Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pourquoi ce blog

L'objet de ce site est de baliser par quelques souvenirs éloquents l'histoire récente et de faire contribuer ces expériences, par des commentaires d'actualité, à éclairer et choisir les changements, en s'interrogeant sur les propositions des politiques et les analyses des essaiystes. Donc, à l'origine, deux versants : l'un rétrospectif, l'autre prospectif.

A côté des problèmes de société (parfois traités de manière si impertinente que la rubrique "hors des clous"a été conçue pour les accueillir), place a été faite à "l'évasion" avec des incursions dans la peinture, le tourisme, des poèmes,  des chansons, ce qui constitue aussi des aperçus sur l'histoire vécue.

 

MODE DE CONSULTATION : après avoir ouvert le site, ou cliqué sur un article, un sujet, un mois d'archive, l'affichage du document  recherché s'obtient en descendant la lecture  jusqu'au delà de cette fenêtre de présentation.

Recherche

L'auteur

 

DSCF0656-copie-1.JPGNé en 1933, appartenant à la génération dont l'enfance a été marquée par la deuxième guerre mondiale, l'occupation et la Résistance, l'adolescence par la Libération, la guerre froide, puis par de clairvoyants engagements pour les décolonisations, l'auteur a ensuite partagé sa vie professionnelle entre le service public (il a notamment été préfet, délégué à l’emploi, directeur des affaires économiques de l’outre-mer, président de sa chaîne de radio-télévision, RFO), l'enseignement et la publication d’ouvrages de sciences politiques (il est aujourd’hui membre du comité de rédaction et collaborateur régulier de la Revue Politique et Parlementaire). Il a également assumé des missions dans de grandes entreprises en restructuration (Boussac, Usinor/Sacilor), puis a été conseil d’organismes professionnels.

 

Alors que ses condisciples ont été en particulier Michel Rocard et Jacques Chirac (il a partagé la jeunesse militante du premier dans les années cinquante et fait entrer le second à Matignon dans les années 60, avant d'être son premier collaborateur à l’Emploi et pour la négociation de Grenelle et au secrétariat d’Etat aux Finances, il n'a suivi ni l'un, ni l'autre dans leurs itinéraires. En effet, dans le domaine politique, comme il ressort de ses publications (cf. infra), Gérard Bélorgey n’a rallié ni la vulgate de la Veme république sur les bienfaits de l’alternance entre partis dominants, ni les tenants du catéchisme du libre-échange mondial. Il ne se résigne donc pas à TINA ("there is no alternative" au libéralisme). Tout en reconnaissant les apports autant que les limites de ceux qui ont été aux affaires et avec lesquels il a travaillé, il ne se résigne pas non plus à trouver satisfaction dans tel ou tel programme de camp. Mesurant combien notre société multiculturelle, injuste et caricaturalement mondialisée, souffre aussi bien des impasses de l’angélisme que des progrès de l’inégalité et des dangers de l’autoritarisme, il voudrait contribuer à un réalisme sans démagogie.

 

Partie de ses archives est déposée dans les Fonds d'Histoire contemporaine de la Fondation des Sciences Poltiques (cf. liens).

 

Il a publié sous d'autres noms que celui sous lequel il a signé des ouvrages fondamentaux que furent "le gouvernement et l'administration de la France" (1967), "la France décentralisée" ( 1984), "Les Dom-Tom" (1994)  : le pseudo de Serge Adour correspond à l'époque de la guerre d'Algérie et à une grande série de papiers dans Le Monde en  1957 , celui d'Olivier Memling au recueil de poèmes et chansons "Sablier " (couronné en 1980 par l'Académie Française et référé, dans l'histoire littéraire du XXeme Siècle de Hachette) celui de  Gérard Olivier à son analyse dans de  grands quotidiens de la décentralisation en 1981/82; celui de Solon  (malheureusement partagée par erreur avec d'autres auteurs) à la publication en 1988 de "la démocratie absolue" . Cessant de vivre un peu masqué, il retrouve son nom en 1998 pour "Trois Illusions qui nous gouvernent", puis en 2000 pour "Bulles d'Histoire et autres contes vrais " (série de coups de projecteurs sur quelques apects du dernier demi siècle qui seront souvent repris ci-dessous), ainsi que pour de  nombreux articles dans  diverses revues. EN 2009, il est revenu sur la guerre d'Algérie avec le roman ( Ed. Baurepaire) "La course de printemps". Il prépare "L'évolution des rapports Gouvernés /Gouvernants sous la Veme République :entre absolutismes et renouvellements?"

Archives

Articles RÉCents

8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 14:46
Lorsqu'entre les deux guerres un couple "réussissait" , sa gloire était que la femme puisse s'arrêter de travailler . Et j'entends encore ces affreux maris annoncer avec joie "tu vas pouvoir t'arrêter" à une compagne épuisée par la double vie de la famille et du boulot.  

Dans ces heureux cas, finie la servitude - pour faire cuire la marmite - de l'usine, des champs, du commerce, du bureau, de la blanchisserie  ou des ménages chez les autres et délices de materner chez soi une descendance qu'on n'avait plus à confier à des grands parents ou à des étrangers .

Il est vrai qu'alors le travail des femmes - comme celui des hommes - était, avec  de surcroît la charge des horaires de l'époque, souvent bien plus dur sans doute en général qu'il ne l'est maintenant malgré les stress contemporains.

Aussi le progrès pour la plupart des femmes -  des femmes  du peuple au moins, mais le "peuple" n'était-il alors aussi  autre chose qu'aujourd'hui -  était de pouvoir s'en passer, de pouvoir  être libérées  de cette aliénation, même si elle allait de pair avec quelques satisfactions et libertés. 


Le progrès est devenu - les femmes du "peuple" ayant largement pris modèle sur les femmes "d'avant garde"- que les femmes travaillent et d'autant plus que les couples modestes ont encore bien besoin d'un double revenu pour boucler leurs fins de mois, face aux types de consommation du monde actuel.

Sic transit  les valeurs sociales... ou l'habillage parfois en "valeurs sociales"  des simples obligations de la vie.       
Partager cet article
Repost0
8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 16:15
Ceci ira bien sûr dans ma rubrique "hors des clous "
CAR MËME SI L'ACTUALITÉ   L'INSPIRE C'EST UNE FICTION
JE CHERCHE CO-RÉDACTEURS COMPÉTENTS en PRODUCTION AUTOMOBILE, TÉLÉVISEURS & COSMÉTIQUES




 

TEMPÊTES SUR MARINUFOUND

Dans différents pays du monde une série d’accidents épouvantables frappent des voitures de tourisme,  tandis que des  écrans de TV implosent et que certains produits de beauté engendrent de graves maladies chez les utilisatrices.

