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L'objet de ce site est de baliser par quelques souvenirs éloquents l'histoire récente et de faire contribuer ces expériences, par des commentaires d'actualité, à éclairer et choisir les changements, en s'interrogeant sur les propositions des politiques et les analyses des essaiystes. Donc, à l'origine, deux versants : l'un rétrospectif, l'autre prospectif.

A côté des problèmes de société (parfois traités de manière si impertinente que la rubrique "hors des clous"a été conçue pour les accueillir), place a été faite à "l'évasion" avec des incursions dans la peinture, le tourisme, des poèmes,  des chansons, ce qui constitue aussi des aperçus sur l'histoire vécue.

 

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L'auteur

 

DSCF0656-copie-1.JPGNé en 1933, appartenant à la génération dont l'enfance a été marquée par la deuxième guerre mondiale, l'occupation et la Résistance, l'adolescence par la Libération, la guerre froide, puis par de clairvoyants engagements pour les décolonisations, l'auteur a ensuite partagé sa vie professionnelle entre le service public (il a notamment été préfet, délégué à l’emploi, directeur des affaires économiques de l’outre-mer, président de sa chaîne de radio-télévision, RFO), l'enseignement et la publication d’ouvrages de sciences politiques (il est aujourd’hui membre du comité de rédaction et collaborateur régulier de la Revue Politique et Parlementaire). Il a également assumé des missions dans de grandes entreprises en restructuration (Boussac, Usinor/Sacilor), puis a été conseil d’organismes professionnels.

 

Alors que ses condisciples ont été en particulier Michel Rocard et Jacques Chirac (il a partagé la jeunesse militante du premier dans les années cinquante et fait entrer le second à Matignon dans les années 60, avant d'être son premier collaborateur à l’Emploi et pour la négociation de Grenelle et au secrétariat d’Etat aux Finances, il n'a suivi ni l'un, ni l'autre dans leurs itinéraires. En effet, dans le domaine politique, comme il ressort de ses publications (cf. infra), Gérard Bélorgey n’a rallié ni la vulgate de la Veme république sur les bienfaits de l’alternance entre partis dominants, ni les tenants du catéchisme du libre-échange mondial. Il ne se résigne donc pas à TINA ("there is no alternative" au libéralisme). Tout en reconnaissant les apports autant que les limites de ceux qui ont été aux affaires et avec lesquels il a travaillé, il ne se résigne pas non plus à trouver satisfaction dans tel ou tel programme de camp. Mesurant combien notre société multiculturelle, injuste et caricaturalement mondialisée, souffre aussi bien des impasses de l’angélisme que des progrès de l’inégalité et des dangers de l’autoritarisme, il voudrait contribuer à un réalisme sans démagogie.

 

Partie de ses archives est déposée dans les Fonds d'Histoire contemporaine de la Fondation des Sciences Poltiques (cf. liens).

 

Il a publié sous d'autres noms que celui sous lequel il a signé des ouvrages fondamentaux que furent "le gouvernement et l'administration de la France" (1967), "la France décentralisée" ( 1984), "Les Dom-Tom" (1994)  : le pseudo de Serge Adour correspond à l'époque de la guerre d'Algérie et à une grande série de papiers dans Le Monde en  1957 , celui d'Olivier Memling au recueil de poèmes et chansons "Sablier " (couronné en 1980 par l'Académie Française et référé, dans l'histoire littéraire du XXeme Siècle de Hachette) celui de  Gérard Olivier à son analyse dans de  grands quotidiens de la décentralisation en 1981/82; celui de Solon  (malheureusement partagée par erreur avec d'autres auteurs) à la publication en 1988 de "la démocratie absolue" . Cessant de vivre un peu masqué, il retrouve son nom en 1998 pour "Trois Illusions qui nous gouvernent", puis en 2000 pour "Bulles d'Histoire et autres contes vrais " (série de coups de projecteurs sur quelques apects du dernier demi siècle qui seront souvent repris ci-dessous), ainsi que pour de  nombreux articles dans  diverses revues. EN 2009, il est revenu sur la guerre d'Algérie avec le roman ( Ed. Baurepaire) "La course de printemps". Il prépare "L'évolution des rapports Gouvernés /Gouvernants sous la Veme République :entre absolutismes et renouvellements?"

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27 septembre 2015 7 27 /09 /septembre /2015 15:56

Je ne partage pas le rejet qu'exprime DLF pour les réfugiés

mais j'en partage une conception de l'État Nation telle que l'exprime le papier ci dessous de D. Jamet

Oui, la dislocation de grands États nations  est le prélude et le moyen de la prise de pouvoir d'une Europe apatride, constituée, loin des garanties et des péréquations qu'apportent des pouvoirs publics unitaires et un territoire indivisible, d'un puzzle de régions vivant des concurrences de  leurs  égoîsmes respectifs  .

Tandis que  c'est l'ouverture aux autres de nos grands États Nations qui devrait être leur avenir, leur gloire et leur honneur.

 

Il n’y a pas si longtemps, la géographie politique de l’Europe telle que l’avaient dessinée et stabilisée les siècles nous paraissait définitivement fixée. Quand, venant de France, on franchissait les Pyrénées par l’Est ou par l’Ouest, on entrait en Espagne. Lorsqu’on avait traversé la Manche, par mer ou, depuis peu, sous terre, on se retrouvait en Angleterre. A Barcelone, Saint Sébastien, Madrid ou Séville, comme à Manchester, Liverpool, Londres ou Edimbourg, on était à l’intérieur d’un même pays. Ces notions avaient la simplicité de l’évidence.

Etaient-elles trop simples ? Un même prurit de déconstruction et de reconstruction démange aujourd’hui la Catalogne, le Pays basque ou l’Ecosse et menace l’unité de l’Espagne comme celle de la Grande-Bretagne. Cette unité façonnée par l’histoire, héritée du passé, sur la base d’un destin partagé, de souvenirs communs, d’un même patriotisme, d’un même refus de se soumettre face à l’envahisseur, qu’il s’appelle Napoléon ou Hitler, est mise en péril par un indépendantisme à courte vue, fait de rancunes, de frustrations, de rêves de grandeur, de désirs de revanche mais aussi, il faut le dire, d’un solide et sordide égoïsme qui vise à dispenser les régions les plus riches de payer pour les plus pauvres.

Le vote qu’émettront aujourd’hui trois ou quatre millions d’électeurs catalans à l’occasion du renouvellement de leur Parlement autonome dira si la Generalitat fait un pas de plus sur la route de la sécession ou si, tous comptes et toutes réflexions faits, elle s’en tient à un avantageux statu quo auquel leurs parents et leurs ancêtres n’auraient jamais cru possible et même rêvé d’accéder.
La Constitution décentralisée de l’Espagne actuelle garantit à la Catalogne comme au Pays basque le respect de leur personnalité, de leur dignité, de leur fierté, de leur identité, de leurs particularismes linguistiques, culturels et autres et la gestion autonome de leurs finances. Faut-il aller plus loin ?

