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Pourquoi ce blog

L'objet de ce site est de baliser par quelques souvenirs éloquents l'histoire récente et de faire contribuer ces expériences, par des commentaires d'actualité, à éclairer et choisir les changements, en s'interrogeant sur les propositions des politiques et les analyses des essaiystes. Donc, à l'origine, deux versants : l'un rétrospectif, l'autre prospectif.

A côté des problèmes de société (parfois traités de manière si impertinente que la rubrique "hors des clous"a été conçue pour les accueillir), place a été faite à "l'évasion" avec des incursions dans la peinture, le tourisme, des poèmes,  des chansons, ce qui constitue aussi des aperçus sur l'histoire vécue.

 

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L'auteur

 

DSCF0656-copie-1.JPGNé en 1933, appartenant à la génération dont l'enfance a été marquée par la deuxième guerre mondiale, l'occupation et la Résistance, l'adolescence par la Libération, la guerre froide, puis par de clairvoyants engagements pour les décolonisations, l'auteur a ensuite partagé sa vie professionnelle entre le service public (il a notamment été préfet, délégué à l’emploi, directeur des affaires économiques de l’outre-mer, président de sa chaîne de radio-télévision, RFO), l'enseignement et la publication d’ouvrages de sciences politiques (il est aujourd’hui membre du comité de rédaction et collaborateur régulier de la Revue Politique et Parlementaire). Il a également assumé des missions dans de grandes entreprises en restructuration (Boussac, Usinor/Sacilor), puis a été conseil d’organismes professionnels.

 

Alors que ses condisciples ont été en particulier Michel Rocard et Jacques Chirac (il a partagé la jeunesse militante du premier dans les années cinquante et fait entrer le second à Matignon dans les années 60, avant d'être son premier collaborateur à l’Emploi et pour la négociation de Grenelle et au secrétariat d’Etat aux Finances, il n'a suivi ni l'un, ni l'autre dans leurs itinéraires. En effet, dans le domaine politique, comme il ressort de ses publications (cf. infra), Gérard Bélorgey n’a rallié ni la vulgate de la Veme république sur les bienfaits de l’alternance entre partis dominants, ni les tenants du catéchisme du libre-échange mondial. Il ne se résigne donc pas à TINA ("there is no alternative" au libéralisme). Tout en reconnaissant les apports autant que les limites de ceux qui ont été aux affaires et avec lesquels il a travaillé, il ne se résigne pas non plus à trouver satisfaction dans tel ou tel programme de camp. Mesurant combien notre société multiculturelle, injuste et caricaturalement mondialisée, souffre aussi bien des impasses de l’angélisme que des progrès de l’inégalité et des dangers de l’autoritarisme, il voudrait contribuer à un réalisme sans démagogie.

 

Partie de ses archives est déposée dans les Fonds d'Histoire contemporaine de la Fondation des Sciences Poltiques (cf. liens).

 

Il a publié sous d'autres noms que celui sous lequel il a signé des ouvrages fondamentaux que furent "le gouvernement et l'administration de la France" (1967), "la France décentralisée" ( 1984), "Les Dom-Tom" (1994)  : le pseudo de Serge Adour correspond à l'époque de la guerre d'Algérie et à une grande série de papiers dans Le Monde en  1957 , celui d'Olivier Memling au recueil de poèmes et chansons "Sablier " (couronné en 1980 par l'Académie Française et référé, dans l'histoire littéraire du XXeme Siècle de Hachette) celui de  Gérard Olivier à son analyse dans de  grands quotidiens de la décentralisation en 1981/82; celui de Solon  (malheureusement partagée par erreur avec d'autres auteurs) à la publication en 1988 de "la démocratie absolue" . Cessant de vivre un peu masqué, il retrouve son nom en 1998 pour "Trois Illusions qui nous gouvernent", puis en 2000 pour "Bulles d'Histoire et autres contes vrais " (série de coups de projecteurs sur quelques apects du dernier demi siècle qui seront souvent repris ci-dessous), ainsi que pour de  nombreux articles dans  diverses revues. EN 2009, il est revenu sur la guerre d'Algérie avec le roman ( Ed. Baurepaire) "La course de printemps". Il prépare "L'évolution des rapports Gouvernés /Gouvernants sous la Veme République :entre absolutismes et renouvellements?"

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4 juillet 2013 4 04 /07 /juillet /2013 13:21

Notre  pays fait supporter le taux constaté d'inflation - et, plus encore toute les dérives de prix qui ne sont pas pris en compte , mais  qui rognent gravement  les pouvoirs d'achat réels - aux plus modestes ou fragiles de ses  habitants :  à beaucoup des retraités et aux  agents  publics, à  bien des travailleurs indépendants, ou plutôt  terriblement dépendants !  comme les sous traitants et les petits agriculteurs, aux  employés et ouvriers soumis, à la pression  du chômage et du chantage, à celles des fournisseurs oligopolistiques et des acheteurs de la grande distribution,  à des menaces permanentes sur  leurs emplois, leurs  salaires et leurs revenus); et notre société est confrontée à encore  de bien plus grands risques de régressions sociales ( remise en cause - en plus de l'âge de la retraite, ce qui est inévitable et logique - du niveau  des prestations, et, pareillement, réduction des couvertures chômage et maladie). Telles sont les conséquences de notre ouverture à une  concurrence internationale insensée  qui arme les exploiteurs de tout poil contre les plus mal lotis de tous les mondes , mais  on ne considère jamais les vraies raisons de ce catastrophique dévissage d'une civilisation donnant à penser que plus elle a de moyens globaux, plus elle  menace les situations de beaucoup : le contraire de ce qui se passait aux temps équilibrés du pacte social français.


Depuis lors,  par les effets de la pensée néo libérale, de la disparition du défi communiste, des dérégulations généralisées,  on a, en effet,  admis qu'à la différence des capitalismes d'Occident - dont les mutations dans le sens du progrès ont tenu, au sein de sociétés nationales,  à ce  que leurs classes laborieuses étaient aussi aussi leurs classes consommatrices  -  les capitalismes émergents ( et puis même des capitalismes exportateurs de type  allemand) , appuyés  sur des pouvoirs autoritaires ( voire, comme en Chine, ne faisant qu'un avec ceux-ci ) ou en symbiose avec eux, comme en Europe,  par le truchement des appareils bancaires échappant au contrôle politique,    trouvent leurs consommateurs à l'extérieur de leurs frontières et puissent ainsi perpétuer en leur sein des systèmes excluant le développement significatif d'un massif pouvoir d'achat  intérieur.

 

Faire que  ces capitalismes là  soient obligés de faire progresser le pouvoir d'achat  de leurs couches populaires  serait la seule thérapie possible envers les  déséquilibres du monde et tout le monde le sait bien, mais on n'ose pas les moyens d'y parvenir parce que ceux-ci mettraient en cause bien des intérêts ainsi que l'idéologie dominante . En effet, au  vu de  ces capitalismes  fondés sur de  bas coûts de revient (obtenus par les mauvaises rémunérations et précarités de leurs  fournisseurs et  de leurs travailleurs ne pouvant de ce fait devenir leurs consommateurs) et qui prospèrent donc   essentiellement par des ventes externes, la seule grande  correction utile serait de les  inciter fortement  à changer de levier. Si l'on veut vraiment qu'ils trouvent  en interne  leurs  débouchés vitaux, il faut réduire leurs débouchés externes, non par conséquence, comme aujourd'hui, d'une baisse conjoncturelle de notre demande, mais de manière structurelle en  régulant le commerce mondial : en protégeant donc nos marchés et emplois par toutes les règles négociables possibles, tout en  ménageant les facultés d'un  juste échange assurant des facultés d'export/import équilibrées ( le vrai gagnant/gagnant),  des diverses zones du monde .

 

Ce n'est pas un rapport de forces facile à conduire , et une telle recherche suppose, à la base,  de remettre en question le libre échange, ensuite,  de tout ordonner au service d'une autre organisation des relations commerciales mondiales.   L'ennemi ce n'est pas la finance, ce qui ne veut rien dire, d'autant qu'on a besoin  de très bons opérateurs financiers pour réussir un nouveau deal; l'ennemi c'est le libre échange  : ses effets pervers  (avant d'être mortels lorsque ceux que nous fournissons encore aujourd'hui en  biens de haute technologie pourront tout faire, sans nous,  par eux-mêmes)   sont évidents tous les jours tandis qu'il nourrit  le rouleau compresseur de la régression . Mais c'est à ce système que se sont ralliés, avec la bénédiction intellectuelle permise par "la trahison des économistes",  tous les pouvoirs publics, "socialistes" comme libéraux faisant front commun au service d'une nouvelle lutte des classes conduite par les entreprises et les élites  de l'Europe  demandant toujours plus comme allègements d'impôt et de charges sociales et  comme  flexibilité de gestion, ce qui est effectivement indispensable si on ne sort pas des contraintes auto créées de la compétition commerciale mondiale par les prix.

Et la vraie question  serait bien de savoir comment on pourrait  parvenir à en sortir ; par quel modèle, par quelle stratégie, au moins par quels essais,  par quel appareil construit à cette fin . Mais comme on ne pose pas la question, on ne peut évidemment pas trouver un début de réponse

Aussi faute de traiter ces réels problèmes vitaux , nous ne vivrons pas seulement  la "désoccidentalisation" du monde (si chère à des FOG) et qu'il faut effectivement admettre si on n'y  associe pas une démission, voire une trahison, envers  nos plus légitimes intérêts comme tant de bons esprits et de crispantes plumes médiatiques nous invitent à le faire , mais nous vivrons bien autre chose qu'un monde multipolaire : la colonisation de notre société par sa soumission aux  exigences  matérielles et culturelles qu'expriment si bien les managements qui nous viennent des capitalismes de combat d'outre-atlantique et d'Orient. Nous serons demain  dans le rapport avec ces forces matérialistes placés dans une  situation  à certains titres comparable à celle  dans laquelle se trouvèrent plongés les pays d'Islam lorsqu'ils subirent le déferlement et de la colonisation  technologique, commerciale et culturelle européenne...Nous perdrons nos personnalités, nos bonheurs et nos valeurs et nous aurons admis que demain l'enfer concurrentiel de l'argent soit l'univers auquel seront livrés nos enfants. 

