Un nouveau "forum philo" du Monde se réunit au Mans du 13 au 15 novembre sur le thème du POUVOIR auquel participent des sociologues, des philosophes, des journalistes , des écrivains et une juriste.. apparemment du droit des sociétés...., mais il n'y a pas un juriste de droit public (ni même une compétence un peu comparable car l'animateur Bruno Latour, sociologue qui s'est illustré par une construction interprétative personnelle sur le contrôle du pouvoir par le conseil d'État, a déjà démontré que son approche n'a guère à voir qu'avec ses obsessions); il n'y a pas non plus de pratiquant ou connaisseur de ces titulaires de vrais pouvoirs que seraient, avec une dose d'experiences variées nécéssaires, un grand agent public (comme le fut un Delouvrier) et un grand manager de groupe ( comme l'est un Mestrallet) .
C'est entre intellectuels titrés par leurs spécialités respectives et certainement convaincus de la capacité de notoriété de leurs ressentis qu'on va débattre en ayant invité pour clore ce festival la garde des Sceaux afin que sa dimension culturelle dissimule qu'elle n'est pas du tout représentative de la classe politique dont ne pourra témoigner aucun autre membre actuel ou ancien doté de responsabiltés de niveaux national, européen , voire local où s'exercent concrètement de vrais pouvoirs stratégiques ou de gestion.
Il est vrai qu'il s'agit d'un séminaire de philosophie dont la conception et la composition viennent malheureusement illustrer combien celle-ci peut - lorsqu'elle s'inscrit dans une démarche gouvernée par l'adulation des commentateurs et la tenue à l'écart des acteurs (parce que la vue de ceux-ci serait déformée, tandis que les observateurs pourraient être neutres) , se couper d'inspirations nourries par les réalités et les besoins de nos concitoyens, ce que peuvent seuls bien apporter des esprits ayant aussi été des praticiens de l'administratiion directe et des responsables d'entreprises en compétition.
Comment un tel séminaire pourrait-il apporter quelque chose d'autre que des (bonnes) paroles alors que sa construction est non seulement faite d'ostracisme envers les gestionnaires, mais qu'il ne peut pas ouvrir une alternative d'autre stratégie du pouvoir faute qui apparaisse une personnalité politique hétérodoxe . Car - disons le tout franc - Christiane Taubira n'est pas une hétérodoxe , mais sans doute une convaincue de pouvoir faire un peu valoir ses points de vue dans le cadre social démocrate d'une orthodoxie libérale européenne dont, tant pour les préférences sociétales libertaires que pour les moeurs économiques austères , elle ne s'est jamais vraiment démarquée bien que cette contrainte prive la Justice française des moyens dont - quels que soient les autres choix en matière pénale - ce service public de la justice souffre du fait d' insuffisances budgétaires dramatiques expliquant bien des drames et misères des victimes comme des détenus et des personnels, ainsi que des menaces qui pèsent sur chacun de nous.
Les enjeux du pouvoir seraient de pouvoir changer de politiques.
Quant à tenter la connaissance de ses contenus ou de son vide, c'est une démarche qui supposerait l'appel aux expériences de ceux qui, comme les fonctionnaires ou les cadres d'entreprises, en exercent ou en partagent des bribes, dans la dépendance d'autres pouvoirs et de ceux qui subissent les effets d'incontrôlables pouvoirs dont les vrais détenteurs sont probablement introuvables.