D'ailleurs, une étudiante algérienne, militante du FLN (que je n'ai jamais revue car elle a du mourir dans cette guerre) ne m'avait-elle pas fait savoir lorsque je "gardais" en 1956 la frontière maroco-algérienne contre les infiltrations de l' ALN que si ses "frères" ne passaient pas, "plutôt que la guerrilla dans le bled, il y aurait des bombes dans les villes". Elle citait les dialogues de Camus dans "les Justes". Et derrière ce terrorisme là - faisant aussi réplique à des cas d' expéditions punitives aveugles de colons à l"encontre de "musulmans - il y a eu le quadrillage d'Alger, comme ailleurs il y eut des traques moins médiatisées, mais tout aussi dures.
Lorsque le pouvoir politique est incapable de diagnostic et, a fortiori, de réponse adéquate, l'engregage de l'Histoire est celui d'une meule que font tourner des ânes aveugles pour broyer les victimes de toutes les communautés et transformer en martyrs et bourreaux les héros des unes et des autres. C'est bien pourquoi, la leçon d'Algérie qui rentre déjà dans les trappes du passé, vaut d'être mieux entendue, et par tous les héritiers des acteurs d'alors. Il faudra mieux dire comment et pourquoi.
1 - Le premier est un constat d'imperfection technique : ces translations - de la part d'un non professionnel comme moi - entraînent quelques mauvais encadrés à l'ouverture, une mise en page trop large, des césures indues de paragraphes et, même parfois, de phrases. Je demande l'indulgence sur la forme comme prix d'avoir pu présenter le fond, tel que ressenti à l'époque.
2 - Mais mon second constat est que mon langage du temps - et ceci même est un témoignage de notre aliénation d'alors - reste marqué par beaucoup des clichés véhiculés par le fait colonial : "musulmans", "arabes", "rebelles" sont bien encore mes "indigènes de la République. A vouloir expliquer la psychologie des "pacificateurs" , je vois comment nous étions tous intoxiqués.
3- Le troisième constat est donc de mesurer quelle dose d'arrachement par rapport au modèle de la domination et de l'auto-satisfaction européennes il fallait mettre en oeuvre pour concevoir et accepter une autre Algérie. A vouloir espérér un bon avenir possible, par une voie ou par une autre, je vois comment , zélateurs de l'Empire ou décolonisateurs , nous étions tous naîfs.
4- Le quatrième constat est que les relèves de la colonisation ont donné hélas raison à ceux qui prévoyaient ce qu'elles ont été. C'est tout une part des débat que reprend l'article de 2004 de la Revue Politique et Parlementaire. Pour autant, il reste vrai que la fin de la souveraineté française était la seule voie de solution. Mais selon la manière dont elle pouvait intervenir, la gamme des variantes n'était pas négligeable.