   

 

Et cette attitude de l'autruche ( ne pas vouloir voir cette menace si proche)  va de pair avec trop de cinémas  qui  tiennent la place  démesurée de faire l'affiche pour distraire de ces plus impérieuses  questions. Alors même que   des débats  de société ont besoin d'être ordonnés , mais que les aborder, et selon son regard,  semble aujourd'hui la seule originalité de la "gauche" au pouvoir,   quelle peut être l'urgence  de diviser les Français sur  les droits des homosexuels, sur les places respectives à assurer aux hommes et aux femmes, sur les moyens d'assister des agonisants ? Toutes ces graves interpellations  auront les unes et les autres , sans que la puissance publique légifère,  souvent de manière trop politisée et  à contre temps,   leurs progressions de bon sens  par l'évolution des moeurs :  à la condition que   la santé globale du pays le permette et c'est bien cette santé qu'il faudrait d'abord mieux rechercher tandis que, sans protection envers  les concurrences mondiales, une part de notre société danse et devise aux bords des précipices. 

 

Doit-on,   par exemple,   distraire encore l'opinion des vraies questions et mobiliser des tas d'énergies pour de pseudo-moralisations de la vie publique  ? Ainsi notamment, , en quoi le cumul des mandatsfait-il tort à l'avenir des Français? Il ne sert à rien de reprendre ici les arguments dans un sens ou un autre, d'autant que les seuls bien placés pour apprécier si "les cumulards" font bien ou mal tout leur travail sont les électeurs qui n'ont qu'à les renvoyer s'ils en sont insatisfaits.  Sur le fond, Il suffit de constater  qu'il n'y a aucun lien entre le cumul des mandats et les  difficultés économiques et sociales de la France et que de  belles périodes d'autrefois se sont parfaitement accommodé de la pluralité des mandats. Mais le penchant  des vertueux est de  confondre en permanence les vraies causes et les fausses explications des malaises de nos concitoyens . On s'attaque donc aux secondes pour masquer les problèmes, comme si résoudre la question du sexe des anges avait pu sauver la chrétienté  byzantine de l'écrasement entre Rome et l'Islam. Et dans le cas d'espèce, vouloir  empêcher des  élus nationaux d'avoir de solides bases locales et une bien utile  relation très nourrie avec le pays réel, n'est-ce un moyen d'une part de mieux  soumettre les personnalités des parlementaires ( qui auraient moins de forces propres s'ils n'avaient plus leurs enracinements territoriaux ) aux instances d'un parti dominant et, surtout,  au chef de celui-ci , d'autre part d'obliger ainsi ces élus à s'aligner sur des concepts idéologiques abstraits et dévastateurs. L'apparence de la vertu peut aussi masquer la réalité de l'imperium.      

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 15:49

      Les média orthodoxes sont très inquiets et développent leurs attaques concertées sur papier, sur les ondes et les écrans,  les unes certes toujours à l'égard de  Hollande ( encore que sa sagesse rassure, sauf s'il devenait otage du FG , ce qui est donc devenu le dernier argument de la Sarkozie),  mais aussi plus encore à l'égard des thèmes de changement qui vont  au delà de la plateforme de celui-ci.

Ces média s'en prennent en apparence au tribun Mélenchon (qui a la vertu devenant parfois facilité de faire comprendre quelques grandes clefs à un large public) , ce qui est plus facile que d'attaquer sur le fond les besoins de changement  que celui-ci met en exergue.

 

Voilà ce qui nous vaut par exemple une émouvante démonstration de Laurent Joffrin dans le Nouvel Observateur, qui, la main sur le coeur, voit le vieux rêve de gauche radicale  déboucher sur "la souffrance renouvelée des travailleurs" par ce que le projet correspondant  est inspiré par "la phobie du marché" ! Tout en devant reconnaître que les victimes de ce marché ont bien droit d'en avoir la phobie (Hollande a bien celle - le raccourci ne vaut pas mieux - de "la finance" ) qu'exploite bien le leader du FG, on ne contredira pas l'éditorialiste : oui, "la création de richesse dont toute politique sociale a besoin vient des entreprises". Qui niera de telles évidences ! Ce que notre économiste d'occasion - ce ne fut jamais sa tasse de thé - oublie de dire est que ce marché dont il attend la base du progrès ne peut pas aujourd'hui l'assurer parce que ce marché est plusieurs fois truqué : truqué par le libre échange planétaire (soutenu mordicus  par l'Europe de Lisbonne mise en place par le PS et l'UMP) qui fait perdre des marchés aux entreprises dont nous avons, c'est vrai,  tant besoin; truqué par la préférence absolue pour la rentabilité actionnariale sur l'articulation entre les moyens matériels, financiers, humains; truqué  contre le soutien des nations euroopéennes par une banque centrale publique au profit des intermédiaires  bancaires privés ; truqué par la terreur de l'inflation contre les besoins de l'expansion.  Il est aisé  d'attaquer Mélenchon, mais il serait bien difficile de réfuter en trois tours de passe passe d'économie politique maternelle le fait que la portée et le succès de son expression s'enracinent dans les  réalités fondamentales de ces truquages dont il faut purger les marchés , exigences devant lesquelles   va se trouver  tout pouvoir à venir , sauf à continuer, avec d'insuffisantes variantes sous un  habillage différent,  la même politique et en obtenant, peu ou prou, en particulier en matière d'emploi, les mêmes résultats.

Et c'est vrai, il resterait à  rallier aux variantes capitales des partenaires d'autres nations. Le poids de la France - que veulent ignorer les déclinistes mais qui serait bien sensible si  notre pays  disait " je quitte un bateau qui va couler s'il ne change pas d'ordres de navigation"  et plus encore, le fait que c'est aussi l'intérêt de ces autres nations de changer  sensiblement de cap doivent y pourvoir. 
"Et comment ferez-vous pour y parvenir ?" fut la bonne question  posée dans "des paroles des actes" avant d'en finir avec  un  festival qui s'acheva  dans de quasi insultes envers  la classe politique hétérodoxe déjà taclée en permanence par tant d'émissions. 

 

C'est que chercher à dire le vrai de ses analyses et convictions  est interdit par  des chroniqueurs s'érigeant en juges et parties : l'un des coupe jarrets désignés par F2 en examinateurs des candidats ne s'est-il pas félicité que l'autre ait  "abattu à coups de gourdin le protectionnisme de Dupont Aignan" ayant le malheur d'être de ces petits candidats que balaie le mépris des grands journalistes. On connaît bien l'itinéraire de l'un ayant folâtré des uns aux autres avec un talent qui a toujours dominé le jugement, moins l'itinéraire de celui que  son crâne d'oeuf donne à considérer comme  un pape de l'économie. On apprend sur les bons sites qu'il n'a aucune formation spéciale dans cette discipline, qu'il a eu quelques expériences de l'Asie, là où il a  du se faire fasciner dans les "low cost countries" par l'hyperlibéralisme concurrentiel qu'il a servi sur BFM, mais  il a peut-être  moins bien entretenu que son ancien sa biographie  sur Wikipédia : un endroit où l'on peut parfaitement faire son propre cv, se faire faire sa propre pub, s'auto décrire, et sous réserve de corrections par d'autres internautes - j'aurai bien à en introduire sur certains connus en d'autres temps et sous d'autres éclairages -  se raconter sous les meilleurs jours : ZW. homme politique ou  YZ. journaliste, VN. écrivaine, etc..; ...il faudrait un jour que je fasse le mien , plus rare  GB. haut fonctionnaire et gestionnaire français , etc...). Foin de  trop faciles polémiques personnalisées.

 

Ce qu'il y a de scandaleux  c'est que la tentative - la volonté -  de modelage de l'opinion des français, la "notation" de leurs candidats  puissent revenir   aux approximations de non techniciens et, pire,  aux inspirations d'un soir  d'un commentateur de renom mais paraissant plus parler dans l'ambiance  éméchée  d'un  café du commerce que procéder à une honnête évaluation  de qualités, défauts et performances. Car de ce qu'il pense lui de fumeux et méchant, malgré ses titres de rédaction, si vieux désabusé de toutes les pistes, les Français ont-ils vraiment intérêt à le savoir ?  A tel point que le meneur du jeu a  en a été gêné : "de tels propos n'engagent que leur auteur".

J'ai  critiqué il y a quelque temps sur ce site  l'éditorialiste de  Marianne  pour son attaque contre ceux qui  cacheraient leur incapacité derrière la mondialisation. C'est encore plus volontiers que je salue  son initiative  de publier aujourd'hui le résultat d'un scrutin ouvert aux  journalistes  de cet hebdomadaire : "de quel candidat vous sentez vous, pour le premier tour, le plus proche ."

 

Il n' y a  pas de surprises et il y en a.

Pas de surprise : personne ne se sent proche de Arthaud, Le Pen, Sarkozy.

Surprise un peu :  ceux qui se sentent proches de Mélenchon ( 31,7%) ne sont pas tellement loin de ceux qui se sentent proches de Hollande (40%), et si l'on additionne aux votes recueillis par Mélenchon ceux recueillis par Dupont-Aignan ( la gauche aussi, gaulliste; et ils sont d'accord sur bien des points : l'Europe à revoir, la dose nécessaire de protectionnisme, le besoin d'une banque centrale en appui des États) , Hollande est dépassé,  sauf à lui joindre Joly  ( 5%).
Surprise plus encore  très éloquente : hélas pour cet honnête homme, mais il l'a plutôt  mérité ( pas assez net sur la manière dont  casser la bipolarisation, inquiétant sur les économies sociales, sans réserve Européen de Lisbonne) François Bayrou ne reçoit au sein de la rédaction  de Marianne pas plus de voix que Dupont-Aignan( 8,3%). On progresse.

A quand des votes dans d'autres média plutôt que du sniping ?