Le morcellement des grands ensembles qu’a si laborieusement bâtis l’histoire va dans le sens d’un fédéralisme supra-national, donc à proprement parler apatride, dont l’objectif est de faire éclater les solides structures qui ont fondé et perpétué les grandes nations du continent pour les réduire à une sorte de gélatine dans laquelle seraient taillés des sous-ensembles, prélude artificiel à des Etats-Unis d’Europe. La Grande-Bretagne serait-elle toujours grande dans l’hypothèse où l’Ecosse prenant le large elle ne serait plus qu’un Royaume-Désuni ? Sous couleur d’une dénonciation des abus du jacobinisme, une vaste offensive concertée, qui ne se limité pas aux deux pays pris en exemple, s’en prend à l’unité et à l’indivisibilité des Etats-nations.

Où trouver le juste équilibre entre les excès passés du centralisme monarchique ou républicain et l’émiettement façon puzzle de l’Europe ? On ne saurait trop méditer la superbe et fameuse apostrophe du grand écrivain et philosophe Miguel de Unamuno. Recteur de l’Université de Salamanque en 1936 et contraint d’assister dans sa ville conquise au banquet de la victoire phalangiste, il répliquait au général franquiste Millan Astray qui parlait de noyer dans le sang toute velléité autonomiste : « Une Espagne sans Pays basque et sans Catalogne serait comme vous, mon général, borgne et manchote… »
 

 

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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 10:29

Je fais relai ci-dessous à "Démocratie et Socialisme"

en y ajoutant quelques commentaires

 

Wolfgang Schäuble affirmait le 9 juillet, lors d’une conférence organisée par le Bundesbank à Francfort : « La soutenabilité de la dette ne peut être atteinte sans décote, le FMI a raison de le dire » avant d’ajouter : « Il ne peut y avoir de décote car cela serait contraire aux règles de l’Union européenne. » Et c’est ce dogmatique néolibéral, à la limite de la caricature, qui vient de l’emporter aux dépens du peuple grec.

Le gouvernement grec était totalement isolé dans sa lutte contre les « mesures absurdes » dénoncées par Alexis Tsipras.

Dès l’annonce des élections législatives en Grèce, le siège de la Grèce a été organisé. Le FMI et l’Eurogroupe ont suspendu immédiatement les aides prévues dans le cadre du 2ème plan d’aide. La BCE a refusé de verser les intérêts qui étaient dus sur les obligations grecques qu’elle détenait ( c'est moi qui souligne,près de 3 Mds d'euros).  Elle a mis fin à l’alimentation normale des banques grecques en euro. Le rôle de bras armé de l’Eurogroupe, joué par la BCE, s’est accentué avec l’annonce du référendum. D’un côté, elle orchestrait la « course aux guichets » des banques pour effrayer le peuple grec et le faire voter « oui » , de l’autre, elle refusait de relever le plafond des fonds d’urgence qu’elle accordait aux banques grecques et qui compensaient l’hémorragie de capitaux qu’elle avait sciemment provoquée.

Pendant ces six mois décisifs, François Hollande est-il venu en aide au gouvernement d’Alexis Tsipras ?

L’accord signé le 13 juillet par les 19 membres de l’Eurogroupe, dont la Grèce, est une double défaite. Une défaite pour la Grèce, une défaite pour l’Union européenne.

Une défaite pour la Grèce

Le contenu de l’accord du 13 juillet est pire que l’accord auquel le peuple grec avait répondu « non » à plus de 61 % lors du référendum du 5 juillet. Les dirigeants européens ont voulu faire payer à Alexis Tsipras son crime de lèse-majesté : ne pas respecter la diplomatie secrète et inviter le peuple grec à donner son avis.

Pour « rétablir la confiance » entre la Grèce et ses débiteurs, mise à mal par ce crime de lèse majesté, l’accord du 13 juillet impose un calendrier très précis pour la Grèce, très flou pour l’Eurogroupe.

Avant le 15 juillet : un texte de loi devra être voté par le Parlement grec, nivelant les taux de TVA vers le haut et une réforme des systèmes de retraite ainsi que l’introduction de coupes budgétaires quasi automatiques (c'est moi qui souligne =  le même système TSCG que celui auquel nous sommes soumis)  dans l’hypothèse de déviation d’objectifs d’ excédents primaires (excédents budgétaires avant le paiement des intérêts de la dette) , parfaitement irréalistes.

D’ici le 22 juillet, le Parlement grec devra voter une loi pour réformer et « dépolitiser » l’administration publique, réformer son système judiciaire civil et mettre en œuvre les règles de l’UE sur le renflouement des banques. Comme les déposants des banques chypriotes, il y a moins de trois ans, les déposants grecs vont faire la triste expérience qu’ils ne sont pas propriétaires des sommes qui figurent sur leurs comptes en banques, qu’ils ne sont que créanciers de leur banque et qu’à ce titre, ils devront participer à leur renflouement.

Il faudra, ensuite, fixer un calendrier précis pour mettre en œuvre toutes les réformes prévues par l’accord du 13 juillet : retraites, travail du dimanche (c’est une obsession ! + , c'est moi qui ajoute, cf. communiqué du Euro Summit  : démantèlemernt du droiit du travail , alignement des conventions collectives sur "les meilleures pratiques" reconnues par "les Institutions) , privatisation du réseau de distribution électrique, accélération des privatisations et mise en place d’un fonds indépendant, basé en Grèce, qui devra planifier la collecte de 50 milliards d’actifs. 25 milliards seront destinés à recapitaliser les banques grecques, 12,5 milliards à accélérer le remboursement de la dette et 12,5 milliards seulement seront destinés à l’économie grecque.

Une fois tout cela mis en place, les parlements des Etats européens qui doivent être consultés le seront. Ce sera le cas du Bundestag.

Ce n’est qu’à ce moment là que de véritables négociations pourront s’ouvrir. Il s’agira, alors, de négocier, de façon précise, le nouveau « mémorandum » imposé par l’Eurogroupe et qu’une nouveau plan d’ « aide » de 82 à 86 milliards, qui pourrait être débloqué en 3 ans par le Mécanisme européen de stabilité financière (MES) , pourra venir sur la table des négociations.

En attendant, il faudra mettre en place un « prêt relais » pour permettre à la Grèce de pouvoir rembourser la BCE en juillet et août ! Nul ne sait qui le mettra en place et quand il sera mis en place.

La restructuration de la dette publique grecque a été refusée alors que tous les économistes (y compris ceux du FMI) s’accordent pour dire qu’elle ne pourra jamais être remboursée. Alexis Tsipras n’a obtenu qu’un rééchelonnement de cette dette (allongement éventuel de la durée de remboursement, différé de paiement des intérêts) dont le calendrier n’est pas arrêté, tout en sachant que le dit rééchelonnement dépendra, selon l’accord du 13 juillet, « de l’application complète des mesures décidées dans le cadre du nouveau « mémorandum » …

Les 35 milliards du plan d’investissement ne sont qu’annoncés par Jean-Claude Juncker sans qu’aucun calendrier ait été défini. Il s’agit, de surcroît, d’un simple effet d’annonce puisqu’il ne s’agit que du regroupement de fonds structurels déjà budgétisés pour la Grèce sur la période 2014-2020.