Ce ne sont pas uniquement des véhicules de la même marque qui sont en cause, mais  le plus fréquemment impliqué des constructeurs, Yoko cars,  rappele des millions de voitures à travers le monde.

Les enquêtes indiquent que les causes des accidents pourraient aussi bien être dans des défaillances de la chaine de conception/production ( du bureau d’études aux montages et livraisons  en divers points de la planète), que dans des erreurs de vérification ou des malveillances pour motifs inconnus  subies par des clients. La diversité des facteurs d’origine est aussi le constat qui ressort des recherches sur les explosions répétées et meutrières d’écrans et sur les effets nocifs et graves de certains cosmétiques.

 

Les recherches sont à la fois conduites par les polices des pays intéressés et par les experts de la compagnie internationale d’assurance United Anglo Arabian Insurance Brothers  qui assure d’un côté Yoko cars, et par ailleurs d’une part  Kingsun le fabricant des télévisions présentant la majorité des cas d’implosions  ainsi que d’autre part Fuschi For Ever,  créant et distribuant les produits de beauté incriminés. En effet ces trois ensembles sont sous le contrôle majoritaire du même groupe financier d’ampleur mondiale Marinufound (dont le siège est à Amsterdam) encore que leurs valeurs respectives soient cotées séparement à Tokyo, Hong Kong et Paris.


Au vu des défaillances de leurs produits et des crises de confiance qui en résultent, partout leurs titres plongent, les capitalisations boursières s’établissant très en dessous des  valorisations que devraient normalement recevoir chacune de ces affaires, du fait de leurs données comptables ou des actions stratégiques et des résultats commerciaux  qui étaient les leurs avant ces tempêtes .


Sur un autre front, les policiers et les limiers de la compagnie britannique d’assurance font bien apparaître deux choses rendant difficiles toute incontestable conlusion.

 

D’un côté,  dans certains cas, on est  en face d’évidents actes locaux  de sabotage de voitures, de télevisions ainsi que d’empoisonnements de cosmétiques, sans que ces sabotages et empoisonnements portent uniquement sur les produits des trois firmes contrôlées par Marinufound (et lorsque les auteurs de ces actes  se font prendre, ils ne dévoilent pas de commanditaires ).

D’un autre côté on ne peut exclure de très sérieux dysfonctionnements de conception et de production. L’existence parallèle de nuisances délibérées conduit à s’interroger sur la question de savoir si ces dysfonctionnments n’ont pas été volontairement provoqués par des « infiltrés », des aigris  ou des « achetés » ayant voulu nuire aux entreprises considérées. On ne le saura jamais avec certitude tant d’autres causes sont possibles : recherche d’économies, erreurs techniques, tension des flux, systèmes de livraisons, etc...

Le résultat, lui,  tombe en moins d’un an. Pressé par ses partenaires et par des  banques qui sont aussi celles de ses concurrents, Marinufound  parvient à sauver et à conserver Fuschi For Ever pour laquelle se battent les salariés et les pouvoirs locaux, mais doit fermer ou délocaliser d’Europe du Nord en Europe de l’Est et en Asie  les derniers sites deKingsun, et surtout doit céder à prix dérisoire son fleuron japonais dont le titre s’est effondré. Les acquéreurs, de rudes concurrents dans l’automobile,   se préparent alors à dépecer Yoko , à substituer leurs marques à la sienne sur les marchés les meilleurs , en devant offrir  à quelques ingénieurs des postes clefs  et à des hommes de main des réseaux de concessionnaires comme prix de leur concours.


Ce récit de combats entre puissances économiques concurrentes n’hésitant pas sur les moyens à employer  mêle naturellement au déroulement de la loi de la jungle entre entreprises, le jeu des pouvoirs politiques et les passions des hommes, ce  qui achève de conférérer un caractère sans pitié à ces affrontements.

 




 
Partager cet article
Repost0
7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 16:37
Alors que la grand messe de Copenhague va chercher des consensus politiquement difficiles et d'effets bien différés ainsi que  des innovations technologiques porteuses de solutions partielles à long terme, ne faut-il s'en tenir avant tout à des choses élémentaires que le concert des puissances économiques du monde libre-échangiste  ne pourra , ne voudra pas percevoir?

L'un des facteurs les plus significatifs de création de gaz à effet de serre est dans les transports de toute nature, locaux, mondiaux, internationaux, terrestres,  aériens, maritimes. Perfectionner les"véhicules", changer de "carburant", créer des malus bonus de toutes les imaginations, etc.    constituent des voies intéressantes et lentes : nous mourrons réchauffés et guéris.

Or il a une réponse de bon sens : pour diminuer les pollutions, il faut diminuer les transports : réduire la bougeotte des hommes à travers le monde, cesser de produire pour exporter et d'importer ce que l'on consomme, de déplacer en permanence à travers la planète des biens que l'on pourrait obtenir largement sur place au lieu d'aller les chercher ailleurs moins cher en valeur et très cher en pollution et en chômage.  

Ne doit-on réduire le commerce international ( et les déplacements de chacun ) au strict nécessaire pour économiser les transports? Ne faut-il cesser de voir  dans l'expansion des échanges mondiaux le signe d'un progrès, alors que c'est  ce qui génère aussi bien détérioration du climat mondial, qu'exploitation des pauvres du Sud et désemploi pour  nos pays socialement avancés  que ruinent les concurrences des low cost countries développant à tout va les rejets de carbone.

Là est la véritable et double protection de nos sociétés et de de notre planète. Soyons provocants : ne faut-il devenir  aussi autarcique qu'il est possible et à l'échelon local autant qu'à l'échelon international ? Il faut que chaque pays, chaque région,  produise au maximum  ce qui lui est nécessaire, sans avoir besoin de le faire venir d'ailleurs à grands frais et usage intensif de transports inutiles et polluants ? 

Il faut en finir avec le principe  de l'économie libérale ( c'est à dire de l'économie du moindre coût apparent) postulant que ce qui et bon c'est la spéclialisation des productions,  la division du travail  et les échanges entre producteurs les moins chers possibles de chaque type de produit . Voila une proposition de révolution de la réflexion sur l'optimisation sociale  qui doit aussi permettre de rapprocher lieux d'habitat, de travail, de consommarion,  d'épanouissement : le contrepied du monde des échanges abusifs  qui,  d
epuis un siècle, engendre nos ruines, nos dissolutions, nos contradictions, nos stress et notre poursuute effrennée d'une impossible satisfaction quantitative.  

Demandons nous si  le protectionnisme ne serait pas  aussi le salut de la planète et si le bonheur ne passe pas par le culte un peu autarcique des jardins de chacun ?  Il faut renverser nos  interrogation sur les valeurs.

