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Pourquoi ce blog

L'objet de ce site est de baliser par quelques souvenirs éloquents l'histoire récente et de faire contribuer ces expériences, par des commentaires d'actualité, à éclairer et choisir les changements, en s'interrogeant sur les propositions des politiques et les analyses des essaiystes. Donc, à l'origine, deux versants : l'un rétrospectif, l'autre prospectif.

A côté des problèmes de société (parfois traités de manière si impertinente que la rubrique "hors des clous"a été conçue pour les accueillir), place a été faite à "l'évasion" avec des incursions dans la peinture, le tourisme, des poèmes,  des chansons, ce qui constitue aussi des aperçus sur l'histoire vécue.

 

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L'auteur

 

DSCF0656-copie-1.JPGNé en 1933, appartenant à la génération dont l'enfance a été marquée par la deuxième guerre mondiale, l'occupation et la Résistance, l'adolescence par la Libération, la guerre froide, puis par de clairvoyants engagements pour les décolonisations, l'auteur a ensuite partagé sa vie professionnelle entre le service public (il a notamment été préfet, délégué à l’emploi, directeur des affaires économiques de l’outre-mer, président de sa chaîne de radio-télévision, RFO), l'enseignement et la publication d’ouvrages de sciences politiques (il est aujourd’hui membre du comité de rédaction et collaborateur régulier de la Revue Politique et Parlementaire). Il a également assumé des missions dans de grandes entreprises en restructuration (Boussac, Usinor/Sacilor), puis a été conseil d’organismes professionnels.

 

Alors que ses condisciples ont été en particulier Michel Rocard et Jacques Chirac (il a partagé la jeunesse militante du premier dans les années cinquante et fait entrer le second à Matignon dans les années 60, avant d'être son premier collaborateur à l’Emploi et pour la négociation de Grenelle et au secrétariat d’Etat aux Finances, il n'a suivi ni l'un, ni l'autre dans leurs itinéraires. En effet, dans le domaine politique, comme il ressort de ses publications (cf. infra), Gérard Bélorgey n’a rallié ni la vulgate de la Veme république sur les bienfaits de l’alternance entre partis dominants, ni les tenants du catéchisme du libre-échange mondial. Il ne se résigne donc pas à TINA ("there is no alternative" au libéralisme). Tout en reconnaissant les apports autant que les limites de ceux qui ont été aux affaires et avec lesquels il a travaillé, il ne se résigne pas non plus à trouver satisfaction dans tel ou tel programme de camp. Mesurant combien notre société multiculturelle, injuste et caricaturalement mondialisée, souffre aussi bien des impasses de l’angélisme que des progrès de l’inégalité et des dangers de l’autoritarisme, il voudrait contribuer à un réalisme sans démagogie.

 

Partie de ses archives est déposée dans les Fonds d'Histoire contemporaine de la Fondation des Sciences Poltiques (cf. liens).

 

Il a publié sous d'autres noms que celui sous lequel il a signé des ouvrages fondamentaux que furent "le gouvernement et l'administration de la France" (1967), "la France décentralisée" ( 1984), "Les Dom-Tom" (1994)  : le pseudo de Serge Adour correspond à l'époque de la guerre d'Algérie et à une grande série de papiers dans Le Monde en  1957 , celui d'Olivier Memling au recueil de poèmes et chansons "Sablier " (couronné en 1980 par l'Académie Française et référé, dans l'histoire littéraire du XXeme Siècle de Hachette) celui de  Gérard Olivier à son analyse dans de  grands quotidiens de la décentralisation en 1981/82; celui de Solon  (malheureusement partagée par erreur avec d'autres auteurs) à la publication en 1988 de "la démocratie absolue" . Cessant de vivre un peu masqué, il retrouve son nom en 1998 pour "Trois Illusions qui nous gouvernent", puis en 2000 pour "Bulles d'Histoire et autres contes vrais " (série de coups de projecteurs sur quelques apects du dernier demi siècle qui seront souvent repris ci-dessous), ainsi que pour de  nombreux articles dans  diverses revues. EN 2009, il est revenu sur la guerre d'Algérie avec le roman ( Ed. Baurepaire) "La course de printemps". Il prépare "L'évolution des rapports Gouvernés /Gouvernants sous la Veme République :entre absolutismes et renouvellements?"

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 19:15

 Engagé depuis plus de cinquante ans, non seulement de manière intellectuelle, mais, concrètement, dans des positions et actions personnelles, professionnelles, collectives, etc.…. contre bien des racismes, je ne supporte pas le cinéma de vouloir abolir l’usage officiel  du mot « race » …, comme je suis renversé de voir les théories affabulatrices du genre et du queer  jeter le si beau bébé des sexes avec l’eau du bain des machismes, ou, désormais des  dictatures féministes[i].

 

1 - À mes yeux, la négation de principe de la notion de “race”, bien qu’inspirée par les fléaux des racismes,  est une posture contreproductive.

 

Bien sûr, comme le disait, dès 1992, Danièle Lochak: (in « La race: une catégorie juridique? ») «  le mot «  race » …devrait rester tabou, s'il est vrai que les races n'existent pas, qu'elles sont l'invention des racistes. Lorsque le législateur, en effet, proscrit les discriminations fondées sur la race, n'entérine-t-il pas en même temps leur existence, ne leur confère-t-il pas une objectivité ambiguë ? C'est sans doute la prise de conscience de cette ambiguïté qui explique la tendance perceptible dans les textes les plus récents à substituer aux mots race ou origine raciale des termes dont on pense, à tort ou à raison, qu'ils sentent moins le soufre, comme ethnie ou origine ethnique… » et puis l’idée – et c’est moi qui ajoute - que pour se débarrasser du problème, il suffisait de nier le mot :  pas de race, pas de racisme.  Mais la même auteure, qu’on ne peut soupçonner de  complaisance (professeur émérite de droit public à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, elle est ancienne présidente du Gisti ) envers quelque dérive raciste que ce soit,  placée devant le vote de l’Assemblée, indique avec retenue, “ce n'est pas le mot race dans les textes qui alimente le racisme". De même le célèbre pourfendeur de toute approche racialiste A. Langueney (cf. infra) dit bien[ii] que la disparition du mot ”race des textes français ne peut avoir qu’un  effet symbolique.

 

Et même si le concept de « race » ne répondait à rien - d’un côté,  parce que le mot a été discrédité, d’un autre,  parce que la notion est floue (tantôt relative aux vieilles divisions cardinales selon les couleurs de peaux, tantôt appliquée à des communautés plus étroites et singulières, à tel point qu’on ne saurait recenser ni nommer les races [iii]) -  l’illusion que porte ce concept peut d’autant mieux être combattue qu’elle est référée à un mythe collectif clairement nommé : celui de la race, ayant à la fois nourri de compréhensibles sensibilités communautaires entre individus ressemblants , mais ayant aussi apporté d’ignobles justifications à des systèmes d’exploitation et à de monstrueuses entreprises criminelles. Si les « races » sont niées  plus par principe sémantique ( ce qui fait bizarre)  que par exigence éthique ( ce qui a valeur d’absolu)  et, le cas échéant, par démonstration scientifique (ce qui garde toujours une valeur relative) et que, par la confusion des bonnes consciences et des clins d’yeux politiques,  le mot devienne tabou, on se trouverait moins bien armé pour lutter contre le racisme qui ne peut, lui, être aboli par un vote de  législateurs.  

 

Tout au contraire, de la même manière que  la loi sur le mariage gay [iv] a nourri l’homophobie, la  suppression du mot “race” ne peut, à mon sens,  que nourrir des racismes et des malentendus : lorsqu’un élu (de droite)  déclare “on ne change pas la réalité en changeant les mots”,  n’est-il immédiatement soupçonné de racisme, alors que ce n’est qu’une méchante interprétation de son  propos qui se rapportait, à l’évidence, à une perception de données physiques et non à des constats scientifiques?  On voit que cette affaire est un nid de polémiques, comme résultat de l’un des points d’un  programme présidentiel qui faute d’avoir pu dessiner une nouvelle stratégie pour la France a parfois additionné quelques  idées gadgets (et boomerangs) puisées dans une pseudo culture de gauche : encore une histoire de gribouilles dans laquelle il vaudrait mieux - cette fois-ci – ne pas faire preuve d’un entêtement méprisant des réactions massives enracinées dans une espèce de bon sens commun qui n’est évidemment pas le hic et nunc de l’intelligence contemporaine, mais qui traduit la résistance populaire à accepter qu’on lui fasse prendre des vessies pour des lanternes, des hommes pour des femmes et des Chinois pour des Africains. 