 

 

PS
ceci dit la nouvelle la plus grave et importante de la semaine est la mise en place, saluée par les marchés et par les autorités françaises,  du système monté en Allemagne par Eurex, leader mondial des marchés à terme  filiale de Deutsche Börse et qui va permettre de spéculer  sur les taux d'endettement français.
La meilleure analyse est celle de Pascal Canfin  député vert européen spécialiste de la régulation financière qui écrit dans la lettre de "Alternatives Économiques" du 13 avril :
A partir du 16 avril, il sera plus facile de spéculer sur la dette française. L'agence France trésor (AFT) a autorisé un produit "future" sur la dette française. Autrement dit, l'Etat français donne son feu vert pour acheter ou vendre à terme de la dette française, ce qui permet de spéculer sur l'évolution des taux d'intérêt français, etc...

 

 

 

 

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18 mai 2007 5 18 /05 /mai /2007 21:35
A mes amis socialistes que je critique souvent, je dédie ce billet de réflexion qu'ils peuvent reprendre sur leurs sites


Le point le plus grave de la défaite pour la gauche , c'est son ampleur. sans doute parce que le candidat élu a su quasi monopoliser, en contrepoint et complément des thèmes sur les « ruptures » indispensables à la compétitivité, le thème - mobilisateur pour les Français prêts à des réformes s’ils sont aussi mieux garantis contre le libre–échange - d’une l'Europe qui doit protéger. Il va certes lui être difficile de concilier cette orientation avec son soutien capitaliste libéral, mais les accents qu’il a trouvés dans ce domaine lui ont assuré des voix populaires de gauche et de droite.

Devant la perte confirmée d'une bonne part de cet électorat populaire, quelle est l'emprise possible de la gauche politique sur l'opinion, aujourd'hui et dans le temps ? Je suis porté à penser (pour bien des motifs que je n’ai pas le loisir d’expliciter...) qu’aussi bien culturellement qu’arithmétiquement la « gauche » que nous connaissons n'est pas en position de revenir à des chances dominantes. Elle a trois stratégies possibles.

-La première est de chercher à recréer un grand mouvement, tentant d'être à nouveau "attrape-tout". Et dans ce cas il vaut mieux fonder sur l’appel d’un label comme "La République Pour Tous " que sur celui d'une "sociale-libérale démocratie" ( le terme est éventé) ou sur celui d'un "rassemblement à gauche" ( il ne suffit pas à faire le poids), force étant de constater que ni l'une ni l'autre de ces expressions ne sont des termes vendeurs, mais plutôt créateurs d'allergies – ce qui est un fait culturel nouveau mal mesuré - chez bien de nos concitoyens. Observons de plus que cette stratégie, avec certaines pertes éventuelles sur la gauche antilibérale, chasserait en partie sur les mêmes terres que le nouveau centre ( que « l’ouverture » gouvernementale en cours a pour objet de casser en lui coupant l’herbe sous le pied, puisqu’elle cherche aussi très habilement à « faire bouger les lignes » et à réunir des compétences de diverses origines).

- La seconde option serait celle d’une stratégie de noyau dur; et c'est dans ce cas la voie "priorité à gauche " ; mais, vraisemblablement sans perspective - sauf grande crise nationale - de majorité à un horizon visible pour ce type d'offre politique.
La promotion des valeurs correspondantes suppose une capacité pédagogique considérable de faire adhérer à un clavier de moyens indispensables. Ils devraient comporter en premier lieu une Europe sociale et protégée par des négociations à réussir en interne et avec les pays tiers ; incluant des contreparties à une certaine protection européenne pour la faire comprendre et accepter et pour appuyer le développement des pays du Sud . Le deuxième besoin serait celui d’un pouvoir monétaire reconquis par les politiques. Une dose structurante d'économie mixte, excluant toute dérive vers des privatisations, devrait offrir comme cadre un ordre social juste et garantir une boîte à outils publics pour servir la croissance et les retombées en emplois sur nos sols. Enfin, une politique dirigée des revenus devrait pouvoir compenser en pouvoir d'achat la part inévitable de renchérissement de certaines importations (si l’on veut en même temps et à la fois mieux rémunérer le Sud et protéger l'emploi national).

-La troisième voie serait celle d'un « mixt » : un noyau socialiste du type ci-dessus avec des facultés d’alliances au centre gauche, voire avec la droite sociale (il en existe des éléments) sur une plateforme minimale commune.
Telle hypothèse impliquerait alors, pour que ce centre et ces éléments là aient leurs chances, sans être dans la dépendance du scrutin majoritaire d’arrondissement qui les soumet à la droite dominante, cette large part de Répartition Proportionnelle pour le scrutin législatif (que je plaide depuis longtemps, et qui est parfaitement combinable dans la stabilité gouvernementale, avec une élection présidentielle au suffrage universel).

Mais, d’un côté, le "courant" du type "priorité à gauche" ne semble pas ouvert à la RP et à ces types d’alliances , et , d'autre part, cette stratégie va de pair avec une nécessaire réforme du mode de scrutin (sauf alliances ad hoc à l'occasion de législatives, ce dont on n’a guère pris le chemin) et avec des changements institutionnels aujourd'hui inconcevables, puisque la droite bloque tout par le scrutin majoritaire. Celui-ci est son atout encore plus fondamental aujourd’hui qu’hier dès lors qu’elle a su, par un remarquable marketing politique, rassembler des segments électoraux très différents ( ce qui est le produit devenu incontournable de nos institutions politiques engendrant sauf circonstances exceptionnelles ( en 1981, puis avec le poids du FN) une bipolarisation arithmétiquement favorable aux droites dès lors qu’elles sont largement réunies, en étant, de plus, armées par une concentration unique des pouvoirs dans les démocraties d’Occident. Mais c’est aussi parce que le socialisme a voulu bénéficier de cette concentration des chances et des pouvoirs (les satisfactions de la double majorité , la hantise de la cohabitation, aucun élan vers la proportionnelle de la part des responsables d’un parti acceptant parfaitement l’oligopole avec la « chiraquie », le choix du quinquennat) qu’il est confronté à sa difficile situation présente.

On voit qu’aucune de ces trois hypothèses n’offre de déterminants conciliant les valeurs et les faisabilités. En prendre conscience doit aider, à mes yeux, à mesurer « le temps » qu’il va falloir « donner au temps » avant de se prononcer hâtivement sur des options, ni de schémas, ni de personnes. Une conduite de précaution serait de faire renaître la pratique des clubs de rencontres pluralistes, réunissant des sensibilités, des métiers, des catégories sociales, des expériences, des préférences personnelles différentes. Puisqu’il y a du temps – celui où c’est inévitablement une autre majorité qui, sauf inattendu, va être aux affaires - la tâche utile est celle de la confrontation, de la réflexion, dans la recherche de l’union et des élargissements. Sous la seule condition des valeurs déontologiques communes et du respect mutuel. La personnalité qui saurait piloter – mais on a vu avec Désirs d’Avenir que ce n’est pas sans risques - l’orchestration de tels groupes révèlerait sa capacité d’accoucher la rénovation.

Liens

http://prioriteagauche.typepad.fr/
http://blog.la-republique-pour-tous.fr/
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5 mai 2007 6 05 /05 /mai /2007 13:23
On vote demain. Si les sondages ne sont pas démentis ( avec des électeurs pour NS qui sont réellement tous convaincus et des électeurs pour SR dont un certain nombre voteront pour elle  seulement par devoir )  c’est parce que ce qui aurait du être dit n’a pas été dit.

Imaginons que SR eut déclaré
 
« si je suis élue, je demanderai à la majorité législative que je vous inviterai à me donner – une dernière fois par le seul scrutin majoritaire, mais dans l’équité de répartition des circonscriptions – d’instituer largement la répartition proportionnelle pour les élections futures de l’Assemblée Nationale »

elle serait élue, car elle aurait rallié l’essentiel des électeurs centristes et ceux – de gauche à droite -  des petites formations en assurant la réalité de l’expression du pays.

Elle ne l’a pas fait.


   
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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 18:48
APRÈS LE DÉBAT ROYAL/SARKOZY

Je fais très vite, à chaud, parce que ce que j’ai à exprimer ne souffre pas d’être différé après le résultat du 6 mai, tant il me semble important de faire ressentir que les analyses qui suivent ne sont pas des ressacs du choix de tel ou telle - ce qui serait partisan et tomberait, dès lors,  sous le coup de ma propre critique - mais sont, à mes yeux, fondamentales. Que ma rapidité d’expression fasse accepter les imperfections, désordres de présentation et raccourcis qui suivent.

Avant que cette campagne présidentielle n’aboutisse à désigner l’un ou l’autre des compétiteurs, et donc quel que soit le résultat, je tiens en effet, avant tout, à m’inscrire contre cette forme de choix des gouvernants qu’est l’élection présidentielle  telle qu’héritée des déformations de la Veme République ; elle en fait un régime politique aussi résistant que si particulièrement pernicieux qu’il est manifestement l’une des causes de nos difficultés originales dans les domaines économique et sociaux eux-mêmes.

1 - Que la responsabilité du pilotage de la France puisse résulter de un à deux points de différence entre l’un et l’autre  de deux candidats,  apparente l’attribution du pouvoir « bloc contre bloc » à une forme de loterie. Certes, d’autres nations, telles les États-Unis,  pratiquent des méthodes aussi aléatoires et ridicules, mais au moins pondérées par les contre-pouvoirs qui résultent des conditions de désignation et des compétences de l’organe délibératif, ainsi que d’un système de séparation des pouvoirs qui organise autrement la gouvernance, alors que l’addition de nos scrutins majoritaires, présidentiel et législatif,  met tous les œufs dans le même panier, dans des conditions aggravées par le choix et les modalités du quinquennat en autorisant la « démocratie absolue » au profit d’un camp ou d’un autre. C’est - nous dit-on - pour permettre un exercice responsable du pouvoir, mais il est concentré comme en aucune autre démocratie d’Occident et le versant au bénéfice duquel en définitive le pouvoir est adjugé peut dépendre de bien des contingences : celles des circonstances générales, des unions entre les électorats des partis classiques  et des formations extrêmes, du talent de tel ou tel qui serait le signe d’une onction pour diriger, voire des astuces ou des péripéties, de culots ou de bévues lors  d’un débat entre des « finalistes ».