Alexis Tsipras était arrivé à ces négociations, prêt à un « honnête compromis ». Il s’est trouvé placé devant l’exigence d’une reddition sans conditions. Il a préféré cette solution à une sortie de la Grèce de la zone euro, estimant, sans doute, qu’un « Grexit » aurait été encore pire, avec des dévaluations à répétition, une inflation importée considérable, une fuite précipitée des capitaux menacés, de perdre, en quelques mois, au moins 50 % de leur valeur…

Il reste maintenant à savoir si le Parlement grec et plus fondamentalement, le peuple grec accepteront une politique contre laquelle ils avaient voté à plus de 40 % en janvier 2015 et à plus de 60 % en juillet de la même année. Avec quelle majorité Alexis Tsipras pourrait-il gouverner ? S’il devait s’allier au Pasok, et à Nouvelle Démocratie, la victoire des néolibéraux serait complète, dans l’immédiat, du moins.

La Grèce ne sort pas de la zone euro mais c’est au prix de la poursuite de son effondrement

Les créanciers de la Grèce, l’Eurogroupe, n’ont tiré aucune leçon de l’effondrement de la Grèce. Les politiques de « réformes structurelles » et d’austérité vont écraser encore plus la demande privée et publique, alors qu’aucun plan massif d’investissement ne viendra compenser leurs effets. Le PIB de la Grèce ne pourra que continuer sa chute. Comme entre 2009 et 2014, les ressources fiscales vont diminuer même si la pression fiscale augmente. La dette publique, en proportion du PIB, va donc devenir de plus en plus lourde alors que l’Eurogroupe a refusé de restructurer la dette. La fiction bâtie en 2010, par Angela Merkel, à l’usage du « contribuable allemand » , d’une dette grecque soutenable, continue. Il s’agissait, à l’époque, de sauver les banques européennes et en premier lieu les banques allemandes et françaises. Il s’agit, aujourd’hui, de sauver Angela Merkel.

Croire que la Grèce a obtenu trois ans de répit est une illusion. La dépression économique, programmée par les mesures imposées par l’Eurogroupe, rendra impossible de dégager l’excédent primaire prévu par l’accord et il ne faudra que quelques mois pour que les créanciers refusent de débourser les sommes prévues par le plan d’aide, si de nouvelles mesures d’austérités ne sont pas adoptées. Le cercle vicieux mis en place en 2010 s’accentue.

La Grèce est mise sous tutelle par l’Eurogroupe qui devra donner son accord à toute mesure économique, sociale et financière prise par le Parlement grec. Comment, dans des circonstances aussi dramatiques, François Hollande a-t-il pu affirmer que « la souveraineté de la Grèce a été préservée » , et que « rien n’aurait été pire que de vouloir humilier la Grèce » ?

GB, J'AJOUTE  : LA VÉRITÉ EST QU'IL N'Y A AUCUNE DIFFÉRENCE ENTRE LE LANGAGE DE HOLLANDE ET CELUI DE WOLGANG SCHÄUBLE : LE PRÉSIDENT OBLIGE LA FRANCE À APPLIQUER L'IDÉOLOGIE ET LA POLITIQUE DU MIINISTRE ALLEMAND DES FINANCES .

Il serait difficile de ne pas donner raison au prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, lorsqu’il affirme que « l’Allemagne a porté un coup sévère et ébranlé l’Europe » ajoutant qu’il n’est pas possible de « gérer une zone euro sans un minimum de solidarité » et jugeant « déraisonnable » d’en demander « encore davantage » à la Grèce.

Alors que le vote du peuple grec du 5 juillet est considéré comme nul et non avenu et que la décision du Conseil d’Etat grec de déclarer anticonstitutionnelle la coupe de 1,8 milliards d’euros dans le budget des retraites semble n’avoir pas existée, l’Eurogroupe est suspendu à la décision du Tribunal de Karlsruhe et au vote du Bundestag sur l’ « accord du 13 juillet ». Selon que vous serez puissants ou misérables, l’Eurogroupe respectera vos institutions, votre Constitution. Une Europe, assise sur des bases aussi arbitraires peut-elle prétendre à un quelconque avenir ?

Une défaite pour l’euro et l’UE

L’euro n’est plus irréversible. La menace du Grexit a été brandie par l’Allemagne et ses satellites. L’euro n’est plus qu’un conglomérat de monnaies différentes portant le même nom. Les Chypriotes avaient déjà fait l’expérience qu’un euro chypriote n’avait pas la même valeur qu’un euro allemand ou français, les Grecs subissent la même expérience, dans les pires conditions.

Les marchés financiers spéculeront contre les titres de la dette publique de tout pays de la zone euro qui connaîtra des difficultés à rembourser sa dette publique, sachant que l’Eurogroupe n’est pas prêt à soutenir un seul pays de la zone euro sans le soumettre à ses remèdes qui sont pires que le mal. L’Espagne, le Portugal, l’Italie sont les prochains sur la liste.

Un autre prix Nobel d’économie, Paul Krugman affirme, à juste titre : « Ce que nous avons appris, ces dernières semaines, c’est qu’être membre de la zone euro signifie que les créanciers peuvent détruire votre économie si vous sortez du rang. »

Une Union bâtie sur la coercition, le coup d’Etat financier permanent ne pourra pas durer très longtemps. En six mois de résistance acharnée, Alexis Tsipras a obtenu une sorte de victoire : il a mis en évidence pour tous les peuples européens, la nature de la zone euro, telle qu’elle est aujourd’hui.

Le rôle de la France dans ce drame

François Hollande a agi pour que la Grèce reste dans la zone euro. Il s’est opposé à Angela Merkel qui avait adopté le point de vue de son ministre des Finances et décidé d’expulser la Grèce de la zone euro. Il a, de ce point de vue, aidé Alexis Tsipras qui souhaitait rester dans cette zone.

Mais, il n’a rien fait pour permettre à la Grèce de rester dans la zone euro en rompant, en même temps, avec une austérité mortifère. Yanis Varoufakis témoigne, qu’au final, Michel Sapin s’effaçait devant les exigences du ministre allemand des Finances, dans l’Europroupe.

Garder la Grèce dans la zone euro pour la clouer au pilori afin de montrer la punition qui attend tous ceux qui voudraient déroger aux politiques d’austérités et de « réformes structurelles » , ne peut, en aucune façon, être présenté comme une victoire de la Grèce ou de la zone euro.