 

Cette tentation de la négation du mot et concept de « race » a été fortifiée par le fait que depuis les années 60 , il a paru de plus en plus possible de  pouvoir afficher comme vulgate [v]  - partagée par la quasi totalité des généticiens et des théoriciens de l’évolution (et dont les travaux de Stéphan Jay Gould [vi] offrent à la fois des illustrations et une forme de synthèse ) -  une unité d’origine géographique et de souche homogène « sapiens » de l’espèce humaine excluant la notion de “sous espèce », c’est à dire l’équivalent en taxinomie de celle de « race » pour des animaux.   Mais la notion de « race » - qui, à vrai dire, dans le langage populaire (voire administratif) n’a pas de signification scientifique ,  a été - par ceux là mêmes qui la proscrivent comme le diable - immédiatement remplacée, pour expliquer des singularités  perceptibles (comme la couleur de la peau ou la morphologie ) ou non perceptibles au commun des mortels (comme des réactivités différentes à certaines maladies et remèdes ) par le constat de l’existence de groupes typifiés de populations (cf. infra).

 

S’il est vrai que le terme de « race » peut être dangereux, il me semble ainsi néanmoins faux de dire que la notion de race ne correspond à rien et ne sert à rien, puisqu’il existe des différenciations extrêmement marginales sur le fond (voire anodines ou superficielles), mais lisibles dans des apparences et ayant même parfois quelques aspects pratiques. Il faut simplement la dédiabioliser , en particulier en lui ôtant toute valeur de hiérarchisation entre groupes humains, à l’inverse ce qui a été le fait des idéologues racialistes et des exploitants colonialistes comme des acteurs politiques pouvant promouvoir jusqu’à la folie une politique raciste. Mais le terme - qui désigne aussi, y compris par nombre de leurs membres eux-mêmes,  des identités ayant chacune des valeurs intrinsèques -  est tout autant utilisé pour combattre les thèses et systèmes racialistes !

 

Quoiqu’il en soit, il faut lutter sans cesse contre les crimes envers l’humanité  et contre les injustices envers ces hommes et ces femmes que d’autres regards considèrent comme des inférieurs. C’est en effet là ce que peuvent  engendrer, dans toutes les relations inter ethniques, sans évidemment aucune portée hiérarchique , mais non  sans certaines singularités (à conséquences éventuelles, notamment de types humains, mais aussi, parfois, de portées  psychiques et médicales) , ce qui est vu ou ressenti comme des altérités. Ces différences sont soit évidemment perceptibles comme celles qui concernent les apparences physiques des personnes , soit peuvent être  – tout à fait marginales, mais non anodines  – scientifiquement identifiables, et alors même que leurs constats  ne fondent rien qui puisse rompre l’unité de l’espèce humaine  ont servi, et servent encore à travers le monde,  de souches à des constructions de fictions (cf. des types de ces  constructions dans les ouvrages cités qui recensent les étapes et formes des idéologies racialistes)  , que leurs   caractères intéressé, illuminé, littéraire, romantique ou fantomatique mettent parfois encore d’une certaine manière  à l’abri de démantèlement rationnel, de même que, symétriquement,  bien des communautés ( qu’il  faut reconnaître malgré la sectaire doctrine anti différentielle uniformatrice nationaliste hyper laïque française) ne peuvent se définir qu’en s’attachant à une origine : la leur. 

 

2 - « La race » est donc aussi un ressenti affectif  d’appartenance qu’il faut respecter comme tel,  tant  il est vrai que  bien des individus, à la recherche de repères et de solidarités,  se trouvent des « identités » dans ces combinaisons d’éléments physiques, culturels, politiques, vrais et imaginaires qui les font se reconnaître dans des « races » aux contours et critères très plastiques dessinant des frontières psychiques d’appartenances. Quelques sondages  auprès de mes amis de la diversité  qui , comme beaucoup, revendiquent eux une appartenance  et font valoir que si le métissage est une belle chose, il est normal que parallèlement  (cf. sur ce site l’article dû 05/03/09 - Alain Despointes versus Stephen Jay Gould ) chacun puisse être attaché à l’identité dans laquelle il se sent ses racines et peut souhaiter (notamment par endogamie) inscrire son avenir.

 

Oui, aux races, à chaque race identifiée par ceux qui s’en réclament  de manière un peu subjective (les hommes vivants ne sont pas tenus par les critères objectifs des sciences), qui  sont attachées à des valeurs affectives singulières faisant que les uns ou les autres célèbrent (légitimement, s’il ne s’agit pas d’asseoir leur empire)  qui l’indianité, qui telle ou telle famille sémitique, qui une souche européenne, qui la négritude, etc. La proclamation de cette « négritude » n’est-ce d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles on loue Aimé Césaire, même lorsqu’il appelle les siens à une reconquête de  l’histoire ?  N’interpellait-il en ce sens (et le lien en  note va vous permettre d’entendre sa voix) à la Sorbonne,  en septembre 1956, alors que  se tenait à Paris le premier congrès des écrivains et artistes Noirs : "Laissez entrer les peuples noirs sur la grande scène de l'Histoire" [vii] ?  

 

L'avenir de notre univers  c'est à la fois d’un côté , de plus en plus,  les interfécondités et les vertus du métissage [viii] , mais, toujours, de l’autre, la  coexistence non fusionnelle de diverses identités différentes qui, par le passé, ont été grossièrement réparties en quatre ou cinq « races », selon des dénominations qui se sont discréditées par des ignominies de toute nature et origine, mais qui , dans l'égalité, portent chacune et ensemble, délivrées des mythes destructeurs,  une arborescence universelle de valeurs convergentes et complémentaires, « comme la contradiction  des traits se résout dans l’harmonie du visage » [ix] de même que la différence et l'union des deux sexes  forment l’unique irremplaçable semence  de notre monde aussi obligatoirement bisexuel que racialement multi ethnique.  

 

C’est une débile conduite de fuite, angélique et irresponsable, que se mettre la tête dans le sable devant le mot « race ». D’ailleurs, de la même façon qu’un certain nombre de militants de l’anti racisme ne trouvent pas cette idée très pertinente, je sais,  pour avoir beaucoup vécu aux contacts des populations les plus diversifiées du monde, combien beaucoup d’entre leurs membres attachés à leurs traits et histoires respectives – avec, il est vrai, le risque de leur propre racisme - sont les premiers qui ne sauraient admettre de voir supprimer le concept et le mot. Et il est regrettable que, peut-être pour masquer l’inanité du reste de l’offre française de changement,  triomphe l’art de provoquer des débats (sur les sexes et sur les races) dépourvus de sens mais riches d’affrontements inutiles.

 

On en vient à se demander si les  vulgates bien intentionnées ( la race est   une fiction, le mariage et la filiation sont pour tous) ne sont pas avant tout inspirée par l’horreur des racismes et par celle des violences ou ostracismes  homophobes, mais,  de la même façon que la dénonciation – fut-ce avec talent – de « l’horreur économique », loin de conduire à des stratégies qui puisse la combattre,  a surtout nourri des compassions, ces proclamations de principe ne peuvent pas avoir plus d’effets concrets que « Indignez vous » aboutissant à un énorme succès d’estime en compensation de l’impuissance à dire comment réformer.  

 

En effet les racismes ne s’alimentent pas, même si tant de théoriciens les ont servis[x],  à des concepts qui leur offrent des pseudo justifications, mais à des perceptions qui les provoquent, ce qu’exprimait  d’un raccourci  P.  Lozès,  l’ex président du CRAN (le Conseil représentatif des associations noires de France) en disant “Les races n'existent pas, mais la couleur de la peau existe »[xi].