Au demeurant, cette comparaison que fait apparaître le terme de « finaliste »  entre l’accès au pouvoir et une « coupe du monde » est une escroquerie. Des équipes sportives n’engagent que leur renommée, le triomphe d’un instant, quelques intérêts de clubs et parfois de parieurs, au plus des images de cités ou des emblèmes de pays, mais jamais le destin d’une communauté nationale. C’est faire une injure à la démocratie que prendre telle référence.

2 - A notre modèle politique ayant cette étrange référence, il est un candidat qui n’a rien à reprocher parce qu’il pense que ce système est son maître atout, comme tous ses prédécesseurs de droite n’ont cessé de le penser et de le mettre en œuvre (le retour au scrutin majoritaire ne fut-il la priorité de la « restauration » de 1986 ?). De la même manière que les pseudo-héritiers du gaullisme ont toujours écarté par principe tout ce qui n’était pas système majoritaire, pareillement des naïfs socialistes suicidaires ont cru y voir l’apha et l’oméga de leur propre accès au pouvoir, alors qu’ils n’ont jamais été à celui-ci que par d’exceptionnels concours de circonstances (la rivalité J.Chirac/ VGE, le poids du FN) dans un  pays où la gauche est de plus en plus  arithmétiquement minoritaire. Or sortir de ce modèle n’est pas, malgré des slogans répétés par des générations de profiteurs du système bipolaire , revenir aux « impuissances de la IVeme république ». On évoquera en conclusion quelles autres constructions institutionnelles peuvent être tout à fait viables dans une autre conception de la conquête et de l’exercice du pouvoir, et en tout état de cause beaucoup moins pervers que celui en vigueur.

 3 - Celui-ci consiste à monter en épingle ce qui sépare pour en faire des munitions et prétendre opposer des modèles de sociétés différentes. Ce n’est pas le cas. Comme une lecture hétérodoxe du seul débat d’hier peut bien le mettre en évidence, l’importance des différences n’efface pas un important tronc commun et des facultés de convergences soigneusement occultées par l’un ou l’autre, afin que rien ne gêne le duel.

Nous ne reviendrons pas sur les dissemblances de styles, de fonds de convictions  et des personnalités car notre objet n’est pas de juger qui fut meilleur ou plus séduisant, plus sincère ou plus professionnel, mais, au contraire, en étant conscient de choquer les idées reçues, nous voulons un instant recenser le tronc commun existant entre ces concurrents. Dans bien des secteurs -  et c’est pourquoi il n’en a guère ou pas été parlé - il n’y a pas des stratégies fondamentalement antagonistes  (sauf avec quelques fausses fenêtres, dans les politiques étrangères ou, par exemple, plus concrètement sur  l’outre-mer dont il n’a été dit mot pour lequel diagnostic et préconisation  sont bien proches) ; pour autant que chaque candidat ait été sincère, le socle des acquis en matière de garanties sociales (sous réserve naturellement qu’une politique économique libérale dans un monde concurrentiel ouvert ne les mettent automatiquement en cause quel que soit le président de la république) n’a pas été sujet de débat, pas plus que l’économie de marché (aucun modèle de société à dose structurante  d’appropriation publique ou d’économie mixte n’a été présenté par la candidate de gauche).

4 - Sur cette question clef qu’est l’Europe elle-même, les deux candidats - à la lumière du triomphe du « non » lors du referendum constitutionnel -  ont fait des progrès.  Par rapport d’une part aux choix de la droite jouant, de longue date, le rouleau compresseur libéral destructeur du modèle social français, d’autre part aux utopies d’une part de la gauche piégée par les effets de la doctrine libre-échangiste à laquelle sont soumis  bien des économistes nommés autrefois ses conseillers par L.Jospin lui-même - nos deux compétiteurs ont appelé à  la sauvegarde des activités européennes et nationales, N. Sarkozy  ayant été le plus énergique dans l’idée vis à vis de l’extérieur, d’une protection préférentielle communautaire, et S. Royal la plus audacieuse  dans celle d’un effort d’harmonisation interne par le haut, au moyen d’un pacte social européen. Que l’une offre la sécurité d’un referendum évitant le risque d’un tour de passe passe parlementaire, avec l’hypothèse d’en venir à une bonne Constitution, et que l’autre préfère des arrangements fonctionnels urgents  par un Traité sans referendum  relève en fait plus de la forme que du fond s’ils sont l’un et l’autre décidés à ne pas accepter une Union qui serait « le cheval de Troie » du libre échangisme mondial. Quant à la question turque méritait-elle tant de  différenciation alors qu’entre « pause » et « rejet » le résultat à l’échelle d’un quinquennat est le même ?

5 - Quant aux différences, s’il en est, évidemment, de bien  réelles. Il en est de simplement exaltées pour les besoins du débat. Les premières concernent à coup sûr d’abord dans le domaine idéologique la question de l’immigration (encore que chacun soit obligé à une part de « raison garder » ) ; c’est ensuite le champ des choix fiscaux qui est assez conflictuel (encore que l’un ou l’autre seront obligés de doser entre efficacité dans la concurrence avec les moins disant fiscaux et la justice sociale qui est aussi la sécurité des entreprises sur notre sol, car gouverner ce n’est pas brutalement choisir, c’est savoir consensuellement doser).

 Quant aux différences plus exaltées pour le duel que réelles, à nos yeux, elles concernent ces thèmes qui ont fait vedettes comme le temps de travail ou les retraites, alors qu’en creusant un peu, il est aisé d’estimer qu’un N.Sarkozy est trop averti de l’économie pour pouvoir penser que sa coûteuse réforme des heures supplémentaires pourrait être une baguette magique, s’il n’y a pas de plan de charge pour les entreprises et que S. Royal  est trop attentive à l’emploi pour ignorer que s’il y a plan de charge,  il faudra toutes les flexibilités utiles ( dont elle appelle la mise au point par le dialogue social). Où est l’inconciliable ? En matière de retraites, il est clair que les lois de réforme ont fait un indispensable travail d’ajustement aux nouvelles données démographiques, mais qu’elles comportent des injustices et anomalies. Les corriger n’est pas renoncer aux prolongations nécessaires de durées d’activités ( nécessité que reconnaît la gauche)  et ne doit pas encourager au maintien de privilèges exorbitants de certains régimes spéciaux que personne ne pourra plus justifier ; mais le duel oblige à des positions ou des silences un peu prudemment démagogiques. Comme sont de l’autre côté, assez démagogiques les positions sur les réductions des effectifs publics. Mais, au fond, tout le monde est d’accord sur l’intérêt d’un redéploiement, ce qui veut largement dire « effectifs quasi constants » lorsqu’on mesure  d’une part les abus évidents que constituent certaines structures, doublons et dépenses administratives et, d’autre part, en contrepartie, les besoins et les lacunes  considérables en personnels de certains secteurs. Où est là encore, dans une gestion raisonnable, l’inconciliable ? La véritable difficulté est dans la durée nécessaire aux diagnostics, négociations et  ajustements. En tout cas il ne s’agit pas de confrontations insolubles de modèles de sociétés.

6 - Ce qui a opposé en fait nos deux "finalistes" c’est que l’un ne croît pas l’autre crédible et réciproquement. On a eu moins à faire à des procès de programmes, à des heurts de modèles sociaux qu’à des procès peu ou prou  inavoués d’intentions. Tout encourageant au conflit et rien aux rapprochements parce que c’est la règle de ce jeu du duel présidentiel. C’est le  choc des personnalités que l’un,  en disant respecter l’autre,  a voulu amortir, tandis que l’autre, tout en ne disant s’intéresser qu’au débat d’idées, a porté un moment au niveau de l’interpellation sur la moralité politique du rival . Rivalités de valeurs, de paris, de méthodes. Rien qui mérite de jouer la France à pile ou face.

Surtout quand ni l’un, ni l’autre n’a traité du levier essentiel : celui de la croissance au bénéfice de l’emploi dans le territoire national. Chacun a ses recettes de croissance -correspondant aux préférences ou intérêts de ses clientèles -  pour un accroissement du pouvoir d’achat ( avec leurs variantes dans la répartition des fruits de l’expansion espérée  , voulu « juste » par l’une, acceptée par l’autre selon les résultats des mérites de chacun et du marché pour tous, et avec quelques correctifs sociaux pour les plus déshérités).

7 - Mais vers quelles dépenses se porterait ce pouvoir d’achat , cette croissance, si telle ou telle « recette » les dopaient ? Vers la consommation de produits, biens et services obtenus par des emplois exercés en France ou vers l’acquisition de ces biens  et l’achat de ces services à l’extérieur ? A quoi sert une croissance siphonnée par l’importation, sauf à entretenir les non localisations ( six fois l’ampleur des délocalisations) ? Les finalistes répondent par des généralités : la recherche de la sauvegarde européenne, la créativité française. Malgré leurs avancées précitées sur l’Europe, il n’y a rien eu de précis sur ce que pourrait être un raisonnable protectionnisme négocié avec des partenaires extérieurs à convaincre de l’intérêt commun d’une régulation du commerce mondial.  Rien d’original non plus sur les autres manières que  les économies ou les rentrées fiscales ou de cotisations par la croissance  pour ne pas amplifier la dette. Quid d’une politique monétaire européenne d’inspiration  keynésienne ? Pas grand public et pas à la mode sans doute. Encore que N. Sarkozy soit le plus exigeant dans ses propos : il demanderait  que l’euro cesse d’être surévalué. Il fait encore la différence , en avançant l’idée d’une protection aux frontières nationales ; c’est en fait la TVA sociale constituant aussi un moyen de soutien des activités localisées en France. Mais on n’aborde pas le fond des conséquences à en tirer : telle TVA comme tout autre protectionnisme même  modéré et intelligent, en renchérissant, le coût des imports, écrêterait le pouvoir d’achat des plus modestes. Comment le compenser ? C’est parfaitement concevable si la création de cette TVA est assortie d’une politique des revenus dont S. Royal, elle, est porteuse (le SMIC, les négociations entre partenaires sociaux, etc. ). Mais, évidemment, dans une ambiance de duel – et de fatigue – la connexion ne peut se faire en articulant l’idée de l’un et l’idée de l’autre … qui pourtant s’emboîteraient bien en protégeant et l’emploi français et le pouvoir d’achat . Faut pas rêver…comme F. Bayrou  qui a pourtant toute sa part de raison  


8 - Ah, si l’on pouvait parvenir à unir l’approche réaliste de gestionnaire, selon l’image qu’il a voulu donner de lui, du candidat de la droite et l’ambition légitime de justice de la candidate de la gauche, soutenue par la conviction que la croissance était possible par le pouvoir d’achat et les PME,  on approcherait de chances d’équilibre ; mais pour cela il faudrait qu’ils se complètent, compromettent et s’articulent  et non qu’ils s’opposent. S’il doit y avoir dialogue social pour faire tourner correctement la société civile, comment ne devrait-il pas y avoir dialogue politique pour faire tourner convenablement l’État ? 