Les G quelque chose et  Copenhague ne peuvent vouloir tout et son contraire : l'assagissement du monde et son explosion, croissance et fuite en avant  dans un sauvage commerce international porteur de tous les excès et de toutes les pollutions. 


PS : Alternatives économiques - qui n'hésite jamais à soutenir
sans modération le libre-échange par des procès infondés de la part nécessaire de protectionnismes,  - prétend, dans son récent hors série  sur l' Économie  durable  - tirer, en faveur  de la mondialisation telle qu'elle pourrit la planète,  argument que les échanges internationaux ne représenteraient que 15% des trafics mondiaux.... comme si le chevelu des transports nationaux, régionaux, locaux  n'était dans une économie des spécialisations à outrance et des éclatements des sites de productions et de négoces,  lui-même largement engendré par les échanges internationaux dont il faut diiffuser , souvent par des aller-retours apparemment insensés mais exploitant les différences de rémunération du travail, les produits intermédiaires et terminaux. Cessons de faire parler de  tendancieuses  statistiques. 
La Revue ne recense pas parmi ses "sept plaies de la planète"  l'intoxication dont elle est le  d'autant plus désastreux, car sans doute sincère,  exemple            

     
Partager cet article
Repost0
13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 18:08
On jette, on change, on se met à la mode. La société Kleenex gouverne les achats personnels et domestiques et  beaucoup des rapports de couples . Nombreux sont ceux qui changent de partenaires comme de chemises, ce qui est pire que les polyandrie et polygamie, par lesquelles , au moins,  on est fidèle et solidaire au pluriel, sans que des familles bien recomposées en série laissent sur le bord de la route le ou la partenaire qui a confondu la belle liberté de jeunesse ou de maturité avec la triste solitude des vieillesses ...

Voilà tout ce qui
fait marcher la machine et les sites de rencontres  ( on attend les occasions de reprises de conjoint ou compagnon sur E bay).   Tout est provisoire et versatile; les livres ont leur chance une saison comme les amours un été et ceux qui survivent sont des héros, célébrés comme des anormaux, parce que l' anormal - ce qui fait vendre - a toujours la vedette.

Des milliards de photos se font par des particuliers et, hélas, par des professionnels qui n'en retiennent que quelques unes. La photo est une orgie électronique loin de ce qu'elle se voulait lorsqu'elle acquit son rôle historique ,   un produit témoin d'éternité . Désormais, les matériels, les techniques sont renouvelables et dépassés tous les jours, tandis que ce que l'on photographie n'est plus sélectionné, mais tout est saisi en multiple et n'importe quoi en multiple aussi, gaspillage et hasard remplaçant rigueur et talent. Régnent vanité , fugacité,  oubli,  rebut .

Contre cette versatilité, Willy Ronis témoigne : une, une seule,  prise de vue chez Renault en 37 et l'allocution dans les usines occupées  fait le tour du monde; trois appareils dans toute son existence de 99 ans. La fidélité conserve.                   
Partager cet article
Repost0
7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 07:48
Pour cet anniversaire des vivants et des morts
que fut la Toussaint
un compagnon de mes chemins
né entre les deux guerres
m'avait  communiqué ce pamphlet amer
dont j'ai mal fait la publication
et que donc je renouvelle
en escomptant qu'il secoue
une rafale de coups
méritant d'être reçus
à "bout portant"
?


" De métiers que j’ai faits
de choses que j’ai vues
il me faut dire un peu
ce que j’ai sur le coeur
 
Ce peu que j’en dirai sera déjà bien sévère
ne pouvant comme Maïakovski
brandir par dessus les murs de l’Histoire
la carte d’un parti

et n’ayant eu à sa manière
le courage de dire "au revoir"
Cette planète est  mal outillée  pour la joie
la joie, il faut l’arracher aux temps futurs


Je n’ai jamais trouvé le pouvoir que j’eu voulu servir
mais ceux qui se sont fait complices en désespoir de cause
de sottise et complaisance en tous lieux accueillis
J’en fus trop l’auxiliaire ou le bouc émissaire
nomade ne sachant conduire ses ruptures
Pas plus que dans mes autres vies
je n’ai jamais su choisir
En voulant découvrir des compromis d’honneur
plutôt que le meilleur que chercha mon orgueil
dans les fumées de mes débats de conscience
jugeant bien, agissant à revers
solitaire par fidèle inconstance
n’aurai-je été des pires ?

Je ne connaîtrai plus
l’un de ces matins d’avant l’été
où l’on descend boire le café
allumer  la première cigarette
voire passer une ou deux amourettes
sous les marronniers de Paris
les platanes du Midi
ou les pins de Bretagne et Provence
prendre à la maison de la presse
les journaux  dont les infos vous inspirent
pourquoi et comment votre génération
peut et doit faire un monde plus heureux 

Oui, j’ai eu ce goût de sang, de cendre dans la bouche
depuis bien longtemps
depuis que je cours après l’adolescent
ayant cru à l’unisson
de l’écriture, de l’amour et de l’action

En voulant être de ceux
qui écrivent l’Histoire en même temps qu’ils la font
je n’ai rien eu en fin de comptes
que ce goût de cendre et de sang
Faute de talent, faute de marché
en retard ou à contretemps
dédié d’abord à ses devoirs de vie
il n’est pas venu au bon moment
il n’a guère eu d’audience
ça n’intéresse plus personne
ce n’est plus l’écriture d’aujourd’hui
Il y a des ateliers pour cela désormais
et il n’y pas pas été, ce n’est pas un initié

rien que des fumées pour se consoler
dans ces domaines aussi
on m’a volé ma vie

En regardant dans ses rétroviseurs
il voit ses amours qui furent si vivantes
se faner en floues brassées d’erreurs
de nostalgies et de dettes entassées
ses cigarettes pour oublier

Et l’action toujours à recommencer
- sauf si Sisyphe devient Kamikaze -
est parvenue à le lasser
Comment ne pas en allumer une de plus
pour essayer de se retrouver
dès qu’on peut au matin
à nouveau respirer
après s’être juré dans les étouffements
dans les éternuements
de ne jamais recommencer

Ils avaient rêvé des héros en série
avec de grosses têtes, de grosses mitraillettes
de gros sexes sur des corps de fil de fer
et en voilà beaucoup qui sont des patrons ronds
potelés pelotant
des secrétaires platinées et multilingues
derrière des bureaux mordorés
dans de grands immeubles de verre

Quelques uns font encore semblant
entre deux whiskies, entre trois parties
malgré leurs privilèges garantis
de faire la révolution ou d'apprécier celle des autres
mais ce qu'ils aiment par dessus tout
c'est qu'il n'y ait plus d'idéologies
plus d'idéologie du tout
mais des sociologies du néant