 

3- Entre pioche programmatique, magie législative, media vendeurs  et révisions d’honnête homme…

 

La négation du sexe (exemple, par  la loi gay) et l'abolition du mot  "race " dans les textes législatifs  (proposition de loi votée en AN, en attendant la remise en cause du Préambule de la Constitution et des grandes déclarations internationales sur les droits de l'homme ! En attendant, sans doute aussi que l’emploi public du mot  devienne  un délit ) participent d'un acharnement pseudo égalitariste français qui voudrait que, malgré les richesses par les diversités  de notre société  composite,  tout le monde soit uniforme, que nous soyons tous ressemblants et interchangeables  et  qui débouche sur le fétichisme du verbe : ainsi utiliser le mot « mariage » pour définir un autre type d’union que celle d’une femme et d’un homme, aurait le pouvoir magique d’effacer que l’union de deux personnes du même sexe est quelque chose de différent ; ainsi chasser de mot « race » aurait le pouvoir magique en faisant de cette notion un  tabou de proscrire le racisme. Je le suis  suffisamment battu contre celui-ci et contre, sinon l'homophobie ( qui est un sentiment qui ne se commande pas), mais contre l'agressivité homophobe ( qui est une criminelle violence sociale)  pour dénoncer ce gouvernement par le verbe qui se permet de piocher dans  la ligne de Gérard Schröder pour promouvoir de nouveaux modèles sociaux et de piocher dans la reprise des  formules simplificatrices de Charlie Hebdo , d’une part au service de la légitime cause des homo, d’autre part pour répéter que l'espèce humaine est unitaire ; mais  en le disant à la façon très tranchée d’Albert Jacquard ou très militante de André Langaney, c’est le faire d'une manière plus inutilement abrupte  que constructive.... puisque c'est pour dire immédiatement après qu'il y a une diversité humaine. : la synthèse stylistique – « la continuité dans le changement » que l’on croyait typiquement pompidolienne – consiste, pour bien marquer qu’il n’y a pas de saut de nature  qualitative,   en une espèce d’ oxymore :  « la continuité de variation génétique des populations » Bataille de mots ? On y reviendra.

 

L'orgueilleux  législateur, quant à lui, s'arroge le droit de trancher dans les échanges  nuancées d'une pléiade de scientifiques qui semblent partager un consensus mais qui ne l'éclairent pas tous pareillement en ne  s'exprimant pas unanimement tout à fait de la même manière en matière de génétique et de biologie moléculaire.  La prétention de trancher par la loi une question que des écoles scientifiques ont largement éclairée , mais ne sont pas parvenus à exposer d’une manière unitaire et sur laquelle il existe aujourd’hui de ce fait plus que des nuances de présentation, relève bien non seulement, comme on l’a déjà relevé ,  de la foi dans magie, mais aussi  de l’orgueil : de la même façon qu’avec la loi gay, la majorité s’est donnée un pouvoir que Carré de Malberg ne reconnaissait pas à la toute puissance de la loi parlementaire (qui « peut tout faire sauf changer un homme en femme »), par l’abolition du mot « race »,  elle  veut d’une part se donner le pouvoir de trancher une interrogation scientifique complexe et, d’autre part, celui  de mettre en cause l’expression universellement reconnue ( dans les Déclarations des droits et dans celles de bien des organismes internationaux ) de la volonté de refuser toute distinction fondée sur celle-ci.

 

Quant aux  média, ils sont plus dans leurs intérêts de vendeurs que dans un rôle de  pédagogues en cherchant moins à présenter des synthèses que des jeux de confrontations de titres -  cf. fin mai,  à deux ou trois jours de distance  dans « Le Monde[xii], « sexe et race : deux réalités »[xiii], puis,  « deux illusions »-  ou ils aboutissent - comme dans l’émission d'excellente intention de B. Taddéi , «  Ce soir ou jamais » à un plateau très tendu avec les  propos désobligeants envers d'autres participants de l'acteur F. Huster confondant cercle de réflexion et théâtre d'expression, avec un dialogue de sourds entre spécialistes peu coopérants entre eux et à ce qui,  pour le non initié, a paru parfois le galimatias de certains invités ( comme l’approche queer de Marie Hélène Bourcier). Aussi ressent-on le besoin de clarification. J’ose tenter pour moi-même comme  pour certains mes lecteurs,  un peu d'une délicate vulgarisation, pouvant comporter d'impertinentes questions de profane envers les dogmes en cours.

J’ai donc voulu non seulement comprendre mais faire passer ce que je crois avoir compris comme ce qui m'interpelle un peu.  J'ai donc fait, en n’étant qu’un généraliste honnête homme, de nombreuses révisions ou découvertes dans des fiches pédagogiques, des présentations universitaires[xiv],   des encyclopédies, des ouvrages écrits de manière accessible et dans des revues voulant mettre des sciences à la portée du grand public.

 

 

4 – Il y a bien un  champ commun des constats génétiques et biologiques partagés par tous.

 

En taxinomie, la famille des « hominidés » réunit les sous familles d’un côté des gorilles,  et celle des  chimpanzés et bonobos et, d’autre part, l'espèce humaine. Celle-ci est  constituée aujourd’hui, au titre du genre homo, du seul Homo sapiens - encore que celui-ci ait pu un moment coexister (et ait pu se métisser ?) avec des néanderthaliens. Entre l’espèce humaine et les espèces apparentées,  les différences sont dues à un petit nombre de gènes. Les analyses ADN montrent ainsi que l’espèce humaine possède déjà un peu plus de 98,6 % de son génome en commun avec les chimpanzés. Lespèce[xv] humaine unitaire - dont les membres,  selon  l’approche consensuelle scientifique, sont tous aujourd’hui  originaires de l’homo sapiens (encore que leur génome porterait comme  de minimes traces néandertaliennes) est composée de tous les individus susceptibles de se reproduire les uns avec les autres[xvi], tous ceux et celles dont les sangs peuvent se mêler, et, donc,  sous réserve qu’ils appartiennent au groupe adéquat, être transfusés les uns pour les autres. Ainsi un noir et un blanc du même groupe sanguin ou de groupes sanguins compatibles  sont-ils biologiquement plus proches que deux noirs, ou deux blancs,  qui appartiennent chacun à des groupe sanguins incompatibles entre eux. Les analyses ADN montrent que l’espèce humaine possède en  partage le même patrimoine génétique à 99,9 %.

 

Au sein de l’espèce, les génomes des individus sont tous différents, c’est le polymorphisme génétique. D’une part parce que 0,1 % du génome des hommes est propre à chacun ce qui donne des profils AND individuels, d’autre part parce que les gènes peuvent s’exprimer de manière différente[xvii], avoir des versions originales. S’il y a 25 000 à 30 000 gènes humains,  leurs différentes versions ( qu’on nomme des « allèles ») et leurs combinaisons produisent un nombre faramineux de génotypes possibles pour un individu, ce qui fait  que nous sommes tous différents et qu’il a plus de différences effectives entre les individus d’un même groupe de populations que de différences visibles ( des phénotypes)  entre ces populations, le phénotype étant l'ensemble ( phénome) des caractères observables ( visibles, anatomiques, morphologiques, physiologiques comportementaux ) de cet individu, tandis que le génotype  exprime  la fréquence des allèles qui caractérise le génome d'un individu (l’information génétique sur chacun. Pour certains traits simples -  les grandes différences humaines, au niveau de l’apparence (et notamment, s’il y a continuité héréditaire, couleur de la peau, des yeux, morphologie)- la correspondance entre le génotype et le phénotype est directe, mais la plupart des caractères individuels dépendent (par exemple, je crois, en cas de métissage), de multiples gènes (dominants et récessifs) et des rapports d’impacts entre eux.

 

Ces apparentes différences anatomiques et physiologiques à l’intérieur de l’espèce sont dues à un nombre très restreint de gènes  (ou plutôt de version /expression de gènes -  ces « allèles » favorisés ou défavorisés par tel ou tel facteur d’environnement, (par exemple, ensoleillé ou non, forestier ou glacial) – et  tout gène peut avoir plusieurs allèles, qui déterminent souvent l'apparition de caractères héréditaires différents.