Alors même que N. Sarkozy a paru techniquement souvent pertinent, surtout plus précis, puisque S. Royal, selon sa méthode de rechercher des accords entre partenaires sans préjuger de leurs contenus  ne peut avancer des mesures élaborées , la limite rédhibitoire, à mes yeux,  de l’homme de l’UMP  - la raison pour laquelle il est difficile de lui faire confiance et pour laquelle il ne ralliera pas le leader de l’espérance centriste  - est qu’il ne veut pas sortir de la règle du jeu de l’affrontement bipolaire, tandis que la candidate s’y dit prête :  en expliquant un peu comment, mais pas assez, puisque c’est un petit bout de fin de phrase qui a évoqué, comme en douce, la « répartition proportionnelle » qui est le seul moyen de casser le système français du duel.

C’est pourtant, pour l’avenir,  le seul levier pour être sûr qu’on ne remet pas le pays aux mains de l’idéologie de l’un ou de l’autre, ou même aux risques des dérives que l’un ou l’autre peuvent suivre.

 9 - Comment ? Il est vrai que peu de personnes interpellent un élu pour lui demander la reforme des institutions. C’est son travail d’y penser. Et il est non moins vrai que le taux de participation ne signifie pas que les citoyens ont satisfaits des institutions. Les seuls qui le soient sont ceux qui votent pour celui qui veut les maintenir.

Et il est vrai qu’il y a un point pivot qu’on ne peut sans doute pas changer : l’élection du Président de la République  au suffrage universel parce que c’est à la fois l’impression du pouvoir pour les Français et les jeux du cirque électoral et leur  cortège médiatique, commercial … et de café du commerce. Si un régime politique était, sur table rase, à rebâtir, il est certain que ce serait aujourd’hui - la Veme République ayant, plus que largement rempli, au début, son office, ensuite accompli ses méfaits - une république parlementaire rationalisée ou une représentation pluraliste dans un corps délibératif devrait trouver les cohérences, les coalitions, les alliances, les dosages, en étant à peu près garantie contre l’instabilité par un contrat de législature.

Mais puisque nous avons le point incontournable de l’élection du  Président, il faut l’utiliser en lui faisant  contrepoids. A l’élection au suffrage majoritaire universel du chef de l’État – expression de l’unité - devrait répondre l’ élection d’un corps délibératif largement à la proportionnelle, pour exprimer la pluralité. Ces deux pouvoirs devraient être clairement séparés,  le délibératif accordant à l’exécutif ses lois et ses budgets mais ne pouvant le renverser ; et celui-ci ne pouvant dissoudre le délibératif. Avec des risques de blocage et/où donc une obligation de parvenir à s’entendre. A l’américaine ? Non, mieux, avec l’arbitrage du referendum. Dans le cas où exécutif et délibératif ne parviendraient pas à une ligne commune, l’initiative du referendum appartiendrait à l’un ou l’autre, non pas pour faire partir l’exécutif s’il était désavoué ou renvoyer le délibératif s’il n’était pas suivi, mais tout simplement pour demander, puis pour suivre, la préférence du corps électoral sur une question importante. C’est la  voie de la VIeme République qui fait place aux gauches, aux centres, aux droites et les obligent aux rapprochements aux compromis de deux manières : d’une part entre les formations du corps délibératif, sans doute dans le sens d’une troisième force centrale de rassemblement ; d’autre part  entre la majorité de ce corps délibératif et l’exécutif présidentiel. Naturellement sans Premier ministre, pour en finir avec les problèmes que pose la dyarchie française. Et naturellement avec un Président, ayant un peu de chances de se dégager des partis, élu pour une durée différente et à une date différente de celles concernant l’Assemblée. Le contraire des choix Chirac/Jospin.  Un nouveau monde à inventer. Il est clair que l’un des deux « finalistes » n’ouvre pas cette porte et que, peut-être, l’autre l’entr’ouvre.

 De toute façon,  quel que soit l’élu il faudra se battre pour plusieurs choses :
-    cette évolution institutionnelle contre la guerre civile froide, morale, voire  ouverte ;
-    une politique économique réformant le libre-échangisme mondial et portée au niveau de l’Union Européenne stabilisée dans son périmètre et réorganisée dans des cercles d’intégration différenciés ; 
-    ce qui doit permettre une imagination au pouvoir capable de chercher à concilier justice et efficacité.

Voici de difficiles perspectives, mais le monde est en train de changer si vite que, vraiment, ami, « il est plus tard que tu ne crois ».

Gérard Bélorgey

Le 3 mai 2007

  
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29 avril 2007 7 29 /04 /avril /2007 07:51
Billet d'avertissement renouvelé sur  la campagne.


La stratégie de la candidate de gauche  - sans mise en exergue d'un besoin de SCRUTIN LEGISLATIF PROPORTIONNEL  et d'une NECESSITE DE SAUVEGARDE ECONOMIQUE  de l'EUROPE  - ne fait pas assez appel aux besoins et attentes des exclus.



Etablir des relations politiquement correctes avec "le centre" est intéressant et sympathique dans la mesure même où l'esprit des institutions, dans son excès bipolaire,  est bien exactement ce qu'il faut écarter comme poison de la vie publique française et qu'entretient, de longue date,  la droite qui trouve ses atouts dans le système deux fois majoritaire de la présidenteille et des législatives, parce que c'est son intérêt surtout si elle rassemble ses électorats  classiques et extrêmes, tandis que la gauche artithmétiquement minoritaire a naÏvement cru, notamment avec le quinquennat, y voir l'apha et l'oméga de ses succès.

Ce n'est pas pour autant par là que se trouvent des clefs  pour une victoire de la candidate dont on s'étonne vraiment qu'elle ne parvienne pas à gagner l'avantage  sur un challenger qui réunit autant d'hostilités et d'allergies dans les trois cinquièmes du pays.

Les clefs c'est d'aller - c'eut été d'aller dès le début de cette campagne - chercher les voix des exclus : des exclus de l'expression   politique et citoyenne ; des exclus des chances économiques et sociales.

Et les moyens d'aller chercher ces voix, ils ne sont pas loin, ils ne sont pas mystérieux. Ils sont tout simplement dans le programme du PS.

- Au plan politique, il faut souligner  que les institutions seront réformées par une dose significative de répartition proportionnelle, ce qui permettrait aux exclus de la vie citoyenne de commencer à pouvoir un  peu s'exprimer,  tout en donnant sa chance à la fin du système de la loterie entre blocs et camps. Et il stupéfiant que l'entretien SR/FB ait tourné autour du pot de l'évolution des institutions sans lever cette question clef dont le traitement donnerait aussi au vrai "centre"  - non pas celui qui habille de ce nom des positions de droite libérale, mais à celui qui veut la réforme du marché et le progrès social ( on pourrait mettre des noms derrière ces deux avatars du "centre" ) - ses chances d'avoir des élus et de l'influence sans être dans la dépendance des voix des cousins de l'UMP et dans  le giron autoritaire  d'un président de droite.

- Au plan économique, et pour défendre et garantir l'emploi  par une croissance  nationale qui ne soit pas siphonnée par les achats de produits et services importés, ainsi que pour assurer les moyens de résister à la régression sociale,   il faut metttre en avant les réformes proposées dans le programme du PS sur l'OMC, sur l'Union Européenne, sur le besoin de protection de celle-ci contre les dumpings externes, sur la restauration d'une dose de préférence communautaire combinée avec de forts moyens pour le co-développement avec le Sud.

Voilà les deux axes ( sans parler de l'accent sur la nécessaire sécurité publique aussi indispensable que la sécurité sociale ) par lesquels appeler ces électeurs populaires que la Gauche a perdu au profit de la droite extrême. Celle dont les cohortes d'exclus vont, sauf miracle, donner la victoire à la droite. La réserve de voix, il ne faut  pas la voir essentiellement au centre ( dont seule une fraction progressiste peut rallier), mais aussi  largement à droite. Si la gauche  comprenait  pourquoi ces hommes et ces femmes sans représentation et sans chance  attendent des  ruptures qui créeraient un climat propice à leur réinsertion dans le monde des pourvus et si elle répondait à leurs attentes et amertumes, elle se donnerait des chances de gagner et contribuerait, elle, vraiment à résorber la fracture sociale et civique.  .

Nous en sommes loin : en dehors sans doute des conseils d'un JPC trop silencieux,  c'est apparemment la vulgate trop social-démo-bien pensante inspirant  l'esprit de membres trop éminents d'une équipe de campagne  qui donne à celle-ci son style aussi sympathique qu'apparemment impuissant à convaincre le pays.

Mais il est bien tard. 
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13 avril 2007 5 13 /04 /avril /2007 21:05
A la suite du pavé Rocard
...simplifions:  
Dans les axes que plusieurs de précédents articles de ce blog ont exprimés , j'ai deux convictions.

   1 –La première est  qu'il faut effectivement, au plan politique,  dépasser l'opposition centre droit/centre gauche engendrant une alternance largement stérile (cf. "Trois illusions qui nous gouvernent", mon  ouvrage de 1998 que je me permets de croire  visionnaire, car  totalement actuel : vr. notamment  la partie terminale "l'implosion"...au profit de la droite extrême. (Malheureusement cet ouvrage qu'on peut se procurer sur alapage.com n'existe plus en fichier dans ma mémoire informatique, mais j'en tiens des "copies papiers" de passages marquants à la disposition de chacun).
  Et ce dépassement doit être au profit d'une coalition centrale, où certains peuvent voir une “troisième force”, où d’autres peuvent retrouver une inspiration gaulliste de  rassemblement.  De  plus,  c'est une stratégie urgente pour ceux qui veulent écarter NS , si bien que MR n'a peut-être pas tort. Le problème est qu'au point où on en est arrivé, ce n'est pas facile à bien conduire.