Le Grexit n’est d’ailleurs que différé. Le premier ministre néerlandais Mark Ruttle annonçait déjà le 13 juillet : « Le Grexit n’est pas encore exclu. » Les conditions imposées par l’Eurogroupe peuvent difficilement conduire à autre chose qu’à l’effondrement de l’économie grecque et à une nouvelle augmentation de sa dette publique qui sera un prétexte à son expulsion de la zone euro.

François Hollande avait l’occasion de se battre réellement pour réorienter l’UE comme il s’y était engagé en 2012. Au contraire, l’UE a aujourd’hui un visage encore plus menaçant qu’avant la victoire de François Hollande et son acceptation, sans qu’un seul mot en ait changé, du traité Merkel-Sarkozy (le TSCG) qu’il s’était, pourtant, engagé à renégocier. Aucune solidarité n’existe dans cette Europe qui ne fonctionne plus que sous la forme d’un tableau Excel. C’est une Europe de la coercition qui ne laisse plus aucune place à la souveraineté populaire.

Les « pas en avant » dans l’intégration européenne que propose François Hollande ne pourraient, dans le contexte actuel, se faire à qu’aux conditions fixées par la droite Allemande (mais aussi malheureusement par le SPD) : toujours moins de démocratie, toujours plus de pilotage automatique, détachant toujours plus l’UE des peuples européens et la menant droit dans le mur.

 

Gérard Filoche & Jean-Jacques Chavigné.

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13 juillet 2015 1 13 /07 /juillet /2015 18:55

 

F. Hollande,  loin d'aider Tsipars,  a facilité que ses adversaires, sous houlette allemande,  majoritaires en Europe fassent à celui-ci des conditions méchamment aggravées pour lui tenir peut-être un peu la tête hors de l'eau par un plan d'aide qui reste au demeurant tout à fait conditionnel.

En effet la France, à son accoutumée,  s'est affichée en position  de faiblesse en redoutant l'implosion de la zone euro (alors qu'elle aurait du menacer d'une implosion si on ne l'écoutait pas convenablement) . Dès lors que son but déclaré a été,  non de trouver un compromis équitable,  mais avant tout que la Grèce reste dans la zone euro, ses partenaires ont bien compris qu'elle accepterait n'importe quoi pour assurer ce résultat. Elle a cru, dans une belle répartition  des rôles se donner le plus sympathique, conforme au souhait de l'européen Tsipars, le rôle des méchants revenant aux autres, mais Hollande a tellement fait pression sur le Grec pour  pouvoir le féliciter  de "ses choix courageux" qu'il a permis de faire payer très cher l'obtention de son obstination : une eurozone inchangée :  de le faire payer à Tsirpas qui, a du se soumettre sur le fond  à des conditions beaucoup plus dures que celles refusées par le referendum, sur la forme à une mise sous tutelle en faisant un "incapable" gouvernemental  ; de le faire payer à la France , en démontrant que c'est l'Allemagne qui avec deux fers au feu ( le grexit ou la capitulation ) avait toujours de dernier mot, qu'elle était le patron en Europe et que la France baladée devait dire merci : " nous sommes un couple indestructible ".

Or le "grexit" utilisé apparemment comme moyen de chantage, aurait bien pu être, tous comptes faits, plus avantageux que la mise en coupe réglée et sous tutelle avec des garanties pour les créanciers de se payer sur la bête si celle-ci  n'honore pas ses échéances,  en tirant sur un fonds monstrueux  (dont la gestion, à Luxembourg ou, aux dernières nouvelles,  non)  échappera à la Grèce,   de biens publics non précisés (!) à privatiser ( on sait que la privatisation est le gros plat préféré des libéraux et de leurs opérateurs du capitalisme financier mondial et qu'y obliger est, de plus,  une victoire idéologique contre la gauche, ce qui donne un vrai plaisir doctrinal).  

Mais ce "grexit",  il a surtout servi pour manœuvrer Hollande. Il n'était même pas nécessaire vis à vis des Grecs qui avaient  - et ont toujours -  un sac d'étouffement sur la tête : l'asphyxie du système bancaire et, en conséquence,  la fermeture de ses établissements paralysant tout le fonctionnement économique déjà mis à mal par les plans d'austérité.  

Il faut savoir que le problème d'une  sortie (volontaire)  de l'euro c'est moins le problème de la gestion sur la durée d'une nouvelle donne politique et monétaire, que le problème pratique quasi insoluble du fonctionnement du système bancaire pendant un certaine période de transition et que, si l'on s'est mis dans le cas grec,  on se trouve totalement infirme pour sortir sans catastrophe de l'euro, ce qui ne serait  concevable que si la BCE elle-même ne torpille pas cette transition.  Et en conséquence, autant que le maintien dans l'Euro, pour obtenir ce consensus, une sortie aurait un  prix sans doute d'autant plus élevé que la dette du sortant n'aurait guère de chance d'être bien honorée sur la durée. La leçon c'est qu'il faut toujours se trouver prêt à faire fonctionner sans besoin de la BCE, un shadow système bancaire également prêt à émetttre une monnaie de transition. Sinon, toute négociation de sortie est biaisée, et perdue d'avance.

En Grèce, malgré la réalisation du référendum dans des délais très brefs,  la clef du rapport de forces a été dans la faculté pratique d'asphyxie bancaire, ce qui a été aussi permis par le fait, que depuis des mois, les"faucons" ont joué la montre pour que le pays soit à bout. De plus, le supplément exigé de la Grèce en punition du referendum a bien été facilité par les proclamations françaises qu'il ne fallait surtout pas la voir sortir de l'Euro, car cela  nuirait gravement à l'Europe!

L'addition actée, la reddition faite, rien, pour autant,  ne garantit l'avenir puisque en plus de la soumission à confirmer du gouvernement grec, il faudra obtenir l'approbation de quelques parlements européens hostiles. Une bonne occasion  de relancer les enchères et les dés.

 

De toutes façons, les comptes de cette affaire sont loin,  bien loin d'être réglés avant qu'on n'en mesure, comme du Traité de Versailles, les effets pervers de "la Grèce paiera" ....

.... d'autant que l'on vient  de sanctionner très injustement une nation qui, piégée par l'impact de l'euro sur ses inégalités,  a certes eu des défauts de gestion  , mais que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale,  on n'a jamais  autant économiquement puni d'autres nations ou communautés qui furent pourtant  - elles - plus porteuses encore de drames et de crimes que de légèretés et de dettes , mais qu'au contraire on les a plusieurs fois aidées à se relever.  

Faut-il comprendre - oui bien sûr - que c'est pour faire un exemple de fusillé - s'il apparaissait d'autres Syriza.

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30 juin 2015 2 30 /06 /juin /2015 15:53

Jean-Claude Juncker, aurait  proposé lundi au Premier ministre grec, Alexis Tsipras, une solution "de dernière minute" comportant deux ouvertures : sur  le respect du niveau de petites retraites et sur la question de la "soutenabilité de la dette"... en échange de l'engagement du gouvernement grec à faire campagne pour le oui au référendum, a précisé une source de la Commission.