 

C’est à l’extrême marge asymptotique que se font les différenciations, les  diversifications catégorielles internes à l’espèce étant le résultat non de la présence ou de l’absence de tel ou tel gènes,  mais le produit des versions, des dosages et donc des  fréquences dans divers groupes de populations d’un stock de gènes commun à tous les hommes. C’est ce qu’on peut comprendre de l’explication schématique et forte présentée par A. Langaney (in La Revue, précitée) : « le concept de race, au sens scientifique, ne s'applique pas à l'espèce humaine. Il n'existe aucun caractère génétique que l'on retrouve chez tous les individus d'une population et qui n’existe pas chez les autres. Les mêmes gènes sont présents dans toutes les populations humaines. Certains sont plus fréquents en Afrique ou plus rares en Asie, mais c'est tout ». Puis,  vient de sa part, l’assertion matraque  qui n’est pas partagée par absolument tout le monde scientifique (cf. infra, la question de la souche humaine) : « La seule explication possible, c'est que les sept milliards d'êtres humains descendent tous d'une unique population ancestrale, qui vivait il y a soixante mille à deux cent mille ans. Et qui était assez réduite : 15 000 à150 000 personnes environ »,hypothèse dominante sur laquelle on reviendra.

 

Au sein d’une espèce, un groupe d’individus - si ceux-ci  se trouvent isolés (pour des raisons géographiques ou écologiques, des variantes de facultés anatomiques  ou sensorielles) - peut évoluer en dehors du courant génétique de l’espèce de référence, cette évolution se produisant soit par des transmissions (?) de caractères acquis (cf. débat infra) dans la relation de maximisation de l’adaptation à l’environnement,  soit – d’une causalité plus mystérieuse encore - par des mutations. Mais il n’en est pas été ainsi - semble-t-il -  au sein de l’espèce humaine. Certes, celle-ci présente des caractères individuels phénotypes  variants et des morphotypes différents. C'est un des éléments de la diversité génétique qui est considérée comme facilitant l'adaptation des populations à leur environnement plus ou moins changeant. Mais, il n’est pas apparu des sous-espèces (qui seraient génétiquement des “races”) parce qu’il  n’y a pas eu, depuis la souche apparemment  unitaire du genre humain,  d’assez longs isolements de groupes humains les uns  par rapport aux autres[xviii]. Néanmoins,  alors même que les variations génétiques fonction des « origines » sont très faibles, bien moindres, comme on l’a déjà indiqué  que les diversités génétiques individuelles au sein d'une même « population  »,  à partir du génome d'une personne, il est aujourd'hui possible de connaître avec une relative précision la région du Globe d'où proviennent ses ancêtres [xix]: pourrait-on dire sa «race» ? Bien que ni la génétique, ni l’anthropologie, ni l’ethnologie, ni l’anthropomorphie ni les synthèses des philosophes de l’évolution, ni   les découvertes récentes,  ne semblent avaliser au sein de l’unité humaine, le modèle  taxinomique de l’existence de  sous-espèces, on constate une «pluralité humaine» sans hiérarchie liée. Depuis l'achèvement du  séquençage du génome hulain en 2004, un certain nombre d'analyses génétiques basées sur des polymorphismes génétiques  permettraient de distinguer une répartition par « groupe géographique » de certains polymorphismes pertinents du génome humain et à fréquence allélique suffisante. L'équipe de Luigi Luca Cavalli-Sforza  suggère que les Homo Sapiens  se répartissent en neuf « populations » de base[xx] dans la mesure où l’on retrouve au sein de chacune des combinaisons génétiques  proches ayant notamment une pertinence médicale[xxi].

 

 

 

neuf groupes populations

Ces neuf (certains en trouvent sept)  déclinaisons sont apparemment  reliées par des groupes et des zones  de transition (comme la Méditerranée, le Pacifique, etc.…encore qu’il puisse y avoir des distances génétiques importantes entre individus géographiquement proches et parfois ressemblants[xxii]) et par les très grandes variétés des métissages de plus en plus développés offrant des types multiethniques. De toute façon, il n’y a  pas de césure dans l’humain) ces groupes et ces sous groupes géo/ethniques  restant très proches génétiquement, avec pour bonne raison, l'extrême jeunesse de l'espèce humaine. En 150 à 60 000 ans (depuis la sortie d'Afrique de l'Homo sapiens), l'évolution n'a pas eu le temps et aurait de moins en moins de circonstances d’isolement dans un univers mondialisé, pouvant se prêter à creuser de fossés génétiques. Il n’y a pas eu de mutations génétiques qui auraient été propres à  tel ou tel groupe et qui pourraient être des marqueurs de différences pour la suite.

 

 

5 – Des questions  débattues : d’où viennent les grandes ethnies mondiales ? Et d’où procèdent leurs phénotypes dominants ?

 

Au delà des consensus précités, la divergence qui apparaît est celle qui sépare les majoritaires des scientifiques  convaincus de la théorie “out of Africa” (un nombre croissant de chercheurs supposeraient aujourd’hui  que l'origine de l'homme moderne n'est pas en Afrique de l'Est ou du Sud mais en Afrique du Nord)  telle, rappelons-le que l’exprime  A. Langaney (“La seule explication possible ( de l’unité uniformité du capital génétique de base), c'est que les sept milliards d'êtres humains descendent tous d'une unique population ancestrale, qui vivait il y a soixante mille à deux cent mille ans..)  Et des très  minoritaires soutenant une conception polygéniste (croyance à la pluralité intercontinentale des souches originaires de l’homme). C’est celle  de continuité avec hybridation défendue depuis les années 1980 notamment par l'Américain Milford Wolpoff, le Chinois Wu Xinzhi et le paléontologiste et paléoanthropologue français Yves Coppens [xxiii] et  qui pourrait  contribuer à nourrir une “essentialisation” de  l’idée de “race”.

 

Un profane croît donc discerner une double question qui effrite la vulgate

 

Première question : une seule ou  plusieurs souches ?  Le pluralisme a  longtemps  été suggéré par la frappante correspondance entre continents ou ensembles archipélagiques avec des phénotypes et, pour une part, avec des familles de  langues. Et s’il faut s’en tenir à  une seule souche , comment ont pu se faire - en plus des migrations géographiques que la démographie des mouvements parvient à  expliquer – les acquisitions et fixations de phénotypes (et de génotypes ? au moins  correspondants ) donnant différentes déclinaisons d’apparences à l’unité humaine ? Est ce de manière, semble-t-il un peu simpliste, comme présentée par  A. Langaney (cf. toujours  La Revue, juin 2013 : « les différences humaines viennent, en fait,  de l’histoire, pas de la génétique »   (par exemple, « la peau est devenue plus foncée dans les zones intertropicales pour des raisons liées à la synthèse de la vitamine D et aux cancers  de la peau. Elle est devenue claire dans les zones tempérées… ») . Comment ces acquisitions de l’histoire peuvent-elles s’être fixées et se transmettre héréditairement ? Pour ma part, je comprends que pour que des caractères se forment distinctement depuis une souche unique en se stabilisant par transmission héréditaire, il faut que de la diversification se fixe  dans les cellules reproductrices ( les gamètes, le noyau), ce sui débouche sur …

 