Nous voulions libérer les peuples
Ils ont libéré les mœurs
Nous cherchions un  juste marché
Ils ont fait le libre échange
Leur  prurit libertaire s’est converti en laisser faire
sans laisser faire bien évidemment
les courants concurrents

Une génération s’est partout poussée devant
Ses réseaux ont occupé tant de postes influents
chez les uns et les autres, copains et adversaires
qu’elle a aisément écarté des facultés d’expression
ceux venant de plus loin qu’elle
ne sentant pas, ne pensant pas, ne jugeant pas comme elle
et qui n’étant de leurs chapelles
se sont, bel et bien, souvent faits censurer
- il suffit tout simplement de refuser ou de ne pas commenter -
ce qu’ils voulaient faire connaître et publier

Les chiens de garde nés d’un mai d’illusions
les ont tenu à l’écart plus encore par l’éditorial
qu’ils ont largement colonisé
 le poisson pourrit par la tête
que par le capital dont  l’intérêt libéral
- ça tombe bien - du même tonnneau
a su récupérer la critique artiste
pour mieux neutraliser la critique sociale

C’est qu’en soixante ans de sarabande
un autre monde est né que j’ai laissé passé
dont je ne connais ni les musiks
ni les people, ni les albums
ni les gadgets de com
dont je ne veux ni des disciplines
ni des libertés
ni que fictions et réalités
y rivalisent d’effets spéciaux
d’instincts dragués et de culots 

Ce monde, s’il s’est un peu amélioré
a aussi multiplié les malades
les faméliques, les rats et les égorgés
Partout les imbéciles et les déshonneurs
y ont allumé des brandons dispersés
et la guerre du feu y a bien prospéré

Trop en a été dit et chaque jour en est répété
pour à nouveau le raconter
sinon que le charcutent les scalpels prétentieux
d’intellectuels au goût de jours vite passés
redécouvrant en termes souvent illisibles
mais heureusement volatils
ou propageant par stéréotypes
les vulgates ou trahisons des prêts à penser

De la terreur et des rires
du napalm et des sunlights
du show biz et de la misère
la vermine, la peur et le froid des camps
les familles broyées dans l'incendie des villes
des jungles enlacées de pièges et de flammes

Les loups rassasiés dorment dans les poubelles
l'informatique irrigue les charniers
chacun couche avec la femme de l’autre
et l’autre méprise la vôtre
Il n’est que l'innocence pour ne pas s'ennuyer

On n'a pas encore trouvé le moyen
de faire sortir les enfants du ventre de leur père
mais il est revendiqué
que, sans mère
deux hommes accouplés puissent en élever
en attendant que le clonage humain
rende inutile de procréer ?

Femme, tu n’es plus l’avenir de l’homme
mais le fantôme d’un passé
dont il faisait les lois et toi les mœurs
la partenaire moins égale que suprême
comme la mort elle-même
qui joue les atouts des deux sexes
qui paye et prend à ses manières
sur tous les tableaux paritaires
où chacune joue, gagne ou perd

Et, dès qu’ils sont sortis des tripes nourricières
peut-être ensemencées par un père masqué
tes enfants vont en masse dans des pouponnières
avant de former les nouveaux régiments
de chômeurs consommateurs
s’éclatant ou grappillant
sur la misère des autres continents

Dans les stades, des coupes et des jeux
des mercenaires dopés qui valent très cher
galvanisent des foules pour changer en fêtes
des instincts d’agression et de domination
C’est la bonne école de la concurrence mondiale

L’offre de sexe exponentielle
ne fait plus deviner mais elle expose
faisant flamber l’envie du rut
et vendre le viagra
En attendant, pauvres adolescents
que vous soyez blasés avant d’être impuissants
"voyez mon nombril sur ce doux ventre rond
votez pour le string qui me sculpte les fesses
apprécier le relief de mes parties
les pruneaux de mes seins et ma fente incrustée"
l’enfant moulée premier et dernier cri
que sa tenue d’emblée offre à violer
Belle impunie au nom des libertés
la provoc, lorsqu’elle ne tue qui la pratique
dans le boomerang de quelques tournantes
a installé l’endémie d’une peste
et l’on a mis au pilori qui la conteste
tous ces ringards
dont je suis

Les signes d’autres Fois
et d’autres droits que ceux du tout permis
sont incompris
voile et foulard collectent les lazzis
alors que j’aime y voir sous les apparences pudiques
le meilleur qui soit de l’érotique
le risque et l’interdit
l’inaccessible est mieux que le promis
et sa valeur est ainsi sans prix

Ne manque pas d'avoir un peu de drogue en poche
pour oublier l’appel de ces épaules nues
et le duvet des bras, le velouté des peaux
ces gorges offertes dans l’odeur des aisselles 
ces parfums de femmes que tout homme idolâtre
lorsque bus et métros plaquent contre ton corps
l’essence d’inconnues un instant inhalées

Va donc les semer de tabacs en cinés
Il y a tant de films que dans le lot du nombre
il  s’en trouvera bien un qui te conviendra
pour chercher un temps dans des destins fantômes
ce que le tien n’assouvit pas

Mais détournons nous tous
des estrades qui firent le Verbe théâtre
devenues "burlesques"  par le plein des ordures
en proposant l’ennui collectif de l’obscène
ou ces contes ravaudés en caricatures
de mythes éternels ainsi remis en scène 
pour redire à grand prix, mais pas mieux qu’autrefois
ce que l’on sait des dieux, des hommes et des rois

Dans l’éventail de mille fictions historiques
je retrouve parfum ou puanteur des siècles
qu’illustrent tour à tour de crédibles remakes
et j’aime aussi y lire une pendule ou deux
qu’un écrivain fouineur a su bien mettre à l’heure

Mais je suis bien heureux de n’être pas au nombre
de ces morts illustres dont le nom sert d’appât
ou de ces « Grands » qu’on ne déguise même pas
pour en vendre l’histoire en quelque travesti
prétendant écrire ce qu’ils firent et furent
Quand le scénario est la fable qui ment
quand l’imaginaire se prétend document
il n’est plus d’identité qui soit garantie
et mieux vaudrait garder le secret de leurs vies
Que la postérité s‘y trompe est bien le but
des marchands de soupes, d’intox et mascarade
qui font passer des faux pour des faits avérés
auxquels croient des publics sans formation critique
dont l’illusion de savoir va de pair
avec des navigations de hasard
sur des sites aléatoires