 

Quoique il s'en suive, il faut mettre en exergue que ces deux ouvertures n'ont été possibles que parce que le rapport de forces est si incertain que les Européens ont effectivement peur d'un grand "non", même si bon nombre d'analystes estiment que le "oui" l'emportera par suite du désarroi des milieux  sociaux grecs les plus modestes se réfugiant dans le fatalisme et les habitudes de céder aux puissants,  comme dans l'irritation de tout le monde de l'import/export et de bien d'autres commerçants et financiers , et par suite bien sûr du rôle des droites diverses qui sèment la panique en se voyant déjà revenues aux affaires à Athènes.

 

Voilà qu'une force populaire encore  au pouvoir dans un petit pays bien isolé, est  confrontée toute seule à la coalition de tant de medias, de  tant d'économistes ( sauf des deux Nobel, Stiglitz et Krugman qui, de même qu'un surprenant Langlet à saluer spécialement - mettent en exergue la responsabilité des Européens en cas de Grexit obligé), est combattue à mort par l'alliance des grands  prédateurs capitalistes de tout l'univers ( La Chine est bien d'accord avec l'Europe, sa complice commerciale permanente, pour  soumettre la Grèce à la compétition du libre échange) , tandis qu'il y a, envers un fidèle à l'UE, une réserve de la Russie (ne voulant pas se présenter en relai de financement), au point que ce gouvernment populaire est  sans aucun soutien dans le monde (sic et sans jeu de mots) . En France, ce pouvoir grec est sous le bombardement politique de ses ennemis de classe évidents tels que s'affichent, par la bouche de Sarkozy,  "les républicains" et il  a été  un peu victime des louvoiements politiques de cousins socialistes bien lointains qui ne vont pas se brûler pour les Grecs alors qu'ils n'ont rien fait pour les Français  et qu'ils laissent traîner l'idée que le défaut grec va coûter 600 eeuros/an à chacun d'entre nous (c'est un  mensonge, puisque la question de la dette grecque pourrait être pour partie traitée, comme l'a dit, pertinemment en l'espèce,  Mélenchon,  par des jeux d'écriture créateurs de monnaie européenne et , "sans danger pour quiconque" -  ce qui donnerait raison à Sapin  qui tient tellement à  rassurer  nos égoïstes concitoyens).

 

La  leçon grecque pourrait mal se poursuivre   si l'approbation de l'ultimatum  sacralisait les intransigeances européennes et plongeait le pays dans la pauvreté et la  servitude , comme elle pourrait comporter une belle nouvelle étape : celle qui ferait que seul contre tous, Syriza, par le declanchement du referendum (on attend toujours la publication officielle de l'ultimatum des créanciers, puisque cela doit fournir le meilleur argument de rejet)   pourrait obtenir  des conditions plus acceptables pour recevoir l'aide financière prévue et pour rester, selon son souhait,  dans l'eurozone.

 

Loin de conduire à une sortie de l'Euro et aux fléaux qui en résulteraient évidemment si  le pays n'était pas accompagné pour réussir cette sortie,  un NON franc et massif contre le plan des créanciers  - qui seraient obligés dès lors de l'amodier profondément  (comme Juncker vient de montrer qu'ils y étaient déjà obligés d'y penser pour ne pas voir l'Eurozone mise à mal) est le seul moyen pour la Grèce de rester dans l'Euro en n’étant pas mise à genoux et très maltraitée .  

 

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29 juin 2015 1 29 /06 /juin /2015 11:15

De tous les éléments d'information et les commentaires qui fleurissent sur le bras de fer entre les Institutions et Syriza, l'Europe secouée par la décision grecque d'aller au referendum, et  se livrant à toutes les manœuvres pour se sortir victorieuse contre une telle dissidence,  a manifestement comme riposte deux fers au feu :

soit faire écarter le referendum

soit obtenir que la peur fasse approuver le diktat européen

 

Des "spécialistes" expliquent que l'histoire s'accélère et que tout peut se retourner très vite : la panique est installée et bien que contenue par la fermeté des mesures prises (fermeture des banques, contrôle des mouvements de capitaux), on en espère une impossibilité ou un renoncement  à passer effectivement à la consultation.

Si le referendum a lieu on met tout en œuvre pour que les électeurs soient si  traumatisés et terrorisés d'être jetés dehors de l'Euro, tout en n'étant allégés d'aucune dette,  qu'ils désavouent leur gouvernement, approuvent donc la proposition européenne et que dans la foulée de la liesse libérale qui suivra,   des élections balaient Syriza.

La lutte du pot de terre contre le pot de fer  tourne d'autant plus à briser le  premier, tout en le remettant  dans l'obéissance,  que le temps des chocs dure un peu, juste ce qu'il faut : la BCE y veille,  en maintenant une perfusion pour certaines banques et opérations, elle laisse bien entendre que s'il y a soumission, il y a toujours la possibilité d'un peu d'arrangement pour permettre une survie.

C’est le jeu du pendu : si on desserre un instant la corde et que la victime respire un peu, elle acceptera tout ce qu'on lui demande pour garder un  peu d'air.  

Le Monde aime le jeu du pendu et y ajoute le coup de pied de l'âne . Sa  dernière inqualifiable  réaction, illustrant cette fois-ci son conformisme connu  par une super provocation européiste, est son éditorial de ce jour   sur "la responsabilité" et "la faiblesse" de A. Tsipras et le" piètre chantage" de Y. Varoufaskis qui, entre autres péchés capitaux, se seraient opposés aux "  réformes nécessaires à une collecte efficace et équitable de l'impôt" ... alors que le projet du gouvernement grec (qui n'a pas plu aux créanciers, alliés des "riches" ) était centré sur cet objectif !

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27 juin 2015 6 27 /06 /juin /2015 17:28

Les

Les dirigeants européens ont fixé un ultimatum, jusqu'à samedi, pour que la Grèce trouve avec ses créanciers un accord permettant de reprendre son renflouement et lui éviter un défaut de paiement. "Nous sommes tombés d'accord qu'il faut continuer à travailler avec la Grèce et les institutions et que l'Eurogroupe de samedi revêt une importance décisive, car le temps presse", a affirmé la chancelière allemande, Angela Merkel, à l'issue de dix heures de discussions avec ses partenaires de l'UE réunis en sommet à Bruxelles. "Je considère que cette réunion de samedi est cruciale, parce que nous sommes à l'échéance", a déclaré pour sa part le président français, François Hollande. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a expliqué que les responsables européens comptaient sur l'Eurogroupe pour "conclure le processus samedi". (Mais) les chefs d'Etat et de gouvernement se refusent à arbitrer le bras de fer entre Athènes et ses créanciers (BCE, FMI, Commission) sur les réformes et les coupes budgétaires demandées à la Grèce en échange du déblocage de 7,2 milliards d'euros de prêts.