… la deuxième question – comment peuvent donc  se transmettre les effets du milieu ou les adaptations au milieu ? Que l’on soit d’ailleurs dans une approche darwinienne ou dans une approche lamarckienne,  les deux postulent en fait,  quoique de manière différente,  un mécanisme d’hérédité de caractères acquis. En effet  la première théorie de la sélection  est qu’apparaissent chez certains individus, dans la longueur des temps géologiques,   de manière aléatoire, des mutations différenciantes qui les rendent ou plus faibles ou plus forts par rapport au milieu, et que ceux qui sont sélectionnés, lèguent, par transmission  héréditaire, leurs avantages relatifs. Dans l’autre théorie, celle de l’adaptation, ceux des individus placés dans des milieux différents qui ont su maximiser leurs capacités d’adaptation vont transmettre à leurs  descendants une hérédité incorporant une préadaptation positive. Mais qu’il y ait mutations aléatoires ou adaptations, on est renvoyé au vieux débat sur la possibilité de transmission des caractères acquis [xxiv] qui a longtemps été conclu en défaveur du Lamarckisme.  À ce titre, on a longtemps considéré que les influences du milieu (alimentation, humidité, température et lumière), si elles peuvent certes provoquer une variation de forme chez les êtres vivants qui affecte leur soma (le corps, hors cellules sexuelles, cad hors le noyau des gamètes portant les chromosomes, le germen) ne peuvent pas toucher au patrimoine génétique assurant la transmission héréditaire. Alors  que le germen est, par construction réversible dans le soma, puisque l’union sexuelle de deux germen  fait la descendance, ce qui a pu transformer le soma ne serait pas réversible dans le germen, sous réserve de deux exceptions : soit si une intervention  extérieure (il y a de longues  pratiques sur les plantes et des expériences étroites  portant sur des caractères de cobaye ou de volatiles) est venu en quelque sorte « « trafiquer » le noyau  qui transmet alors  la modification ; soit s’il y a des mutations aux causes mystérieuses ou telles que la radio activité).  

 

Toutefois, en intégrant dans les recherches le facteur temporel de phases d’interactions aux durées très variables, entre un organisme et des phénomènes environnementaux, on envisage aujourd’hui des hypothèses intermédiaires[xxv]. Les évolutions de l’expérimentation, de l’observation et de la  réflexion théorique suggèrent ainsi des diversités de voies de plasticité d’une même souche originaire. Mais la théorie, qu’ Yves Coppens aime nommer « Out of nowhere » - le passage d'Homo erectus  à Homo sapiens s’est fait parallèlement dans toutes les régions du monde, sauf dans un certain nombre de régions particulièrement isolées, notamment en Europe  ou Homo erectus n'a pas évolué en H. Sapiens mais a donné naissance à l'homme de Néandertal  et,  par la suite il y aurait eu un « grand métissage » entre les Homo sapiens venus d'Afrique et ceux se trouvant sur place – ne paraît pas absolument invraisemblable.

 

Si l’on ne peut pas totalement exclure que des « races », au sens de souches différentes d’une même espèce sapiens,  puissent exister – et d’ailleurs peu à peu, se dissoudre, au moins marginalement,  par des métissages, et afin de ne fonder aucun risque de racisme  dans une éventuelle diversité géographique des origines,   pour ma part, sans évidemment être apte à trancher quoique ce soit sur le fond,    je croirais prudent de ne pas lier l’égalité de tous les hommes entre eux à l’unicité de leur souche d’origine.

 

 

6 – De toute façon, plutôt que conduire une mythologique bataille de mots,  il faut valoriser les différences.

 

 

Tout revient à une définition du mot “race”. Si le mot correspond à la notion de « gènes communs et exclusifs à un groupe d’individus », la « race » n’existe pas,  puisqu’aucune population humaine ne possède exclusivement des gènes propres, les différences anatomiques que l’on perçoit, par exemple entre un individu asiatique et un européen, n’étant – pour parler schématiquement - que l’expression plus ou moins forte de gènes communs.  Mais, si, conformément à la suggestion de François Lebas (Directeur de recherche honoraire de l'INRA) « au sein d'une espèce, une race est ….une collection d'individus ayant en commun un certain nombre de caractères morphologiques et physiologiques qu'ils perpétuent lorsqu'ils se reproduisent entre eux...", la « race » existe, le mot pouvant d’ailleurs  être remplacé par celui d’ethnie. Il s’agit donc d’un mot qui porte bien des ambigüités : il ne signifie scientifiquement rien, mais il répond à des réalités ; il a été levier d’agressivité et il est support de dignité; historiquement conflictuel par les méfaits et dominations qu’il a porté, il est la référence  militante permettant  l’expression des volontés de justice et d’égalité. Au lieu de d’abolir la notion de race , ne faut-il valoriser un combiné des constats de « races » et d’ »ethnies » ?

 

 

Ça me semble une interpellation biaisée que celle signée Foucard dans Le Monde du 3 juin : « Les " races humaines " existent?  Alors énumérez-les !” Car, sans doute, on peut les énumérer en se référant aux groupes de population définis par Cavalli-Sforza (cf. tableau joint). Même si l’auteur a raison de marquer combien le parallèle est insoutenable entre des races animales ( qui n’ont pas le même patrimoine génétique) et des  races humaines ( qui ont toutes le  même capital génétique, se trouvant, selon des groupes de populations, différemment exprimé), il mérite la réponse qu’on peut nommer une appréciable variété de “diversités ” humaines, au sens de groupes de populations marquées par des phénotypes et caractérisés par des cultures singulières; et il faut que les débatteurs admettent en partage que si « races » ou « ethnies » il y a,  la définition de leurs caractères et frontières peut comporter une pure approche phénoménologique , mais dont la part de malléable devrait être restreinte par une convention sur le sens des mots .

 

Certes, c’est ce qui est regardé (ou ressenti) comme une race ou une ethnie est ce qui est une race ou une ethnie, ce qui renvoie aux appréciations, (reprises par bien  des auteurs souvent submergés dans de douloureuses subjectivités) de J.P.  Sartre ou de Frantz Fanon . Toutefois ne peut-on admettre que le premier terme est un vocable caractérisant par la saisie d’un caractère simple, visible et sommaire, un large ensemble humain (en langage populaire, par ex. « les Jaunes » et en approche « scientifique » les  trois groupes d’ « Asian » des « clusters »  de Cavalli-Sforza) ? ; admettre aussi que le second vocable, au sein de l’un de ces ensembles inclusifs, selon le nombre des critères pris en compte, définit de manière de plus en plus pointue telle ou telle communauté  (en terme ethnographique, par ex.  « les Hmong » ) : dans les deux cas, malgré la différence de sens entre ces réalités apparentées que sont  “race “ et “ethnie”, ces termes désignent bien   ce qui, d’un point de vue externe ou interne, est perçu et/ou ressenti comme l’existence de différents niveaux de groupes identitaires correspondant au partage de certains facteurs communs entre des personnes s’inscrivant dans une part de même histoire  et constituant  des complexes géo/phénotypo/culturel; celui –ci pouvant être variablement et souplement défini selon des approches d’échelle différentes avec plus ou moins de recul, et donc en distinguant  des traits identitaires très généraux ou plus précis  selon la taille de la population  considérée et le cas échéant selon les métissages intervenus qui font – en faisant sauter les inclusions dans une « race » et une autre - ce qu’on nomme avec , hélas, des connotations hiérarchiques, «  les frontières de couleurs » dans bien des pays tropicaux.

 

Mais il n’y a pas de base à des distinctions juridiques, ce qui condamne complètement, par exemple, la notion américaine de “race  hispanique, encore que l’on soit obligé de tolérer la notion recognitive d’un “caractère hispanique” ou « yankee ». Il va de soi que ces pratiques de langage - qu’on ne supprime pas par décret - doivent exclure des indications de caractère stéréotypé ayant pris, à travers les racismes historiques, une valeur de stigmatisation, sauf si les intéressés se reconnaissent ainsi et demandent eux-mêmes à être nommés d’un nom qui était une tare et est devenu une forme de gloire. . 

 

Le sexe et la race  - qu’on le veuille ou non – sont des données immédiates des sens et de  la conscience.Comme l’observait Colette Guillaumin il y a 25 ans [xxvi] il faut surmonter un paradoxe.  «Non, la race n’existe pas. Si, la race existe. Non certes elle n’est pas ce qu’on dit qu’elle est, mais elle est néanmoins la plus tangible, réelle, brutale des réalités». «Parler de question raciale n’est pas supposer l’existence des races et donc entériner à notre insu l’idéologie raciste», mais tenir compte de phénomènes individuels et collectifs omni présents ».