Et je ne parle pas des créations plastiques
allant d’installations
en point mathématique
de millions de gélules
aux espaces tout nus
de monuments faits de scories coriaces
en éphémères pestilentiels
ou difformités célébrées par des cerceaux criards
Si je fus compétent, je suis perdu
surtout depuis qu’un farceur monochrome
du gland de son pinceau, je ne peux mieux le dire
s’est avoué chaud lapin
« j’ai des bourses en or »
grace au ripolin

Quand on a la puissance d’argent ou de cul
- ce qui réserve l’extase à quelques élites -
on peut se choisir l’absurde ou l’insolite
et admirer ainsi des commandes publiques
                  
Plus jubilatoire est l’horreur
et mieux les thrillers sont vendeurs
J’aime mieux ne pas avoir de nom
que d’avoir écrit ces saloperies
grâce auxquelles des auteurs nominés
courent après les  prix

Mort, torture et possession par procuration
en attendant plus de live
sont en libre accès sur tous les écrans
dans toutes les collections

Pour bien jouir au verso
il faut se protéger au recto
La vente et le goût des perversions
doit aller de pair avec santé, sécurité
et précautions
l’obsession d’hygiène est reine
la discipline est citoyenne

Si elle est  contraire au règlement
la juste vitesse, l’audace individuelle
l’intelligence est criminelle
  
Délits et rackets font rimer
cliques, fric, triques et parfois flics
parmi toutes les nouvelles musiques
c’est d’ailleurs ce rapp seul que je reçois le mieux
parce que c’est chansons de texte

Trouille et délation sont des vertus
Tout aliment et tout médicament est suspect
et tout sexe doit l’être
mais chacun peut faire n’importe quoi
si le préservatif est là

ou avec les drogues qui ne s’affichent pas
mais pas de tabac , ça se sent, ça se voit
surtout pas de nicotine
parce qu’elle contamine
le voisin non fumeur qui a vraiment très peur
bien qu’on disait pourtant
entre Français et Allemands survivants
sortant des lignes au jour de l’armistice
échangeons du tabac, c’est la passion des honnêtes gens
Lucky Luke et Malraux sont privés de leur cibiche
Pour l’action, la réflexion, la résignation
par compassion, provocation, évasion
ils fumaient presque tous nos héros
beaucoup y ont laissé leur peau
leurs films mêmes ne seront-ils épurés ou proscrits ?
Le péché de fumer ne sera-t-il  bientôt puni
de perte d’emploi comme de droits aux soins ?

Faute de sauver la planète
l’écologie arbitre le pouvoir
mais certains disent qu’elle s’est trompée
à cent quatre vingt degrés
On s'est aperçu récemment
que le soleil n'en finissait pas d'arriver
mais qu'il n'existait plus depuis longtemps
Aussi va-t-on multiplier les chantiers nucléaires
puis envoyer les déchets dans la lune
heureusement pour réchauffer la terre

I1 y a des mots qui deviennent interdits
comme "douleur" et "agonie"
On a doublé les gardes-barrière
Aucun train ne s’arrête plus avant l’enfer

L’erreur détruisant des innocents
se nourrit toujours des délations jalouses
qu’accueillent des magistrats imprudents
Certains de ne jamais plus perdre complètement un client
les avocats ont élevé une stèle
à un garde des sceaux funéraires
La vengeance n’est à aucun menu judiciaire
On regrette la vendetta
On n'assassine plus les assassins
même ceux des grands mères
ni les tortionnaires d'enfants
Le même respect de la vie
s’arrange au nom de la diplomatie
des tueries en masse
perpétrées au nom des peuples élus

C’est en vain que quelques uns s’épuisent enfin 
à dénoncer les grandes impostures
libérale, majoritaire, européenne

Celle des économistes dont l’idéologie 
fait passer des choix pour des faits
nie toute alternative en maintenant à jamais
sous le boisseau des concurrences
des mondes si différents
qu’ils se détruisent réciproquement 

Celle des démocraties absolues
dont le pouvoir au lieu de résulter
d’un nécessaire compromis intelligent
est issu, par hasard, de majorités obtenues
à quelques voix près dont on sait le prix
mais qui devraient n’avoir le droit de fonder
ni légitimité, ni autocratie d’un clan

Celles des humanistes du vieux continent
consentant aux conséquences mécaniques
de ces économies, de ces démocraties
aspirant  sur leurs plages interdites
tant de cadavres évadés de l’Afrique
majeure responsabilité historique
de l’Europe coloniale et des blancs "

Partager cet article
Repost0
1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 12:27
1 - Aux Pays Bas, le tabac est désormas interdit dans les lieux publics, mais pas le canabis. On fumera donc des joints; meilleurs pour la  santé. Et les  amateurs de cigarettes passeront à la drogue. Félicitations .

2 - Comme ancien officier,  je fais observer que les chargeurs de PM,  d'une part en balles à blanc , d'autres part en balles réelles,  devraient être marquées de couleurs différentes. C'est la première des sécurités, à contrôler par le chef de corps. "Paille,  foin", avec les  soldats de base,  il faut toujours faire simple.
Je fais observer ensuite que le responsable ne peut être un lointain chef d'état-major, ou si c'est lui, c'est a fortiori  le chef des armées, c'est à dire le chef de l'État; mais c'est, en fait, à mes yeux, sur le terrain,  le chef de corps dont le rôle est de pallier par bon sens la vacuité des instructions.

Enfin, se garder toujours des troupes "d'élite". elles "se croient"; et leurs membres "la ramènent" en prenant et en créant  des risques. Si en temps de fêtes on arrive à ce qui est arrivé , à quoi peut-on aboutir, en situation de guerre, comme dommage sur soi même ( voir "ça, c'est pour mes marins" dans mes "Bulles d'Histoire" : pour faire enlever un point de résistance ALN parfaitement soluble au canon de char, un contre-amiral envoit, pour la gloire de son arme, ses marins fantassins à l'assaut et à la mort ) et comme dommages collatéraux,  C'est cet esprit "para" qu'il faut extirper de l'armée qui devrait être une armée de citoyens. Plus difficile encore quand elle est devenue une armée de métier ? Là encore le modèle suisse plutôt que le modèle européen devrait parfois inspirer les Français.
 

3- Cette armée avait le bon décrassage matinal pour mettre en forme les recrues encore endormies. Aujourd'hui c'est une entreprise française de BTP qui impose ce décrassage sportif à ses salariés. Ce grotesque obligatoire me paraît justifier une saisine de la Cour européenne des droits de l'homme : si ce n'est pas dans le contrat de travail, c'est illégal. Tout le monde a droit à la préférence de Churchill : "no sport" . Mais l'engouement médiatisé pour le sport  ( et juteux pour ceux qui en vivent)  au lieu et à la place de tout,  vaut absolution, alors que ce n'est rien d'autre qu'une religion. Que dirait-on si une entreprise imposait la prière  ( ou la lecture du petit livre rouge) - pour la mise en état spirituelle ou politique  - avant le boulot. Or c'est la même chose.
Partager cet article
Repost0
22 mai 2008 4 22 /05 /mai /2008 07:00
PS : quel investissement politique de mes valeurs morales, sociales, économiques?

