas la cause de la situation, mais la conséquence incontournable du système mondial dès lors qu’une entreprise doit survivre  - et qui ne mesurent pas l’essentiel : les non-localisations et les marchés externes impossibles - il n’y a guère eu de projection de la réflexion, peut-être – espérons-le – par peur des mots.

Puisque le terme de « protectionnisme » et même celui de « social taxes » (ce que  constitue le mécanisme des « duties » ristournés)  sont empreints d’une malédiction  au regard du savoir vivre diplomatique international,  choisissons de parler de « co-développement ». C’est ce qui pourrait résulter  de la construction d’une conciliation entre le besoin de sauvegarde, parfois de transition, d’activités européennes et le besoin de soutien des marchés intérieurs des économies du Sud. Sauvegarde des uns et soutien des autres  par le co-développement : une utopie créatrice ?

Dont il y a des points de départ dans les sédiments des programmes et dans les réflexions des candidats.  Dans le projet du PS, et dans ce qu’il contient de traces des exactes analyses de Laurent Fabius,  ne trouve-t-on pas, lié au demeurant aux thèmes de la réforme de la gouvernance mondiale, du commerce équitable et du financement du développement, les points de propositions ci-dessous qui révèlent une prise de conscience, mais qui nous semblent devoir être amodiés pour lier le renforcement du TEC à l’idée d’en ristourner les produits aux pays affectés ( sinon on mérite le procès fait au protectionnisme classique) : « Une meilleure protection de l’Union dans une concurrence commerciale désormais mondiale en établissant des règles sociales et environnementales applicables aux produits importés – ce qui suppose un débat sur les règles de l’OMC - et en unifiant la représentation de l’Union Européenne dans les institutions financières internationales. Il faut mettre en œuvre des instruments capables de mieux protéger l’industrie européenne et son avenir notamment contre les délocalisations extra-européennes. Cette exigence appelle un renforcement du tarif extérieur commun.(C'EST NOUS QUI SOULIGNONS) Enfin, nous devons être à l’origine d’un projet fiscal fondé au départ sur la détermination de règles d’harmonisation entre les pays de la zone euro, qui ouvrira la voie à un impôt européen ».

En attendant F.Bayrou- dont la recherche de rassemblement au centre est politiquement novatrice, tout en s’inscrivant dans un certain héritage gaullien, mais qui est bien discret sur les stratégies économiques - sur l’autre versant des familles politiques (ce qui montre bien que la question du système commercial mondial est un débat qui traverse les camps), certains conseillers (tel l’ancien commissaire au plan , H. Guaino qui milita en ce sens avec Philippe Seguin lors du combat contre Masstricht ) du candidat de la droite ont compris l’intérêt de mettre en cause « le dogme du libre-échange » à l’encontre du quarteron des libéraux classiques qui entourent le leader. Parions que si Nicolas Sarkozy perçoit combien un électorat populaire peut être sensible aux ravages du libre-échange, il tentera de capitaliser, mieux que tout autre n’a su le faire, les pressentiments, les réactions rationnelles, comme les peurs de bon sens, qui ont inspiré cette majorité de « non » lors de la consultation référendaire. Alors qu’elle semble plutôt méprisée par les candidats, personne ne devrait méconnaître que de mêmes résultats eussent certainement été obtenus ailleurs (sauf chez de grands bénéficiaires de l’U.E , comme Irlande, Espagne et Portugal), que dans deux pays, si des referendums avaient été partout mis en oeuvre. Et, lorsque, à gauche, J.P. Chevènement se rallie à Ségolène Royal, il faut penser qu’il a fait valoir à cette occasion, mieux encore que des demandes de circonscriptions, des thèmes de cette nature qui sont aussi proches de sa bonne analyse stratégique.

Ségolène Royal, d’ailleurs, en décembre, en Alsace, exprime un diagnostic dont le ton est tout nouveau. Ne s’est-elle prononcé contre une « Europe naïve »  qui « ne soit pas ouverte à tous les vents du libéralisme destructeur ». En appelant à ce que nous « sachions mettre en oeuvre des mécanismes acceptables qui  protègent notre industrie », à « utiliser tous les moyens pour protéger nos marchés, nos emplois, notre industrie tout en restant ouverts sur le monde, mais à armes égales », elle a bien posé la question de la conciliation entre la protection de l’Europe et l’ouverture. Peut-on en attendre comme un axe directeur de sa campagne qu’il faut assurer la sauvegarde de l’Europe et la promotion du Sud par le co-développement ? Quant à l’idée de «mécanismes acceptables » ne trouverait-elle pas une forme de suggestion dans les préconisations que nous avons présentées dans la ligne de Lauré et de Cassen.

13 – « Mécanismes acceptables », cela veut dire présentables aux Français, assurés d’être repris par qui représentera la France, et, enfin, négociables dans le champ international.

L’urgence est donc, puisque ce débat sur le libre échange doit être sur la place publique dans la campagne présidentielle  dès lors que celui-ci  commande  bien de nos facultés économiques et sociales, de savoir quel langage politique pourra ressortir d’un dialogue sur ce point stratégique entre les Français et les candidats  Ce thème - qui est populaire et qui doit encore plus être popularisé de manière pédagogique - doit se garder des risques de la xénophobie,  comme des complexités de la technique , pour faire tout simplement prévaloir l’idée d’une nécessaire régulation des échanges commerciaux  internationaux.

La garantie doit résulter de la confiance que les citoyens peuvent faire à qui prendrait des engagements en ce sens, de tout mettre en oeuvre pour les tenir durant son mandat

Convaincre les partenaires européens ne serait sans doute pas aussi difficile que l’on croit. La conscience est devenue forte des désordres qui s’amplifient et du lien entre développement durable et protection de la planète avec un tel besoin de régulation. Nombreux sont les rapports d’organismes internationaux, d’ONG  ou d’experts qui donnent les bases utilisables. L’OMC même évolue et l’OIT peut être un allié appréciable. L’élargissement est peut-être plus un atout qu’un obstacle : les nouveaux ont encore plus intérêt que les anciens à une sauvegarde vis-à-vis des pays tiers, puisqu’ils ont encore nombre de productions directement concurrencées par ces derniers. Lier la régulation à de fortes aides au développement du Sud et à une certaine démocratisation sociale des pays émergents peut être accueilli avec compréhension. À défaut, si on le veut, il ne manque pas de moyens de négociations à conditions de se protéger contre les intoxications du négoce mondial.

Enfin, en interne, c’est un enjeu qui dépasse les clivages politiques classiques. Les préoccupations des différentes catégories socioprofessionnelles sont liées. C’est un chantier où les intérêts des salariés, des indépendants et des entreprises convergent plus qu’ils ne s’opposent. C’est pourquoi ce ne doit pas être présenté – et ce fut l’erreur d’un candidat à la candidature – comme une politique indissociable d’une plateforme antilibérale de gauche, mais comme un rééquilibrage nécessaire du marché. La régulation indispensable du libre-échange inégal au profit d’un « juste échange » ne met pas en cause d’autres modalités de fonctionnement libéral de l’économie de marché, mais elle doit, au contraire, les tempérer et rendre un capitalisme raisonnable lui-même plus flexible à l’égard des impératifs politiques et des besoins sociaux et, tous comptes faits, plus équitable et consensuel.




Partager cet article
Repost0