 

Pour en tenir compte, ne faut-il accepter que bien des mortels utilisent le mot simple de « race » – même s’il a pris de redoutables connotations, mais qui sont aussi celles vis à vis desquelles on peut entretenir tous les contrefeux indispensables ? En définitive, ne doit-on faire preuve d’une grande relativité et tolérance sur la question  sémantique ; d’autant que ce champ n’est pas vierge et comporte des références positives  qui, dans la conscience universelle,  ont prévalu sur les instrumentations tragiques. Ces références sont celles qui peuplent les déclarations des droits et se trouveraient vidées de tout leur volontarisme si le recours au terme de “race” disparaissait de notre Préambule par on ne sait quelle procédures nationale et –on voit encore moins par quelles procédure - du corps des déclarations internationales solennelles en la matière.    

 

Qu’est-ce qui est d’ailleurs le plus important ? Quand les sciences molles ne peuvent que constater des diversités raciales et ethnographiques, tandis que les sciences dures démontrent qu’il n’y a pas de fondement génétique à la notion de race, n’est-ce -  par dessus  leur dialogue -  à un volontarisme politique farouche, enraciné dans le constat physiologique et le principe moral de l’unique nature de tous ceux qui peuvent avoir ensemble des enfants, de proclamer - que la bonne hypothèse de souche humaine soit  une ou plurielle – l’égalité de tous les membres des différents groupes de populations du monde ? Ai-je  besoin  de savoir que l’espèce humaine possède en  partage le même patrimoine génétique à 99,9 %  pour, physiquement, sexuellement et moralement,  ressentir l’unité humaine telle qu’en attestent les capacités d’interfécondité de toutes les races et telle que des capacités correspondantes d’intercommunication travaillent à en développer les solidarités ? La déclaration de l'UNESCO datée du 20 juillet 1950 proclamant que « l'humanité est une et que tous les hommes appartiennent à la même espèce », alors qu’elle était manifestement enracinée dans l‘élan des sens et de l’esprit, n’a bien été scientifiquement validée qu’a posteriori ! Il y a un lien fondateur entre, d’une part, la divisons des humains entre deux sexes distincts dont la complémentarité assure la fécondité, et, d’autre part, la réalité physiologique de l’unité de l’espèce ; la procréation uniquement possible entre interféconds fait de l’altérité entre les deux sexes et de l’égalité interraciale s’exprimant aussi bien dans les identités que dans des métissages  les deux pivots conjoints  du monde.

 

Il faut donc valoriser les différences entre les deux sexes tout en se gardant du « sexage » par lequel la précitée Colette  Guillaumin et, la sociologue qui fit ensuite la fortune de ce terme,  Michèle Causse désignaient la réduction d'une personne à son sexe. Il faut aussi valoriser la coexistence de races, d’ethnies et de cultures différentes, sans chercher à les abolir, mais en recueillant tous les fruits (et les devoirs) de leurs intercommunications. Dans les deux cas, pour ces coexistences, entre le sexe féminin et le sexe masculin, entre des communautés ethniques de cultures diverses, la tension qui existe dans notre société est entre deux voies : la voie de l’uniformisation dans laquelle chacun devient identique, interchangeable, et où il faut aller ailleurs pour retrouver les saveurs du monde. Ou la voie du respect et de la volonté des différences, en appréciant une société composite, en reconnaissant chacun irréductible à l’autre, mais en devant à tous une même égalité et une même équité. Il est bien évident que c’est pour beaucoup affaires d’éthique et de mœurs, et que cela ne relève pas jusqu’au bout du droit et des pouvoirs politiques. S’il appartient à ceux ci de légiférer pour résorber les injustices établies et d’être intraitable sur la sécurité de qui est menacé, l’incursion démesurée des politiques dans la gestion des mœurs et dans des appréciations sur les relations entre les hommes et les femmes, de même pour gérer les relations  entre  les communautés différenciées ( au moins, un long moment même en cas d’intégration) selon leurs origines et selon leurs cultures ( dont leur religions ; et avec une part d’inévitables impacts sur leurs modes de vie)   est une démarche – et souvent une démarche d’ingérence lorsqu’elle sort du champ de faire respecter l’ordre public et les bonnes relations de voisinage -  qui entretient les tensions plus qu’elle ne les résout.

 

C’est jusque dans la Constitution qu’au lieu d’envisager de supprimer le mot « race », il faut le valoriser. Dans la Revue « les Outre-mers français - année 2012 »[xxvii], je me suis, sur ce point , exprimé de la manière suivante : « …la Nation n’a pas été faite de l’assimilation d’allogènes au cas par cas,  mais par des insertions successives, selon diverses étapes et transactions, tantôt de nouveaux incorporés par extensions territoriales, tantôt de nouveaux arrivants par immigrations, les uns et les autres pouvant plus ou moins individuellement  ou familialement se  fondre dans la collectivité  ou s’y continuer en des formes de communautés. Si on ne peut aller jusqu’à dire simplement que la Nation française a été formée de divers peuples – puisque les rôles et poids respectifs des divers composants humains de l’histoire et de la démographie de la France ont été bien différents – il faut, pour le moins, afficher que cette Nation n’est ni uniforme, ni destinée à le devenir, mais qu’elle est plurielle et appelée à continuer ainsi : elle inclut ces minorités que voudraient nier des principes, mais qui sont toujours « visibles » ou  identifiables. Aujourd’hui, moins placée, à notre sens, sous la menace spirituelle et politique de l’Islam que déjà possédée par l’expansion matérielle et financière de l’Asie, la part dominante de notre société nourrit des fantasmes la conduisant à préférer l’ouverture aux marchandises plutôt qu’aux hommes, à partager plus facilement les liens d’affaires que les rémanences des points communs de civilisation. Alors que, par l’incorporation des Traités européens,  la Constitution a intégré, sans toutes les prudences utiles, la mondialisation commerciale, elle devrait mieux incorporer, avec les précautions nécessaires, la mondialisation interethnique, d’autant que les immigrations que reçoit notre territoire sont pour une part  non négligeable un héritage indirect de l’Union française ».

 

« En conséquence  le texte même de la charte fondamentale serait à réviser d’une manière qui, au lieu d’interdire toute portée aux distinctions, positiverait la diversité : « La France assure l’égalité devant la loi de tous  les citoyens- et, à ce point, remplacer « sans distinction » ce qui est négatif, par ce qui serait constitutif de la reconnaissance d’une société composite, par : dans le respect de leurs différences d'origine, de race ou de religion ». Et, à titre de signe pouvant assurer à la France bien des adhésions, cette Constitution ne devrait-elle ainsi inscrire qu’elle garantit,  dans le cadre de ses lois,  le respect  des cultures des minorités nationales  et celles des résidents étrangers présents sur son sol ? »

« Double provocation que l’idée de constitutionnaliser d’une part la reconnaissance de la diversité des composants du peuple souverain, d’autre part le principe d’un droit des minorités. Il y a eu de ces schémas  dans de puissants empires et il y en a dans des États critiqués. Peut-on imaginer que l’esprit français s’applique à imaginer ce qui pourrait être ainsi, comme une forme de suite, bien plus étroite, mais devenant réellement égalitaire,  à un Empire disparu ? Et le rôle que cet esprit pourrait jouer, peut-être mieux que l’Union pour la Méditerranée en tant que charnière d’Europe, pour donner une nouvelle dimension à la tradition universaliste française ?

 

 

 Ce serait retrouver les « PAROLES POUR SOLDER LA MER » de Édouard P. Maunick, ce poète de l’Océan indien qui chante son « peuple arc en ciel », réconcilié par son avenir avec les étendues marines qui n’étaient pas la liberté, mais les chemins de la servitude puisqu’elles portèrent les flottes négrières des marchands d’hommes de tous les pays.

 

".. Mon Ile est un ghetto
si mes yeux ne se rivent qu'au nombril de la terre...
Mon Ile est une aubaine
si je monte à l'assaut des chemins océans
.................. ...
Que le rêve se casse
que cesse le va et vient
entre imposture du jour et menaces de la nuit
.................
Que je dise bois d'ébène
et que l'aubier durcisse au seul nom du bois noir...
Que je dise outremer
pour dire nous sommes vivants
pour scinder la lumière en égal héritage...