Naturellement, défendre des valeurs morales et sociales de gauche exclut de soutenir ce que la droite classique a si souvent offert comme adhésion à  l'injustice. Naturellement, croire en des valeurs morales et nationales de droite exclut de rallier des formations de gauche soit soutenant des thèses hyper libérales en matière de moeurs, soit ralliées aux nouveaux canons économiques. Et, comme beaucoup, je suis  entre deux (ou trois)  chaises, ne pouvant adhérer à aucune vulgate.

Alors même que mes convictions de valeurs ne m’ont pas personnellement écarté, avec
(ai-je au moins essayé) toute précaution vis à vis des intérêts des autres, d’obéir aux forces propres qui conduisent chaque existence et de vivre, car on ne peut faire autrement,  mes métiers dans les contraintes du siècle, ce qui m’importe est de ne pas voir louer par principe les transgressions à l'équité ou à la dignité que les uns ou les autres érigent en règles de conduites.

C’est dire que je ne peux adhérer à cette gauche (d’ailleurs non communiste)  de la gauche qui a fait religion de tous les libéralismes sociétaux, ni à la droite de la gauche qui accepte le libéralisme économique international impliquant en fait les excès de  tous les autres.

Et il me semble qu’il n’existe plus guère de "gauche centrale", c’est à dire centrée sur l’essentiel : dans la recherche de la faisabilité économique, sur l’équité sociale, l’honneur individuel, le respect des autres, l’intérêt de sa communauté d’appartenance. Cette communauté aujourd’hui toujours «nationale» est celle à l’intérieur de laquelle on doit gagner sa vie sans, pour gagner plus,  lui en préférer une autre, et à l’intérieur de laquelle on choisit par le vote ceux qui se prétendent aptes à exercer les responsabilités de la vie collective . 

Dans ces champs de valeurs,  la "gauche centrale" et centrée ne pourrait d’ailleurs que retrouver une "droite de progrès" ; mais si, de même, je cherche celle-ci, je trouve plutôt  dans les familles qui s’en réclament sans complexe une  adhésion idéologique au libéralisme mondial, ne valant pas mieux que l’adhésion résignée des « révolutionnaires » convertis et une indifférence à l’injustice souvent mariée à des courants de bien grande complaisance pour accueillir tout ce qui a plus valeur électorale que valeur éthique. Etre démodé ou être en avance est toujours une solitude. 
Partager cet article
Repost0
14 mai 2008 3 14 /05 /mai /2008 10:13
         Dans le même mauvais esprit qu'hier, où j'ai évoqué, selon des propos rétro,  l'évolution de la répartition des tâches et des fonctions  sociales  entre les sexes,  je reprends ci-dessous un texte datant de 2000   (extrait de "Bulles d'Histoire et autres contes vrais", livre disponible sur www.alapage.com, et étant exceptionnellement un vrai conte (et non un "conte vrai"), une fiction illustrant la dérive de la pensée politique dans la préoccupation de suivre les évolutions des moeurs et combien ces soucis de la libéralisation des  moeurs ont transformé l'interpellation de l' "internationale " sur le futur  du "genre humain".


- C'EST LA LUTTE FINALE - fiction 2000


Dans ce dîner mondain, il n'était question que de la gauche. Les convives s'accordaient à constater que pour garder le pouvoir, elle n'avait que le choix du cumul. Le service du marché, parce qu'on ne pouvait y échapper et pour mieux rallier les électorats qui en vivaient. Le service des exclus du marché, pour rester fidèle et se faire pardonner par ceux qui en souffraient. Mais telle stratégie n'était pas son monopole. Il était clair que la droite, la culpabilité en moins, cherchait à faire aussi bien. En outre, il n'était pas toujours évident que concilier les deux, autrement que dans les colonnes d'un quotidien du soir, soit bien aisé et convainquant. Il fallait trouver "le plus" qui l'emporte : un projet de société, pouvant répondre aux attentes de beaucoup et dont l'ossature lisible était une idéologie, malgré la disparition de ce phénomène datant des dinosaures. Ne suffisait-il de mettre à la mode du temps le triptyque de la République : liberté, égalité, fraternité? La liberté des moeurs, l'égalité des sexes, la fraternité des fêtes.

C'est sans difficulté que le dîner s'accorda à trouver qu'il était primordial de poursuivre un combat tenace pour la promotion des femmes, pour la reconnaissance de l'homosexualité, pour une vie collective ludique.

Un impertinent idéologue d'autrefois rappela que le marché mondial aggravait les inégalités sociales, creusait  le fossé du monde entre les riches et les pauvres. Si l'originalité de la gauche devenait de planter d'autres cadres pour les  moeurs privées - alors que toute libération repousse les frontières des désirs pour en faire renaître d'inépuisables - ne passait-elle pas  de l'universalisme au nombrilisme? C'était le cas de le dire. Ne  sortait-elle pas de sa mission historique, en quelque sorte de ses voies ?

De telles priorités n'en feraient-elle - dit-il pour conclure et provoquer- au sens étymologique de l'adjectif, "une gauche dévoyée" ?

Alors que le Pacs venait de connaître l'enlisement des navettes entre les deux assemblées, ce fut une  incongruité. Que pouvait-on à l'encontre des ravages du libéralisme, des effets de dumping, à l'égard de la misère des pays faisant travailler les enfants comme des esclaves, quant aux conséquences, en Afrique, de la  chute des cours mondiaux du café ! Il fallait vivre dans son espace d'influences possibles : certes améliorer les minima sociaux et aider les exclus, mais  être à l'écoute de toutes les aspirations : veiller aux pétitions des associations libertaires, aux motions des chiennes de garde, aux chances populaires qu'offrait la bourse, à la promotion culturelle par le net et, pour soutenir le moral de tous, préparer la prochaine célébration d'un anniversaire révolutionnaire. L'énergumène qui était intervenu passa d'emblée pour un esprit faux au service de la réaction.

Battu sur ce terrain, il se porta sur un autre. Il parvint à expliquer au café à l'un de ses voisins ( qui consentait encore à l'écouter) que si l'on devait se centrer sur la logique de libération des moeurs et d'égalité des sexes, ce n'était pas le contrat de mariage qu'il fallait singer. C'était - et il invoqua l'approfondissement nécessaire de la réflexion de début de siècle d'un Léon Blum ( mais de quoi parlez-vous?) - le mariage lui-même qu'il fallait réformer.

