Si j'ai bien compris ce papier, tout irait bien pour la gauche si elle devenait la droite libérale
La première proposition est qu'il faudrait récuser un modèle qui "conciliait stabilité de l'emploi, régulation étatique forte, construction des compromis sociaux dans un cadre purement national"; or nous entendons bien que ce cadre national a été banni, mais nous continuons à penser que le contenu obtenu par ce modèle avait toute sa valeur, quel que soit le nom de capitalisme d'Etat ou d'économie mixte dont on le baptise, puisqu'il était l'ascenceur social et que nouvelle gauche associée à droite mondiale ont créé le descenceur social.
La vérité de l'auteur - que met bien en lumière sa dernière proposition - est qu'il ne jure que par la mondialisation qui serait " avant tout un processus de redistribution de la richesse et de la puissance dans de nouveaux espaces, (consacrant) la fin de la rente de l'Occident sur le monde". Or la mondialisation telle que nous la vivons consolide la rente des puissants d'Occident sur le monde dont les masses sont exploitées avec la complicité des privilègiés des Etats et pays émergents, ce qui permet, en prime, la précarisation des salariés d'occident et le recul de leur garanties et niveaux de vie. Le système monde qui va chercher ses cleintèles hors des pays de production organise la lutte impitoyable des travailleurs entre eux. Les intérêts de classe dans le Nord et dans les PVD sont aussi dominants aujourd'hui qu'hier. Le seul véritable enjeu de la gauche est de savoir comment concilier les intérêts des populations du Sud, des masses victimes des politiques d'export à tous prix humain et environnemental des Emergents et une réelle sauvegarde des niveaux de vie populaires en Occident. Voilà le chantier où mettre en valeur les potentialités. On attend des propositions des chercheurs ou qu'ils récusent les nôtres.
Ce chantier ne peut être conduit que par l'Etat et l'Europe qui doit y être poussée, ce qui suppose une bonne part de financement, de contrôle et d'appropriation publique des moyens de production,de recherches, d'innovation parce que le marché ne peut , de son côté, vivre que d'une importante inégalité qui est son ressort pour dégager des moyens de financement pour la part où celui-ci est privé. L'excès des privatisations par la gauche elle-même a été la fin de la capacité d'une gauche suicidaire. Et si l'Etat aujourd'hui est aussi producteur d'inégalités c'est parce qu'il est géré par ceux qui ont besoin de ces inégalités (fiscales, sociales, culturelles) ou que sous la pression des concurrences des moins disants sociaux et fiscaux, il n'a plus la capacité de dégager par les prélèvements collectifs de quoi faire correctement fonctionner par impôts ou cotisations les services publics mêmes fondamentaux comme les écoles pour tous, les prisons, les hôpitaux. Comparer la valeur d'un système d'ensemble à l'intérêt pratique d'un affermage de service public comme du transport urbain est du plus grossier sophisme.
Enfin il ne faut pas confondre la formation au raisonnement économique qui a bien des variantes et la soumission à l'idéologie libérale internationale qui veut faire prendre des options de principe pour des faits incontournables. De la même manière que la suprématie coloniale - que prolonge d'une certaine manière notre mondialisation avec de mêmes gagnants et surtout de mêmes perdants (elle est toujours, comme l'impérialisme le fut, un avatar du stade supérieur du capitalisme) - n'imaginait pas qu'elle volerait en éclat, la dictature libérale a des jours plus comptés que l'on ne croit.
Zaki Laïdi se veut tellement à la mode qu'il est plus droitier que cette part de la droite que nous en viendrons à regretter et qui a été la bonne héritière du colbertisme, du mendesisme, du chevenementisme et du gaullisme de progrès. Que renaisse l'union de ces forces nationales avec celle d'une gauche fidèle aux analyses réalistes fondamentales. Car c'est l'Euope qu'il faut faire bouger, fut-ce par des crises, si on ne veut qu'elle nous entraîne vers le bas. Et c'est possible car c'est l'intérêt même de ses nouveaux adhérents comme de ses fondateurs (cf.hier E.Todd). Et les pauvres des mondes des camps de travail, des détritus, de la misère organisée et de la faim pourront aussi être mieux considérés.