...simplifions:
Dans les axes que plusieurs de précédents articles de ce blog ont exprimés , j'ai deux convictions.
1 –La première est qu'il faut effectivement, au plan politique, dépasser l'opposition centre droit/centre gauche engendrant une alternance largement stérile (cf. "Trois illusions qui nous gouvernent", mon ouvrage de 1998 que je me permets de croire visionnaire, car totalement actuel : vr. notamment la partie terminale "l'implosion"...au profit de la droite extrême. (Malheureusement cet ouvrage qu'on peut se procurer sur alapage.com n'existe plus en fichier dans ma mémoire informatique, mais j'en tiens des "copies papiers" de passages marquants à la disposition de chacun).
Et ce dépassement doit être au profit d'une coalition centrale, où certains peuvent voir une “troisième force”, où d’autres peuvent retrouver une inspiration gaulliste de rassemblement. De plus, c'est une stratégie urgente pour ceux qui veulent écarter NS , si bien que MR n'a peut-être pas tort. Le problème est qu'au point où on en est arrivé, ce n'est pas facile à bien conduire.
2 - Ma seconde conviction est qu'il faut, au plan économique - ce que ne fait pas le panel socio-démo-libéral, ( et c'est là où MR et FB et bien d'autres ont eu tort, à mes yeux, sur la constitution européenne dont les termes juridiques n’auraient pas permis , sous les fourches caudines de la Cour de Justice, de "fausser" la concurrence internationale ) aboutir à mettre en oeuvre une sauvegarde de l'économie européenne contre les effets du libre échangisme mondial non régulé, sans quoi "l'ordre juste" est impossible et une politique libérale régressive aux plans social et public s'imposera de plus en plus à tous gouvernants .
Si cette évolution mondiale était vraiment inconcevable, la logique qu’il faudrait rallier est celle de la droite, mais l’on doit escompter que l'exigence de survie économique nationale ainsi que les colères sociales rattraperont forcément les naïfs du libre-échange quels qu'ils soient.
De profondes transformations sont enfin en cours de gestation que les forces politiques classiques vont essayer d'enrayer pour maintenir la souveraineté de leur habituel oligopole. Mais de partout, avec leurs styles différents, leurs défauts et qualités propres, les candidats en compétition ont la vertu de porter, fut-ce d'une certaine manière malgré eux, des brandons de changement qui les dépassent. Et voilà que même à droite/droite - où la doctrine de la bipo est un monstre sacré, car le meilleur atout pour aller au pouvoir si l'on rassemble les droites - l'idée d'une dose de proportionnelle fait son chemin. Elle ne saurait être que tactique : elle est l'aveu que le régime de la "démocratie absolue" (l'Etat RPR, l'Etat Mitterrandien) résultant des deux scrutins majoritaires superposés selon une mécanique aggravée par la réforme du quinquennat ne saurait répondre aux aspirations des Français : leur énorme majorité ( si l'on ajoute aux électeurs du camp adverse, ceux du centre, ceux des petits partis, ainsi que les votes blancs et les abstentionnistes, ne se retrouve derrière aucun champion, et celui de chaque grand camp n'est jamais que le leader d'une minorité. Ce n'est pas à une minorité - ni d'une sensibilité, ni d'une autre - que ce pays doit être confié, mais à qui sera obligé aux synthèses, aux compromis, aux négociations dans le champ social national et dans le champ économique international, et donc à l'imagination salutaire.
Nous avons besoin de cette période d'instabilité et d'interrogations pour mûrir notre mutation.