Il ne s'agirait certes pas de donner un cadre légal aux seuls cas de polygamie, infâme trace - au demeurant très répandue - d'un machisme représentant l'hydre à combattre. Il conviendrait, aussi, de construire un régime reconnu pour organiser en droit l'existence des cas - sans doute aussi nombreux, quoique très polymorphes - de polyandrie. Il fallait instituer l'union libre et légale d'une femme avec plusieurs hommes. Voilà ce qui allait  enfin permettre, par le partage du devoir conjugal,  le repos du guerrier. Voilà ce qui allait assurer, du même coup,  l'épanouissement multiple et légitime de sa compagne avec d'autres hommes. Voilà ce qui allait garantir qu'elle en tirerait non seulement, peut-être, du plaisir, mais aussi, le jour venu, si nécessaire, des sécurités matérielles complétant celles qu'un seul partenaire peut lui fournir.

Au delà, ne devrait-on aller à la reconnaissance d'une légitimité plurielle : celle, par les croisements d'unions polygamiques ou polyandriques, de réunir divers couples dans la même tendresse,  les mêmes ébats, les mêmes intérêts. Aucune obligation d'échangismes ou d'orgies. Rien d'autre au fond que le rêve des pauvres vieilles communautés hippies. Son accès, sans préjudice, ni ostracisme, serait seulement , dans la justice et l'égalité,  ouvert à toutes et à tous. Un beau chantier de droit civil - constata son interlocuteur - mais dont les bonnes retombées électorales, "le monde étant ce qu'il est" -  n'étaient pas garanties.


Ils convinrent après boire que ce ne pourrait être pour demain, mais que le temps de l'Histoire n'était pas fini. C'était un objectif à ne pas lâcher. Ils partirent bras dessus, bras dessous, en se promettant de faire campagne et en chantant :

«  C'est la lutte finale
        L'inter-sexu-u-ale sera le genre humain ».



 
Partager cet article
Repost0
13 mai 2008 2 13 /05 /mai /2008 19:59
Une ministre de la défense d'Espagne passant, enceinte, la revue des troupes a certainement réjoui toutes et  tous les féministes.

Néanmoins, je m'interroge sur de tels progrès de l'égalité/parité. Non que l'on puisse contester au sexe féminin la capacité de gérer la Défense comme l'a bien montré l'exemple français. Mais notre cas ne mettait pas de la même manière en évidence la contradiction que je ressens dans le spectacle  d'une  maternité de la paix  au commandement   des moyens  de la guerre. Car il s'agit bien d'une femme portant un enfant et chef des armées, alors qu'on ne manquait certainement pas d'autres  compétences pour cette responsabilité.   Ce  cas de figure a pu être  parfaitement légitime dans  des  sociétés menacées, aux hommes  en fuite, épuisés ou insuffisants et  dont les femmes,  enceintes ou non,  se retrouvaient  être les bras armés, comme le furent des Romaines, des Israéliennes ou des Franques,  défendant  leur sol et leur familles : les lionnes.

L'apparition des femmes dans la Défense et dans la guerre a  été aussi historiquement de pair soit avec une spécialisation (celle des Amazones se retranchant de la fécondité comme elles se tranchaient un sein), soit avec le besoin d'une  missionnaire pour le salut de la communauté  comme  Sainte Geneviève, Jeanne Hachette ou Jeanne d'Arc; en bref : les saintes.

Mais si des kamikazes féminines dépassent aujourd'hui en sacrifice des poseuses de bombes d'hier, il en est fini des lionnes et des saintes ( dont la synthèse fut dans la Kharidja des soulèvements berbère ) . Le temps est venu des tout venantes, interchangeables avec les hommes.  Nous sommes rentrés - et c'est un autre univers -  dans la banalisation des capacités de mission de  l'un et l'autre des  sexes, faisant que les femmes - sans qu'il y en ait nécessité, mais par principe -  peuvent être, quasiment dans tous les pays du monde ( avec des modalités particulières encore dans les pays d'Islam) soldats, policiers, gendarmes ou ministres des uns et des autres, après d'ailleurs que l'Histoire ait conféré à certaines - comme Impératrice de Russie ou de Chine - des pouvoirs englobant celui là, mais au titre de destins  hors du commun. Or rien n'est plus commun présentement qu'une femme dans des unités de combat ou aux affaires de  Défense  .
 
Pourquoi cacherai-je que j' éprouve comme un regret de cette utilisation à toutes fins des femmes comme des hommes : non pas pour conserver à ceux-ci - en dehors des cas de nécessité appelant les femmes aux armes -  le monopole de préparer ou de faire donner la mort. Mais parce que si j'adhère au féminisme de l'égalité , je ne parviens pas à adhérer véritablement au féminisme de l'indifférence.

C'est, sans doute que j'aime trop l'irremplaçable des femmes - qu'elles soient aïeules, mères, soeurs et/ ou compagnes ( et de travail autant que de vie, d'amours et d'épreuves voire  comme en parlait  Anouilh dans "la Sauvage" , en étant ce petit camarade qui se déshabille le soir et dont tu t'aperçois qu'il est une femme) -  pour que s'efface dans mon regard ce que ma conscience identifie en chacune comme irréductiblement féminin. La femme est  le seul des deux versants de notre espèce qui  peut  (
ou qui a pu) porter des enfants - notre éternité - . Voilà  ce qu'aucune poursuite fanatique de l'interchangeabilité ne pourra jamais effacer, que cette poursuite soit conduite, au plan professionnel, affectif ou sexuel,  par des femmes ou par des hommes pouvant aller en fait jusqu'à refuser  leur identité, et en la refusant en vain, une fécondation, quelle qu'en soit la modalité,  étant toujours nécessaire à une femme pour enfanter, enfanter  ce qui est  impossible  au plus réussi des transsexuels ( sauf si on pouvait le changer par greffe interne , en en faisant génétiquement tout  entier une  personne de l'autre sexe ). Il y a donc l'irreductible   spécificité du sexe féminin  faisant  l'estime sans pareille que je lui porte, l'admiration  et le tropisme qu'il m'inspire, allant de pair  avec ma volonté d'égalité de sa condition dans la reconnaissance de sa  singularité.

