On sait de longue date que la contrepartie du régime démocratique est que les politiques suivies ou proposées par des leaders en compétition ne peuvent être inspirées par la recherche du meilleur possible pour leur pays, mais, plus simplement, par celle des probabilités électorales, c'est à dire par les moyens à employer pour écarter les risques d’échec et pour conduire à leur succès personnel ou au moins, partisan.
Or, il semble clair qu'en 2017, le premier tour présidentiel sélectionnera Marine le Pen et un second compétiteur. Celui-ci sera-t-il le leader (Sarkozy ou tout autre) de la droite libérale autoritaire ? Où sera-t-il Hollande ou une sorte de clone ?
Pour avoir quelque chance de l'emporter ce Numéro 2 devrait pouvoir rallier une majorité au second tour. Préparer désormais ce que celle-ci, dans l'une ou l'autre hypothèse, pourrait être, est évidemment le cap unique qui va commander les grandes manœuvres de la droite et les politiques conduites par l'actuel duo exécutif.
Dans la première hypothèse un candidat de droite pourrait trouver sa majorité, soit s'il pouvait mordre sur l'électorat frontiste, soit s'il pouvait rallier au centre et au centre gauche. Mais les deux démarches paraissent antinomiques. C’est le choix entre l'une ou l'autre qui va commander celui du candidat qui sera retenu : soit celui qui clive, soit l'un de ceux qui pourrait rassembler, y compris en séduisant des gens de gauche puisque ceux-ci ne voient plus en quoi un politique issu de leur rang peut de différencier d'un homme intelligent grandi dans les rangs de la droite honorable.
Dans la seconde hypothèse, celle ou le candidat n° 2 est Hollande ou procède de la même "gauche”, son succès suppose qu'il n'y ait pas trop de défections à gauche et qu'il puisse, néanmoins, au second tour, bien rallier l'électorat de droite (si celui-ci veut bien exclure l'hypothèse d'une présidence frontiste de la République, comme la gauche en 2002, en a exclu jusqu'au fantôme en votant Chirac).
Là aussi les deux objectifs de moyens (ne pas trop perdre à gauche, beaucoup gagner à droite) sont antinomiques, mais sont à la portée de Hollande qui se plaît d'avance à voir ses opposants de gauche obligés de voter pour lui et qui va continuer à accentuer une politique européenne libérale lui assurant un ralliement aisé, s'il parvient à être au second tour, de la clientèle droitière classique. Mais pour lui, tout l'obstacle est d'être au second tour...alors qu'il a perdu son électorat socialiste traditionnel. C'est pourquoi, il n'est pas totalement impossible qu'un socialiste apparent de remplacement tienne ce rôle, en offrant quand même suffisamment de garanties à droite et, surtout, à l'Europe. Quoiqu'on puisse en penser, il n'est pas du tout sûr que ce profil "idéal" puisse être consensuellement trouvé.
Les jeux ne sont pas faits; mais les régles du jeu semblent bien affichées.