 

Tel est le communiqué de synthèse fait par le Monde du 26 juin, en parallèle du détail des mesures proposées par les pouvoirs publics grecs dans l'Humanité.  Et c'est par un referendum prévu pour le 5 juillet (sous condition qu'il y ait une majorité parlementaire pour  approuver ce recours au referendum) que le Gouvernement Grec  propose l'arbitrage à son corps de citoyens.

 

Pour mesurer combien cela place inévitablement la Grèce entre Charybde (la soumission  à l'ultimatum) et Scylla (la sortie,  sans préparation ni accompagnement bienveillant,  de la Grèce de la Zone Euro), il faut mesurer combien et pourquoi  cet ultimatum (qui est la honte de l'Europe)  doit être regardé comme inadmissible.   

 

Dégagé de sa gangue technocratique pouvant satisfaire et les "dames de fer" (Merkel, Lalande)  leaders de la punition du peuple grec et les faux culs sociaux démocrates, l'ultimatum européen veut essentiellement

- exiger que l'on impose PLUS ENCORE les pauvres (parce qu'ils sont nombreux et coupables) et qu'on réduise leur pouvoir d'achat;

- mais qu'on ne demande pas d'effort notoire aux riches :  en protégeant tout particulièrement la propriété foncière qui reste l'une des clefs de l'inégalité hellène et les plaisirs et ressources habituelles des riches (parce que ceux-ci représenteraient les moyens d'une chance de reprise, si, au lieu d'aller financer la croissance nationale leurs profits ne pouvaient pas tout naturellement  aller, faute de contrôle des mouvements de capitaux de la part de l'Europe dérèglementée, chercher n'importe où dans le monde le plus gros taux de profit;

 

- cette distorsion ferait de la Grèce le nouveau type de pays deux fois soumis au colonialisme  : par la colonisation conduite par l'Europe se traduisant par la prise du pouvoir ( non, Alexis Tsipras,  l'Europe n'est pas celle que vous avez rêvée, solidaire et respectueuse des nations ... elle est un Etat autoritaire exerçant brutalement à travers monnaie et budget tous les principaux pouvoirs d'Etat) ; par la consolidation du colonialisme interne des possédants sur "la multitude " des démunis;  

 

- un autre pan de l'ultimatum est de retarder et réduire encore plus les retraites et les moyens de la santé qui sont sabrés à tous les niveaux (il y a assez de pauvres pour qu'ils puissent mourir tôt);

-  celui de développer encore plus les privatisations a pour but de nier tout socialisme en récoltant quelques roupies de la liquidation des points d'économie mixte

  

- enfin,  pas mal détruire du droit du travail est fait  pour augmenter les droits des employeurs à la flexi sécurité (que l'on peut comprendre),  mais aussi, à l'insécurité sanitaire et aux facultés incontrôlables de licenciements dès lors qu'il n'y aurait plus guère  de conditions pour que les entreprises y recourent,   ni de sanctions;  

 

- ces privatisations et cette destruction des protections des salariés visent évidemment à gonfler des profits privés dont beaucoup tombent déjà  dans les caisses de groupes étrangers à l'UE ou peuvent aisément s'expatrier : des privilèges pour le capitalisme grec ou s'imposant en Grèce  ne pouvant pas garantir à cette Nation la croissance et donc un début de chance de solution du problème  de la dette.

 

- sans restructuration/ allègement de ce fardeau pour une large part, illégitime,  l'endettement se poursuivra par le niveaux des besoins et par celui des  taux  (la dette de quelqu'un surtout public est toujours le revenu, libre d'emploi,  d'un créancier plutôt privé)  à ruiner les finances publiques grecques et donc les capacités  sociales du pays, second point qui,  aux yeux des libéraux,  est une bonne chose.   

 

La Grèce entre Charybde et Scylla, les Grecs sont soit acculés à une soumission qui, à dette inchangée,  ne peut même pas produire de résultat, soit obligés par les Européens à un suicide :  sortir en catastrophe de l'euro.

  

- La soumission à cet ultimatum établirait bien le contraire de ce qui a pu être rêvé comme un  idéal européen  : au delà des principes de solidarité et de respect déjà évoqués, les techniques qui furent prônées et mises en œuvre par la vieille,  mais plus probe,   CEE : une part de protection contre la mondialisation sauvage par la "préférence communautaire", une volonté (mal transcrite c'est vrai) de marche vers une réduction partout des inégalités (bien mesurées par les médianes des revenus ); un soutien sans état d'âme aux Allemagnes des années 45 et  53, pour en sauver banques et monnaie, et en 89/90 pour lui permettre de  faire face aux coûts de la  réunification;  mais les deux dernières "compréhensions" tendaient à l'aider à sortir du communisme;  il ne peut exister envers la Grèce  une "compréhension" qui l'aiderait à rentrer dans un peu de socialisme que les dames de fer combattent autant que le  stalinisme.  

 

- Si les Grecs refusent l'ultimatum, le pays sera sorti d'autorité de la zone euro parce qu'il serait en défaut  de paiement à l'égard de ses créanciers qui lui promettent pire que l'Argentine s'ils quittent cette zone si mal faite mais si bien bouclée que ce ne peut être que de manière punitive sur le dos du peuple pour le passé dépensier des partis libéraux , et pour la tentation d'avoir pensé pour l'avenir à un peu d'inadmissible  socialisme, ce que le cynisme des dames de fer accepterait bien dans des langages glacés.  Quant aux autres chefs d’Etat ou de gouvernement,  ils se cacheraient sans doute alors sous des propos de compassion et de lâcheté; ils ne regretterons même pas que le grexit soit d'autant plus punitif qu'il n'y a pas  de plan B : parce qu'on l'a voulu ainsi, pour détourner de cette sortie,  en effrayant et en faisant paniquer au maximum (c'est commencé vendredi soir, dans le  cadre des grandes manœuvres pour essayer d'obtenir la soumission). Dès lors que cette hypothèse de sortie est "sans préparation" , il ne peut y avoir,  au regard du désordre bancaire , de la peur de la vérole infligée à d'autres banques,  que le Deus ex machina de la BCE, qui reste impénétrable jusqu'au dernier moment de manœuvre imaginable qu'elle pourrait sortir de son tablier : parce que, malgré tout,  voir se racornir le territoire de l'Euro (beaucoup bâti, depuis les entretiens Mitterrand/Kohl  à la veille de Maastricht, par le bluff allemand) c'est une perte d'image, une défaite du pouvoir monétaire  et c'est même un risque ... difficilement appréciable .