    2 - Ma seconde conviction est qu'il faut, au plan économique - ce que ne fait pas le panel socio-démo-libéral, ( et c'est là où MR et FB et bien d'autres  ont eu  tort, à mes yeux, sur la constitution européenne dont les termes juridiques n’auraient pas permis , sous les fourches caudines de la Cour de Justice,  de "fausser" la concurrence internationale ) aboutir à mettre en oeuvre une sauvegarde de l'économie européenne contre les effets du libre échangisme mondial non régulé, sans quoi "l'ordre juste" est impossible et une politique libérale régressive aux plans social et public  s'imposera de plus en plus à tous gouvernants .
 Si cette évolution mondiale était vraiment inconcevable, la logique qu’il faudrait rallier est celle de la droite, mais l’on doit escompter  que  l'exigence de survie économique nationale ainsi que les colères sociales  rattraperont  forcément les naïfs du libre-échange quels qu'ils soient.

De profondes transformations sont enfin en cours de gestation que les forces politiques classiques vont essayer d'enrayer pour maintenir la souveraineté  de leur habituel oligopole. Mais de partout, avec leurs styles différents, leurs défauts et qualités propres, les candidats en compétition ont la vertu de porter, fut-ce d'une certaine manière malgré eux, des brandons de changement qui les dépassent. Et voilà que même à droite/droite - où la doctrine de la bipo est un monstre sacré, car le meilleur atout pour aller au pouvoir si l'on rassemble les droites - l'idée d'une dose de proportionnelle fait son chemin. Elle ne saurait être que tactique : elle est l'aveu que le régime de la "démocratie absolue" (l'Etat RPR, l'Etat Mitterrandien) résultant des deux scrutins majoritaires superposés selon une mécanique  aggravée par la réforme du quinquennat ne saurait répondre aux aspirations des Français  :  leur énorme majorité ( si l'on ajoute aux électeurs du camp adverse, ceux du centre, ceux des  petits partis, ainsi que les votes blancs et les abstentionnistes, ne se retrouve derrière aucun champion, et celui de chaque grand camp n'est jamais que le leader d'une minorité. Ce n'est pas à une minorité - ni d'une sensibilité, ni d'une autre - que ce pays doit être confié, mais à qui sera obligé aux synthèses, aux compromis, aux négociations dans le champ social national et dans le champ économique international,  et donc à l'imagination salutaire.
Nous avons besoin de cette période d'instabilité et d'interrogations pour mûrir notre mutation.    
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5 avril 2007 4 05 /04 /avril /2007 17:48



1 - Ils sont fondés sur mes convictions ( qu’on peut ne pas partager)  que les plus mauvaises choses pour la France sont exactement les piliers de son  système actuel (et voilà pourquoi …notre situation n’est pas bonne). Il  est constitué en effet
- au plan économique, de la soumission, via notamment l’Union Européenne telle qu’elle fonctionne,  à la doctrine du libre échange commercial international;
- au plan politique, par déformation des institutions d’origine de la Veme République,  d’une bipolarisation à la française, représentant la forme la plus intense  et perverse des  régimes bi-partisan des démocraties contemporaines.

Or libre échangisme à la mode européenne, et régime d’alternance à la mode française,  constituent ensemble la double vulgate que défend avec acharnement la quasi totalité de l’establishment.

C’est dire que l’addition de mes deux critères fondamentaux d’appréciation va complètement à l’inverse de la pensée dominante qui nous a été imposée et que je ne saurai identifier une candidature qui satisfasse les deux à la fois.  

On est encore plus navré lorsqu’on constate que les rares qui  récusent les vertus du libre-échangisme, soutiennent, pour certains  au nom de la gauche, pour d’autres au nom de la droite, le thème de la vertu de la compétition frontale entre les deux camps, alors que les plus déshérités de nos concitoyens, déboussolés par leurs déceptions,  se répartissent dans tous les électorats si bien  que cette grosse majorité, issue de toutes sensibilités,  qui a refusé le traité européen de libre-échange, n’a donc personne pour porter ses voix.   


2 – En revenant un instant sur le fond, il faut remettre en exergue les deux effets conjugués de la vulgate.

A - Au plan économique, le libre échange (obligatoirement accompagné par la gestion monétariste) plutôt qu’un juste échange (cf. mes différents articles et communication sur ces questions) implique tout le reste. Quelles que soient les bonnes réformes ( et les coûteux pansements sociaux) ou les inquiétantes ruptures (et les dégâts sociaux) en politique économique et sociale  intérieure, elles ne sauraient, ni les unes ni les autres  être efficacement conduites,  sans être jumelées à des régulations permettant une part de sauvegarde des activités nationales dans le respect des intérêts de nos partenaires européens et tiers. C’est à la condition de cette combinaison  de mesures internes et d’un changement de politique  commerciale externe européenne que l’on pourrait

-     avoir les protections et surtout les créations nécessaires d’emploi, ce à quoi ne suffiront ni l’innovation, ni les services, ce que ne semblent pas parvenir à percevoir des « économistes » dont notoriété et compétence ne sont manifestement pas au même niveau lorsqu’ils confondent bonnes intentions et effets macro-économiques 
-     construire un vrai moyen de co-développement nord-sud
-    trouver un dosage raisonnable entre équité sociale ( et notamment fiscale), qualité des services publics et capacité concurrentielle
-    réunir de meilleures chances pour la cohésion d’une société multi-ethnique et multi culturelle,
-    assurer les précautions indispensables – impossibles en économie purement concurrentielle mondiale -  à la survie de la planète et à la préservation de nos ressources

Il n’est donc pas utile de décliner ces cinq points comme critères de choix entre candidatures, puisque sans une bonne combinaison des adaptations internes et  extérieures, toute annonce de droite ou de gauche ne semble pas pouvoir être porteuse de solutions sur la durée.  

B - Au plan politique, le mal fondamental ( cf « Trois Illusions qui nous gouvernent ») est dans cette « bipolarisation à la française » résultant de la superposition du scrutin majoritaire présidentiel et du scrutin parlementaire également majoritaire, avec des conséquences amplifiées par les mœurs politico-médiatiques.
Nourrie de sectarismes réciproques, elle promet une véritable guerre civile morale, dans la suite des alternances ayant conféré tour à tour le pouvoir à des minorités gagnantes par le jeu de circonstances aléatoires, mais dans lesquelles les Français ne se reconnaissent pas. Elle entretient des compétitions largement stériles, une monopolisation du pouvoir  par deux partis  dominants qui sont étanches au renouvellement en profondeur de la pensée et des stratégies.  La marge de manœuvre de chacun est très étroite et les conduit à la fois  à mettre en œuvre d’une part un tronc commun qui se révèle impuissant à traiter des problèmes du pays, d’autre part, leurs propres variantes de préférences qui sont l’une comme l’autre marquée, au plan économique, fiscal, social, civique, psychologique,etc.  par des préjugés et par des choix abusifs de recettes et de clientèles. 


3 –Ma démarche logique est de classer les principales  candidatures sur l’échelle de mes critères.  Or dans la présente campagne, aucune ne réunit pleinement , à mes yeux ( mais je reconnais volontiers que mon souhait est original, non parce qu’il serait impossible à mettre en œuvre, mais parce que toute la désinformation politique et médiatique porte à le faire regarder comme tel) , la double qualité

-    de dépasser l’affrontement dans les champs économiques, politiques et sociaux, entre une part de la droite et une part de la gauche;
        *le premier test en est de ne pas vouloir la continuation de la     superposition des scrutins majoritaires, et donc, pour le moins, l’introduction d’une part de proportionnelle devant enclencher d’autres réformes institutionnelles
          * le second test est d’offrir des choix programmatiques, capables de trouver des inspirations dans la réflexion de différentes familles politiques  ( et on peut faire, là, un diagnostic de l’esprit chaque candidat, comme des pointages  de ses propositions significatives)

-    de proposer, indissolublement en même temps, ce qui est tout à fait cohérent avec la recherche du renouvellement de la gestion du pays , une remise en cause de la doctrine libre-échangiste
               * le test essentiel est d’y inviter tous nos partenaires européens et il est tout à fait possible qu’un processus raisonnable puisse être mis à l’œuvre en ce sens
            * des tests pratiques sont de trouver des mesures de compétence nationale (il en existe, comme la TVA sociale si elle est bien construite)  qui privilégient la satisfaction de la demande par l’offre interne porteuse d’emplois nationaux .  

C’est effectivement, dans les deux domaines solidaires de l’économie et de la politique, la recherche d’une nouvelle forme de rassemblement national, dans l’intérêt collectif, pour l’emploi au bénéfice de tous les résidents en France (Français de toutes origines et immigrés à accueillir). Si l’on sait ne pas écouter certains bénéficiaires du double système  éco-politique (comme les gérants du négoce mondial, les vendeurs de duels,  ou ceux des machines partisanes) les conciliations  de nos intérêts nationaux entre eux et  avec ceux de nos partenaires économiques européens et du monde entier sont tout à fait concevables.

4 - Au regard de ces jeux de critères, chacun peut juger comment chaque candidature s’écarte tout à fait de les satisfaire ou s’en rapproche plus ou moins , ainsi que par les dialectiques que l’une ou l’autre peut enclencher. Il y a lieu, en effet, de tenir compte  non seulement des prises de positions affichées, mais de la faisabilité ou non de ce qui est affiché et, au-delà encore, des enchaînements politiques ou économiques qui pourraient résulter de telle ou telle présidence, assortie du troisième tour que pourraient être  des élections législatives.

A partir de cette table de raisonnement, j’ai fait mon propre choix…par défaut.