Que le rêve se casse
que je revienne ici
vers ma foule arc en ciel

... De quel peuple sommes nous plus
neuf que l'an deux mille
nos visages confondus
nos langues s'entremêlant
nos veines se tutoyant
nos dieux plantés en terre de même cérémonial
et nos gorges mouillées par les mêmes prières
Nous sommes le lendemain des siècles à venir
avec danse à nos reins


 

 

 

 



[i] voir « Moralopolis », éditions Tabou , 2012.

 

[ii] In « La Revue », juin 2013.

 

[iii] Les " races humaines " existent ? Alors énumérez-les ! foucart@lemonde.fr - 3 juin2013.

 

[iv] C’est un problème comparable à celui que peuvent poser certaines lois mémorielles qui en viennent à dicter une opinion univoque en matière d’histoire ou de société. 

 

[vi] Voir notamment « La Structure de la théorie de l'évolution »,  Gallimard, 2006, et l'édition actualisée par l'insertion d'articles plus récents  que l'édition originale "Darwin et les grandes énigmes de la vie", dans la collection "Points ».

 

[vii] C'est par cette citation du poète lui-même à écouter sur

http://www.tv5.org/TV5Site/publication/galerie-325-6-Premier_congres_des_ecrivains_et_artistes_noirs_video.htm (Actualité de Valérie Marin La Meslée in “L'Histoire n°312 ,  page 25) que Nicolas Sarkozy a rendu hommage à Aimé Césaire au Panthéon en avril 2011; ce fut auparavant  par la première évocation de ce thème, selon le constat à Dakar, que cette entrée sur la scène de l’Histoire contemporaine n’avait pas encore été assez largement conduite que ce discours, alors écrit  avec la meilleure bonne foi par Louis Guaino, valut au Président de la République une incompréhension totalement injustifiée.

 

[viii] selon le médecin, fondateur de l'hémotypologie *,  Jacques Ruffié ,  l'hybridation en assurant aux hommes une réserve inépuisable de variétés de types génétiques produit un plus grand nombre d'individus « préadaptés » à de multiples situations d'environnement, donc susceptibles d'assurer à l'humanité de meilleures chances d’avenir..

 * L'hémotypologie cherche à définir des groupes d'individus, c'est-à-dire des populations, en s'appuyant sur la répartition dans le monde des systèmes de marqueurs génétiques (groupes sanguins, catégories tissulaires selon les protéines). Cette discipline a montré qu'il n'existe pas de gènes marqueurs absolus d'une population et que la notion de race n’a pas de fondement biologique. La rareté ou la fréquence de certains gènes peuvent caractériser une population. Ces différences de fréquence peuvent avoir des conséquences sur le type de pathologie observée.

 

[ix]   Comme le chantait le poète révolutionnaire, Jacques Roumain. 

 

[x] Voir

- sous la direction de Sarga Moussa, « L’idée de « race » dans les sciences humaines et la littérature (XVIIIe et XIXe siècles) », l’Harmattan 2003.

- F. Monneyron et G. Siary, «L’idée de race, histoire d’une fiction », Berg International, 2012.

 

[xi] Lors d’un affrontement judiciaire avec l’avocat de Éric Zemmour poursuivi en mai 2012  pour diffamation envers Christine Taubira, mais qui avait préféré ne pas venir à une audience correctionnelle d’où il ressortit que pour le Parquet, "l'escroquerie intellectuelle " d'Eric Zemmour n'est pas un délit pénal cf. LEXPRESS.fr, publié le 05/07/201.

 

 

[xii] du 17 puis du 24.05.2013.

 

[xiii] Sous réserve d’un premier thème incompréhensible de la part d’un biologiste

(le premier argument mis en avant par les auteurs est un remarquable contresens : puisqu'il existe différentes races de chiens - ce que chacun s'accorde à constater -, il n'y a pas de raisons valables à ce qu'il n'existe pas de races humaines),  c’est un papier très convainquant que « Sexes et races, deux réalités »de Nancy Huston et Michel Raymond (spécialiste de biologie évolutionniste à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier) soulignant tant à l’égard de la négation des sexes qu’à l’égard de celle des races que “Ces mythes modernes ont en commun avec les religions de reposer sur la dénégation tranquille de faits physiques et biologiques av

érés et irréfutables. Ils ont aussi en commun avec les religions de nous flatter et nous rassurer sur notre statut "unique", "choisi", "élu" parmi les espèces terriennes : loin de faire partie du règne animal et de la nature, nous assurent-ils, les humains jouiraient d'un statut à part. Les races et les sexes, c'est bon pour les plantes et les animaux. Nous, on est supérieurs ! On décide de notre propre sort ! Cet orgueil inné de l'humain (étant) particulièrement coriace en France, où il se combine avec la certitude nationale de disposer d'une intelligence exceptionnelle.”

Aussitôt,  a fait écho la dénégation d’un prix Goncourt, certainement très compétent en la matière puisqu’il est aussi professeur de sciences naturelles, Alexos Jenni : “Sexes et races, deux illusions” se voulant dans son style excessif (il suffit de lire – et je l’exprime en tant qu’acteur de terrain  qui s’est prononcé beaucoup plus tôt que beaucoup d’autres contre la stupidité de la guerre d’Algérie  - les démesures que comporte “L'Art français de la guerre ") : par son seul titre,  une contre vérité provocatrice , puis, soutenant à l’encontre des auteurs précédents, que  “Si l'homme n'échappe pas aux différences biologiques, rien ne permet de conclure à l'existence d'un déterminisme” , alors que les auteurs précédents n’avaient, à mes yeux, apparemment tiré aucun déterminisme de leur  constat d’une réalité des sexes et des races.

 

[xiv] Par exemple

http://www.ac-grenoble.fr/svt/log/3eme/log_ebc/OMHtmlExport/La_notion_de_race_n_existe_pas_pour_l_espece_h.htm

- et comme vulgarisation < www.Hominides.com>  cf. article »« Race humaine, couleur de la peau et génétique - Hominidés.html »

- voir aussi la documentation  sur évolution et génétique de l’Université libre de Bruxelles

 

[xv] L'espèce se définit comme une communauté d'êtres vivants interféconds (ou interfertiles, capables de se reproduire entre eux), pouvant échanger du matériel génétique et produisant des descendants eux-mêmes féconds (en effet, dans le règne animal, certains individus du même genre mais appartenant à des espèces différentes peuvent se croiser pour donner un individu hybride, généralement stérile

 

[xvi] cf. « Les Animaux dénaturés » , roman de Vercors publié en 1952 : Des anthropologues partis à la recherche du « chaînon manquant » (hypothétique créature intermédiaire entre l'homme et le singe) découvrent une population dont un homme d'affaires imagine de faire une main-d'œuvre totalement exploitable parce qu’elle ne serait pas couverte par les droits de l’homme ;  la mission cherche donc à trover le critère de l’homme. Dans cette fiction aucun des critères concevables ( posture, astragale, complexité du cerveau, langage) dont le livre fait le tour ( et c’est tout son intérêt d’illustrer alors l’interrogation de l’époque… avant le séquençage complet de l'ADN du génome humain.) n’apporte de réponse ; même pas l’interfécondité  parce que des femelles de la population imaginée fécondées par du sperme d'homme ou de singe se révèlent toutes fécondes, ce qui interdit d'avoir la réponse par ce critère avant que ces rejetons ne soient eux-mêmes en âge de procréer).

Débouchant sur  l’impasse , le livre s’achève en drame, mais Vercors a ou ainsi mettre en évidence les relativités de l’humain…et c’est pourquoi il est sous titré “plus ou moins homme » en voulant illustrer la continuité du vivant et les risques d’inhumanité de la part de ceux qui sont des hommes envers des vivants ressemblants, voire envers  divers types de leurs semblables (en les disqualifiant d’être humain comme le firent les nazis auquel le résistant Vercors ne cesse sans doute de penser dans cette œuvre ) .