 

  La réponse ordonnée à l'hypothèse économiquement défendable du "grexit", et sans risque de vérole ailleurs,  aurait été - comme l'ont dit un certain  nombre de gens intelligents et lucides  ( y compris VGE qui a pris suffisamment de recul) - de prévoir une sortie accompagnée, organisée pour laisser des chances à la Grèce ( mais c'est surtout ce qu'on ne voulait pas !) et pour  préserver l'Europe ; mais,  là encore, la colère contre la désobéissance des vilains grecs et la satisfaction de croire prouver qu'il n' y a nulle part ( et donc pas demain pour d'autres pays méditerranéens ) de salut hors de l'application des recettes libérales fabriquant pourtant plus d'exclusion que de croissance , sont des sentiments qui l'emportent  sur les préoccupations d'équité et d'efficacité, comme la doxa européiste anti public inscrite dans les Traités ( les banques peuvent accéder souplement  à la BCE, pas les Etats,  ni leurs organismes)  l'emporte sur l'espoir du service public.

 

 Qu'il y ait "soumission destructrice" de la société grecque à l'ultimatum (ce que l'on veut,  mais ce qui, malgré les modes de pensée, ne fera pas le succès d'une "révolution créatrice),  ou qu'il y ait sortie obligée, la victoire des européistes dominateurs serait  un  jour non seulement de honte, mais aussi de deuil  pour tous les citoyens européens, ce qu'ils ne manqueront pas de faire rejaillir sur leurs gouvernants indignes de leurs responsabilités supra nationales.

 

Un  deuil que l'on verra vite venir lorsque la Grèce, l'une des portes des océans, l'une des clefs des détroits, comme  utile dans ses relations difficiles avec  Turquie et Ukraine,  va évidemment, pour survivre,  se tourner vers Chine et Russie (ne deviendra-t-elle une Cuba  défiant  l'Europe ?)  et va, de toutes façons,  entretenir un anti germanisme toujours vivant (cf. se déroulant dans l'île grecque de Céphalonie de 1930 à nos jours , le film italien réalisé en 2001 ,"Capitaine Carelli") aux frontières sud de l'empire économique allemand qui couvre l'hinterland des Balkans.

 

Après l'obstination sur la dette comme prétexte à punition,  l'Europe va être,  comme par le Moyen-Orient, de ce côté là aussi, rattrapée par la géopolitique ...

 

 

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24 juin 2015 3 24 /06 /juin /2015 13:42

Ce qui suit pour valoir PS au précédent billet "la leçon grecque"

Anticipant sur ce qu'il faudrait penser de la peau de l'ours (à qui profite un accord) , Cécile Ducourtieux, écrit dans Le Monde d'aujourd'hui : "Les choses auraient-elles pu se passer autrement, pour une négociation " win-win " comme on dit dans les milieux d'affaires ? Il aurait fallu que Tsipras et ses équipes rangent leur idéologie au placard, jouent plus fin, moins rhétorique. Et qu'en face une partie des créanciers agissent avec davantage de compréhension. Maintenant, c'est un peu tard."

OuI, c'est bien tard pour que l'esprit de la vieille "nouvelle gauche" qui inspire ce type de considérations si politiquement correctes , en croyant à la magie du type winwin de la novlangue, n'ait pas d'abord et avant tout soutenu sans désemparer l'exigence préalable à tout accord de diminuer la dette malhonnêtement construite au débit du peuple grec, n'ait ensuite jamais voulu admettre qu'une ambition socialiste de type "Conseil National de la Résistance" a autant droit à l'existence que l'intoxication libérale : celle qui, par principe, a fait récuser toute approche de solution suspecte de "marxisme" , ce qui établit clairement que la bataille grecque est d'abord idéologique et que le Monde, en cette affaire, comme en bien d'autres, s'est de longue date rangé dans le camp de l'ordolibéralisme, en ne manquant pas de souvent saper les positions de Tsipras...

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1 juin 2015 1 01 /06 /juin /2015 09:04

Chacun sait que si Hollande avait posé un ultimatum à l'Europe allemande, il eut certainement fait bouger, fait changer celle-ci  : inconcevable sans une France - indispensable et fondatrice - qui eut menacé d'un  Francexit, l'UE aurait bien été obligée de  revenir à la préférence communautaire, de placer la BCE sous contrôle politique et d'avancer en matière d'harmonisation sociale en fortifiant donc les possibilités de  solidarité  .

La menace du Britexit  va obtenir  exactement le contraire : encore plus de libre échange au bénéfice ( notamment par le traité transatlantique ) du monde anglo saxon, la liberté monétaire au service du quantitative easing  britannique parallèlement  au maintien de l'asphyxie  monétaire des Etats de la zone euro interdits de financements publics, l'exonération des pays  les plus conservateurs ( dont la Grande Bretagne est aujourd'hui le très réactionnaire modèle) de toute amélioration de leurs situations  sociales intérieures  et leur dispense d'efforts de solidarités intra-européennes.


Car n'en doutons pas, l'alliance des coeurs est déjà faite entre Cameron et Merkel et les demandes anglaises seront entendues sur le fond, parce que ces leaders politiques partagent le même fanatisme libéral ainsi que  le même goût pour les inégalités sociales ; et grâce aussi à la méthode choisie par Cameron : savoir s'appuyer sur  son opinion nationale pour faire changer les choses  dans le sens où il le souhaite. Ce dont nos dirigeants se sont révélés - à l'encontre du  "non" au référendum de 2005 qu'ils ont trahi de toutes les manières possibles -   totalement incapables. Ils préfèrent ainsi passer pour être, eux,  des gentlemen ne pratiquant pas le chantage ou même pour des velléitaires  n'ayant  pas ....ce qu'il faut pour passer à l'acte.

 

Mais pourquoi donc ?  Parce que leur choix réel et profond, depuis François  Mitterrand, depuis Jacques Delors - comme l'explicitent enfin des chroniqueurs d'aujourd'hui (cf. http://www.observatoiredeleurope.com/Comment-la-gauche-francaise-a-permis-au-capital-de-jouir-sans-entrave_a2192.html ) -  c'est bien l'Europe telle qu'elle existe, celle que les socialismes allemand puis français ayant renoncé à l'économie mixte (même la SNCF va être bradée),  le capitalisme international servi par Jean Monnet et la doctrine ordo libérale assaisonnée de naïve mystique supra nationale se sont unis pour fabriquer  selon un modèle illusoire croyant pouvoir dissoudre  des nations ne partageant pourtant pas la même langue et donc ni les mêmes facultés, ni les mêmes intérêts.

 

Le nôtre aujourd'hui, comme au jour de l'entrée de la Grande Bretagne dans le marché commun ( et dans la même grande inconscience d'un peuple français, qui n'alla pas voter au référendum pompidolien de l'époque) , est,  une fois de plus,  battu en brèche  par l'alliance des libéraux allemands et anglais  et grâce  à l'inertie de nos pouvoirs incapables d'allumer, comme l'insolence stratégique d'un Cameron sait le faire, les feux qui seraient nécessaires... mais  pour faire évoluer les choses dans un sens contraire au sien.

 

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27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 17:13

Au moment où les cérémonies du Panthéon servent au pouvoir  à s'habiller de  l'esprit de la Résistance, n'est-ce à l'encontre des tyrannies de la mondialisation ordo-libérale et de l'euro mark qu'il faudrait réapprendre à résister ...