Je laisse le soin de tirer la conclusion d’un choix à ceux-là mêmes qui partagent mes critères. Il peut être différent du mien Car il y a une part de pari.  

Le mien est que l’on pourrait espérer que la remise en cause de la bipolarisation représenterait un tel effet de levier de changement que la transformation des modes politiques de gouvernance pourrait aboutir à ouvrir les portes de la réflexion économique et sociale dans le double sens
-    certes, d’un réalisme de politique  interne conduisant à des dosages équitables et efficaces
-    mais aussi, de la prise de conscience que le succès d’une politique économique et sociale passe obligatoirement  par des besoins de régulation des échanges mondiaux et que cette prise de conscience, les slogans retombés,  pourrait en venir à être partagée par des familles politiques différentes mais associées à devoir relever le défi français.

C’est un pari qui appartient à chacun.

PS – Retour sur l’effet des sondages
C’est un exemple d’application du principe d’indétermination de Heinsenberg (on ne peut pas connaître à la fois la vitesse et la position d’un électron ; son observation modifie l’une et l’autre). Ainsi, l’observation de l’électeur (dans ses intentions) et la publicité donnée aux résultats de cette observation modifient le comportement de l’observé, c.a.d. de l’électeur et donc de ses intentions.

Que les sondages influencent les choix, est donc bien clair, mais plus subtilement qu’on pourrait le penser, et en laissant une grande… indétermination :
 
-    SR a été choisie par les adhérents du PS, uniquement  parce qu’elle semblait devoir l’emporter sur NS
-    FB bénéficie, chez des clientèles voisines, d’une tentation de préférence au premier tour par rapport à SR parce que, dès lors que celle-ci n’a pas tenu le rang annoncé,  il semblerait pouvoir l’emporter sur NS au second tour
-     mais cette tentation diminue quand les chances apparentes de  SR augmentent ; des incertains se prenant  alors à  vouloir croire à nouveau dans sa victoire
-     l'éventualité de cette perspective renforce alors, dans les sensibilités adverses, la préférence NS ( qui augmente)  sur FB ( qui diminue)
-      ce qui stimule un nouveau cycle d’ évolutions
-    et ainsi de suite, en cercles incertains que ne fera cesser que le coup de sifflet du jour de la décision

 
Serait-il préférable que la démocratie fonctionne « dans le bleu » sans intégrer des essais de photos d’opinions comme éléments du choix de l’électeur ? Question oiseuse dès lors qu’il n’est pas question de voir cesser les pratiques des  sondages.




 
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2 mars 2007 5 02 /03 /mars /2007 21:08
L'élection présidentielle de 1974, avec l'émergence de VGE, a marqué le passage  de la République encore Gaulliste, quoique devenue le regime présidentiel et parlementaire à la fois que, d'une main de fer dans un gant de velours,  géra G.Pompidou, à une "démocratie majoritaire" fissurée par ses rivalités de courants. C'est dans le poste d'observation de membre, un  peu par hasard, du cabinet du Premier Ministre d'alors que j'ai  connu quelques éléments de contexte de cette compétition.
Le  débat télévisé  Giscard/Mitterrand  fait, aujourd'hui, l'attraction d'une scène de théâtre sur laquelle de bons comédiens s'essayent à restituer des personnages qui nous semblent bien désuets, et   dont les thèmes de débats sont aussi loin des nôtres que des réalités qui se préparaient et dont les partenaires semblent alors avoir peu conscience, à moins, qu'au contraire, ils n'aient aussi parfaitement caché leurs jeux que sur les allusions à Clermont-Ferrand, à propos de ce que des intelligences aussi reconnues devaient quand même pressentir des problèmes de l'Europe, des sociétés multi ethniques et de la mondialisation. Il ne perce que le pétrole et les questions d'énergie que P.Messmer avait lui parfaitement maîtrisées.

Ma BULLE qui suit se veut seulement un croquis  d'ambiance vue de ma modeste fenêtre du temps


- MOISE SAUVE DES EAUX -1974

 
 
 
 


 

Je connais tous les fils de la tapisserie représentant "Moise sauvé des eaux" qui a été longtemps derrière le siège du bureau du Premier ministre. Après son exercice physique dans le parc de Matignon, l'ancien gouverneur devenu chef du gouvernement avant la mort de Pompidou, recevait chaque jour, à une heure encore bien matinale, son cabinet restreint dont chaque membre se tenait debout devant son bureau. Lorsqu'à la tête du cabinet, l'inspecteur des finances très proche de Jacques Chirac remplaça le préfet de région qui souffrait beaucoup de telles séances sur les jambes, il introduisit la radicale réforme d'une réunion assise autour du Premier ministre. Cette réforme ne dura qu'un bref laps de temps. Le décès du président de la République fit oublier cette bonne résolution et l'on poursuivit jusqu'au terme du nouveau gouvernement la pratique précédente dans laquelle il n'y avait d'ailleurs aucune malice, mais une vieille habitude militaire.

 


 

J'étais vraiment arrivé dans cette équipe par hasard et heureux de l'estime que m'inspirait son patron, mais j'éprouvais quand même des contrariétés grandissantes.

 


 

Le hasard était né à Saint-Pierre et Miquelon. Aux législatives de 1973, deux candidats de la majorité s'y disputaient les suffrages des électeurs. L'un avait été camarade de classe de Michel Debré, lequel lui adressa avec sa chaleur habituelle, une lettre d'encouragement. Cet homme avait été, par ailleurs, directeur des Invalides de la Marine, en quelque sorte, la sécurité sociale et la caisse de retraite des marins. Sa signature, au bas des titres de pension était bien connue dans l'archipel des pêcheurs. Fort de ces deux gri-gri, il l'emporta sur l'autre compétiteur. Celui-ci était un ancien élève de l'École de la France d'Outre-Mer, camarade, lui, de Pierre Messmer.

 


 

En ce qui me concernait, un texte me nommant au poste de Haut commissaire aux Comores était en suspens de publication. A la veille des législatives, Michel Jobert, alors secrétaire général à la Présidence m'avait indiqué à la faveur d'une rencontre au salon d'honneur de l'aéroport d' Orly, qu'il fallait que j'attende le résultat des élections. Le pronostic était que Léo Hamon, député U.D.T. de Palaiseau, allait être battu par le maire communiste et qu'il faudrait que je sois là, puisqu'on s'aimait bien, "pour le consoler". Les élections apportèrent la défaite de Léo Hamon, mais aussi celle du camarade de Pierre Messmer. Quelques jours après les résultats, ce premier Ministre - qui entamait son deuxième tour- m'appela et m'indiqua que je ne partais plus aux Comores. Un mouvement d'administrateurs avait lieu pour faire place à l'ancien de la F.O.M. qui était nommé, je crois, dans le condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides. Le jeu des nominations faisait que les Comores allait à quelqu'un d'autre que moi. "Pour me consoler" là encore - cette gestion publique était décidément très affective - il m'indiqua que je rejoignais son cabinet, ce qui ne se refuse pas. C'est ainsi que je vécus ensuite à Matignon toute la double courte période qui s'écoula de ces législatives au décès de Pompidou, puis de ce décès à l'élection de V.G.E. à la présidence de la République.

 


 

En ces circonstances où changeait le régime, commis à tout faire au sein du cabinet d'un chef de gouvernement, je connaissais, sans pouvoir naturellement les influencer, bien des dossiers. L'un des derniers plus importants fut l'hypothèse de ramener le mandat présidentiel à cinq ans. J'y voyais le levier - à l'encontre de l'esprit du fondateur de la Cinquième République - d'une transformation de celle-ci en régime franchement et définitivement bi-partisan, ce que je n'ai jamais apprécié. Le renoncement à cette réforme m'apporta bien satisfaction. Mais la vie courante - celle des affaires du même nom - était faite de questions multiples que l'on repassait allégrement au dernier venu que j'étais. Dès mon arrivée, je reçus la tâche de repêcher les battus de la dernière consultation législative. Il s'agissait d'aider divers anciens députés qui n'appartenaient pas à la fonction publique ou qui n'avaient pas des arrières assurés à retrouver un emploi. J'étais en quelque sorte l'A.P.E.C. de la majorité d'alors. Je reçus, avec leurs C.V., bien des visiteurs, dont certains sont restés illustres, en m'employant à mobiliser tout un réseau de correspondants - des grandes firmes nationales aux cabinets de conseils en passant par les établissements publics et les forces de vente des grandes marques de spiritueux - pour les recaser plus ou moins bien en attendant qu'ils retrouvent meilleure fortune. Ils s'étonnaient souvent du petit cagibi où j'officiais; mais je me trouvais ensuite promu vers le bureau blanc au dessus du perron. Ce bureau- aux murs parés de quelques tableaux dix-huitième - était celui de bien des confluences. On y accédait par la grande antichambre sur laquelle s'ouvrait la porte du patron et on en sortait sur un petit couloir menant à la noble pièce de Pierre Doueil qui conduisait avec un fin scepticisme l'orchestration du cabinet. C'était le lieu des affaires souvent insolubles et parfois empoisonnées - y compris celle du mouvement gaulliste que je fus un moment appelé à suivre un peu, encore que je n'ai jamais appartenu à ces formations - et des services qu'il fallait rendre à chacun. Bien des visiteurs venaient y bavarder, voire s'incruster. Un parlementaire en mission - qui s'appelait Tibéri - s'y fit installer un petit bureau dans un angle.

 


 

A cette époque, c'est à la seule Présidence qu'appartenait le pouvoir. Le président, malade, ne pouvait plus l'exercer. Ce pouvoir était donc piloté par ses proches. La liaison discrète avec l'Élysée passait par Pierre Juillet. J'allais parfois lui ouvrir de nuit, la porte du fond du parc, rue de Babylone. Le Premier ministre appliquait avec la plus intégrale loyauté cette formule de pouvoir délégué. J'étais une petite charnière dans le fonctionnement du système. J'y gagnais une relation un peu privilégiée avec Pierre Juillet et Marie France Garaud. Or, leur mission rapprochée auprès du Chef de l'État comportait de veiller sur Chambord, certainement parce que le Président était sensible à ces lieux, évidemment aussi parce que l'un vibrait pour la chasse et l'autre pour le pouvoir. Ils me chargèrent de mettre la capacité de décision administrative que me donnait ma fonction au service de la cohérence de Chambord. Lorsqu'ils me dirent :

 


 

« Chambord a été fait pour la chasse, l'amour et la politique »,

 


 

je leur répondis que c'était tout pareil : "le goût de la poursuite", ce qui scella entre nous une forme de connivence m'ayant aidé à surmonter bien de nos différences d'esprit.

