Ce n'est pas parce qu'une de mes anciennes collaboratrices est, à nouveau, devenue ministre - et qu'elle est donc soumise au bashing qu'appelle la fonction - et ce n'est pas, non plus, parce que la stratégie de ce nouveau gouvernement ne me convainc guère que je dois abandonner mon principe de soutenir ceux et celles [i]qui m'ont apporté toutes leurs qualités en tant que membres des équipes que j'ai animées ici et là par le passé et qu'il faudrait laisser les faux juges des compétences exercer leur dénigrement...
La première fonction à laquelle George Pau Langevin a été nommée dans un gouvernement fut, hier, celle de ministre déléguée à la réussite éducative, à propos duquel je n'avais rien à dire puisque j'étais incompétent et ma seule occasion d'une observation (critique) à son égard fut qu'elle emboîta bien vite, avec un commentaire très "politiquement correct" sur la charte des services publics, le pas sur l'idée que tout le monde en France devait être dans la religion laïque de ressembler (du moins en public) à son voisin, ce qui est pardonnable de la part d'une Antillaise ( rappelons-nous que ce fut un surveillant général Martiniquais, je crois, qui fut le premier, chatouilleux, à lever la question du foulard à l'école....) si viscéralement attachée à l'égalité républicaine (qui avant d'être un refrain identitaire de la France modèle 2014, fut le levier de la décolonisation modèle Césaire).
Et c'est précisément parce que GPL est Antillaise, et c'est précisément parce qu'elle vient d'être nommée ministre des outre mer et c'est précisément parce que je me sens un peu compétent envers ces univers et concerné par ceux-ci , et c'est précisément parce qu'elle et moi, de longue date (comme avec une autre que, tous amis réunis, nous avons salué lorsqu'elle partait pour les ténèbres, alors que nous entourons George de nos vœux alors qu'elle arrive dans la lumière), nous avons partagé de mêmes causes et de mêmes missions .
De mêmes causes lorsqu'elle fut présidente du MRAP et que j'en fus le militant. De mêmes missions lorsque j'étais directeur à Medetom et président de l'ANT et que je demandais à cette avocate alors critique des missions de mobilité de l'institution de venir voir et, le cas échéant, corriger de l'intérieur son action, ce qui la conduisit à en devenir directeur adjoint en constituant avec le directeur E. Lauret, un Réunionnais d'une sensibilité différente , un couple administratif formés de deux personnalités remarquablement complémentaires et efficaces et ce qui valut plus tard, en 1997, à GPL de prendre le pilotage de l'Agence , avant de devenir de 2001 à 2007, conseillère du maire de Paris pour la vie associative et déléguée générale à l'Outre-Mer. Dans ce cadre elle fut notamment à l’origine du changement (hautement symbolique) de nom de la rue Richepanse (général qui contribua à rétablir l’esclavage en Guadeloupe en 1802) en rue du Chevalier-de-Saint-George, (du nom d'un métis guadeloupéen, violoniste, chef d'orchestre, épéiste et célèbre compositeur, de la seconde moitié du XVIIIe siècle).
L'ANT devenue LADOM est le réceptacle, par le lien des mobilités entre métropole et outre mers, de tous les problèmes sociaux de ceux-ci, problèmes qui résultent tous des difficultés de l'emploi dont l'ancienne directrice générale a connu bien des aspects en traitant de la formation et de l’insertion professionnelle des jeunes, en ayant affaire à des dimensions sociales graves toutes commandées par les clefs économiques (des allègements de charges à la défiscalisation) utilisées, avec quelques nuances, mais avec une grande continuité par des gestions politiques différentes, mais dont, en fait, les efforts ont convergés. GPL sait tout cela et ne serait être « novice » en économie, et qui plus est en Outre-mer.
Mais il est vrai que l'absence d'une personnalité de l'Océan Indien est amèrement ressentie par les Réunionnais qui ont vu se succéder rue Oudinot de nombreuses originaires des départements français d'Amérique et qui ont une gamme de personnalités non seulement politiquement très célébres, mais marquant aussi l'agriculture, la recherche, l'industrie et l'Université de l'Ile Bourbon. GPL le sait aussi, et je veux croire que comme elle a une très bonne et fine sensibilité politique et qu'elle est au nombre des plus universelles des domiennes tant par son approche juridique des droits de l'homme (oui, osons encore le terme) que par sa connaissance de populations des différents bassins de l'outre-mer (ce qui est, si l'on veut bien se mettre en accord avec ses principes, plus important qu'une lointaine naissance), elle aura les qualités que je lui ai connues et, donc, celles de se faire adopter.
Qui sont d'ailleurs ces juges de la compétence, ces rédacteurs ou ces inspirateurs de billets et commentaires dont on ne sait même pas quels diplômes ils détiennent, pas plus qu'on ne sait d'où viennent, sauf de carrière politique ou médiatique, ceux qui ont manipulé leurs compatriotes et leurs gouvernants pour obtenir ces postes creux depuis lesquels ils règnent comme des agités permanents faute d’avoir une idée cohérente, ceux qui naviguent d’une conviction à l’autre selon le sens du vent, ceux qui n’ont pas exercé de réelles responsabilités mais dont les amis assurent la publicité dans les encyclopédies se répercutant complaisamment les unes les autres.
Qui ose enfin poser ce type de question (celle de sa compétence) à propos d'un autre ministre (qu’une femme peu connue arrivant dans le cercle des premiers) ? Qui a osé posé cette question de la compétence sur le précédent Président de la République, avocat lui aussi, dont on n’a pas eu connaissance des compétences économiques en tant que socle de ses diverses nominations politiques.
La compétence d'une personnalité politique ce n'est pas celle dont attesterait son cv. C'est celle dont atteste sa réussite ou son échec. C'est d'ailleurs l'un des prix, l'un des paris, l'un des "à passer par profits et pertes" de la démocratie.
[i] et j'ai toujours soutenu ceux-là mêmes qui avaient eu des problèmes lorsqu'ils ont été dans l'adversité , chacun sachant les noms que je pourrais citer.