....pour essayer de rattraper la manière dont François Mitterrand, croyant arrimer l'Allemagne à l'Europe,  a livré la seconde à la première en se faisant  duper sur la BCE : comme l'a raconté - c'est le plus tristement drôle - son séide,  Michel Charasse.

            Extrait des "ARCHIVES CONSTITUTIONNELLES DE LA Ve RÉPUBLIQUE"- La Documentation Française - Volume 5, Témoignages : ici celui de Michel Charasse; entretien d'avril/mai 2010 avec Olivier Passelecq, validé en mai 2011, par Michel Charasse.

Après avoir traité de la manière dont François Mitterrand a fait venir, en septembre 1992,  à référendum le traité de Maastricht, ce témoignage (pages 474/476 du recueil précité)  porte en particulier  sur le débat avec  H. Kohl à propos de l'euro et  en ce qui concerne  la position de la banque centrale européenne.

 

             Michel Charasse. - ..... Reste la question de la monnaie dont je vous parlais tout à l'heure.Je lui avais dit : « Vous savez, c'est quand même quelque chose de très grave d'arracher  au peuple français la souveraineté monétaire. Depuis la Révolutionb française, et quelles qu'aient pu être les constitutions, rien n'a jamais échappé  en France à la souveraineté nationale. Tout s'est finalement réglé d'une façon ou d'une autre, par des élections. Alors que là, comment sanctionner  le gouvernement sur sa politique monétaire si le gouvernement ne garde pas une part d'autorité minimum sur la monnaie ? » Et j'ai ajouté : " par rapport  aux principes de 1789 sur lesquels est fondée la République française, la perte  de la souveraineté monétaire est redoutable. Et vous, Président de gauche,  la gauche ayant toujours admis la République, vous ne pouvez pas accepter  la dépendance de la France dans ce domaine essentiel. »

           Il était embêté. Nous nous sommes retrouvés à Strasbourg lors d'un tête-à-tête dans un restaurant entre lui et Helmut Kohl auquel j'ai assisté.   Je ne sais plus s'il y avait Hubert Védrine, je ne crois pas... Il n'y avait qu'eux deux, avec un interprète, ou une interprète, et moi; et il dit à Helmut Kohl : « Mon conseiller, mon ministre- puisque j'étais  aussi ministre et que j'avais négocié certains points du traité de Maastricht dans la partie qui me concernait, c'est-à-dire les problèmes de déficit, de dette publique, de douane, etc. - considère qu'il est très dangereux de créer  une monnaie unique sans prévoir en même temps une possibïilité pour les États membres de l'Union d'exercer leur autorité politique sur la banque centrale européenne. »

           Le Chancelier Kohi explique alors que si la banque n'est pas indépendante, il n'arrivera pas à faire passer l'euro en Allemagne car son opinion et  son Parlement ne le suivraient pas. François Mitterrand lui repond qu'on  ne peut pas laisser aux seuls banquiers une telle part de souveraineté et que,  lui aussi, précisément pour cette raison, a un gros problème en France pour  faire admettre la monnaie unique... Ils se sont mis d'accord en considérant  l'un et l'autre que dans un premier temps, il fallait que la Banque européenne soit indépendante, Helmut Kohl répétant que sans une banque indépendante, on ne ferait jamais l'euro, et François Mitterrand que si nous n'avions pas - il a employé l'expression - « cette épée dans le dos », on ne ferait effectivement jamais l'euro, mais que, dans un deuxième  temps, il faudrait mettre en place une autorité politique.

 

Et comme devait s'ouvrir peu après la conférence intergouvernementale pour refondre les traités, la question a été renvoyée à cette conférence, afin  qu'elle détermine le régime définitif de la Banque centrale européenne et la soumette à une autorité politique.

 

François Mitterrand et Helmut Kohi étaient donc bien d'accord pour imposer un jour une autorité politique sur l'euro, ayant parfaitement conscience que, sans cette autorité politique, non seulement se poserait un problème de souveraineté, mais que se poseraient aussi rapidement pour les États de graves problèmes économiques et financiers, dans la mesure où ils seraient soumis aux fluctuations d'une monnaie sur lesquelles ils n'auraient plus aucune maîtrise. Le Chancelier Kohl a même dit : « Ce n'est pas la peine de créer cette monnaie européenne, si demain elle doit aller à vau-l'eau parce que nous serons incapables d'avoir une autorité polique commune pour la diriger ! » Et dans l'idée de François Mitterrand, au fond, la monnaie unique était pour lui le moyen d'obtenir l'autorité politique, ou du moins en tout cas le minimum d'autorité politique dont il pensait que l'Europe avait besoin.

 

Et c'est ainsi qu'ils se sont mis d'accord , en considérant que le régime de  banque centrale européenne n'était que provisoire. Là-dessus, la conférence intergouvernementale ayant échoué, ou n'ayant pas fonctionné, ou n'ayant pas commencé, la question a été renvoyée à la convention présidée  par Valéry Giscard d'Estaing, qui a étudié la refonte des traités et la Constitution européenne.

 

Parmi les questions préalables à régler, il y aurait donc eu celle de l'indépendance de la Banque. Et là, d'après ce que l'on m'a dit, la question n'a pratiquement pas été posée. Le statut provisoire de la Banque est donc devenu définitif !

 

Mais seulement, aujourd'hui, à la date où je vous parle (avril/mai 2010) on s'aperçoit que sans autorité politique l'euro est « cuit » ! Il est «cuit» ! On a quand même obtenu que la parité monétaire avec l'euro soit fixée par le Conseil éuropéen, et pas par la Banque. Mais c'est une décision qu'un homme comme Jean-Claude Juncker « et quelques autres » condamnent, parce qu'ils considèrent en réalité que c'est une disposition qui n'a pas lieu d'être et qu'il il faut laisser jouer les marchés...

 

Donc voilà comment s'est passée l'affaire de la ratification du traité de Maastricht. Et le soir du référendum, où le « oui » l'a emporté de très peu, François Mitterrand m'a dit : « Ça a passé juste, et si l'Europe sociale ne se fait pas, les Français ne voudront plus jamais de l'Europe. Et demain aucun autre traité ne passera... »

 

Olvier Passelecq. - Vision prémonitoire...

 

Micbel Charasse. - On peut le dire ! Il pensait en particulier que le traité refondu, qui devait finalement découler de la convention présidée par Valéry Giscard d'Estaing, instaurant une Constitution européenne, n'aurait aucune chance d'être ratifiée par référendum.

 

 

 

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 14:46

Puisque les media ne semblent en avoir parlé

vous trouverez ci-dessous

 

les vidéos des interventions et des débats de la réunion publique du 26 avril du cnr-rue

qui sont en ligne sous ce lien :

http://cnr-rue.fr/videos-reunion-publique-du-26-avril-paris-organisee-cnr-rue-lancer-campagne-boycott/


Puissiez vous comprendre l'urgence de retrouver une souveraineté économique...

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