 


 

C'est ainsi que je pris cette fonction, alors bénévole, de "commissaire à Chambord". Je m'y attelais avec passion. N'était-ce une forme de fuite? Il m'amusait aussi de laisser parfois ce seul dossier sur mon bureau avant de quitter tardivement les lieux du pouvoir. Une règle de précaution était établie pour quelques bureaux du cabinet : tous les papiers devaient être rangés sous clef avant le départ de l'occupant. Le commandant du Palais - qui gagna, peut-être, dans les relations de ces fonctions, un avenir de ministre, par des étapes qui se révélèrent peuplés d'embûches - faisait faire une ronde de nuit par ses gardes républicains. Ceux-ci ramassaient tout ce qui traînait qu'il fallait leur demander le lendemain matin. Ces hommes étaient souvent les mêmes que ceux que j'avais connus douze ans plus tôt lors de mon premier séjour rue de Varenne. Chargé de mission, alors, au secrétariat général du gouvernement, j'avais été logé dans un petit bureau sur la cour du 57, bien noble, mais bien sale et j'avais entrepris, un jour, de le nettoyer moi-même, en apportant de l'ajax , des éponges et un seau. Les gardes aimaient alors me rappeler qu'au moins maintenant je ne lessivais plus les murs de Matignon.

 


 

Travailler auprès de Pierre Messmer était une permanente leçon d'État. Il inspirait l'estime par son sens du devoir, sa capacité de synthèse simplificatrice et sa totale indifférence à la popularité. Il exerçait sa compétence dans le double registre du principe de réalité et du principe d'anticipation. D'un côté, il se soumettait aux événements en admettant brutalement les faits : "Lip c'est fini". D'un autre côté, il cherchait comme il avait toujours fait dans sa vie, et malgré le caractère manifestement transitoire de sa mission, à prévoir et à organiser l'avenir. Par exemple, il discerna, avant tous, l'ampleur mûrissante de l'affaire corse. Il se rendit dans l'île dénoncer le piège du rêve de l'autarcie sur la terre natale et engager des lignes de réformes raisonnables que la suite des événements de la France jetèrent dans l'oubli. Alors que le monde politique vibrionnait d'intrigues, il avait considéré que le grand enjeu de sa gestion était de mettre en oeuvre le choix nucléaire civil. Je me rappelle sa main calligraphiant ses notes en ce sens. C'est dans de telles tâches qu'il avait le sentiment de remplir son rôle. Il était plus porté à une expression rigoureuse qu'abondante. Chargé d'écrire un certain nombre de ses discours et interventions, je voyais mes projets de textes chaque fois sévèrement épurés. Peu lui importait, de même, de séduire les médias, encore qu'il accepta un jour de s'entraîner à l'expression télévisée. C'était après qu'un "news" ait fait sa couverture de la photo du chef du gouvernement avec la manchette "Messmer doit partir". Le responsable de la communication - alors un jeune de ce métier, J.J. de Peretti - n'avait, à l'évidence, pas réussi dans sa fonction, mais ne s'attira pas un reproche.

 

Une telle hauteur à l'égard de ce que pouvaient penser ceux qu'il n'estimait pas ne le destinait sans doute guère, après la mort de Pompidou, à être, lors de l'une des phases de la bataille de succession, candidat à la Présidence. Ayant été chargé, sous Messmer III, des affaires sociales et culturelles, je m'efforçais de comprendre ces enjeux, mais la vie de Matignon fut alors surtout dominée par les combats pour l'élection présidentielle.

 


 

Je n'imaginais guère la victoire de "mon" Premier ministre, mais j'aimais cette hypothèse. J'ai vite compris qu'elle avait servi aux supporters de V.G.E. à enfoncer Chaban-Delmas. On fit valoir que, sur deux premiers ministres, l'un, Messmer, avait su se retirer et l'autre, Chaban, non. Michèle Cotta raconte parfaitement toutes ces péripéties dans l'un de ses ouvrages : "la VIeme République". Elle a reçu bien des confidences qu'il est inutile de répéter.

 


 

Pourtant, les amis de V.G.E. n'avait pas ménagé le premier Ministre sur des dossiers sensibles. Face d'une part à la revendication pour l'avortement, d'autre part à l'hostilité de différents milieux envers une perspective de légalisation de celui-ci, nous avions préparé, en particulier avec Jacques Sourdille, un texte bien modéré qui ouvrait aux femmes la possibilité de l'I.V.G. en cas d'état de détresse reconnu par deux médecins. Ce projet fut taillé en pièces par la droite indépendante; mais quelques mois après, sous la nouvelle présidence, la loi Veil faisait sauter presque toutes les barrières. Je n'ai sans doute jamais rien compris à la politique ou, tout du moins, jamais rien admis de ses manoeuvres.

 


 

Ainsi, mon estime pour Pierre Messmer ne fut pas l'adhésion à ce qui se déroulait. Mais la République est bonne fille. Chacun sut mes états d'âme, mais les vainqueurs ne m'en tinrent aucune rigueur. C'est avec élégance que le jeune nouveau chef de l'État - sans doute bien inspiré par Jacques Chirac, fidèle en amitié - me donna, malgré ma jeunesse et mes impertinences, "les plumes blanches", sous la forme toutefois un peu subordonnée de directeur de cabinet du préfet de la région Ile de France. Il est vrai que je conservais une charge extra-territoriale qui le passionnait plus encore : celle des chasses de Chambord.

 


 

Aux premiers temps de son mandat, je l'ai accueilli, sur place, plusieurs fois, le dimanche, à l'aube. Il semblait apprécier mon soin pour tout le Domaine et c'est pourquoi sans doute, il me proposa, au débotté d'un tir matinal, la direction des Musées de France. Je marquais ma préférence pour le corps préfectoral. Avec la plus grande correction et la plus grande délicatesse, il en pris acte et je fus nommé en Loir et Cher : son département de résidence privée. Il m'avait toutefois dit :

 


 

«  préfet... préfet... Enfin, si vous voulez ».

 


 

C'était bien dans le même esprit qu'il m'avait décoché cette petite flèche au salon d'honneur à Orly, lorsque venant de quitter le cabinet du secrétaire d'État aux Finances, je me trouvais sous-préfet de Palaiseau, commis à l'aéroport aux réceptions de personnalités :

 


 

«  alors vous êtes passé des affaires nationales aux affaires cantonales ».

 

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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 09:06
 LES POLITQUES INTERDITS DE POUVOIR PAR LES ÉCONOMISTES & les MEDIAS

Après Fabius, dans son camp, Nicolas Dupont-Aignan - désormais semble-t-il hors du sien -  est bien courageux. On sait que le cercle des économistes et autres "think thank" ont, en substance, interdit aux politiques de mettre en cause les deux piliers du système euro- mondial :  l'indépendance de la Banque Centrale Européennne et le libre échange. Il y a ceux qui obéissent , comme beaucoup d'organes de presse et de l'audio-visuel, comme Angela Merkel qui s'est élévée contre les velléités françaises de réflechir sur l'exercice du pouvoir monétaire. Il y a ceux qui sont pieds et poings liés par le système comme le "socialisme" allemand piégé dans la grande coalition. Il y a les très mauvais éléves qui ont tous été punis  : il n'y a pas une personnalité  politique française de droite (comme M.F. Garaud, Pasqua, Seguin, Villiers) ou de gauche ( comme Chevènement ou Fabius) ayant tenté de faire évoluer vers une autre Europe qui n'ait payé  cette audace de sa carrière .

C'est bien pourquoi d'ailleurs sans doute, le réalisme de Chirac l'a conduit de Cochin à Maastricht, tandis qu'on rapporte de Mitterrand  qu'il aurait bien su qu'il fallait choisir entre l'Europe et le socialisme. Pour "rendre le pouvoir aux Français", il faudrait effectivement qu'ils puissent inspirer à leurs gouvernants plus de capacités que celles tout juste de s'ajuster à l'ordre mondial : soit par de gros pansements sociaux, soit par d'aléatoires  chirurgies libérales. Les premiers trouvant mal, sans compromettre l'économie, les moyens d'être financés; les secondes ne suffisant certainement même pas à nous mettre en état de compétitivité au regard des avantages des "low costs countries" .
 
Pour une fois, "l'hebdo des socialistes" de cette semaine prend la dimension de la logique libérale - que ses propres représentants au pouvoir ont eux-même pour partie appliquée, il n'y a pas si longtemps - parce qu'elle constitue l'armature des "inquiétantes ruptures de M. Sarkozy" ( c'est le titre de la publication) . J'apprécie cette analyse qu'on croirait tirée de mes papiers précédents sur les effets du libre-échange (par définition sans régulation)  qui constitue l'arme atomique du libéralisme sans frein . Tout ce qui est dit est d'un diagnostic bel et bon, mais  il faudrait aller à  la  racine des causes appelant les regressions sociales  , puis à la critique et aux propositions de réforme de ce levier du système euro-mondial qu'est le libre-échange.  Il faut encore un effort rue de Solférino et chez Désirs d'Avenir  pour mettre en face du procès  des "ruptures" , un programme de l'imagination.  Peut-on espérer dans la fécondité du  "débat participatif" qui est aussi une manière de rendre le pouvoir aux Français? Comment ceux-ci peuvent-ils devenir capables d'être plus pertinents que résignés, lorsqu'en dehors de quelques cercles ( où l'on trouve aussi bien certains  altermondialisdes que certains souverainistes, ce qui n'est pas aussi antinomique qu'on peut le penser ) et de certaines  publications  hétérodoxes  (dont nous donnerons les liens ), le choeur dominant des médias de convenance et le show biz des émissions politiques  fait l'impasse sur les vrais débats  au profit du culte des passions divisant les Français ? 
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