Une circonstance réelle comparable est celle du face à face des conquistadors et des Amérindiens : si ceux-ci sont des sous-hommes, les Européens peuvent les exploiter à mort et les tuer; si ce sont des hommes, ils doivent les évangéliser; pour les Amérindiens, si les Blancs sont des dieux, ils doivent se soumettre; mais si leurs corps pourrissent, ils doivent les combattre.

 

[xvii] Deux expressions différentes d’un même gène sont, par exemple, la chenille et le papillon.

 

[xviii] Ainsi Albert Jacquard,  en soulignant que race n’est pas réductible à descendance, soutient que pour avoir l’uniformité ethnique d’un groupe, il faudrait autant d’années d’isolement  que de membres du groupe.

 

 

[xix] SELON http://www.larecherche.fr/savoirs/evolution-homme/races-01-07-2004-83213  

 du 01/07/2004, par Marcus Feldman, Richard Lewontin, Mary-Claire King.

 

[xx] Voir le tableau de ces groupes in http://fr.wikipedia.org/wiki/Luigi_Luca_Cavalli-Sforza

et ses ouvrages de synthèse

·  Génétique des populations, éd. Odile Jacob, 2008.

·  Evolution biologique, évolution culturelle éd.Odile Jacob 2005

·  L'Aventure de l'espèce humaine éd. Odile Jacob, septembre 2011

 

Par ailleurs, référence à une variante, cf. in Le Point du 28/02/2008 Une seule race, mais sept groupes biologiques

 

 

[xxi] Selon une étude de l’Institut Pasteur et du CNRSportant sur le patrimoine génétique de 210 individus représentatifs des différents types de population dans le monde et après comparaison de plus de 2.8 millions de marqueurs polymorphes (zone de variabilité) répartis sur les chromosomes, il semblerait que les grandes différences humaines, aussi bien au niveau de l’apparence (couleur de la peau, des yeux, morphologie) que de la sensibilité aux maladies, soient dues à la variation de seulement 582 gènes dont les mutations ont procuré un avantage sélectif à ceux qui les portaient.

 

[xxii] Distances génériques entre plusieurs populations : en se basant sur l’ADN autosomal, les Européens du Sud tels que les Grecs et Italiens du Sud apparaissent soit à peu près autant distants des Arabes du Levant (Druzes, Palestiniens) que des Scandinaves et Russes, soit plus proches des premiers. Un Italien du Sud est ainsi génétiquement deux fois et demi plus proche d'un Palestinien que d'un Finlandais. . Par ailleurs, en avril 2011, Moorjani et ses collègues, ayant analysé plus de 6 000 individus provenant de 107 populations différentes en utilisant une nouvelle méthode d'estimation des origines ancestrales, ont montré que presque toutes les populations sud européennes présentaient une proportion de gènes ( de fréquences alléniques) d'Afrique sub-saharienne située entre 1 et 3 % (3,2 % au Portugal, 2,9 % en Sardaigne, 2,7 % en Italie du Sud, 2,4 % en Espagne et 1,1 % en Italie du Nord). Ce flux de gènes africains aurait pu se produire selon les auteurs par l'intermédiaire des Nord-Africains à la fin de l'Empire romain et lors des conquêtes musulmanes qui ont suivi.

 

[xxiii]  théorie de « la continuité avec hybridation ».

Ces controverses sont très passionnées. Cf.  Y. Coppens déclarant à la revue Science et Avenir (n° 772, juin 2011)  « L’Afrique n’est plus le (seul) berceau de l’Homme moderne ».

 

[xxiv] Selon Wikipedia, « depuis la théorie synthétique, les biologistes considèrent que le système génétique est le seul responsable de l'hérédité des variations phénotypiques, et cette transmission entre les générations est largement indépendante des changements environnementaux.

Cependant, de nombreuses hérédités « non génétiques » sont actuellement admises, et permettent une transmission des caractères induits ou appris. Nous pouvons citer en premier lieu les phénomènes épigénétiques, mais également les mutations adaptatrices, l'hérédité comportementale, l'hérédité supportée par les relations sociales, le langage, les symboles, etc.… Plus généralement le néo-Darwinisme admet qu’il n’y a que l’information génétique qui est transmise aux descendants, portée par les chromosomes de la lignée germinale. Ceci implique que les phénotypes transmis aux descendants doivent respecter la ségrégation méiotique, c'est-à-dire les lois de Mendel.

Or de nombreuses études mettent en lumière des hérédités violant ces lois, le plus souvent supportées par des mécanismes épigénétiques, comme par exemple les para mutations ou bien l’ « absorption » d’ADN exogène dans les spermatozoïdes de nombreux métazoaires. Ces exemples relancent donc le débat sur la possibilité que l’environnement puisse avoir une « empreinte » sur l’hérédité, et démontrent la transmission de caractères induits, ce qui équivaut à une certaine hérédité des caractère acquis, concept associé dans la littérature au néo lamarckisme. »

Cette question de la transmissibilité ou non des caractères acquis fait ainsi l’objet de nouvelles explorations  sous le terme de la recherche épigénètique : l'épigénétique (au delà de la génétique ) à trait à la façon dont l'environnement et l'histoire individuelle influent sur l'expression des gènes et concerne l'ensemble des modifications de l'expression génique transmissibles d'une génération à l'autre,

Cf. Edith Heard - 13 décembre Leçon inaugurale à la Sorbonne, Amphithéâtre Marguerite de Navarre - Marcelin Berthelot, consultable sur  13 déc. 201218:00  - 19:00 Epigénétique et mémoire cellulaire Edith Heard , et selon laquelle « il est absolument certain que l’environnement dans lequel nous vivons peut influencer la manière dont nos gènes sont exprimés, et que cela peut parfois entraîner des modifications stables du phénotype – et dans certains cas, des maladies. Cependant, il en va autrement dès lors que l’on cherche à savoir dans quelle mesure de telles modifications peuvent être transmises d’une génération à une autre. Au cours des dernières années, il est apparu clairement que des caractéristiques qui ne sont pas dues à des modifications de la séquence de l’ADN peuvent être transmises d’une génération à une autre chez certains organismes vivants, en particulier dans le règne végétal ; la question est donc : quel est le rôle de l’environnement ? Et ce type de processus peut-il se produire chez l’homme ? Et si oui, dans quelle mesure ? Nous ne disposons pour l’instant d’aucune réponse claire à ces questions ».

 

[xxv]  Selon un autre article wiki, sur « le néo lamarckisme »

« Il y a plusieurs échelles temporelles dans les variations environnementales

  • Les variations rapides, de l'ordre de la génération, auxquelles les organismes répondent par la plasticité phénotypique. Non héritable, celle-ci n'a donc pas d'influence directe dans l'évolution.
  • Les variations longues, de l'ordre des temps géologiques. Elles expliquent la macroévolution, et la modification des phénotypes (comme la couleur de la  peau)  sur des centaines ou milliers de générations.
  • Il existe également des variations de l'environnement d’échelles de temps intermédiaires, de l'ordre de quelques dizaines de générations. Or la variation génétique ne peut pas répondre à ces variations. La réponse à ces variations intermédiaires serait cette hérédité épigénétique. L'évolution aurait sélectionné des mécanismes de variation phénotypique rapides, héritables sur quelques générations ... et donnant un avantage reproductif (qu’un organisme pourrait transmettre comme variation à ses descendants…Il existerait donc des « échelles de l'évolution » supportés par des mécanismes biologiques différents afin de répondre à des variations de l'environnement d'échelles de temps variée. Cette « plasticité héritable » à un donc un enjeu fondamental très important pour la compréhension de l'évolution, particulièrement dans la période actuelle où les organismes doivent faire face à une pression de sélection très forte, en grande partie dut à l’homme, mais aussi pour comprendre comment les populations naturelles vont s’adapter au réchauffement climatique »

 

[xxvi] Citée par E. Fassin dans «De la question sociale à la question raciale ?» (La Découverte, 2006).

 

[xxvii] à la faveur d’un compte rendu (publié sur ce site)  sur le colloque  « Destins des collectivités publiques  d’Océanie ».

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