Lorsqu'au nom de l'égalité, les fonctions du corps social sont interchangeables entre sexes - et doivent même être portées à la parité - les singularités sont dissoutes.
Et c'est  comme la marque d'une ambition typique de la société contemporaine de vouloir pouvoir  placer n'importe qui - homme ou femme - dans une fonction qui peut ne pas répondre à ce que le titulaire qui l'occupe a d'irremplacable et de spécifique. Sinon par principe, en niant qu'il y a ici ou là de l'irremplacable, mais en voulant partout voir  uniquement de l'interchangeable. Et cette société conserve néanmoins , voire exacerbe,   en parallèle tout un relationnel propre aux  rapports masculin/féminin, relationnel   caricaturant dans ses  dérivées les héritages des rapports de rôles  et de libidos. Il y a ainsi paradoxe  entre dissolution fonctionnelle - l'aptitude de tous et toutes à tout emploi -  et exacerbation fétichiste - le rappel permanent des caractères masculins et féminins - des différences. Paradoxe qui est producteur de bien d'étrangetés.

Au delà de ce paradoxe et des étrangetés qu'il engendre et qui nourrissent conflits, publicités, spectacles et  médias, en donnant aux femmes la double arme ambigue de l'égalité et de la féminité et aux hommes le double clair devoir d'honorer  les deux,    la question est de savoir quelle  devrait  être, dans une société rationnelle, le sort à faire aux spécificités, aux aptitudes singulières irremplacables. Incontestablement, à l'inverse des affectations militaires du temps du sapeur Camembert, lorsquon  envoyait les charpentiers aux cuisines et les cuisiniers à la réfection des toitures, le bon critère serait de faire occuper une fonction par qui serait le seul, ou du moins le mieux,  apte à bien la tenir. Mais c'est 
- hors emploi très particulier - un critère très peu utilisable, chaque individu s'estimant  largement apte, formation aidant,  à beaucoup d'hypothèses de fonction. Pourtant il me semble qu'il y a bien des fonctions ( et je ne m'engagerai pas dans la dangereuse illustration de celles-ci) que les femmes sont bien plus aptes à remplir que ne le sont les hommes ( ce qui ne signifie pas qu'elles ne soient pas parfaitement aptes à remplir toutes les fonctions tenues par des hommes).  En ne pouvant quand même faire mieux que leur attribuer  cette supériorité fonctionnelle ( elles valent tout homme, mais les hommes ne peuvent pas les valoir ),  il est certain, néanmoins,  que  je suis  aux yeux des féministes - qui ne veulent pas l'égalité, mais la non spécialisation (comme garantie contre le cantonnement des femmes dans des fonctions familiales  ou réputées féminines ) -  un dangereux rétrograde. Certes non; j'imagine  bien une société idéale construite par et pour les féministes  : une société sans homme, sauf quelques géniteurs sélectionnés dont les semences pourraient être utilisées sans contact direct si celui ci n'était pas souhaité.  Est-ce l'étape d'après la parité ?
Partager cet article
Repost0
2 février 2008 6 02 /02 /février /2008 17:13
C'est la fin des voeux; c'est l'ouverture des promotions de décorations; c'est le plein des soldes; les deux derniers allant parfois de pair, mieux vaut ne pas dire comment.

Appartenant pour ma part à la sociélé semi secrète de ceux qui ont fait, pour épargner tout le monde,  le voeu de ne pas en envoyer ( pas plus aux autorités d'État qu'aux anciens collaborataurs, mais exceptionnellement aux seules vieilles dames oubliées), j'ai étendu  mon abstinence aux félicitations que je n'adresse plus de longue date ni pour des promotions dans les ordres prestigieux de la République ( bien que les progrès du principe de parité me conduirait ainsi à des adresses féminines multipliées en vérifiant que la beauté et ce qui l'accompagne valent bien des mérites et des talents) et, dans la foulée, je ne félicite même plus pour les nominations ( mon hypocrisie ne parviendrait pas à être au niveau du turn over).

Je vous encourage tous à rejoindre de fait notre société secrète qui n'est lisible qu'en creux. Si vous ne recevez pas de voeux ou de félicitations de tel ou tel c'est peut-être qu'il en fait partie.

Mais en souvenir des temps anciens où les décorations et les promo comptaient déjà tant, sinon plus, et où les femmes tenaient plus à celles de leurs compagnons de carrière  qu'à celles qu'elles ne recevaient pas encore aussi largement qu'aujourd'hui à titre personnel,  je vous cadeau de ce petit billet de souvenirs extrait de mes "Bulles d'Histoire et Autres Contes Vrais", livre disponible sur www. alapage.com

Bulle N° 24 - TU L'AS OU TU L'AS PAS? POURQUOI TU L'AS PAS? / 1966



Les invités se pressaient, après avoir déposé leurs manteaux au vestiaire, dans les petites antichambres donnant accès aux grands salons de l'Élysée. C'était une soirée en uniforme et habit, avec les décorations pendantes, ces adorables petits rubans multicolores auxquels sont suspendues des médailles plus ou moins nobles, mais qui font, sur la ligne de leur brochette, un merveilleux effet sur les poitrines des sombres tenues.

Chaque couple était pressé dans le sas d'attente, avant d'être présenté au général et à Madame de Gaulle qui recevaient quelque chef d'État africain auquel ils donneraient ensuite un ballet ou un concert. Tous ces personnages debout, se tenaient coi ou se faisaient quelques sourires, le plus droit possible dans les redingotes masculines ou s'efforçant d'offrir, sous l'arc des écharpes, leur meilleure ligne d'épaules féminines. Ils refrénaient, dans ce côtoiement, les uns l'envie de fumer, les autres de remettre un point de maquillage ou de parfum. C'était  une vraie galerie de dessins de Sempé.

Devraient-ils, comme une fois précédente, se lever avant d'avoir fini de dîner?  Au bas bout de la table, les hôtes d'honneur ayant été servis en premier, avant que la longue rangée des invités n'aient pu l'être, ils avaient du suivre lorsque le président s'était lentement déplié pour inviter son visiteur à gagner la pièce voisine. Ou devraient-ils, à l'unisson de ce que le président fit un jour, pour mettre à l'aise un convive exotique ayant absorbé comme rafraîchissement la coupe de lave-doigts, porter encore à leurs lèvres cette eau citronnée ? Aurait-elle, notre voisine en robe lamée, cette chance que le vieil homme toujours sensible, garde un peu sa main dans la sienne, la hume de son grand nez  et lui dise, comme il avait dit un soir à ma femme :

«  Madame, je ne vois plus bien clair, mais je sens votre parfum. Je souhaite que vous reveniez dans cette maison ».

En attendant, cette voisine regardait la poitrine de chaque tenue qui rentrait, puis celle de l'homme qui l'accompagnait. Son regard allait d'un buste à l'autre pour inspecter et comparer les brochettes de décorations.

«  Celle-là, il l'a; celle-là tu l'as. Celle-la aussi. Celle-là, il l'a ».

Puis, tout d'un coup, elle dit à son mari  qui en fut tout chose :

« Mais celle-là? Tu l'as ou tu l'as pas?  Pourquoi tu l'as pas ? ».
Partager cet article
Repost0